Review VO – Justice League #1

Les points positifs : Le côté blockbuster On est dans le vif du sujet Plutôt solide artistiquement… Les points négatifs : … malgré les défauts habituels de Tony S. Daniel Facilités d’écriture Tout casser, déjà ?

« I’m here to show you what war really is. » – Wonder Woman

• Scénario : Bryan Hitch – Dessins : Tony S. Daniel, Sandu Florea – Couleurs : Tomeu Morey – Couverture : Tony S. Daniel
  

• DC Comics – Justice League #1 – 20 juillet 2016 – 32 pages – 2.99$

Après un one-shot introductif qui nous permettait d’accueillir dans la Justice League façon Rebirth les (plus ou moins) nouvelles recrues, face à une énorme menace toute droit tirée de Mass Effect et qui menaçait de détruire le monde, nous retrouvons cette semaine notre équipe de super-héros et super-héroïnes en train d’essayer de sauver le monde… face à une menace de destruction totale, de nouveau, avec des villes par centaines qui s’effondrent et Atlantis aussi, du coup on casse tout dès le départ (alors que tout va bien dans les autres titres Rebirth, halala, déjà des problèmes de continuité ?) – mais au delà de ce pitch un peu simpliste, comment se porte la Justice League de Bryan Hitch ?

Attaquons d’emblée par ce qui avait fâché il y a deux semaines : avec Tony S. Daniel aux crayons, ces pages d’action non-stop passent beaucoup mieux. Le trait de l’artiste est toujours très appréciable et il faut dire qu’on ne s’ennuie pas au niveau des rétines. Entre pages classiques, splash pages, double-pages et quelques efforts de découpage permettent d’apprécier la dynamique donnée aux dessins, mais les planches ne sont bien entendu pas exemptes de défauts. A noter surtout Wonder Woman qui prend un peu (on se rassure, c’est pas comme l’horreur d’il y a deux semaines) avec quelques visages ratés et une physionomie un peu étrange par moments – mais ne vous inquiétez pas, Batman ou Flash et Cyborg y ont un peu droit aussi, mais rien de fâcheux qui ne vienne réellement entacher le plaisir de lecture. Détail amusant, on voit un peu la « culotte » de Wonder Woman sur la première splash page, la même qui a été censurée par Greg Rucka sur la couverture de Frank Cho, voilà, j’me demande juste ce que l’auteur en question en penserait (c’est ma review, je me pose les questions que j’veux d’abord).

Graphiquement, c’est donc plutôt réussi, qu’en est-il de l’histoire ? En tant que telle, elle est très basique, comme je l’ai dit. C’est du gros blockbuster qui tache, en mode destruction porn ce qui donne des images assez impressionnantes, mais qui ne fait pas appel à énormément de créativité. L’ennemi est encore inconnu et prend une sorte de forme omnipotente – on se demande s’il y a un lien avec le Reaper du one-shot d’introduction – et omniprésente, et arrive malgré tout à piquer notre curiosité. C’est un peu le souci par contre, avec le double-shipping, l’auteur se contente de poser les personnages au milieu de cette catastrophe planétaire, et l’action mise à part, l’intrigue n’est pas vraiment développée. L’avantage, c’est qu’on aura pas à attendre longtemps pour en savoir plus, et c’est sûr que des scènes d’action de temps à autre ça fait du bien, même si le schéma « Justice League + grosse menace » n’est ni original, ni forcément la chose la plus intéressante à faire avec cette équipe.

Reste pour moi le côté qui blesse un peu plus dans ce numéro, c’est l’écriture des personnages. Non pas que quiconque soit out of character, mais notons malgré tout qu’une trop grosse importance est accordée aux Green Lanterns et à leur dynamique, toute droit repompée du titre Green Lanterns de Sam Humphries, dont on a pas besoin de redite. Du moins les dialogues montrent qu’en terme de continuité, on en est au même niveau pour eux. Superman est complètement absent du numéro et c’est un peu dommage puisqu’il est quand même l’une des nouveautés du titre – on ne le voit que par le regard de ses co-équipiers et du reste du monde. La bonne chose, c’est qu’on a un Superman en mode full altruiste/sauveur de l’humanité, mais on aimerait être, en tant que lecteur, plus actif à son action. On notera également quelques fautes d’écriture pour Wonder Woman, qui dit être en mission de paix avant de hurler à ses ennemis qu’elle va leur montrer ce que c’est vraiment la guerre (gné ?), ou Cyborg qui fait des allusions à ses matches de foot américain en monologue peu inspiré. Du côté d’Aquaman et Flash, rien de particulier à dénoter, c’est correct sans en faire des tonnes. Après je me doute bien que Bryan Hitch avait pas la place ici d’écrire de scènes vraiment profondes, mais on sent malgré tout la facilité. Seule une allusion aux récentes tensions internationales vient ramener le titre dans un contexte plus actuel, mais on reste sinon assez premier degré, c’est un peu dommage.

Déception ? N’allons pas jusque là tout de même. En guise d’introduction d’un arc blockbuster, ce premier numéro de Bryan Hitch reste assez efficace. L’équipe est séparée donc pour leur entente on ne sait pas trop, mais chacun fait usage de ses forces, face à une grosse menace qui nous offre vingt pages d’action très plaisantes à suivre, de par le talent de Tony S. Daniel (pour qui aime le mainstream). Inutile d’en attendre plus qu’une grande séquence d’action en revanche, ce qui pourra en rebuter certains, mais dites vous que la suite ne se fera pas attendre longtemps !