Review VF – Ex Machina Tome 5

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Les points positifs :
  • Une fin qui remplit ses promesses
  • Noir, fort et engagé
  • Tony Harris lâche la furie
  • Une des séries les plus actuelles du paysage comics
Les points négatifs :
  • Dernier volume
  • Pas recommandé aux fans de happy end

« Noir total. » – Mitchell Hundred


  • Scénario : Brian K. Vaughan – Dessins : Tony Harris, John Paul Leon – Encrage : Jim Clarks – Couleurs : JD Mettler – Couverture : Tony Harris
  • Vertigo Essentiels –  Ex Machina Tome 5 – 19 août 2016 – 312 pages – 28€

En parallèle des bonnes lectures qui tombent en ce moment, Urban Comics achève la publication de la série Ex Machina de Brian K. Vaughan et Tony Harris cette semaine. Achevée il y a quelques années sous l’imprint WildStorm/Vertigo, cette série qu’assez peu de gens connaissent relativement à la popularité de l’auteur dans l’après Saga retrace les aventures du maire Mitchell Hundred, un super-héros raté dont le seul exploit marquant aura été de sauver une des deux tours du World Trade Center lors du célèbre détournement du 11 septembre 2001. La catastrophe, plus mesurée, ouvre sur cette uchronie où un super-héros archi-populaire devient le maire d’une ville castrée et traversée par tous les débats et conflits sociaux ou politiques du XXIème siècle : ceux sur lesquels les impeccables complets-cravates bleu sombre s’écharpent quotidiennement selon telle ou telle obédience électorale.

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Le charme de la série tient à ce réalisme de la politique dans le micro-cosme de New-York. Sa peur du terrorisme, sa diversité d’opinions, les différents tenants du maillage social avec toutes ses couches de population. Laisser à un super-héros, armé des meilleures intentions, le gouvernail de l’appareil politique – voilà le succès des premiers volumes, comme sa frangine a pour elle des débuts grinçants sur la place de la femme dans la société, vue par un WASP en pleine apocalypse. Mais, les deux séries ont ceci de commun : de l’événement surnaturel qui crée le premier élément déclencheur (celui qui donne ses pouvoirs à Hundred), il faut nécessairement arriver à la conclusion. Et à nouveau, Vaughan apporte sa science des fins arbitraires, en refermant toutes les portes et en n’hésitant pas à donner dans le (très) pessimiste. Ce qui risque de gêner les fans de l’esprit plutôt léger des débuts.

Ce volume se consacre en grande partie à la résolution de l’intrigue de fond : d’où viennent les pouvoirs, le jetpack et le flingue du Maire de la ville ? Comment a-t-il acquis sa capacité de communiquer avec les machines ? Si origine il y a, y a-t-il une menace et comment l’affronter ? Avec un twist astucieux (mais prévisible), la série prend ainsi le chemin d’un final apocalyptique qui épouse comme le tome précédent une ADN de plus en plus super-héros. Fidèle aux séries WildStorm où les porteurs de masques se heurtent à une violence démesurée loin des héros propres et établis qu’on trouve dans les majors, le conflit est sale et la proximité réaliste des personnages nourrit les enjeux de cet épilogue, comme d’habitude bien écrit et bien réalisé. On sent chez l’auteur une envie de boucler et d’aller explorer cet autre imaginaire qu’il offre au lectorat, plus fantasmagorique et moins terre à terre, ce qu’il fera plus tard pour un autre éditeur et dans d’autres contextes, tout en n’oubliant jamais son discours social et politique.

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S’en suit un épilogue comparable aux scènes de fin de : l’auteur dresse un portrait à longue distance de son héros. Même en restant cryptique, difficile de passer sous silence la teneur du message – la politique corrompt et détruit, le pouvoir est une gangrène qui coupe l’homme de ses racines, et même le meilleur des hommes peut céder à la compromission. Le message, en substance, de Vaughan à son (é)lectorat, une touche finale sur ce tableau politicien. L’auteur en dit long, à la fois sur comment son héros s’éloigne peu à peu de ses convictions une fois la parenthèse terroriste fermée, sur l’Amérique et surtout, sur le présent. Sans vous enjoindre à prendre le message de l’auteur pour argent comptant (ça vous regarde), d’une manière générale Ex Machina sur ce tome et sur les autres est un de ces trucs qu’il est important de lire à notre époque – à plus forte raison dans cette année doublement électorale pour les lecteurs VF et ceux d’outre-Atlantique. Un avis éclairé et ouvert sur un nombre conséquent de sujets d’aujourd’hui (et pas seulement le terrorisme) mais aussi sur le devenir et le parcours des chefs d’état. Une vision tranchée et dure, mais un message fort qui n’oublie jamais d’être juste.

En ce qui concerne le travail artistique, je me vois mal ajouter quoi que ce soit à ce qui a été dit sur les tomes d’avant et le boulot formidable de Tony Harris. Ici, l’artiste applique sa science des designs, des créatures et de la mise en scène de moments jusqu’ici furtivement évoqués : les scènes d’action, les scènes de destructions, une New-York plus inquiétante et sale où les couleurs de Mettler sont irréprochables. Le volume se ternit sur les derniers numéros, comme pour épouser la déliquescence morale du héros et de son monde qui devient de plus en plus terne loin du soleil de New-York et de son équipe, une grande famille disparue avec le carriérisme et la reconstruction.

Cette review pourrait se conclure par « vous n’avez pas d’excuse pour ne pas commencer ». Mais, évidemment, le facteur économique et le quasi-sans fautes d’Urban récemment commence à interloquer votre banquier et le type à qui vous payez le loyer, qui vous appelle tous les lundis pour vous demander si ces BD dans lesquelles passe votre fortune vous tiendront chaud la nuit quand vous dormirez sous les ponts et rongerez des cadavres de rats à défaut de trouver des passants généreux. Sauf que, en définitive, rien ne vous interdit de vendre vos tomes de Batman que vous ne relirez de toutes façons jamais pour enrichir votre esprit critique de ce genre de lectures indispensables, et vous enseigner que le matérialisme, c’est sale et ça prend de la place pour rien. Bref, achetez, lisez, et oubliez pendant une seconde la constante qui vous pousse à investir en priorité dans le super-héros standard : je vous assure, en vrai, il y a souvent des trucs bien mieux qui sortent à côté.

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Corentin

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Sachouka
Sachouka
7 années il y a

Review parfaite . Je l ai fini il y a 4h et j y reflechis encore

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