Review VO – Batgirl #1

Les points positifs : Dessin et couleurs L’attrait du shonen (?) Ecriture naïve mais plaisante No more Burnside Les points négatifs : Kai, le copain d’enfance qui n’existe pas Déborde de facilités Martial arts bullshit

« No Babs. Burnside is the past. » – Batgirl

• Scénario : Hope Larson – Dessins : Rafael Albuquerque – Couleurs : Dave McCaig 
  

• DC Comics – Batgirl #1 – 27 juillet 2016 – 32 pages – 2.99$

Si l’idée de Rebirth était de revenir à un genre d’esprit fondamental, on ne peut pas dire que ce soit le cas de cette Batgirl. D’abord il faudrait admettre que Barbara Gordon, aux yeux de beaucoup de lecteurs (ceux pour qui il était important de revoir Wally, par exemple) sera toujours plus Oracle que Batgirl, et parce que même si cette série s’éloigne géographiquement du volume précédent, le nouveau départ n’est pas forcément là où on l’attendrait. Oui, Burnside appartient au passé. Pourtant, le scénario de Hope Larson garde un peu de l’écriture naïve et facile de Stewart/Fletcher, ce qui est un mal pour un bien – on avait reproché à l’équipe précédente de trancher trop brutalement avec Simone et une Barbara qui avait l’air d’avoir perdu dix ans (ici, l’enchaînement tient debout), et en même temps, exception faite des fioritures cosmétiques, pas sûr que le « retour aux sources » soit acté. La série devra se prendre comme un autre prolongement du DC You, heureusement pas désagréable.

C’est au pays du soleil levant qu’on retrouve la rouquine dans son voyage en Asie. Sur place, elle retrouve l’ami d’enfance le moins crédible du monde « par hasard », parce que le monde est petit ou que le type est un ennemi déguisé (allez savoir), et dans sa recherche espère rencontrer une kunoichi justicière des années ’40, Fruit Bat, aujourd’hui âgée de 104 ans. Apparition de méchante jeune fille en tenue d’écolière (parce que le Japon), début d’enquête et tourisme gastronome, sur les superbes planches d’Albuquerque qui donne une vraie identité à l’ensemble malgré des fonds vides et des visages parfois exagérément expressifs. La partie graphique est le point fort du numéro, ne cherchant pas une ambiance réaliste mais un trait dépaysant et coloré, qui fonctionne toujours bien (Dave McCaig y est pour beaucoup).

Dans les qualités générales, on pourra saluer un retour à une Barbara moins branchée réseaux sociaux, make-up et soirées branchées. L’idée est apparemment de se lancer dans une série d’aventure, qu’on doit évidemment prendre comme tel. Pour les fans d’asiatrucs, si l’ambiance et le choix des personnages déborde d’un tsunami de clichés, on a le droit de le voir comme quelque chose de naïf voire d’assumé qui donne un certain charme à l’ensemble – le Japon vu des USA en somme (je vous rassure, dans les mangas nous autres occidentaux sommes tous blonds, grands et aux yeux bleus), sans l’aspect nanard souvent assimilé. L’emballage digère ces idées comme un shonen américanisé (vaguement typé jeu vidéo 90’s sans l’absurde assumé), et Larson réplique dans son scénario le gimmick d’exagération du cinéma d’arts martiaux.

Dans l’ensemble, le seul vrai défaut (à part la petite baisse de forme d’Albuquerque qui n’a décidément pas envie de remplir ses fonds) dépendra de comment on prend la série. Posée telle quelle, le pitch d’aventure à travers l’Asie pour voir de jolies planches, des combats et une Batgirl creuser la mythologie des héroïnes masquées hors de Gotham loin de l’ombre de son mentor et de ses ex fiancés, est séduisant. Mais il faudra passer par dessus une écriture qui ne cherche manifestement pas à réinventer quoi que ce soit ne s’embarrasse pas à faire des détours dans sa narration : tout est super facile, lourdement amené et sans beaucoup de finesse. Problème, je n’arrive pas après deux lectures à savoir si c’est fait exprès – si Larson continue de cibler le public très jeune de la dernière série, ou si l’écriture cherche le charme kitsch d’un dessin animé (par exemple, elle utilise les bulles de pensée, une technique quasi disparue) – ou si l’écriture n’est juste pas le fort de cette auteure/illustratrice. A voir comment l’ensemble évolue (les retours de votre part seraient les bienvenus).

Donc, Batgirl est une nouvelle série du relaunch, avec Barbara Gordon, des ninjas, du MMA et des dialogues pas fluides du tout – un numéro convainquant dans l’ensemble, mais sur lequel on ne peut pas se contenter d’apposer la mention « fait le job ». Parce que, pas forcément dans la lignée des autres séries Rebirth, ni vraiment si éloigné de l’écriture de Burnside que ça (au mieux, elle séduira ceux qui détestaient la série pour le fushia fluo, mais aura le même effet chez ceux qui attendent la Batgirl école Oracle plus sérieuse éprise d’enquêtes à Gotham City), une sorte de promesse à part dans l’équation de ce relaunch qui ose encore quelques différences. A suivre, le jugé se fera comme souvent à la fin du premier arc.