Showcase #122 – Goddess #2

Doit-on encore présenter Garth Ennis ? Je ne crois pas. L’auteur de Preacher, The Boys, Crossed ou encore de l’excellent run sur The Hitman s’est, depuis longtemps, fait une place au panthéon du monde des comics. En ce qui concerne la série Goddess par contre, une petite présentation s’impose certainement. Très loin d’être le travail le plus connu du britannique, il s’agit d’une mini-série de huit numéros publiées entre juin 1995 et janvier 1996. Même si Ennis a débuté ce run trois mois à peine après les grands débuts de Preacher, Goddess est loin d’avoir connu le même succès et fait partie aujourd’hui des travaux mineurs du scénariste. La série nous raconte l’histoire de Rosie Nolan, jeune femme se découvrant soudainement des pouvoirs psychiques et qui va voir sa vie basculer lorsque un agent de la CIA spécialement chargé des affaires paranormales se met à sa recherche. C’est, aujourd’hui, le second numéro écrit évidemment par Ennis et illustré par Phil Winslade qui nous intéresse.

Le chapitre débute directement là où le précédent s’est conclut avec Rosie qui a assassiné, sans le vouloir, plusieurs agents de la CIA qui essayaient de l’arrêter. Alors que cette dernière fuit avec ses amis (un anglais suicidaire, un défenseur des droits des animaux au comportement extrême et la petite amie jalouse de ce dernier), l’agent Harry Hooks, sorte de bad guy typique pour du Garth Ennis à la fois ridicule et dangereux à cause de son obsession maladive, fait feu dans la rue pour les arrêter tuant au passage des civils et un policier. Les actions de l’agent auront néanmoins des conséquences puisque l’on découvre ensuite George Dixon, un policier complètement lunatique qui se décide à retrouver le meurtrier de son confrère. S’ensuit pour lui une enquête expéditive à base de coups d’agrafeuse dans les parties intimes de ses collègues pour en apprendre plus sur la fusillade. Une double chasse se met alors en place avec d’un côté Hooks  à la recherche de Rosie et de l’autre Dixon qui, lui, veut la peau de l’agent de la CIA.

Néanmoins le personnage principal de l’oeuvre est bien Rosie et ça fait un petit moment qu’on a pas eu de nouvelles de cette dernière. La revoilà donc au premier plan avec sa bande en fuite. Loin d’être des pros dans le domaine, le groupe se fait vite retrouver par Hooks qui décide de procéder à l’arrestation de tout ce beau monde. Seulement voilà, l’héroïne n’a pas l’intention de se laisser faire et envoie, uniquement par la force de sa pensée, la totalité des hommes de la CIA dans l’espace pour une mort douloureuse, laissant uniquement un Harry Hooks un peu paniqué dans la pièce.  Ce dernier se prend d’ailleurs rapidement un coup de couteau avant que tout le monde ne prenne la fuite une nouvelle fois. Pour la suite, Ennis fait toujours preuve du minimum syndical en terme de finesse pour nous présenter les frères Bruvvers, des bouchers qui ont surtout l’habitude de travailler avec de la viande humaine… On découvre que ces deux joyeux personnages sont les alliés du flic Dixon qui a décidé de laisser les règles de côté pour gérer son enquête. Le numéro se termine finalement avec Rosie et son groupe, dans un bateau, pour tenter de quitter le pays au plus vite. Forcément, ça ne sera pas si facile mais la suite, et bien, c’est dans le prochain numéro !

En définitive, ce numéro est bien à l’image de la totalité de la série. Très loin de montrer Ennis au sommet de son inspiration, le titre a pour lui ses excès de violence et son mauvais goût assumé pour faire passer la pilule, à condition bien-sûr de se laisser porter par le délire de sale gosse de l’auteur. Néanmoins, difficile de se faire une place au soleil pour la série quand, au même moment et en plein coeur des années 90, l’auteur nous balançait Preacher. C’est bien connu, on ne peut pas gagner à tous les coups !