Review VO – All-Star Batman #1

All-Star Batman (2016-) 001-000
Les points positifs :
  • Un bon road-trip en perspective
  • Double Face en antagoniste
  • Les couleurs de Dean White
  • Declan Shalvey & Jordie Bellaire
  • L’idée de Duke Thomas enfin exploitée
Les points négatifs :
  • Ne change rien aux tics d’écriture de Snyder
  • Romita, pas forcément aussi bon qu’on espérait
  • Une série en continuité
  • Qu’est ce que c’est que ce cliff’ de fin ?

« See, this is my time, Batman. Before, the chaos ? Maybe it was the clown’s era. But now, this moment, it belongs to me. » – Two-Face


  • Scénario : Scott Snyder  Dessins  : John Romita Jr., Declan Shalvey Encrage : Danny Miki, Declan Shalvey Couleurs : Dean White, Jordie Bellaire

En fiction, existe le genre du « transfert de prisonnier », sous genre du film d’action ou du film carcéral incarné dans des segments ou films entiers de l’histoire du cinéma (exemple, les Ailes de l’Enfer ou 3h10 pour Yuma). Principe, aller d’un point A à un point B avec un individu dangereux qui essayera logiquement de s’enfuir en route, un road-trip mêlé de survie tout en tension – c’est sur ces terres que nous entraîne Scott Snyder avec une dernière (peut-être définitive) brique à l’ombrageux monument que constitue son run de cinquante-et-un numéros (plus les bonus) : All-Star Batman.

Décidé à guérir Gotham du poison Double Face, Batman (avec d’autres, on y revient plus bas) décide d’emmener le vilain dans un lieu secret, qui devrait effacer de lui sa personnalité psychotique – dans cette version, Harvey Dent n’est pas écrit comme souvent dans un jeu d’ambiguïté contrôlée par une variable de hasard, mais un authentique schizophrène dont le corps est alternativement possédé par l’une ou l’autre de ces deux facettes. L’une est cruelle, c’est Double Face, l’autre encore bien vivante, Harvey Dent, maître de ses moyens. Après avoir expliqué à Bruce perdre chaque jour un peu plus le contrôle face à ce Mr. Hyde intérieur, Harvey met au courant son ami de l’existence de ce lieu qui pourrait enfin le soigner.

  All-Star Batman (2016-) 001-014

Mais Double Face ne laisse, étonnamment, rien au hasard. On apprend dans le comics que l’ancien procureur, à l’aide d’un système d’écoute (plus ou moins) établi, connaît les secrets de toute la ville, ceux des malfrats comme des gens normaux. Avec ce levier et la promesse de trois millions à celui qui le libérera, le tueur à la pièce attire sur son transfert du commissariat de Gotham au lieu dit l’attention de toute une galerie de vilains oubliés attirés par l’appât du gain. Bruce devra slalomer entre toutes ces menaces, qui peuvent aussi venir du monde « normal » et des civils (on retrouve ici la capacité de chacun à faire le mal chère à la symbolique du personnage, qui peut comme le Joker éveiller le côté obscur du premier venu).

Le scénario se débat bien contre les sempiternels récurrences de Snyder à faire front aux critiques. Quoi que l’histoire ait pu tenir sur une continuité « hors-série » (ce qui a pu être le cas sur Batman : Europa, avec un pitch ressemblant), l’auteur utilise évidemment ce biais pour donner suite à son run, et particulièrement à densifier le rôle de Duke Thomas. Ce pan là s’épanouit sur un autre segment dessiné, avec aux dessins Declan Shalvey (très bon comme à son habitude), et semble chercher à justifier le choix de ce futur héros dans le paysage de Gotham City.

All-Star Batman (2016-) 001-018

Quoi que la posture ait de l’allure, et que cet ajout justifie d’autant plus le prix du numéro, l’auteur ne peut apparemment pas s’empêcher de continuer à dispenser sa vision quelque peu usée aux héros de Gotham City (première retcon : Double Face est mort dans cette continuité), ce qui n’est pas forcément gênant et ne dérange pas un scénario bien rythmé et fort où l’aspect humain du road-trip fonctionne d’autant mieux. A l’écriture, plusieurs bonnes idées, comme ce Batman à tronçonneuse ou cette plèbe de suivistes dominés par un Double Face plus conquérant que dans ces dernières années de publication. Le récit est propre et bien illustré mais, comme dans ce cliffhanger de fin (étonnant) on se heurtera aux maladresses de l’auteur avec certains personnages – comme Alfred, qu’il n’a jamais réellement bien écrit.

Maintenant, savoir qu’on lit du Snyder revient aussi à accepter l’auto-référentiel permanent et ce genre de problèmes d’interprétation. Dans le cadre de ces derniers scénarios, All-Star apparaît comme un récit prometteur, bien mis en scène et bien réalisé – c’est un peu ce qu’on en demande, le destin du héros et la continuité lui ayant déjà échappé des mains. Avec cette deuxième partie allouée à Duke, le scénariste (seconde retcon) semble poser quelques questions intéressantes sur le rôle des sidekicks et leur évolution naturelle vers le destin de héros accomplis. A voir, quoi que là encore le final semble être fait pour interroger.

All-Star Batman (2016-) 001-029

Au sujet des dessins, constat du même ordre : comme Snyder, même à son meilleur, John Romita reste John Romita. Après avoir vaincu sa flemme et sa phobie des crayons, le dessinateur reprend peu à peu un rôle honorable, et livre ici de très jolies planches, contre lesquelles se heurtent encore une impression pénible d’avoir déjà croisé ces visages, ces silhouettes et ces situations où tout semble se ressembler. Quelques jolis découpages et une colorisation exemplaire de Dean White embellissent un ensemble déjà convainquant, mais les allergiques du visage « Kick Ass » ne seront pas beaucoup plus convaincus. Rien à redire sur le combo’ Shalvey et Bellaire, fidèles à leur niveau de qualité.

A défaut de mériter les cinq étoiles, All-Star part bien. Le genre a de quoi séduire : dépossédé de ses repaires, seul contre tous, accroché à sa mission, le pitch idéal pour un Snyder qui n’a cessé depuis ses débuts de chercher à casser du vieux pour faire du neuf et priver les lecteurs d’un socle tangible auquel se raccrocher. Avec un vilain intéressant, que le scénariste traite à la mesure de sa gloire passée (et oubliée, malgré son aura encore vif) et de très belles scènes dans une Amérique de carte postale entre le kansas et la route ’66, la série démarre bien. Malheureusement, elle butte sur l’éternel problème des séries taggées Snyder, pas tant pénalisée dans sa qualité que dans sa compréhension de ce qu’il écrit ou transcrit – un ego qui renverse les barrières de caractérisation ou de continuité, où l’auteur cherche encore à donner suite à son histoire quand le lecteur aimerait tourner cette page, déjà assez longue. Ou alors, peut-être que ce n’est que moi ? Allez savoir. En attendant, cinq dollars bien dépensés, en attendant les cinq suivants.

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Vakarian
Vakarian
7 années il y a

Batman avec une tronçonneuse ! Le méchant, c’est Leatherface ? ^^

Capugino
7 années il y a

Pas mal ce All Star Batman !
Par contre je ne comprends réellement pas ce que l’on reproche à Snyder :s

Aquaman
Invité
7 années il y a

Oui, ce n’est que toi ^^

The Bat
7 années il y a

Je l’attendais ce titre et je ne suis pas déçu. Dès les premières pages on reconnait le Snyder qui se lâche à fond. Comme souligné dans la review, Alfred reste toujours maltraité entre les mains de Snyder mais le contexte et la caractérisation de Double Face permettent de vraiment apprécier le titre. Un road-trip prometteur et un Batman by Snyder avec ses défauts (calme ton ego Scott ^^) et ses qualités (de la punchline made in Snyder et ce Batou en trançonneuse !). D’ailleurs c’est tout con mais j’aime l’idée d’afficher les miles parcourus. Attention toutefois puisque même les meilleurs arcs de Snyder ont un build-up de qualité mais une fin moyenne, voire médiocre. Au moins il n’y a pas Harper Row…

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