Review VO – The Hellblazer #1

Les points positifs : Résolu à prendre son temps Constantine en Angleterre Swamp Thing, pour l’ensemble de son oeuvre Un certain parti pris graphique Les points négatifs : Ne décolle pas pour l’instant Le dessin a parfois des allures brouillonnes Un des rares survivants de la ligne Dark (ah, damn it)

« The smell of stale cigarettes and last night’s whiskey is almost overpowering. » – Swamp Thing

• Scénario : Simon Oliver – Dessins : Moritat – Couleurs : Andre Szymanowicz, Moritat
  

• DC Comics –The Hellblazer #1 – 24 août 2016 – 32 pages – 2.99$

Constantine est un personnage compliqué à appréhender pour un éditeur comme DC Comics. A l’image de Superman, dans une autre perspective. Le juste milieu doit être, pour l’éditeur, de traiter le personnage en accord avec sa popularité (acquise, entre autres, via ses adaptations), un public ciblé différent de celui pour lequel il a été reconnu, et au fur et à mesure des tentatives, évoluer vers un laisser-aller stylistique forcé – parce que le Hellblazer est un héros Vertigo, et qu’en définitive on peut difficilement aussi bien l’écrire sans autoriser un auteur à l’isoler dans une bulle. Pour ceux qui se demandent, l’analogie avec Superman sera expliquée par notre standard téléphonique (appelez nombreux).

Le choix de prendre Simon Oliver était donc assez logique, rare auteur régulier des séries Vertigo récemment. Après le premier numéro, une première bonne décision : ramener l’exorciste en Angleterre, ce qui au-delà du symbole a surtout l’utilité de le cloisonner loin des conflits de l’univers partagé, lui offrir cette bulle de mystique et de solitaire dont il a besoin. Ici, une seconde bonne idée (paradoxalement) : ramener Swamp Thing, le génial « père » éditorial du personnage qui d’ailleurs propose un compromis intéressant de continuité. Si, dans le Rebirth, il y a bien eu le Rotworld, ici la boucle avec la naissance de Tefé Holland, personnage oublié par la relance de 2011 dans le paysage du Green, est actée. Non pas que cela soit utile vu la disparition de la Créature des Marais du banc des publications mais : moi ça me fait plaisir, j’ai vraiment besoin de tout vous expliquer ?

Dans l’ensemble, cette promesse de série qu’on laisse tranquille a l’air manifeste. Le numéro ne cherche pas à faire de l’horreur ou du mystique « façon DC » comme on a pu le voir ces dernières années. L’ambiance est plus lente, on aurait envie de dire « plus européenne » si ça voulait dire quelque chose, et cette qualité donne aux deux premiers numéros une atmosphère particulière qui sied à un exorciste toujours éloquent dans le stéréotype de l’ordure britannique. Les dialogues sont bien écrits à ce niveau là, et comparativement aux autres volumes, l’envie de ne pas sauter à pieds joints dans une énième intrigue amoureuse est aussi un bon point.

Le problème c’est que tout ça va pour le moment trop lentement pour être jugé, mis à part sur les données les plus évidentes (pour le reste, c’est malheureux mais on attendra le premier arc). Graphiquement, Moritat participe à l’ambiance Européenne avec un trait assez différent du dessin Américain moyen, sans être non plus dans la perspective de dessin « indé » et coloré un temps appliqué au Hellblazer. Les couleurs font un boulot correct, l’ensemble oscille entre gris et marron pour remplir des fonds souvent vides, mais dans une économie de trait pas problématique.

En fait, la série a tout pour séduire celui qui, depuis quelques années, entend les mêmes vieux lecteurs pester contre les derniers volumes de l’exorciste. Dans son coin, avec un trait propre à l’imprint et un esprit qui cherche dans les bonnes influences et ne semble pas chercher à rendre le Hellblazer populaire, on peut gentiment affirmer que la série mérite son titre, enfin récupéré. En attendant le prochain relaunch (où on virera le « The » et placera le blondinet chez Young Animal pour des récits encore un peu moins sages), la série a de quoi entretenir les fans du personnage sans être au niveau des grands runs qui lui ont été consacrés. Ce n’est pas forcément grave – tout le monde a le droit d’essayer – et on aurait tort de se plaindre au vu de la maigreur actuellement occupée par les personnages Vertigo dans le DC contemporain.