Review VO – Deathstroke #1

Les points positifs : Le portrait de Slade est brossé Une narration avec des idées C’est plutôt bien dessiné Les points négatifs : Des lourdeurs d’écriture Des scènes vraiment gênantes Toujours ce manque d’enjeu

« Don’t blame me for your uterus. » – Slade Wilson, grande classe

• Scénario : Christopher Priest – Dessins : Carlo Pagulayan – Encrage : Jason Paz – Couleurs : Jeromy Cox
  

• DC Comics – Deathstroke #1 – 24 août 2016 – 32 pages – 2.99$

Après une one-shot (pseudo one-shot en vérité) d’introduction qui m’avait laissé sur ma faim, on prend les même et on continue ! L’équipe artistique est identique et ce numéro #1 est en vérité un numéro #2 puisqu’il est la stricte continuité de l’histoire précédente. Et si le scénariste ou l’éditorial n’a du coup visiblement pas compris le principe du one-shot (je ne vous en veux pas, va), était-il nécessaire de faire une review complète pour Deathstroke #1 ? Peut-être pas, mais si je fais l’effort d’écrire, faites de même et lisez ! Allez, quoi. S’il vous plaît.

Deathstroke est toujours en Afrique pour tenter de la mettre à l’envers à un dictateur qui essaie d’éliminer tous ses collaborateurs pour pouvoir continuer son génocide en paix. Problème : il détient un vieil ami de ce bon Slade Wilson, qui ne va pas l’entendre de cette oreille. Action, changement de costume, flash-backs et appartés, la formule est identique à celle d’il y a deux semaines, avec les qualités et les défauts. La qualité principale, même si je soupçonne le tout d’être un artifice, est de séparer visuellement les différentes scènes qui se déroulent par des cases noires titrées, comme s’il s’agissait de mini-chapitres. Je trouve ça assez intéressant dans la manière de faire des courtes pauses dans la lecture, ça a un certain charme. D’autre part, il y a une certaine efficacité dans les dialogues et la relation entre Slade et Wintergreen, avec une complicité qui se fait bien ressentir et un certain humour qui fonctionne.

Mais le tout reste assez bancal, parce qu’au contraire, certaines tirades semblent bien forcées, et il y a une scène de flashback qui fout un peu le malaise dans tout ça. On y voit Slade se disputer avec sa femme Adeline (jusque là tout va bien) en sous-vêtements (ha) avant de faire l’amour (okay) puis elle lui demande de divorcer, après leur réconciliation sur l’oreiller (hein ?). Ca ne fait pas de sens ? Ca n’en a pas vraiment, et ça apporte d’ailleurs assez peu, mis à part de renouer avec les origines militaires de la compagne de Slade – et de rappeler que sa vie de famille était pas terrible. King Clock ne fait pas un vilain hyper convaincant non plus, mais si je reviens sur le flashback, outre cette scène un peu beauf, c’est là que Priest nous gratifie de lignes de dialogues au ras des pâquerettes, comme ce « don’t blame me for your uterus » ou encore « your bosom is magnificent » – sans compter la multiple utilisation de jurons qui semble hyper forcée, juste parce que DC a autorisé Priest à le faire ? A la lecture ça semble bien superficiel.

Malgré une dernière page, sous forme d’épilogue à cette première aventure, laisse à penser que tout ce que l’on vient de voir avait un autre but – hé, il faut bien relancer l’intérêt pour acheter le numéro suivant – Christopher Priest ne pose pas d’enjeu majeur pour Deathstroke pour le moment. C’est bien de vouloir prendre son temps, mais on continue de se demander dans un premier temps, où l’auteur va vouloir en venir, et dans un second temps, l’éternelle question de la place de cette publication chez DC Comics. Non pas que Deathstroke ne soit pas un personnage inintéressant, mais après tant d’années d’exposition, la seule raison que je vois pour son utilisation sur papier est qu’il y a des plans qui se trament pour le cinéma. Justifier une ongoing me semble bien difficile, et si j’apprécie ce côté terre à terre (bon, y a quand même Clock King qui apporte une touche de fantastique), voire politico-militaire, est assez appréciable après les débordements bourrins du DC You, il va falloir mieux raconter les choses pour que le titre soit, au mieux, un titre qu’on peut suivre avec plaisir. Je ne vais pas trop m’étendre sur les dessins, Carlo Pagulayan est toujours très doué dans son style mainstream, il y a quelques jolies trouvailles dans la mise en page et dans les angles choisis, et les dessins sont détaillés et profitent d’un encrage solide. Du côté artistique, il n’y a pas grand chose à redire, si ce n’est que ça manque évidemment un peu de personnalité.

Christopher Priest confirme cette semaine qu’il a certaines qualités de narration, et notamment un style qui lui est propre. Mais que son écriture n’est pas dénouée de faiblesses, en témoigne une scène de flashback franchement beauf. Suite directe du one-shot Rebirth, l’intrigue reste assez propre, et joue bien sur la relation entre son personnage principal et Wintergreen, mais il manque, encore et toujours, ce quelque chose qui donnera vraiment envie de poursuivre la lecture. Au moins, c’est très agréable à regarder.