Compte-tenu de l’arrivée de l’équipe sur le grand écran, la Task Force X, mieux connue sous le sobriquet de « Suicide Squad » n’a jamais été aussi populaire. Ayant connu différentes compositions depuis sa première version, l’escadre fait partie des concepts emblématiques de l’univers DC. Cependant, il faut bien reconnaître qu’elle reste relativement inconnue du grand public, qui, au mieux, a pu la croiser dans des séries télévisées et des dessins animés.
Ce dossier n’ a pas la prétention d’être exhaustif, ni d’être le guide ultime concernant ce sujet précis. Il a néanmoins pour vocation de présenter clairement les choses afin de vous aider à vous lancer dans une lecture, de vous rappeler un peu quels ont été les runs marquants si vous êtes déjà un lecteur régulier, ou de vous filer assez d’informations pour faire le malin devant votre copine dans la file d’attente, avant le film (ne mentez pas, je sais que d’odieux personnages font très bien semblant de lire des comics).
Remerciements à Corentin et ArnoKikoo qui ont également contribué à la rédaction du dossier.
1. Aux origines
The Brave and the bold #25 (1959)
Dans sa première apparition, l’équipe est assez loin de ce que nous connaissons aujourd’hui. Il s’agit en effet d’une équipe entièrement militaire, dirigée par le Colonel Rick Flag et composé de différents spécialistes, Karin Grace, Jess Bright et Hugh Evans, qui disposent de diverses compétences techniques, scientifiques et militaires. Dans cette toute première aventure, signée Robert Kanigher et dessinée par Ross Andru. La Task Force X est ici une organisation qui doit faire face à des menaces particulièrement pesantes, qui risqueraient bien de leur coûter la vie, d’où le surnom de « Suicide Squad« . Dans cette première aventure, les héros (car il s’agit ici de personnages positifs) doivent affronter un monstre, » Red Wave Beast » qui sème le chaos et la destruction sur son passage.
Cette version de l’équipe connaîtra quelques aventures, avant d’être remplacée par une version chronologiquement antérieure dans les pages de Star Spangled War Stories #116 (elle disparaîtra après le numéro 128), comic-book dans lequel l’équipe, menée cette fois par Rick Flag Sr. , combat des dinosaures pendant la seconde guerre mondiale. C’est particulièrement pulp et l’on prend goût à cette lecture au ton particulièrement représentatif de ce qu’était le Silver Age. C’est d’ailleurs cette itération qui inspirera Darwyn Cooke dans The New Frontier.
Outre les monstres géants et les dinosaures, il faudra aussi noter dans ces histoires qui sentent bon le passé la relation particulière entre Rick et sa collègue Karin. En effet, les deux sont amoureux l’un de l’autre, mais ne peuvent dévoiler leur amour au grand jour car les deux scientifiques qui les accompagnent sont également épris de la belle blonde. Les deux décident donc de garder le secret pour que leur équipe, et leur mission, puissent perdurer coûte que coûte. Ceci amène à chaque numéro des scènes sentimentales assez hallucinantes à lire aujourd’hui, à la limite du running gag, mais cet élément sera utilisé plus tard par John Ostrander et aura une importance capitale pour plusieurs arcs de la série Suicide Squad post-Crisis.
Legends (1986)
Mini-série fort importante des années 80, Legends fait suite à la légendaire Crisis on Infinite Earth. Il s’agit d’une histoire qui a pour but de définir le nouvel univers DC et de présenter ses personnages les plus importants. Cette lourde tâche revient aux scénaristes John Ostrander et Len Wein et au dessinateur de talent John Byrne, qui relèvent le défi avec brio. Dans ses six numéros, ce comic-book nous montre comment Darkseid essaie de retourner l’opinion publique contre les super-héros, afin de prendre le contrôle de la terre, grâce à son subalterne Glorious Godfrey, qui montre l’étendue de tous ses talents politiques. Nos héros habituels sont alors fort limités dans leurs actions, puisque le gouvernement se retourne contre eux. C’est alors qu’Amanda Waller contacte Rick Flag Jr. et décide de reformer la Task Force X, selon de nouvelles modalités. L’équipe sera à présent composée de criminels sacrifiables, retenus par un bracelet explosif : Deadshot, Captain Boomerang, Bronze Tiger, Enchantress et Blockbuster. Flag dirigera lui-même le groupe sur le terrain, où ils affronteront, non sans perte (le ton est donné : tout le monde ne s’en sort pas vivant), le géant de feu Brimstone, envoyé par Darkseid. Le succès de Legends entraînera la publication d’une série consacrée à l’équipe, scénarisée par Ostrander, dont je vais vous re-parler plus loin.
Legends est disponible en VO dans un TPB fraîchement réédité dans une édition anniversaire pour fêter ses 30 ans, et en VF chez Urban Comics dans la collection « Némésis », dans un tome intitulé « La légende de Darkseid » (dont notre review est disponible par ici).
Secret Origins #14 (1987)
La même année, la série Secrets origins (vol 2) consacre son quatorzième numéro aux origines (quoi de plus logique ?) de la première version apparue de la Suicide Squad, celle de Rick Flag Jr (dans the Brave and the Bold). Il s’agit plus ou moins d’une histoire de passage de témoin entre le père et le fils et John Ostrander en profite pour reconstruire la mythologie de l’équipe. On nous présente tour à tour les trois itérations de l’escadron, pour rejoindre enfin l’histoire de Legends. Nous tenons-là un bon complément à la mini-série, que l’on vous conseille chaudement. D’autant plus que ce numéro apporte également les origines d’Amanda Waller, directrice de la Task Force X – des origines Ô combien douloureuses qui expliquent le très fort caractère du personnage.
2. L’âge d’or de la Squad : le run d’Ostrander
Suicide Squad (vol 1) (1987)
Fort du succès du concept de la Task Force X, dans sa nouvelle version, John Ostrander entame un run de 66 numéros (68 en comptant l’annual et le numéro spécial). Reprenant la Suicide Squad de la série Legends, dirigée par Amanda Waller, ce titre met en scène différentes missions classées secrètes, qui mettront à rude épreuve l’équipe. Certains membres de la version initiale sont présents, mais la part belle est avant tout faite aux super-vilains que l’on force à participer à cette vaste entreprise. Personne n’est à l’abri d’un sort funeste et la série développe un certain nombre de personnages secondaires. On en apprend ainsi beaucoup sur Deadshot, Captain Boomerang, le Comte Vertigo, Bronze Tiger, Doctor Light, Duchess, Enchantress, Vixen et d’autres. De même, certains personnages plutôt connus du DC Universe sont présents, notamment Barbara Gordon, qui fait ses débuts en tant qu’Oracle, et Poison Ivy, dont la présence est remarquée à la fin du volume.
Les thématiques pendant le run d’Ostrander sont très inspirées des craintes des Etats-Unis au moment des publications et les aventures de la Suicide Squad sont un véritable reflet de la société dans laquelle nous avons vécu (et vivons). Ainsi, le premier arc met face à la Task Force X le Jihad, une organisation terroriste composée de super-vilains ; une autre menace très récurrente viendra évidemment de la Russie, alors que la Guerre Froide s’apprête à toucher à sa fin (la chute de l’URSS sera d’ailleurs l’occasion en 1990 pour Ostrander d’écrire un arc où le Skwad se rend dans les pays de l’Europe de l’Est pour contrôler la situation). Entre espionnage, terrorisme et politique, Ostrander profite également de la série pour développer de façon importante la psychologie des personnages ainsi que leurs relations. Chacun a son passé, ses raisons d’accepter, malgré tout, de faire partie de la Suicide Squad, et au fur et à mesure des arcs, les membres vont et viennent, selon que leur objectif soit accompli, qu’ils décident de démissionner, qu’ils soient mutilés… ou qu’ils meurent en mission. Personne n’est en effet à l’abri, et la mort de certains membres feront office de véritables électrochocs pour d’autres (je n’en dis pas plus pour ne pas vous spoiler, d’autant plus que le run d’Ostrander arrive bientôt chez Urban Comics).
La Suicide Squad a également droit à des missions un peu plus folkloriques, histoire de se rappeler qu’on se trouve bien dans le DC Universe. Par exemple, plusieurs autres équipes viendront à sa rencontre, souvent dans une thématique d’affrontement. La Justice League, la Doom Patrol feront des apparitions remarquées (et on remarque à ce titre qu’Amanda Waller n’a peur de personne, et tient tête à tout le monde, même à Batman !), mais l’équipe avec la plus grande importance sera Checkmate, autre organisation secrète du gouvernement américain, et seconde branche de la Task Force X. Les deux organisations s’affronteront au cours du crossover The Janus Directive qui est d’ailleurs le seul véritable crossover de la série sur tout son run. Un autre arc, appelé The Nightshade Oddyssey, s’intéresse à Nightshade et à l’Enchantress, et donnera en partie inspiration au scénario de David Ayer pour son film.
Malgré la dissolution de l’équipe à la fin du 66ème épisode, l’équipe sera reformée et fera quelques apparitions dans différents titres entre 1992 et 2001 (chez Superboy ou les Manhunters par exemple). On notera aussi la parution exceptionnelle d’un 67ème numéro publié lors de l’event Blackest Night, comme si le titre revenait lui aussi d’entre les morts. En lui-même en revanche, le numéro n’a hélas rien d’exceptionnel.
3. La Suicide Squad après Ostrander
Suicide Squad (vol 2) : une version plus légère, signée Keith Giffen (2001)
Après quelques années d’absence relative, l’équipe retrouve les joies de la publication régulière, dans une mouture signée Keith Giffen, qui reprend le ton de son run sur Justice League International. Il ‘agit d’une toute nouvelle version de la squad, appelée cette fois Task Force Omega et dirigée par le Sergent Rock, personnage bien connu des lecteurs de comics de longue date. Les débuts sont particulièrement déconcertants car Keith Giffen utilise un très grand nombre de personnages secondaires (voire, ternaires ?) et s’amuse à faire mourir l’ensemble de l’équipe (ou presque) à chaque numéro. Il faudra attendre presque la moitié de la série avant de retrouver des figures plus connues du DC Universe.
Ainsi après quelques numéros, ce sont Deadshot, Killer Frost et Major Disaster qui forment le noyau dur de l’équipe, et deux nouveaux personnages, Havana et Modem font office d’agents de liaison et siègent dans un quartier général mobile. La série est marquée par un sens aigu de l’humour noir, et se montre assez riche en rebondissements. Ce n’est clairement pas la meilleure chose à lire sur la Suicide Squad, mais ça se laisse lire, si tant est que l’on apprécie le style si particulier du scénariste. Le titre prend fin en 2002 (avec une révélation finale extrêmement surprenante !), et suivent alors des apparitions de l’équipe dans différents comics, notamment dans la série hebdomadaire 52. De son côté, Deadshot ira faire un tour du côté des Secret Six avant de revenir dans la mini-série suivante.
Suicide Squad – Raise the Flag (vol 3) : le retour du patron, John Ostrander (2008)
En 2008, le titre renaît temporairement sous la forme d’une mini-série en huit numéros, assurée au scénario par John Ostrander, le papa de la Suicide Squad moderne, et aux dessins par Javier Pina. L’auteur en profite pour faire revenir le personnage de Rick Flag Jr. qui semble revenir d’entre les morts. En vérité, Ostrander va revenir sur la mort apparente du personnage s’étant déroulée dans son premier run, et retconner le tout pour le faire revenir dans le DC Universe présent.
On renoue avec le côté « espionnage » du run de 1987, et on a aussi droit à un passage sur une île infestée de dinosaures, ce qui ravira les fans de comics rétro. L’équipe lutte contre la multinationale Haake-Burton, implantée à Dubaï, et on a droit à toute une intrigue d’espionnage menée tambour battant, qui ne parvient toutefois pas à se hisser au niveau du précédent run de l’auteur. Reste un titre tout à fait sympathique, qui s’inscrit dans la lignée de Checkmate, auquel il fait d’ailleurs suite. De nombreux secrets sont révélés au cours de ce volume mais il faudra attendre encore quelques années pour que la Squad ait à nouveau un titre régulier à son nom.
Le retour de Suicide Squad (vol. 4) avec les New 52 (2011-2014)
Au lancement des New 52, en septembre 2011, la Suicide Squad a droit à sa série régulière, qui voit cependant arriver une toute nouvelle composition de l’équipe. En effet, le titre reprend certains personnages emblématiques comme Deadshot et Amanda Waller (qui a perdu quelques kilos au passage, ce qui ne manqua pas d’occasionner une vague de mécontentement sur le net), mais laisse surtout une place de choix à une nouvelle venue, Harley Quinn, qui s’émancipe enfin du Joker pour trouver sa propre place. Chacun des membres de l’équipe se fait implanter une bombe dans la nuque, afin de les empêcher de désobéir aux ordres, et cette nouvelle version de la Task Force X se voit attribuer différentes missions, qui la confrontent souvent à l’organisation terroriste Basilisk.
Le ton est résolument proche de la série B, et l’on se retrouve avec un titre qui n’hésite pas à recourir à de grosses ficelles narratives bien prévisibles. Ce n’est clairement pas la meilleure chose à lire sur Suicide Squad, mais il semble que c’est ce qui se rapproche le plus de ce que le film nous offre, ne serait-ce que par la proéminence du personnage d’Harley Quinn et ses références à sa relation avec le Joker, ainsi que sa nouvelle relation (sulfureuse, par moments) avec Deadshot. Les membres emblématiques de cette équipe incluent King Shark, Captain Boomerang, El Diablo et James Gordon Jr (excellent personnage, au passage, lisez donc Batman : The Black Mirror, si ce n’est pas déjà fait), auxquels on a pu voir adjoints Black Spider, Deathstroke et un nouveau venu, Yo-yo. C’est aussi ce titre qui a largement influencé le film d’animation Batman : Assault on Arkham.
New Suicide Squad (2014-2016)
En 2014, afin de booster un peu les ventes, DC décide de relauncher le titre en renouvelant son roster. C’est ainsi qu’apparaît le titre New Suicide Squad, que je ne saurais franchement pas vous conseiller, tant il apparaît comme le plus faible de la franchise. On garde une partie de l’équipe, à savoir Deadshot, Captain Boomerang et, bien sûr Harley Quinn, auxquels on vient ajouter Deathstroke (qui ne restera pas bien longtemps), Cheetah, le nouveau Reverse-Flash, Black Manta, le Parasite et l’horrible Joker’s Daughter. Sean Ryan et Jeremy Roberts nous livrent une série franchement anecdotique, qui ne fera probablement pas date dans l’histoire des comics. L’auteur recycle plusieurs idées du volume précédent, en jouant sur le parallélisme implicite de certains membres de l’équipe – une idée qui n’ira pas loin, et embrayera sur un arc où l’auteur cherche l’inspiration Ostrander, avec du plus politique, sans convaincre ou effleurer les bons sujets.
Un des leitmotivs de la série, dans la continuation de la Waller New 52, sera d’écrire la despotique chef d’équipe comme une accro’ aux boulot, et qui tisse avec son équipe une sorte d’affection maternelle. Là-encore, difficile à avaler après le relaunch, qui aura considérablement diminué la personnalité du personnage et le lien d’équipe, ici plus de simple forçats obligés à agir sous tel ou tel angle sans aucun esprit d’équipe ou dynamique de groupe.
Avant la fin de la série et à quelques pas du Rebirth, DC confie l’équipe au duo Tim Seeley et Juan Ferreyra, pour un arc bref mais remarqué, en grande partie grâce au travail du dessinateur, qui illustre une intrigue somme toute commune de fort belle manière. Le scénario n’a pas à rougir de la comparaison avec les derniers runs en date – la Skwad se retrouve piégée par le Fist of Cain, enfermée dans un château pour une gigantesque partie de paintball à taille réelle où de nombreux assassins anecdotiques de la continuité doivent les assassiner, et emmagasiner des points. Cet aspect série B fonctionne grâce à des dialogues réussis et un rythme maîtrisé, Seeley en profite au passage pour effleurer l’aspect Britannique des personnages de l’éditeur. Un bon clap de fin qui a la politesse de ne pas trop mettre l’accent sur Harley.
Suicide Squad (vol. 5) : en route pour le Rebirth (2016-)
Profitant de Rebirth, événement éditorial visant à redéfinir son univers en 2016, la maison DC Comics décide de remanier la formule et tease une nouvelle version de la Suicide Squad dans les pages d’Harley Quinn and Suicide Squad april fools special #1. L’équipe sera étrangement proche de celle du film, puisqu’elle est composée de Deadshot, Killer Croc, Katana et Harley Quinn. Rick Flag Jr. leur servira de leader et tout ce petit monde répondra bien sûr aux ordres d’Amanda Waller. Espérons que le titre soit à la hauteur de nos attentes.
On notera que cette nouvelle Suicide Squad, tout juste publiée en vo (notre review ici), a profité d’une introduction dans un numéro spécial Harley Quinn & Suicide Squad qui est publié en VF dans le dernier Batman Univers Hors-Série #2.
4. Les membres importants de l’équipe
Harley Quinn
Harley Quinn est clairement le personnage le plus mis en avant par la promotion des comics actuels consacrés à l’équipe, et il en va évidemment de même pour le film. Il est évident qu’elle n’a jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui, et que des tas de nouveaux fans avides de lectures consacrées à la belle apparaissent. Soyons clairs, il existe deux moyens d’étancher leur soif. Pensée au départ comme un personnage de passage, la popularité de ce sidekick et love-interest étrange du Joker l’amènera à intervenir de plus en plus régulièrement dans la série, à l’initiative de son papa bienveillant, Paul Dini.
C’est de cet auteur qu’émanent la plupart des seuls récits valables consacrés à l’héroïne, à commencer bien évidemment par Mad Love, chef d’oeuvre absolu qu’il réalise avec l’autre père d’Harley, Bruce Timm. L’histoire s’inscrit dans la continuité de Batman T.A.S., série animée emblématique des années 90 (la première mouture. Le volume sera ensuite adapté en animation dans la seconde série).
Plutôt que de vous conseiller le run actuel d’Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, qui comporte toutefois ses qualités et remporte un succès commercial important, nous vous suggérons la lecture du premier titre régulier consacré à la belle, publié entre 2001 et 2003, sur lequel ont notamment travaillé le scénariste Karl Kesel et le dessinateur Terry Dodson. Mettant en scène Harley Quinn qui souhaite entreprendre une carrière criminelle en solo, ces comics ont aussi l’avantage d’explorer son passé et de nous faire comprendre pourquoi elle est fascinée par le Joker. On explore aussi sa relation avec Poison Ivy, et c’est la première fois que l’on nous dresse un portrait nuancé de cette ancienne psychiatre, qui est bien plus qu’une version féminine du Joker.
Dans les immanquables, on trouve aussi par Paul Dini, encore une fois, la série Gotham City Sirens, publiée entre 2009 et 2011 avec le dessinateur Guillem March. Un classique qui mérite d’être lu, tout du moins pour les douze premiers numéros réalisés par le scénariste, avant que celui ne passe la main. Suite à la storyline Heart of Hush (à lire aussi, si ça n’est pas déjà fait), Catwoman a mis la main sur la fortune du susnommé vilain et décide de la partager avec Poison Ivy, Harley Quinn et Holly Robinson. Bien que la dernière soit un personnage important dans la vie de Selina, elle n’est pas vraiment présente dans les pages du titre, qui se concentre sur les aventures de ces trois anti-héroïnes. Sans sombrer dans des clichés « girl-poweresques », ces comics permettent de donner de l’épaisseur à son trio de protagonistes et nous propose des arcs narratifs complexes et bien ficelés, qui s’achèvent sur un final franchement émouvant.
A mi-chemin entre les Sirens et Mad Love, une mini-série similaire se présente dans Gotham Girls, adaptation en comics de la série animée du même nom, en 2003. Centré sur les filles de Gotham (c’est d’ailleurs le nom qu’Urban choisira pour sa publication, sous le label Urban Kids), Gotham Girls reprend l’esprit des séries animées de l’époque et le style hérité de Bruce Timm. Des aventures légères, sans gravité et sur la féminité d’une ville où, pour une fois, les héros et vilains masculins sont (presque) absents. Très bonne lecture, qui marche d’autant plus chez les plus petit(e)s. Enfin, pour conclure avec Paul Dini, reste la mini en trois Harley & Ivy sur le road-trip des deux copines en Amérique du Sud – là-encore, cartoony, léger et drôle, une madeleine de Proust pour les fans du scénariste et des aprems pain au chocolat.
Deadshot
Au top de sa popularité à l’époque, Deadshot a eu droit à une mini-série fort sympathique, signée John Ostrander, qui revient sur ses origines et a le mérite d’explorer sa psychologie particulière, ce qui nous montre bien qu’il n’est pas un simple mercenaire parmi tant d’autres. Le titre est une véritable réussite, qui vient nous prouver que Floyd Lawton est l’un des B-listers les plus intéressants de l’écurie DC.
Deadshot fait aussi partie des personnages principaux de la série Secret Six, écrite par la talentueuse Gail Simone, et fait office de successeur spirituel au run de John Ostrander sur Suicide Squad. Le concept est simple : on retrouve une équipe composée de super-vilains chargée d’accomplir des missions secrètes (la première étant la libération de la criminelle Tarantula, enfermée à Alcatraz). Floyd Lawton est, pour l’occasion, accompagné par Catman, Rag Doll, Scandal Savage et Bane, et puique ça ne fait tout de même que cinq membres, ce qui ne colle pas vraiment au titre, ils seront rejoints dès le troisième numéro par un nouveau personnage, Jeannette. Ce run connaîtra d’ailleurs un crossover avec la Suicide Squad, partiellement scénarisé par John Ostrander, en 2010. Assurément un immanquable (ce que l’on ne peut malheureusement pas dire de la version New 52 de Secret Six, qui reste cependant plutôt sympathique).
Tout récemment, Deadshot a été mis en lumière dans la mini-série Suicide Squad Most Wanted : Deadshot and Katana, qui a le mérite de donner plus d’épaisseur à la nouvelle version du personnage (et notamment de retconner les origines affreuses qui lui avaient été données lors du Villains Month), et de constituer une lecture tout à fait divertissante.
5. Les membres importants de l’équipe (suite)
Killer Croc
Waylon Jones, mieux connu sous le nom de Killer Croc, fait lui aussi partie des personnages du film qui marqueront à coup sûr. On vous propose donc quelques lectures intéressantes à propos du personnage. Tout d’abord, il convient de parler de sa première apparition dans Detective Comics #523, dans un épisode où Batman affronte Solomon Grundy dans les égouts de Gotham. Rien que pour la dimension historique de la chose, il est intéressant de revenir aux sources. A l’époque scénarisé par Gerry Conway, l’arc qui introduit Croc se tient quelques numéros plus loin, dans le Batman #358. Un homme à la peau écaillée apparaît dans les milieux du crime de Gotham City – il veut en prendre le contrôle, le personnage de l’époque étant alors plus qu’une brute épaisse ou servile.
Ce premier arc présente le personnage comme intelligent, puissant et terrifiant, mais traversé par la faille de ce complexe physique. Sa peau de crocodile, une maladie qui le suit depuis l’enfance, et cette apparence monstrueuse qu’il ne supporte pas. Batman viendra difficilement à bout de cet ennemi supérieur à lui physiquement et maître de l’évasion et de la dissimulation. Dans sa version pré-Crisis, Waylon Jones est aussi un parrain du crime obsessionnel et cruel, un vrai monstre assez passionnant à lire aujourd’hui, après toutes les transformations que les auteurs suivants auront imposé (au point de réduire ce jadis bon personnage à un simple amas de muscle reptilien).
La version du film reprend cet aspect plus humain de Waylon, fidèle au trait de Gene Colan et Gerry Conway – massif mais pas gigantesque, et plus humain qu’animal. Les héritiers de cette origine existent : Brian Azzarello et Lee Bermejo, dans le graphic novel Joker, et plus récemment dans la préquelle à Dark Knight Returns : The Last Cruisade où Romita récupère le dessin. L’aspect reptilien est toujours présent, mais son look est plus humain, ce qui colle bien avec l’idée que Jones est avant tout victime d’un étrange maladie dermatologique. Pour ceux qui sont ouverts à une interprétation radicalement différente de Croc, le second tome de Batman : Earth One, signé Geoff Johns et Gary Frank, mérite le coup d’oeil, tant son utilisation du « vilain » est ingénieuse (on peut la rapprocher de son utilisation dans le Catwoman de Genevieve Valentine, à l’image de personnages comme Clayface ou le Riddler pré-New 52, capable de passer du côté du bien au vu de sa longévité).
Enchantress
Personnage inconnu du grand public, Enchantress est un personnage hautement intrigant. Il n’existe pas, à proprement parler, de comics focalisés sur elle, mais on peut la trouver dans diverses histoires relativement intéressantes. Sa première apparition, dans Strange Adventure #187, dans un épisode très Silver age, écrit par Bob Haney, grand spécialiste des histoires capillotractées. June Moon est une jeune femme qui va se retrouvée investie de nouveaux pouvoirs, qui feront d’elle une enchanteresse, ce qui lui permettra de sauver son petit ami dans une aventure rocambolesque. Par la suite, le personnage deviendra bien plus sombre et sera notamment membre du Shadowpact, équipe créée par l’auteur Bill Willingham (créateur des comics Fables chez Vertigo). Cette formation, composée de C-Listers comme Ragman, Blue Devil ou encore Detective Chimp, sera notamment importante dans Day of Vengeance puis dans sa propre série, qui durera 25 numéros, et dont Enchantress est une des pierres angulaires. Rien de mieux pour faire connaissance avec la belle June Moon.
Captain Boomerang
Membre emblématique des Rogues, George « Digger » Harkness apparaît pour la première fois dans les pages de Flash #117. Ce super-vilain spécialisé dans le lancer de boomerang, comme son nom l’indique, connaîtra de nombreux récits emblématiques. S’il ne faut vous en conseiller que quelques-uns, en dehors de Suicide Squad, il est évident qu’Identity Crisis, Blackest Night et Brightest Day arrivent en tête, puisqu’ils nous proposent tout de même l’histoire d’un passage de témoin entre un père et son fils. Il existe en effet un second captain Boomerang, répondant au nom d’Owen Mercer, qui marquera ces arcs narratifs avant le reboot de septembre 2011. Nul doute que ceux qui apprécient l’art traditionnel australien du lancer de ces petits engins se délecteront de ces comics.
Katana
Crée par Mike W. Barr et Jim Aparo, Katana fait sa première apparition dans le 200ème numéro de la série The Brave and the Bold. Tatsu Yamashiro est une jeune femme japonaise qui épouse un certain Maseo, ce qui déplaît au frère de ce dernier Takeo. Cela conduira à la mort de son mari, dont l’âme sera transférée dans son épée. Elle rejoindra ensuite l’équipe des outsiders, notamment dans des aventures publiées dans les pages de Batman and the Outsiders et d’Adventures of the Outsiders, dont je vous recommande chaudement la lecture.
Si vous êtes un peu rebutés par les comics vintage (honte à vous), nous vous conseillons aussi la mini-série Suicide Squad Most Wanted : Deadshot and Katana, qui a le mérite de bien présenter la version actuelle du personnage, qui servait surtout de figurante de luxe dans les pages de titres comme Justice League of America version New 52. On se rappellera d’ailleurs que l’héroïne avait eu droit à sa série régulière, qu’on appelle communément un massacre, écrite par Ann Nocenti, qu’il vaudra mieux oublier (on avait presque pas envie de vous la mentionner d’ailleurs) !
Très bon dossier ^^ Le film même si en demi teinte permet au moins de mettre en lumière cette équipe et a entraîné la réédition par urban du run d’Ostrander que j’attend avec impatience ainsi que les Secret Six de Gail Simone ^^
Bon dossier je dois dire, très complet.
Par contre, il faudrait savoir, le crossover avec les Secret Six, tie-in Blackest Night et dont fait partie Suicide Squad #67, il n’a « hélas rien d’exceptionnel » (p.2) ou c’est « Assurément un immanquable » (p.4) ?
Page 4, la remarque vaut pour l’intégralité de Secret Six. Le crossover en lui-même n’est pas incroyable.
Bonne initiative, je lirais ça à l’occasion !
Excellent dossier encore une fois, merci pour toutes ces informations et conseils de lecture. Le plus intrigant pour moi sera de différencier Ragman et Rag Doll car je ne connaissais que le deuxième.
La mini série sur Deadshot d’Ostrander est vraiment excellente et j’ai beaucoup aimé le personnage dans les Secret Six. J’espère que je vais autant apprécier le run d’Ostrander publié chez Urban que les Secret Six comme je ne vais pas pouvoir m’empêcher de faire la comparaison ^^’
Et puis Suicide Squad: War Crime Special #1 dans quelques jours/semaines en espérant comme tout le monde une « bonne » surprise