Review VO – Wonder Woman #2

Wonder Woman (2016-) 002-000
Les points positifs :
  • Les magnifiques planches de Nicola Scott
  • Le miroir de Diana et Steve
  • Un peu d’émotion
  • Plus dense que l’arc avec Sharp
  • Take that, Finch !
Les points négatifs :
  • Wonder Woman Earth One ?

« Do you really wonder why my eye goes to the horizon instead of the skies ? » – Diana


  • Scénario : Greg Rucka – Dessins : Nicola Scott – – Couleurs : Romulo Fajardo Jr. 
  • DC Comics – Wonder Woman #2 – 13 juillet 2016 – 24 pages – 2.99$

Troisième passage sur le billard pour la Wonder Woman de Greg Rucka. Troisième ? Effectivement, à l’envers de pas mal de numéros, le scénariste de Hiketeia a décidé d’abuser les deux règles fondamentales du relaunch posées par DC. Premièrement, l’intérêt d’avoir deux artistes, et deuxièmement, d’avoir deux numéros par mois. Pour se réapproprier un personnage qu’il côtoyait avant qu’Azzarello n’en fasse la Déesse de la Guerre au fil d’un passage émérite, l’auteur propose à ceux qui n’auraient pas envie de suivre une intrigue étalée en deux épisodes chaque mois deux pans de scénarios différents. Pour ceux qui n’avaient pas suivi : si Liam Sharp s’inscrit dans le présent de la Diana post-New 52, l’artiste Nicola Scott illustrera de son côté l’arc Wonder Woman : Year One, publié en parallèle. Cette sortie est donc un nouveau numéro #1, et s’attire donc la primeur d’une review intégrale, comme tout début d’arc, surtout à cette échelle.

Wonder Woman (2016-) 002-004

L’histoire de Diana de Themyscira est connue d’à peu près tous. Sur son île, la princesse vit entourée de ses soeurs Amazones, peuple xénophobe marquée par la brutalité du monde patriarcal et en rejet général des valeurs du présent. Contrairement à ses semblables, celle qui sera un jour appelée Wonder Woman est différente, curieuse de l’envers du décor et des Terres par delà les eaux, de ce monde d’hommes dont on lui parle souvent mais qu’elle ne voit jamais. Un jour, un militaire Américain appelé Steve Trevor s’écrase sur les côtes de la province d’Aphrodite, et Diana prend sur elle de le ramener chez lui, aux USA. Elle embrasse là-bas un rôle d’ambassadrice qui lui permet de rester et de combattre les injustices dans une posture super-héroïque, celle de Wonder Woman. Bon, au cas où j’aurais spoilé la fin aux vrais gros débutants, on va poser la question pour les autres : à quoi bon ?

Tout le monde connaît ce récit, et en somme on aurait droit de demander : à quoi bon le répéter ? Hé bien, ce que nous a appris Azzarello au fil de son run aura été qu’il ne faut jamais se fier aux acquis. Factuellement, d’abord, parce que le barbu aura réécrit en partie les fondamentaux du mythe, et que dans le sérail d’un Rebirth plus passéiste, revenir à la base peut se justifier. Mais surtout, cet auteur là en particulier a démontré que Diana était un personnage de plusieurs possibles, dont l’histoire pouvait simplement être racontée de différentes manières. Rucka se réapproprie ainsi la déesse de la Guerre dans une posture plus jeune, rêveuse, naïve et inexpérimentée, façon Renae de Liz avec un peu plus de Trevor.

Wonder Woman (2016-) 002-013

L’écriture prend ici un chemin intéressant : faire de ces deux figures un reflet l’une de l’autre, tous deux pas à leur place dans le quotidien de leur existence, en l’attente de cette rencontre qu’ont maintes fois réécrit les auteurs de comics. La narration est exécutée avec la maîtrise habituelle du scénariste, et (ça se remarque) le militaire est exceptionnellement intéressant au regard de son itération classique. Parce que le Rebirth veut revenir à la base, la relation Diana / Steve apparaît aux yeux du lecteur habitué comme l’évidence des grandes histoires que forment aussi les Loïs et Clark ou Aquaman et Mera, il était important pour l’éditeur de reformer ce couple, et l’enjeu de ce Year One semble parti pour.

Le numéro est bien construit, arrive à poser le contexte familial de la Déesse, la culture Amazone et la carrière de Trevor avec adresse, un très bon début d’arc qui ne demande maintenant qu’à s’étoffer. Le tout est fait sans lourdeurs ou répétitivité (ce qu’on pourrait attendre, au vu des séries ou OGN récents consacrés au même sujet, mais on va y revenir), et le travail incroyable de Nicola Scott et Fajardo Jr. y est pour beaucoup : Themyscira est somptueuse, paradisiaque, l’aspect martial des G.I.s a un côté années ’40 et naïf qui humanise grandement ces figures militarisées, tout est beau. Entre Paquette, Scott et Chiang, l’héroïne peut se targuer d’avoir hérité d’artistes exceptionnels sur ses derniers grands récits, en plus des plumes exceptionnelles qui sont venues contribuer au mythe.

Wonder Woman (2016-) 002-010

Et évidemment, parce qu’il faut en parler : quid de Wonder Woman : Earth One, qui ne se distingue que d’un mot avec ce nouvel arc et de pas beaucoup plus dans son introduction ? Hé bien, c’est tout à fait différent. Là où Morrison réécrivait avec le matériel posé par Marston à l’origine un exercice de style sur le féminisme, l’isolation et les valeurs fondamentales de l’héroïne au Golden Age, quitte à jouer à plusieurs reprises la carte de la provoc’, le récit prenait ses distances avec la canonicité de Diana dans le DC Proper. Notamment du côté de Trevor, repensé en soldat Afro-Américain apparemment pas intéressé par Diana sur le plan romantique (ce qui allait dans les deux sens, à une scène de presque-bondage près). Si l’arc suit la direction posée par ce premier numéro, gageons que Rucka puisera davantage dans ce qui est su de la Déesse dans l’interprétation « traditionnelle », sans faire de vagues, et en respectant le dogme de l’histoire d’amour initiatique – en gros, le même genre de différences qui sépare un Batman Earth ou Year One : deux origines, une repensée, l’autre plus ancrée.

On peut aisément dire que les deux oeuvres ne se marchent pas dessus, et si l’une risque de garder une bonne tête d’avance en terme de qualité (logique), l’autre ne démérite pour l’instant pas et sera vraisemblablement la réussite d’un Greg Rucka encore timide sur l’arc présent. Si le numéro Rebirth et le numéro #1 ne vous ont pas convaincus, cette lecture vous est conseillée, il y a de bonnes chances que ça vous plaise malgré tout.

Ils viennent du bout du monde, apportant avec eux des reflets de ciel bleu, de mirage – les GIs ? – et comme les choses sont bien faites il aura fallu attendre le troisième numéro signé Greg Rucka sur Wonder Woman pour que les jeunots comprennent l’emballement des vieux lecteurs sur le retour de ce grand auteur de la condition féminine chez les super-héros. Un quasi-sans fautes, si ce n’est l’inconvénient de passer après le colosse écossais ou la touchante Legend of Wonder Woman, relire les origines de Diana n’aura jamais été aussi formidable qu’en 2016, soixante-quinze ans après sa naissance. C’est à se demander pourquoi tant de gens ont peur de vieillir. 

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Corentin

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urbanvspanini10
urbanvspanini10
7 années il y a

Pourquoi les bulles des Amazones sont différentes des humains?Il y a une signification ?

Capugino
7 années il y a
Répondre à  urbanvspanini10

Accentuation du décalage culturel ? Peut être que leur façon de parler est différente (accent ou intonation de voix)

cosmos
7 années il y a
Répondre à  urbanvspanini10

C’est pour signifier qu’elles parlent une langue différente de l’anglais.

Porter
7 années il y a

Tu soulignes le plus grand malaise que j’ai eu avec cette lecture.
Une forte impression de déja vue , zero prisque de risque , aucune originalité.
J’ai pas vibré , j’ai pas lu le earth one de momo mais celui de Renae de Liz oui et du coup bah voila.
M’enfin bon c’est bien écrit les personages sont bien caractériser c’est plutot jolie même si je suis pas un grand fan du coter trop propre des dessins un peu comme ceux de légend of wonder woman.

Raptaman
Raptaman
7 années il y a

Et Frank Cho obligé d’arrêter les cover variant à cause de Rucka. Moi qui le respectait, il semblerait que ce soit un PC/neuneu gaucho bisounours de base. Quelle déception.

Raptaman
Raptaman
7 années il y a
Répondre à  Corentin

Pardon, mais c’est typiquement le genre de nouvelles qui m’exaspère. La censure au nom de la bien-pensance, privé un homme honnête de travail alors qu’il se casse vraiment le cul dessus vu les chef
s d’oeuvre qu’il sort, pis m*rde quoi, j’ai déjà vu du Frank Cho bien plus provoquant que sur ces covers (variant qui plus est) que ça avec en plus le costume utilisé dans le comics (donc d’où il montrerait trop de chair ?). Désolé mais c’est clairement un comportement de tyran qui se cache derrière du « oui mais je suis gentil, je pense aux autres » ce qu’à fait Rucka. http://www.bleedingcool.com/2016/07/14/frank-cho-walks-off-wonder-woman-after-sixth-cover/
Alors oui je fais des généralités, mais en général dans l’autre sens ça dérange pas donc là je vois pourquoi je me priverait.

Raptaman
Raptaman
7 années il y a
Répondre à  Corentin

D’après mes amis, j’ai des problèmes de gestion de colère, je pense que c’est vrai x). Pardon, je pense m’être emporté mais DC a vraiment besoin de meilleurs artistes (c’est clairement ça qu’il manque autant dessinateur qu’auteur, parce que c’est pas avec l’état du Marvel Universe qui font des bonnes ventes mais bien les noms) et là, un très grand s’en va pour des raisons absurdes quoi. Il faisait que les variant mais en vrai qui ne rêve pas d’une cover de Frank Cho ? A part les féministes qui le taclent dès qu’il ose dessiner bien évidemment.

DarkChap
DarkChap
7 années il y a
Répondre à  Corentin

Ces discussions sur la « censure » me font bien rire. La censure, c’est la restriction d’une liberté d’expression par un Etat.
DC et Rucka ne censurent pas Frank Cho, ils choisissent simplement de ne pas le publier parce que son travail ne correspond pas avec l’image qu’ils cherchent à donner d’un personnage qui leur appartient/qu’il écrit actuellement.

Porter
7 années il y a

Ha je n’étais pas au courant de cette censure , pas cool.
Surtout que bon c’est pas mérité pour le coup. Par contre je suis pas fan de ces covers.

DarkChap
DarkChap
7 années il y a

Un très bon comic book. Après deux premiers numéros un peu vides, revoilà enfin du grand Rucka écrivant Wonder Woman à la perfection.
J’ai bien aimé le run d’Azzarello dans son ensemble mais il n’était pas sans problème en particulier dans son écriture de Diana et des Amazones, ici enfin rétablies.

KeyoX
7 années il y a

Le Year One de trop pour moi. Surtout que… bah il sert à quoi ? Rebirth n’est pas un reboot, donc… on sait tout ça. On s’est tapé un arc merdique dans N52 même pour ça.
C’était joli, c’était lisible, c’était 3 € trop cher pour mon porte monnaie -_-

mavhoc
7 années il y a

Excellent numéro et une critique de haute qualité qui montre bien toute la qualité de l’oeuvre.

mavhoc
7 années il y a
Répondre à  Corentin

Au risque de paraître être un type très prétentieux, j’ai vu énormément de finesse dans ce numéro, demandant non pas tant de connaître le personnage que d’accepter de chercher dans le détail. Une lecture superficielle ou relativement profonde ne suffit pas avec ce Wonderwoman #2, il faut être minutieux et accepter que rien n’est laissé au hasard.
Je suis surpris pour ma part de lire que les gens voulaient une « nouvelle histoire ». Ce n’était pas ce qui était proposé et ce n’est même pas l’intérêt : profitons plutôt d’une magnifique écriture de l’amazone (avec un haut niveau graphique).

The Bat
7 années il y a

Excellent numéro. On ressent bien l’amour de Rucka pour le personnage. Le numéro est d’autant plus excellent qu’il arrive à tirer son épingle du jeu parmi les nombreuses histoires de l’origine de notre Amazone préférée.

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