Review Ciné – Batman v Superman : Dawn of Justice Ultimate Edition

Les points positifs : Les problèmes de montage réglés Très bonne installation de l’histoire Plus d’importance à Lois Lane Des ajouts vraiment pertinents Et plus de plaisir pour le fan de DC Les points négatifs : Certaines scènes auraient pu être enlevées Ne règle pas tous les problèmes

« He is angry, and he is hunting. » – Un citoyen de Gotham

• Réalisation : Zack Snyder – Production : Charles Roven, Deborah Snyder
• Scénario : David S. Goyer, Chris Terrio
• Acteurs : Henry Cavill, Ben Affleck, Gal Gadot, Amy Adams, etc.
• Sortie : 29 juin 2016 en version numérique – 3 août 2016 en Blu-Ray/DVD – 22,99€

Après une sortie en salles qui aura fait couler beaucoup, beaucoup d’encre, Batman v Superman : Dawn of Justice ressort en version numérique (et bientôt sur support physique) dans une version « Ultimate » rallongée d’une bonne demi-heure de plans rajoutés et certains repensés, pour un montage qui se veut plus proche des intentions de départ du réalisateur Zack Snyder. Mais cette rallonge supplémentaire change-t-elle vraiment le film ? Les défauts qu’on a reprochés au film lors de sa sortie au cinéma sont-ils corrigés ? C’est ce qu’on va voir tout de suite.

En second préambule, je voudrais juste vous renvoyer à la review de mon confrère TheRiddler avec laquelle je suis en tout point d’accord, et pour expliciter mon point de vue, j’ai une certaine affection pour Batman v Superman, même si je suis conscient de ses défauts (notamment sur le montage et les problèmes d’intrigue). En revanche je ne suis pas choqué à outrance de la caractérisation du Batman de Ben Affleck (j’estime que son côté ultra-violent est justifié par son passé) ni par le point Martha qui n’est pas plus ridicules qu’un très grand nombre de turning points de récents films de super-héros (et pour reprendre directement la concurrence, le « I don’t care, he killed my mother » est à mon sens du même acabit). Ceci étant dit, vous connaissez mon point de vue sur la version « cinéma » du film, voyons maintenant ce que cette version rallongée change et apporte.

Passons très rapidement sur la classification R qui vient s’ajouter au film, qui est vraiment plus accessoire qu’autre chose. Des effusions de sang sont visibles en plus, on entend deux fois le mot « fuck » avec lequel les américains ont beaucoup de mal, et aussi « piss ». En outre, l’affrontement avec Doomsday est un poil plus explosif et le plan de Superman transpercé est également plus explicite. Cela dit, on attend aucun sommet et vous devriez donc pouvoir laisser votre enfant de 13 ans regarder le film s’il l’avait déjà vu au cinéma.

Un des gros problèmes qui a été reproché au film est son montage et l’impression de passer d’une scène à une autre dans la première heure sans réel fil conducteur. Cet effet est complètement corrigé, avec notamment l’introduction à Nairomi qui est complètement modifiée dans son déroulement. Alors que nous est présenté Jimmy Olsen plus correctement, on assiste à l’enchaînement des évènements, dans lequel le gouvernement américain est bien plus impliqué, qui vont expliquer le lent établissement du procès de Superman. A ce titre, les manigances de Lex Luthor sont là aussi bien plus explicitées et la façon dont Clark Kent en vient à s’opposer à Batman trouve une  justification bien plus cohérente que la simple vision d’un reportage tv. Le match de foot entre Metropolis et Gotham devient l’argument pour envoyer le reporter dans l’autre ville, et c’est là qu’il entend parler du Chevalier Noir et qu’il peut commencer à mener son enquête ; une enquête qui se fait selon un vrai travail de journaliste, que l’on suit pas à pas, en prenant son temps : et ça fonctionne vraiment bien. Par rapport au « Bat-branding » et à la mise à mort qu’elle constitue en prison, là aussi la patte de Luthor derrière tout ça est bien montrée. De façon générale, comme les scènes durent également plus longtemps le rythme haché disparaît et on se laisse bien plus porter par l’histoire. Je parlais d’enquête, et il me faut mentionner toute la sous-intrigue de celle réalisée par Lois Lane qui prend également bien plus de sens, alors qu’elle a véritablement conscience de la machination qui se déroule (et un rôle potentiellement bien plus important que la place qui lui a été faite), avec l’apparition fugace, mais appréciable, de Jena Malone qui effectivement, ne sera ni Barbara Gordon ni Batgirl, mais qu’on verrait bien dans une potentielle Oracle. Du côté de Superman également, des ajouts sont importants comme l’après explosion du tribunal où on le voit secourir des personnes blessées, avant qu’on lui dise qu’on n’a pas besoin de lui, ce qui explique bien mieux son retrait du monde civil (et les interrogations sur son implication dans l’attenta qui en découlent).

On remarque avec un sourire un peu amer de voir qu’au final, une grande partie de l’installation de l’intrigue est véritablement sauvée par ce montage de l’Ultimate Edition, et que ce qui en a été gardé concerne surtout Bruce Wayne et Batman, à qui il fallait accorder sûrement plus d’importance pour l’installer confortablement dans le DCEU. Ce dernier profite aussi de quelques ajouts (avec un petit bonus pour Alfred, incarné toujours impeccablement par Jeremey Irons) et la manipulation qu’il subit également par Luthor est là aussi bien plus palpable. La séquence Knightmare, toujours très réussie dans son ensemble est également rallongée et la véritable déception concernant le Chevalier Noir est de ne pas avoir eu droit à une véritable séquence d’action lors de son intrusion à LexCorp. Et puisqu’on parle des déceptions, elles viendront surtout dans la dernière heure. En effet, les deux premiers tiers nous montrent un véritable thriller avec très peu de super-héroïque dedans, au final, avec une histoire qui, profitant d’un montage (à peine) repensé (l’ordre des scènes ne change pas énormément) et surtout rallongé, prend le spectateur par la main pour ne pas le lâcher. Au bout de deux heures, on se retrouve au combat entre Batman et Superman. Et c’est à partir d’ici qu’on n’observe plus vraiment de différences avec la version ciné’ du film et les ajouts esthétiques et brutaux, s’ils ne gâchent pas le plaisir, n’apportent pas autant que tout ce qui a été fait pour les deux premiers tiers. On voit un peu plus de Wonder Woman, la mort de Superman est plus graphique, et peut-être plus poignante à cet effet, mais c’est tout. En revanche l’épilogue apporte son lot de clins d’oeil et la dernière confrontation entre Batman et Luthor fera sourire par une certaine mention. Et la scène « Communion » est un véritable plus pour le teasing du DCEU et en vérité je ne comprends pas pourquoi la production l’a dévoilée avant la sortie de cette Ultimate Edition, il y avait un énorme buzz à faire avec ça. Mais bon, Warner et leur comm’, on va pas refaire le monde là dessus.

Si vous aviez des soucis avec l’histoire du film, cette édition devrait vous réconcilier un peu plus avec le film de Zack Snyder dans la façon par laquelle elle est racontée. Maintenant si vous aviez des soucis avec le propos global, la caractérisation de Batman et le teasing de la Justice League, alors on ne pourra rien faire pour vous. Je trouve à ce titre dommage que le teasing des personnages, qui fait plaisir au fanboy, mais est un peu forcé, aurait pu être intégré autrement (voire, supprimé ?). Dans l’ensemble, j’aurais peut-être aimé aussi voir un film complètement différent avec un ordre de scènes repensé, mais il faut admettre, comme je l’ai dit, que toute l’installation du « Match de gladiateurs du siècle » est vraiment plus réussie. Mais dans l’ensemble, le film reste le même film, et le point Martha, pour moi le moment crucial qui aurait dû être remanié pour que les moqueries cessent (et qu’on développe juste le fait que deux types qui se détestent décident très vite de s’allier), fera toujours débat chez les détracteurs et les fans du film.

Je pense que si vous n’aviez pas aimé Batman v Superman lors de sa sortie ciné, il y a peu de chances que votre avis ne change en regardant cette Ultimate Edition, puisque le film reste assez proche dans son propos global. En revanche, les deux premières heures, qui sont celles qui ont le plus souffert du montage et des coupes, en ressortent vraiment grandies, apportent plus d’importance au développement de l’histoire, au personnage de Lois Lane, et au plan de Lex Luthor. Le film ne reste pas parfait mais mérite vraiment d’être re-découvert dans cette version, qui la rend plus digeste même si certains points feront toujours débat.