Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Je savoure la peur qui essaie de me submerger. » – Bruce
- Scénario : Jim Starlin – Dessin : Bernie Wrightson
- DC Comics – Batman : Le Culte – 19 août 2016 – 208 pages – 19€ – Collectionne: Batman The Cult #1-4
1986, The Dark Knight Returns change le personnage de Batman à tout jamais. L’ambiance très sombre et ultra violente se répercutera avec une série d’arcs d’auteurs bien différents, s’essayant à cet exercice visant à quelque peu copier ce style de Miller. L’on a pu voir par exemple Mike W. Barr avec un Year Two des plus instables. Et c’est dans cet élan qu’en 1988 Jim Starlin s’essaie avec cette mini-série en quatre parties qui forme The Cult, traduit autrefois par Enfer Blanc, publié chez Comics USA. Soyons direct, ce récit est une réussite totale. Pourtant, l’on était loin d’arriver à ce résultat. Si l’on se souvient bien, Jim Starlin revenu de chez Marvel s’est essayé au personnage de Batman et après que Gerry Conway ait introduit pour la première fois Jason Todd, Jim Starlin a modifié ses origines et a écrit les aventures de Batman jusqu’à la mort de Jason, et bien après. L’ensemble ayant ses hauts et ses bas, l’idée de lire cet album avec Jim Starlin au scénario peut très bien laisser perplexe. Si je parle d’inspiration directe du Batman de Miller, c’est bien pour l’aspect trash, la violence, que je trouve bien plus extrême ici par la situation dans laquelle elle est exprimée, et les conditions du personnage de Batman. Car Jim Starlin reste Jim Starlin est va jouer sur des éléments qu’il maîtrise parfaitement.
Le Culte, est une histoire d’horreur sans vraiment en être une. L’horreur se déroule et se manifeste par l’impuissance du héros face à ce qui l’entoure. Pourtant, il ne s’agit que d’une secte vivant sous terre. Batman est bien plus fort que ça. Et bien, pas vraiment. Starlin va faire ressortir l’homme qui est au fond du personnage de Batman. Sa part d’humanité. Il va travailler l’ennemi, qui n’a jamais été vu du lecteur, pour en faire une figure, une menace imposante, lui conférer le statut de plus grande menace au fil de la lecture. Comment est-ce possible ? En brisant la chauve-souris. L’on a souvent entendu ce genre de chose, à travers les films, les comics, mais ce n’est qu’à travers ce récit que j’ai pu ressentir le bruit cassant du personnage déchiré, dans une effrayante instabilité. Le scénariste va travailler la psychologie du personnage et profiter du fait d’avoir carte blanche pour intégrer les éléments qu’il maîtrise et qui sont un peu les sources de son inspiration, en particulier lors de sa période chez Marvel. Les hallucinations. Rien de bien nouveau, l’on sait tous que Jim Starlin avait quelques fumées crochues avec de nombreuses substances étranges, qui l’ont poussé à créer des personnages comme Thanos ou encore des aventures de Howard The Duck aussi délirantes que hilarantes.
L’on joue, en particulier dans le premier numéro, sur la perte de repères. On partage avec Bruce la même perception. Ce qui est vrai depuis toujours, puisque l’on a des attentes d’une histoire de Batman. L’on partage cette perception répétitive d’une Gotham similaire d’un auteur à un autre (en termes généraux bien sûr). L’on attend des valeurs, un respect de celles-ci, des éléments secondaires desquels l’on ne peut le dissocier. Et cette perturbation amène le personnage comme le lecteur a perdre tout ce sens des attentes. Il arrive un moment où ces attentes n’ont plus lieu d’être, où, si l’on suit toujours l’intrigue et la manipulation de cette secte, l’on ne sait plus où l’on va se diriger tant la route présentée parait surréaliste. Ce récit surprend. C’est par ailleurs certainement pour cette raison que cette lecture perturbe tant.
Le récit mélange les genres. L’on débute par un épisode surréaliste, où l’on se demande même si le tout est une hallucination complète. Puis l’on plonge et l’on se referme sur le genre horrifique, avant de conclure avec de l’action pure. C’est bas du front, avec une Batmobile qui fera réagir ceux déjà allergiques à la Batmobile de The Dark Knight Returns. Ce tout donne la sensation de se retrouver dans une hallucination ou non, jusqu’au Elseworld. Le contraste est que le Batman qui apparaît est ce même Batman que l’on connaît dans les séries régulières. Cependant, il est ici plongé dans une situation extrême, le poussant à se remettre complètement en question pour se perdre dans ce qui définit son rôle de justicier. On assiste à une destruction totale du mythe, du Batman classique, pour se diriger vers une forme de reconstruction par réinsertion d’éléments secondaires de l’univers qui l’entoure. Durant cette descente, Batman arrivera à, comme il l’est montré sur la couverture, l’utilisation d’armes à feu. Ne criez pas au secours de suite. L’auteur est conscient des valeurs auxquelles est rattaché ce Batman classique et le place dans une situation extrême qui le pousse contre sa volonté à ce fait. Et si cela vous choque, je vous conseille de lire cet album, parce que vous êtes encore loin de vous imaginer ce que le scénariste vous a réservé.
La secte à laquelle Batman s’oppose a un discours des plus réfléchis. Opposant Batman et sa justice sans arme à feu et sans meurtre, à un discours parfaitement tourné vers une solution radicale contre le crime. Ce discours n’est pas expédié à la minute. Il est approfondi et n’a rien à voir avec ce que l’on peut avoir lu ou un ennemi essaie de justifier ses actions. Cet ennemi parle en connaissance de cause et argumente. Son discours est solide au point où l’on en vient à partager son avis et à se demander pourquoi Batman n’a pas cédé. C’est de cette manière que Jim Starlin parvient à rendre son méchant convaincant. La pertinence de ses propos font qu’il réside chez chacun des personnage une part de bien et de mal.
Bernie Wrightson est un dessinateur assez rare, au talent immense, dont les travaux les plus connus résident dans les premiers numéros de Swamp Thing, puisqu’il a créé le personnage avec Lein Wein. Aux côtés de Jim Starlin, il livre avec cette saga l’un de ses meilleurs travaux. Des séquences case par case nombreuses, tout comme cette seconde illustration redonnant le contrôle de lui-même au héros. L’on se rapproche bien plus, avec cette œuvre, d’un roman graphique. L’artiste maîtrise tout aussi bien les séquences hallucinatoires que les scènes oppressantes, sans parler des expressions faciales, relevant de la déformation du visage, pour justement amplifier le ressenti du lecteur.
Batman : Le Culte, est un récit dont on n’entend que trop peu parler, et merci Urban pour ce bijou qui sera à placer entre The Dark Knight Returns et Batman Année 100. Une œuvre qui trouve sa place parmi les récits donnant matière à étudier le personnage. À conseiller à tous les amoureux de la chauve-souris (et dieu sait qu’ils sont nombreux) comme à ceux qui le déteste, tant il se fait malmener le long du récit. Jim Starlin n’a pas été incroyable que chez Marvel, faites passer le message !
Excellente revue, rien à dire ! Je suis d’accord, ce bouquin est pour moi dans mon top 10, et quelques années avant Knightfall, voir Batman brisé au point d’abandonner tout ce en quoi il croit est en soi un événement marquant. Toute l’ambiance du bouquin est pesant et suffoquante. Un must-have !
Vraiment pas fan de ce comic book.
De toute évidence, Starlin venait tout juste de lire TDKR et Born Again et a simplement décidé de les reproduire, sans pour autant travailler la caractérisation de son protagoniste (si exceptionnelle dans les deux oeuvres de Miller) de façon à nous expliquer comment Batman peut tomber si bas en si peu de temps, en particulier compte tenu de la faiblesse du villain, très plat et n’ayant pas du tout le charisme que l’histoire lui prétend. Reste beaucoup de trash et d’EXTREEEEME assez gratuit (batman avec un tank et un flingue, truc de fouuuu!) et un énième pamphlet franchement maladroit de Starlin à l’encontre des religions.
Fort heureusement, visuellement c’est remarquable mais c’est bien tout.
J’ai adoré le propos du récit ainsi que la façon de voir ce Batman brisé même si il succombe trop facilement au début je trouve.
La mise en page est excellente et graphiquement magnifique.
J’ai adoré cette lecture. Chouette review.
Je me souviens avoir apprécié le titre mais une relecture me ferait du bien ^^
« Jim Starlin n’a pas été incroyable que chez Marvel, faites passer le message ! »
ben justement je le connaissais jutes pour Batman the cult ;)
DC c’est vraiment bien (fais ta pub), mais faut avouer que son Doctor Strange, son Silver Surfer, Warlock et sa saga du Gant de l’Infini est terrible ! (Par contre tu peux très bien te passer des suites du même auteur).
La review me titille un peu parce que « le culte » a l’air vraiment cool mais vous le mettez à un niveau similaire à « Année 100 » que j’ai trouvé juste nullissime, la + mauvaise histoire de Batman que j’ai jamais lu. C’est moche, le scénario est aux fraises, les perso sont vides donc ça me refroidit limite si celui là est « aussi bien » que « Année 100 »
Je le compare car on peut le classer parmi un elseworld comme Année 100. Que le récit est aussi sombre (voir plus) que Année 100. En revanche, lorsque tu lis un Esleworld, tout dépend de l’équipe créative, si tu n’as pas aimé Année 100, dans ce cas, évite Paul Pope. Mais je te conseille tout de même de lire Le Culte.
Je ne garantie pas que tu aimeras, puisque le récit est assez déstabilisant, mais comme je le dis dans les points positifs, l’on ne ressort pas indemne de cette lecture.
Ah ok, si la comparaison s’arrête là je vais sûrement me laisser tenter alors, merci pour l’info ! :)
Marrant, je n’ai jamais envisagé classer The Cult dans les elseworld. Pour moi, il allait parfaitement dans la continuité post Crisis, malgré son aspect sombre très accentué.
Il a toujours été dans la continuité. La raison pour laquelle il pourrait faire penser à un Elseworld, c’est que comme Death in the Family du même Starlin, The Culr a cherché à intégrer dans la continuité de l’époque des éléments venant tout droit de TDKR.
J’ai lu, mais que c’était l’on ! qu’est-ce qu’il t’as fait ce pauvre L pour que tu le traite comme le boulet du on ? Il ne sert à rien bon sang ! Bon, sauf dans « qui l’ont poussé », là il sert. Mais le l désigne quelqu’un ici on moins. À moins que tu ne parle du grand « On », celui qui récolte ce qu’il sème et qui oublie de tirer la chasse en sortant des toilettes ?
Qu est ce qu’il t a fait ce L pour que tu le détestes autant ?
L’on peut l apprécier comme il est, comme l’on peut très bien fermer les yeux dessus. Même si l’on peut très bien comprendre l’utilité d’une chasse d’eau.
Longue vie et prospérité aux lettres mal aimées !
Je viens de finir la lecture du livre (ça aide bien à passer le temps dans le train) et j’ai trouvé que l’auteur s’est beaucoup trop inspiré de TDKR (sans l’aura qui entoure l’oeuvre) et son méchant était tellement plat (et remplis de drogue ^^) que j’y ai plus vu une fusion (ridicule et insipide) de l’épouvantail et ra’s al ghul plus qu’un personnage unique dont on se rappelle pour son originalité (même calendar man est un meilleur méchant que lui et le pauvre n’a jamais eu un dessin aussi beau lui ).
Par contre je trouve le dessin très bon , surtout l’ambiance qui en ressort (il rentre bien dans l’univers sombre selon moi^^)
J’ai adoré, tant le dessin que l’histoire. Ça part pas trop en live, c est clair, net et précis pour le scénario. Impec ! Nolan s’est-il un peu inspiré de celui là pour le 3ème épisode de sa trilogie ? Il y a quelques similitudes… autre chose : dans la bibliothèque, je le range juste avant ou juste après killing joke ? J’avais envie de le mettre entre killing joke Et un deuil dans la famille. C’est ça ?