Review VO – Batman : Arkham – Killer Croc

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Les points positifs :
  • Le Killer Croc pré-Crisis
  • Enfin un volume consacré au personnage
  • Belle représentation de l’évolution de DC
  • Variété de styles et de tons
Les points négatifs :
  • Une seconde moitié moins intéressante
  • A l’image de Waylon Jones
  • Manquent les meilleurs moments de son histoire récente

« Only thing that hurt me is names. » – Waylon Jones


  • Scénario : Gerry Conway, Alan Grant, Doug Moench, Chuck Dixon, Andersen Cabrych, Joe Harris, Tim Seeley – Dessins : Curt Swan, Dan Jurgens, Norm Breyfogle, Jim Aparo, Jim Balent, Mike Gustovich, Kelley Jones, Gabriel Hardman, Tommy Castillo, David Yardin, Cliff Richards, Rodney Ramos, Francis Portela – Encrage : Rodin Rodriguez, Dick Giordano, Scott Hanna, Romeo Tanghal, John Beatty, Robert Campanella, Rodney Ramos 

Dans la galerie d’adversaires que Batman affronte régulièrement, on range volontiers Waylon Jones, aussi appelé Killer Croc, dans la catégorie des seconds couteaux. Vilain grotesque, bête et brutal, un simple amas de muscle recouvert d’écailles aux dents acérées, qui ne sert plus aujourd’hui qu’à jouer les hommes de mains pour les cerveaux du crime (Pingouin et Joker en tête), ou en mid-boss de jeu vidéo de par le challenge qu’il incarne en tant que personnage physique.

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Cependant, les choses n’ont pas toujours été ainsi : lorsque Waylon apparaît, dans les pages de Batman #358, Gerry Conway fait de lui un opposant formidable. Intelligent, racé, machiavélique et ambitieux, Croc n’a qu’une faiblesse – considéré comme un monstre depuis l’enfance, celui-ci ne supporte pas sa condition physique, née d’une maladie. A l’époque, c’est encore un simple humain recouvert d’écailles d’une force Herculéenne, qui mettra le Chevalier Noir en grande difficulté.

L’anthologie publiée cette année revient sur le parcours de ce personnage, qui représente à sa manière l’évolution de Gotham City à travers les âges. Apparu à l’apogée du Bronze Age, à l’époque où les vilains avaient tendance à se complexifier, celui-ci est un méchant fait de failles dont les motifs trahissent une certaine empathie. Les numéros contenus dans ce relié reflètent de son parcours : dans les années ’90, plus promptes à faire de ces personnages monstrueux des caricatures de leur promesse initiale, Waylon fait un pas de plus vers la monstruosité et ressemble désormais plus au Lézard de Spider-Man. Son évolution ira de plus en plus loin vers un statut d’homme-dinosaure, intellect en décroissance et forme physique de plus en plus importante, jusqu’à être ce qu’il est aujourd’hui. Et pourtant.

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Il y a de ces grands vilains qu’on peut aisément découvrir en trade, c’est d’ailleurs tout l’enjeu de la collection Nemesis d’Urban. Mais dans ce grand musée d’antagonistes, d’autres (dont certains fan favorites) trouvent difficilement l’arc qui les met le mieux en valeur. Man-Bat ou Clay Face par exemple, qui ont brillé à un moment de leur histoire, et à qui il manque le Killing Joke ou Pain & Prejudice qui les mettrait mieux en avant. Croc marche au même rythme, et ce genre d’anthologies sont donc bienvenues pour les fans du personnage, ou du moins, de sa première itération.

Au travers du volume, l’éditeur décrit un vilain passé d’humain difforme à monstre bestial, à l’image de Gotham qui laisse de moins en moins de place à la simple force brute au fil de son évolution. Parce que Bane est arrivé avec Knightfall, pour synthétiser la rencontre du méchant fort et intelligent, certains antagonistes sont passés au second plan et devenus de simples figurants. L’opposition des deux adversaires est d’ailleurs traduite dans les numéros de Doug Moench et Chuck Dixon, une relation inédite pour pas mal de gens.

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Moench est aussi un de ceux qui a le plus laissé sa chance à la partie « humaine » de Waylon. Avec Aparo, ou son fidèle partenaire Kelley Jones, ses passages incarnent la dualité dans un mouvement cherchant à déconstruire ce qui fait que le mal est mal et le bien est bien. Quelques essais mystiques plutôt réussis forment là-encore un des derniers grands moments de bravoure du héros avant son statut de tyrannosaure à pouces opposables, qui truste la seconde moitié du volume et ternit un bilan assez positif de ce personnage rarement autant mis en avant. Sur la fin, ce n’est plus qu’une gueule saurienne sur un corps massif, sans substance ni identité.

Et pourtant, ce TPB, comme ce vilain, a de l’allure. Le plus grave crime de la collection de numéros proposé par l’éditeur est de ne pas incorporer la facette la plus récente de Jones : celle du vilain incompris, déployé par Johns et Genevieve Valentine dans Batman : Earth One et Catwoman (Eternal), où il retrouve enfin son humanité et (plus important) son intelligence. De même, on peut noter la non-présence du Croc d’Azzarello, fidèle au mafieux initial et particulièrement humain (le génie aura là été de mêler son problème de peau au choix d’en faire un afro-Américain).

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Graphiquement, le tome est aussi d’une grande richesse, et se paye sur ses deux premiers tiers pas mal de pointures du crayon à Gotham City. De la cité inquiétante du Bronze Age, on retrouve son évolution vers la mégalopole crasseuse, mourante et chaotique du milieu ’90. Quelques passages par le bayou sous Jones, une modernité retrouvée dans les égouts sur les dernières pages, et une ville de tous les possibles où l’unité graphique s’est perdue en route. Jolie évolution, quoi que là encore le début est plus convainquant que l’arrivée.

Il y a les fans du Joker, d’Harley, de Catwoman, Double Face et le Pingouin. Et puis, il y a les autres. Ceux qui aiment Gueule d’Argile, le Ventriloque, Man-Bat et Mr. Freeze, Killer Croc et le Black Mask. Toute cette galerie de seconds couteaux du bizarre, plus fantasques, étranges et souvent ridicules dans de mauvaises mains, mais qui ont chacun au moins un moment de bravoure qui emporte l’adhésion. Le premier arc de Conway sur Waylon Jones est ce ceux-là : à l’époque, pas encore retouché par John Hammond et sa folie reptilienne, Killer Croc n’est encore qu’un homme puissant, intelligent et fou, qui brillera à quelques occasions dans le Bat-Verse avant de devenir sa propre caricature. Ce volume, plus que l’histoire d’un personnage, est aussi l’histoire d’une évolution de styles et de mentalités chez les auteurs de Gotham City, en plus d’un bel objet de collection à empiler dans une bibli’. Pour l’anecdote, ou pour préparer Suicide Squad qui arrive tout bientôt, le Croc de Adewale Akinnoye-Agbaje est en définitive un très bon compromis de cette évolution : plus homme que dinosaure, plus noir que blanc, plus gangster et tueur qu’homme de main débile, ce Waylon là est surtout plus concret et proche de l’itération proposée par Conway, Jurgens et Swan que celui des Arkham où le volume trouve son titre. On se prend maintenant à rêver d’une (vraie) série TV Batman ou d’une apparition future sur écrans qui rende mieux justice à cette vision, sacrifiée sur l’autel de vilains moins physiques qu’intelligents (l’entre deux est possible, demandez à Nolan). 

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3 Commentaires
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Blue
7 années il y a

Bonne review ^^ C’est en effet triste que le personnage soit de plus en plus réduit à une montagne de muscle sauvage et agressive…on aurait pu avoir ce retour d’un personnage plus civilisé avec le Waylon Jones de Bermejo dans Joker mais il n’en est rien

mavhoc
7 années il y a

Une bonne surprise semble-t-il qui va peut être redorer le blason de ce personnage.
La review donne envie d’acheter le TPB.

Cyber-Kid
Cyber-Kid
7 années il y a

J’aimerai bien qu’un volume soit aussi dédié à Mr.Freeze, Clayface, Scarecrow, Mad Hatter et d’autres méchants secondaires qui sont de plus en plus effacés du Batverse.

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