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Les points négatifs :
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« Qui a parlé de vous faire brûler ? » – Pearl Jones
- Scénario : Scott Snyder – Dessins : Rafael Albuquerque – Couleurs : Dave McCaig
- Vertigo Classiques – American Vampire Tome 8 : La Septième Lignée – 8 juillet 2015 – 160 pages – 15€ – Collectionne: American Vampire Second Cycle #6-11
Un an et quatre mois. C’est le temps qu’il aura fallu pour les lecteurs français de découvrir la suite et fin du second cycle d’American Vampire, la faute à une publication en VO chaotique qui a accumulé les retards. L’heure est aujourd’hui de découvrir la seconde moitié de cette histoire, dans laquelle Scott Snyder et Rafael Albuquerque continuent de vouloir retracer l’histoire des US au travers de leurs vampires, chasseurs et monstres en tous genres, qui se livrent des guerres sans merci – avec ici, surtout, la montée en puissance d’un mal très ancien, qu’on nous avait déjà présenté dans le tome précédent : le Marchand Gris.
Un peu d’histoire avant tout (même si je ne suis pas un spécialiste). Nous nous situons en 1965, période de la Guerre Froide qui oppose les US à l’URSS, mais ici, si on parlera de menace nucléaire, point de crise de Cuba, car Scott Snyder veut développer un autre aspect de l’histoire : celle de la conquête spatiale. Le tout avec des vampires. Des vampires dans l’espace ? Ma foi oui, et c’est une idée qui ne sera pas trop mal exécutée. Skinner, mal en point, Pearl Jones et Cal partent à la recherche d’une base retranchée de l’ordre des Vassaux, afin d’arrêter le Marchand Gris et empêcher ce dernier de réveiller la Bête, incarnation première du Mal sur Terre.
Scott Snyder y va de son lot d’explications et apporte une nouvelle pierre à sa mythologie du mal et des monstres sur terre, tout en utilisant un jargon scientifique qui fera sourire les connaisseurs, et donnera un semblant de sérieux pour les autres. L’histoire en elle même, en revanche, se montrera assez basique, nos trois héros s’associent à ce qu’il reste des Vassaux de Vénus, menés par Felicia Book (on reste toujours dans les histoires de famille par ici !) pour aller d’un côté récupérer l’arme ultime qui permettra de tuer la Bête, et de l’autre empêcher un satellite russe de voir la situation aux US, qui provoquerait immédiatement une attaque nucléaire synonyme de fin du monde. Deux aventures très dynamiques qui se ponctuent hélas toute deux par les même ressorts, à coups de trahisons dans tous les sens et de retournements de situation qui donnent une trame très classique d’actionner, dans lequel tout se résout en quelques pages sur la fin.
On peut d’ailleurs légitimement se demander si Scott Snyder n’a pas achevé ce second cycle de façon un peu précipité (pris qu’il était par d’autres projets le motivant certainement plus), tant la fin se ressent rushée, même si elle apporte malgré tout des éléments d’histoire intéressants pour la poursuite du 3ème cycle, et notamment en ce qui concerne le nouveau statu quo de Skinner Sweet, vampire préféré de cette grande saga. Pour le reste, je disais que le tout est très dynamique et la lecture de cet ouvrage se fera d’une traite, car il faut bien avouer que le tout est assez prenant (les irruptions de monstre tous plus hideux les uns que les autres, le sentiment d’urgence qui se fait de plus en plus oppressant… et cette séquence, dans l’espace, qui apporte une originalité bienvenue, en faisant utilisation sympathique du contexte historique). Peut-être aussi que, finalement, Snyder n’avait pas tellement de choses à raconter sur son pays, pour cette période de l’histoire, et la plus grosse frustration viendra du fait de n’avoir un cycle que partiellement achevé, dont on ne sait combien de temps il faudra attendre pour espérer en voir la suite.
Pour la partie artistique, si vous avez parcouru American Vampire depuis les débuts, alors vous serez en terrain connu. La patte de Rafael Albuquerque est désormais bien apprivoisée par les lecteurs, et ce dernier fait toujours très bon usage de ses talents, même si on peut déplorer sur l’ensemble de l’ouvrage de nombreux arrière-plans désespérément vides, et un découpage parfois très grossier, pour éviter d’avoir trop à en faire (ce qui traduit aussi un script un peu vide). Le design des monstres humanoïdes n’est en revanche pas le plus inspiré, et j’ai quand même l’impression d’avoir une baisse générale de la qualité visuelle du titre (plus par un effet de « on s’est dépêché de finir vite » qu’une vraie baisse de niveau d’Albuquerque aux dessins). L’utilisation des couleurs par Dave McCaig est en revanche, toujours très appréciable et participe largement à l’identité visuelle d’American Vampire.
Un second cycle s’achève dans ce tome pour American Vampire, un cycle plus court que ce qu’on aurait pu attendre, d’autant plus que la période revisitée par Scott Snyder regorge d’éléments historiques intéressants à explorer. En résulte un récit d’aventure/action horrifique mené tambour battants, qui a le mérite de très bien se lire, et d’une traite, même si la conclusion pourra vraiment laisser sur sa faim (sans jeu de mots). Et surtout : verra-t-on vraiment un jour la suite ?
Ben, ben, ben? Elle est où Harley?
Sinon, hâte de lire cette suite.