« If they come… We fight them together » – Starfire
- Scénario : Jeff Lemire – Dessins : Andy McDonald – Couleurs : Brad Anderson, Allen Passalaqua
- DC Comics – Teen Titans : Earth One vol 2 – 10 août 2016 – 144 pages – 22.99€
La gamme de volumes Earth One a ceci de pratique : au début, on attend la suite. Et puis, quand elle arrive, on ne l’attendait plus. Pourtant pas si éloignée de la publication du premier volume, celle de ce second toujours rédigé par Jeff Lemire n’a pas tous les défauts d’une suite, mais il empile un nombre conséquent d’erreurs qui laissent à penser que l’auteur a depuis longtemps déserté les salles de travail super-héroïques pour ses séries « à lui », et comme Stracz, a surtout envie de boucler ses chantiers d’avant. Résulte un volume sans grand intérêt, qui ne vaut certainement pas l’attente ni le prix que vous le payerez, et ne s’adresse d’ailleurs peut-être pas autant aux fans des Titans qu’on pourrait le penser. Je vous explique ça après cet insert d’image qui me permet de ne pas développer sur la colo’ d’Anderson plus tard, dans l’ensemble réussie.
Je vous avais dit, elle est bien (mais terne). Bref, vous avez sans doute lu les autres tomes de la gamme Earth One – dans le tas, le plus fidèle à l’origine classique d’un personnage devait être le Wonder Woman de Morrison, quoi que celui-ci cherchait déjà à poser de grosses différences de fond (mais restait propre à ce qu’était l’héroïne à ses débuts). Ici, on se retrouve vraisemblablement avec le plus traître de ces volumes, celui où la réinterprétation ne se résume pas à faire de tel personnage une femme (coucou à Johns et Stracz qui se refilent des idées), mais à faire des Titans les cobayes d’une expérience scientifique secrète, par un fou, où leurs pouvoirs sont hérités d’une modification génétique. Le gouvernement a capturé un alien (Starfire, avant la puberté) et greffé ses gènes à des gosses à la naissance qui se retrouve plus tard dotés de pouvoirs. Pourquoi ? Simplement, à la seule fin de renverser le gouvernement, et peut-être ensuite de se rendre maître de l’univers. Voilà.
Ce scénario, qui ressemble à pas mal de mauvaises séries ou films de SF des années 2000, résume à lui seul le problème du bouquin. Sans être un fan ardu des jeunes sidekicks (ou pas suffisamment pour savoir si une version de leurs origines présente un cas de figure similaire), cette réinterprétation pose pas mal de problèmes vis a vis de l’identité et de la caractérisation des héros. La plupart sont creux, fades, pâles copies de leurs personnalités canoniques et rabaissés à l’exigence « réaliste » des Earth One, en somme, une bande d’ado’ paumés lambdas comme on en voit des tonnes dans un millions de récits de fiction. Exit la problématique de l’acolyte qui doit trouver sa place après un grand héros, où tous les récits de jeunes plus légers et décomplexés de certains runs – c’est triste, c’est gris, ça ne s’éclaire que sur les dernières pages et évidemment il était important de finir sur une autre porte ouverte au cas où le tome se vende assez bien pour réclamer une suite, et – oh, encore une image !
La réinterprétation qui va trop loin (ou trop pour éloigner les qualités fondamentales des personnages, et donc, questionne l’intérêt premier), c’est un élément. L’autre, c’est que l’ami Lemire écrit sans génie son histoire, qui n’arrive pas à dépasser ses clichés et se complaît dans un long suivi de facilités. Il en ressort une histoire ennuyeuse, où quelques références çà et là viennent se glisser (aux Wonder Twins et à la Doom Patrol – mais n’espérez pas un instant voir débarquer Danny ou Crazy Jane dans cette histoire, en fait, c’est juste le nom que le méchant donne à son armée perso’). La réinterprétation la plus réussie sera sans doute celle de la famille Wilson, avec un Slade doué de ses deux yeux et assez bien écrit, et un Joe psychotique qui n’échappe pas aux clichés mais propose une dynamique père-fils intéressante si elle avait été approfondie.
Avec des dessins assez irréguliers où McDonald semble parfois s’en foutre, et s’appliquer à d’autres moments, l’ensemble est très décevant. L’histoire ne fait aucun effort pour construire quoi que ce soit, on commence à suspecter que la ligne Earth One n’ait pas de visée à long terme autre que de proposer une façon inédite de penser des personnages connus. Problème, couper les héros de leur base (celle de l’univers partagé et de la continuité) revient aussi à les couper de leur essence. Imaginez une Justice League : Earth One où les héros ne seraient que le résultat d’un programme de l’armée visant à créer de super-soldats ? Un Aquaman : Earth One où le Roi des Mers n’aurait rien d’Atlante mais ne serait qu’un pêcheur écolo’ avec un dauphin domestique et une super capacité en apnée ? Et quand bien même ces idées se faisaient (pour l’amour du risque), encore faudrait il mieux les écrire, mieux les dessiner ou les vendre moins cher. Finir sur un cliff’ son premier volume, prendre son temps pour la suite et en donner si peu en 144 pages – bref, un volume décevant dont l’achat est déconseillé.
Et bien c’est une Review salée… J’aimerai quand même lire ça pour voir ce que ça donne !
Sinon on a des infos sur les futurs Earth One ? Aquaman ? Flash ? Ou même un Justie League ?
Quand c’est pas bon, c’est pas bon.
Aquaman par Manapul et Flash par Straczynski c’est l’année prochaine.
Malheureusement, pour Flash, l’auteur a récemment avoué qu’il n’en avait pas reparlé avec DC depuis … L’année dernière. Et aucun contrat n’a été signé. Donc ça a l’air d’être au point mort :/
Mais, hey, il y a le Multiversity Too de Momo qui arrive … Dans 10 ans !
Peu importe le temps que ça lui prend, quand il dégaine un truc c’est toujours excellent de toutes façons. Dommage pour Flash, encore que c’est surement mieux que d’avoir une série en automatique par un auteur pressé de couper son dernier lien avec l’industrie.
Corentin, bien qu’étant responsable de bon nombres de dommages causés à la faune, ne fait pourtant que relever ce qui pose problème depuis le premier volume : On nous file les Teen Titans, sans aucun des enjeux des Teen Titans. Alors, dans l’idée, c’est plutôt cool de prendre des risques et c’est pour ça qu’existe cette gamme, mais difficile de séduire le néophyte ou de convaincre le profane qui a déjà bouffé un sacré paquet d’Origin Story sur les TT.
Quant aux autres publications : Flash, c’est (sûrement) mort. Aquaman, à priori, avec Manapul qui traîne encore chez DC, ça devrait arriver un jour. Justice League, je crois pas qu’on verra ça un jour.
Y a ce problème (et l’originalité absente du scénario), mais je trouve même le bouquin extrêmement pauvre en terme d’intrigue. C’est vraiment très prévisible, très lambda et très moyennement écrit compte tenue du type aux commandes.
C’est du Lemire quoi, non ? ^^
Que ce soit son Superboy, son Green Arrow, son Futures End, sa Justice League United ou sa Justice League Dark, c’est pas non plus transcendant (après, je n’ai lu que ça du monsieur donc ça fausse probablement ma juste appréciation de son talent) mais ça se lit bien. Après, pour ce qui est de l’intrigue, malheureusement, en posant les bases de son scénar’ dans le premier volume, il s’est lui-même enfermé dans un schéma qui laisse finalement peu de possibilités de briller, je trouve.
Son Animal Man et son Green Arrow étaient vraiment bien. Mais depuis le type a fait deux trois trucs en indé’ à côté (et même, mettons que Sweet Tooth et Trillium c’est deux vrais bonnes séries), donc si la promesse d’Earth One c’est de laisser à des auteurs le goût de réinventer sans qu’on les freine, là, il a clairement bâclé le boulot.
Si t’as pas peur de passer du côté obscur de la force, je trouve que Lemire fait du très bon sur Moon Knight en ce moment.
Plutôt déçu du premier volume, j’attendais vraiment rien de celui-ci. C’est peut-être pour ça que j’ai apprécié ce volume, même si il y a rien non plus de transcendant. C’est une lecture qui passe assez vite et qui s’oublie tout aussi vite. J’ai trouvé les planches pas terribles. C’est d’autant plus dommage quand on sait que les autres volumes de la gamme ont droit à des artistes genre Frank, Paquette ou encore Dodson… Mais bon, entre l’annonce passée quasiment sous silence et la couverture plutôt douteuse, tout cet OGN semble avoir été fait à l’arrache sans qui que ce soit dans l’équipe créative pour se soucier du travail fourni. Dans l’ensemble, je suis plutôt d’accord avec la review.