« They can become a family. » – Lois
- Scénario, dessins, couverture : Francis Manapul
- DC Comics – Trinity #1 – 21 septembre 2016 – 32 pages – 2.99$
Dans les New 52, l’artiste Francis Manapul s’était déjà fait remarquer des lecteurs de l’époque avec son style particulier, sur la série Flash qu’il partageait avec Buccellato. Un trait marqué, notoirement connu aujourd’hui pour son usage très particulier des couleurs, qui a aussi porté pendant quelques temps l’après Layman/Fabok sur Detective Comics (et c’était vraiment bien). Le dessinateur écrivait aussi avec son camarade les scripts de ces différentes séries, et à l’aube du Rebirth, quand les pontes de DC se sont assis en cercle pour causer plan de domination et repas de midi, l’idée de ramener une série Trinity au cœur de l’équation super-héroïque a abouti à donner au bonhomme les clés de cette publication nouvelle. La première chose à dire est donc la plus simple : oui, c’est beau. Et après ?
Trinity, sur ce premier numéro, raconte comment Loïs, fatiguée de son rôle de mère expatriée sur une réalité d’accueil enfin au courant de l’existence de son mari et de sa famille, va tenter de recréer avec les versions alternatives de Terre-0 la relation qu’ont toujours ou presque entretenu les trois plus grands héros de la planète. Pour ce faire, elle invite Diana et Bruce à goûter les bons plats du Kansas, acceptant d’être officiellement devenue la nouvelle Ma Kent bienveillante et mère poule. Echange de points de vue, répétition d’un pitch déjà dit et redit (dans Lois & Clark, Superman : Rebirth, Superman, Justice League et Action Comics un petit peu) : tu lui ressembles en plus sympa, mais tu n’es pas le Clark que nous connaissions. Donc, soyons amis malgré tout en acceptant que ce ne sera pas comme avant ni pour toi ni pour nous.
Que Manapul reprenne ce qui semble déjà devenir le poncif pour évoquer le nouveau Superman dans chaque série où il apparaît (enfin, le « nouvel ancien », suivez la logique), c’est normal. En tant qu’auteur, qui s’adresse de la part la seule numérotation à un lectorat potentiellement nouveau, recontextualiser ses personnages, quoi de plus normal ? Problème, en dehors de ça, et d’un petit hommage à un Batman de sa continuité (celle sans Zero Year ou Superheavy, donc la bonne), le numéro est assez pauvre en terme d’intrigue ou de développement. C’est un numéro #0 dans le texte, et là non plus ce ne serait pas grave si beaucoup trop de séries n’avaient pas déjà fait le coup.
Bref, on laisse le temps à la série d’écouler ses stocks avant de poser les jalons du scénario (comme ça, tout le monde dit « c’est beau », et on considère que le succès commercial est mérité – ça s’appelle éviter les risques) et on regarde quoi d’autre se dégage. D’abord, en point positif, ce numéro plus qu’aucun autre illustre toute la note d’intention de Johns au cinéma et en comics : ramener les relations de personnages au coeur du propos, retrouver l’esprit plus uni et moins séparatiste des comics DC (qui avaient du mal à trouver une dynamique d’ensemble dans les New 52), et faire marcher tout ça dans l’optique d’un truc partagé avec une continuité qui tient. Et c’est vrai : Wondie est bien celle de Rucka et Azzarello à la fois (le dessinateur reprend même l’apparence que lui donnait Chiang sur quelques cases), la série se situe presque en parallèle du Superman de Tomasi et Batman, bon, mettons que l’édifice est encore en ruines, et que la plupart des auteurs se débrouillent pour accorder ça selon les envies. Comme avant, finalement.
Le problème qui se pose alors est de la validité et de la marge de manoeuvre de Trinity par rapport au reste. S’agira-t-il d’une série de complément comme ont pu l’être Batman/Superman ou Superman/Wonder Woman ? Ou bien, se dessine-t-il sous nos yeux ébahis l’ébauche d’un univers partagé réel où chaque série dédiée à tel ou tel héros aura la même importance sans gradation ou échelle anti-démocratique ? La réponse à tout ça est simple : il est trop tôt donner une réponse à tout ça. Dans l’ensemble, le seul vrai constat est que c’est beau (voilà, c’est beau, c’est vrai que c’est beau), que c’est raisonnablement vide et que sans être brillant, Manapul sait écrire, pour ceux qui en doutaient. Mis à part cette idée étrange de caractériser Bruce comme Vegeta pendant les trois quarts du numéro – c’est pénible, et je ne sais pas d’où est née cette idée que le Batman était aussi perpétuellement grumpy.
Je l’ai pris sur l’appli DC je vais lire ça ce soir
Avec CYBORG #1 et RAVEN #1 voici mes lectures du week end ;)
Quelle lecture ennuyante… Tout sonne creux à commencer par la caractérisation des personnages, les références et les dialogues semblent forcés et la conclusion ne m’inspire qu’un peu plus d’ennui pour la suite. C’est gourmand en splash page, avare en texte et ça ne raconte pas grand chose.
Quel gâchis de laisser Manapul seul aux commandes.
Je pourrai prendre ce numéro rien que pour la cover *_*
Après à voir si effectivement tout ça ne tourne pas trop à vide.
Le foirage de Batman devient de plus en plus criant dans ce Rebirth. Cf. Superman #7 ou les premiers épisodes de « Night Of The Monster Men ». Personne ne semble inspiré pour faire de Batman/Bruce Wayne un personnage intéressant pour l’instant. Il est perpétuellement taciturne et négatif, ne dit ni ne fait jamais rien de pertinent et les histoires qui le mettent en scène sont plutôt vides.
Dommage mais l’espoir demeure. Sinon l’article résume bien : beau mais insignifiant niveau scénario. C’est pas forcément grave mais faudrait pas que ça dure trop longtemps.
Pourquoi il est foiré le rebirth de Batman ?
Je ne suis pas d’accord. Personnellement je trouve que dans sa propre série, Batman s’en sort très bien.
*SPOIL* On a eu droit à un Batman prêt à faire confiance à la nouvelle génération et à passer le flambeau en cas de problème. Alors certes il s’est avéré que ça ne s’est pas passé si bien que ça, mais il n’empêche qu’il a clairement émis l’idée.
Et au numéro 6, le dernier dialogue montre un Bruce Wayne plein d’empathie et de tendresse. *FIN DU SPOIL*
Non pour moi, Tom King a trouvé le juste milieu.
Bonjour,
J’exprimais simplement mon accord avec la phrase : « je ne sais pas d’où est née cette idée que le Batman était aussi perpétuellement grumpy ». Je m’étais fait la même remarque dans Superman #7 (dans lequel Batman fait une remarque très désagréable et injustifiée à Superman) et dans Batman #7 on a l’éternel Batman buté qui se prend le chou avec Nightwing. Quant à All-Star c’est pas la claque attendue.
Tout ça n’est pas follement inspiré c’est mon avis. Heureusement, chacun est libre de ne pas le partager :-) Cependant, je suis en phase avec les éléments que tu cites (si j’ai bien saisi les références) mais c’est un peu léger. On attends toujours plus ! Surtout de Batman… Mais ça m’empêche pas d’être chaud sur Rebirth et d’aimer toutes les séries que je lis dans la globalité, donc peace ;-)
Inquiétant, tout de même, cette non unité de Wonder Woman dans l’univers rebirth (Justice league, Wonder Woman et trinity). A croire qu’une fois encore, DC n’a pas prévu de ligne directrice pour ses personnages AVANT de démarrer le relaunch tout comme ça a été le cas pour les New52 (avec par exemple les débuts du titre Superman de cette période, je n’ai pas la place pour rentrer dans les détails) et au contraire du relaunch post crisis (ce qui n’a d’ailleurs pas évité certains problèmes malgré tout).
C’est de très mauvais augure pour la cohérence de leur univers
En accord avec la review. C’est beau. Que ce soit dans les dessins ou dans les intentions, Manapul nous sort quelque chose de très bon. Malgré tout, on ressent vraiment le manque d’intrigue dans ce premier numéro et certains choix font trop écho aux autres séries Rebirth. Pour ce qui est du Batman qui tire la gueule, je l’ai vraiment perçu comme une caricature du personnage. Un petit trait d’humour que j’ai apprécié. Je pense que ça sera plus appréciable en collecté mais en attendant je vais sauter sur le #2.