Review VF – Batman Vampire

Les points positifs: Kelley Jones Un univers osé et intéressant Emprunte bien plus au roman gothique qu’il n’y parait Les points négatifs: Un second volume très semblable au premier

« Mon cœur bat désormais au rythme du mal » – Batman

• Scénario : Doug Moench – Dessin : Kelley Jones – Couleur : Les Dorscheid, Gregory Wright

• Urban Comics – Batman Vampire – 23 septembre 2016 – 288 pages – 22, 50€ – Collectionne: Batman/Dracula: Red Rain, Batman: Bloodstorm, Batman: Crimson Mist

Batman Vampire est un peu comme un classique parmi les elseworld de la chauve-souris, un peu comme l’est l’univers Gaslight par cette enquête de notre Batman le menant jusqu’à Jack l’Éventreur. Revenons à nos vampires, et je ne parle pas de ces daubes réalisées depuis 2008, mais bien du monstre interprété par notre bon vieux Chistopher Lee pour n’en citer qu’un.

Batman et la symbolique de la chauve-souris, le scénariste ne s’est pas cassé la tête à trouver cette idée qui sent le réchauffé. Idée préconçue qu’un intéressé mal renseigné pourrait avoir face à l’album. Hors si l’on s’intéresse un peu plus aux années 90, ressortent parmi les bonnes lectures ces quelques noms. Ensemble ils forment un couple d’artistes au talent incroyable des maîtres d’un style horrifique moderne. On a pu les voir sur Deadman, mais sont bien plus connus pour un run incontournable sur le titre Batman que je vous invite à découvrir en VO, à moins que Urban ne s’intéresse au run en question. Dès l’origine, les artistes donnent au personnage de Batman une allure très originale. En particulier Kelley Jones. Le dessinateur se fait remarquer par son style unique, squelettique, terrifiant. Son Batman a les oreilles qui pendent à la manière d’un lapin, et est complètement serré dans sa Batmobile des années 60. Souvent représenté avec le dos rond, voir vouté de telle sorte qu’il scrute la page ou la case d’un coin en hauteur.

Si les dessinateurs précédents jouaient beaucoup avec la cape du héros et les mouvements de celle-ci, Kelley Jones pousse cet aspect à l’extrême lui donnant pour ainsi dire, vie. Les pointes se recroquevillent et forment des cercles tordus. Des spirales jamais vues auparavant. Ce Batman est celui de Jones et de personne d’autre. Il a marqué le personnage comme le public. Il est repoussant au point d’en être magnifique. Admirez ce Joker aux allures de Manson un peu plus bas. Qu’il plaise ou non, il a cette caractéristique de ne laisser personne indifférent. Si vous n’adhérez pas au style, soit vous vous forcez pour créer une certaine habitude ou pour essayer de mieux comprendre le style du dessinateur et au ressenti qu’il tente d’apporter au récit, soit vous passez votre chemin.

Passons aux trois récits que contient cet album. Urban nous offre ici les trois récits réalisés par nos deux compères créant ainsi une forme de chronologie. Déjà publié il y a de cela quelques années par Panini, il était temps de remettre en avant cette vision pour le moins originale de Batman. Malgré tout cet aspect horrifique, Doug Moench nous présente un Batman détective. Incapable de retrouver l’auteur d’une série de meurtres, tout lui sera révélé. Ce premier récit oppose simplement Batman à Dracula. L’acheminement est pour le moins original. Moench joue avec les codes des vampires, et mélange esprit gothique et les codes des films du genre à l’époque, c’est à dire, y ajouter de l’action. Les éléments constituant le mythe de Batman s’effondrent, et les ruines tombent peu à peu dans une crevasse sans fond au fil des volumes suivants jusqu’à dénaturer complétement le personnage de Batman et mettre un terme, non pas à la légende de Batman, mais à tout ce qui donne à Gotham ses aventures. Tous ses composants étranges. Et par composants, j’entends ses personnages iconiques, remaniés pour l’occasion par Kelley Jones.

Gotham City se transforme en lieu de terreur permanent. Quelques éléments, comme la pluie, prennent un air surnaturel malgré leur rôle assez mineur. Des détails qui donnent à ces récits une ambiance plus ancrées dans l’aspect gothique. Des scènes apportant un autre point de vue de la situation venant de personnages inconnus. Le second volume a une approche plus approfondie de l’univers de Batman et pousse le concept comme une suite directe, associant de nouveaux personnages tirés de l’univers classique dans cet univers fantastique. Le concept est poussé à son paroxysme dans le troisième et dernier récit, mais quitte cet aspect fantastique pour un véritable slasher. La violence est extrême, et lire ces trois récits à la suite de cette manière montre une fatigue du héros que l’on pourrait ne pas remarquer avec un temps marqué entre ces volumes.

A ceux qui pensaient se retrouver face à un drame psychologique ou au genre horrifique des années 60/70, cette lecture n’est peut-être pas ce que vous attendiez, mais essayez-vous à ces quelques histoires. Batman Vampire est une bien belle découverte sans être un chef d’œuvre. A conseiller aux amateurs du genre et les fans de Kelley Jones. Si cet album ne brille pas d’originalité, l’auteur va au bout de ses idées et soigne les détails. Amoureux de comics d’horreur et des travaux de Mary Shelley comme ceux de Bram Stoker, tentez cet épais recueil !