Review VO – Aquaman #1

Les points positifs : De bonnes intentions Quelques échanges sincères Dynamisme dans l’action Les points négatifs : Encore ?! C’est toujours pareil Un propos politique qui manque de fluidité Dessin pas approprié

« You never stop. You never stop ! » – Arthur Curry

• Scénario : Dan Abnett – Dessins : Brad Walker – Encrage : Andrew Hennessey – Couleurs : Gabe Eltaeb
  

• DC Comics – Aquaman #1 – 22 juin 2016 – 24 pages – 2.99$

« Ça alors, Aquaman est enfin devenu un personnage cool ! » – oui, le temps passe vite. Souvenez-vous. Qu’est ce qui avait fait, à l’époque, d’Arthur et de sa cité sous-marine un élément à suivre aux premiers temps des New 52 ? Un dessin réussi du génial Ivan Reis, séduisant même pour les allergiques du trait musculeux de l’école Jim Lee, une approche plus humaine du personnage et un recul progressif des intrigues qu’on se mange régulièrement sur Aquaman, Wondie ou toutes ces autres figures de héros entre deux mondes. Johns avait tenté l’aventure, l’horreur, et s’était intéressé à Curry pour autre chose qu’un top orange et les sempiternelles intrigues déjà vues, déjà lues et qui n’ont de valeur que pour les afficionados du blond à dos d’hippocampe. Déjà à l’oeuvre sur la fin de l’ère passée et sur le Rebirth, Dan Abnett a remplacé l’équipe précédente, et a fait quoi ? N’importe quoi. On en parle.

Parce que DC n’a pas encore en ligne de mire le film de James Wan, ou parce que l’anniversaire d’un maître nageur a moins de valeur que celui d’une Amazone dont (dis donc, ça tombe bien) le long-métrage arrive en premier, aucun effort éditorial n’est fait pour soutenir une nouvelle série aux allures de live-by-repeat d’anciens runs, réussis ou pas. Déjà dans le Rebirth on retrouvait la forme, le contexte, le vilain et même quelques scènes inspirées de Johns, et le constat est ici similaire quoi qu’Abnett accélère un grand coup et ne devrait pas se perdre plus d’un arc dans la traditionnelle opposition face à (est-ce tellement un spoiler ?) Black Manta.

Mais même en allant vite de ce côté là, l’auteur se perd en mettant peu d’implication dans son héros. Lumineux, engageant dans son idéal de politicien ouvert d’esprit d’une cité émergente enfin décidée à se connecter au reste du monde – un propos vraiment intéressant, qui ne demanderait qu’à se densifier – Aquaman reste Aquaman, un héros peu intéressant pour le lecteur moyen qui ne fera l’effort de s’y intéresser que si on ose justement le présenter autrement. Or, le potentiel est à l’image des océans qu’il gouverne – insondable. On peut faire de l’horreur, du mythologique, du polar (si) ou un récit martial avec pareil personnage et pareille cosmogonie. Malheureusement, le propos est encore et toujours celui de l’homme entre deux mondes, ce qu’on suppose devoir à la perspective d’univers partagé qui devra un jour lier Aquaman au reste des héros DC et lui refuse donc une catégorie de personnage stand-alone qui pourrait aller chercher dans le récit de genre (encore que, c’est sans doute moi qui surinterprète).

Au niveau du dessin, l’éditeur ne fait là encore aucun effort pour rendre la série attractive. Si on attend de voir où certains des gros noms du Rebirth iront se nicher, difficile d’être secoué par les crayonnés de Brad Walker, à mi-chemin entre une patte 90’s et des visages peu aboutis. Sans être mauvais, le tout manque de fantaisie, d’originalité et d’un style qui se démarque – pire constat quand les couleurs viennent se greffer au tout, et normalisent voire aplanissent une série qui ne brille déjà pas pour son esthétisme dans la grande proposition artistique du relaunch.

Cela étant, le constat n’est pas si dramatique, et on imagine bien qu’Abnett a des idées en tête à proposer (comme cette semi-métaphore du terrorisme dans une ambassade, ou le rapprochement des peuples qui passe ici par un petit flirt sympatoche entre un Atlante et une jeune capitaine anglaise), l’écriture a quelques tournures agréables, les scènes d’action finales assez rythmées, mais difficile d’être emballé par ce nouvel Aquaman sans personnalité. Imaginez une série à la American Alien sur le personnage, ou une reprise des idées d’Azzarello sur Diana appliquées à la mythologie Atlante. Imaginez même un Snyder inspiré sur une série d’horreur avec Manta ou un peplum mythique avec krakens et monstres sous-marins. Il y a des choses à faire. Autre chose. De mieux. L’effort fait pour rendre le personnage agréable ces dernières années semble en tout cas passé du côté de l’éditeur, et c’est bien dommage.

Bref, comme souvent Aquaman contraste son importance historique au sein des publications DC avec l’implication éditoriale qu’on lui accorde – à se demander pourquoi il reste dans la Justice League, mais vous pourriez me dire que c’est pire chez Cyborg, et vous auriez raison. Fascinant en tout cas de constater qu’on alloue aux héros de la Trinité une telle variété de tons et de récits quand Arthur se retrouve encore une fois opposé au même vilain (même lui en a marre, remarquez), et dans son rôle de biais entre la cité sous-marine et le monde de la surface. Un numéro plutôt plat à l’écriture et au dessin, où les quelques références politiques passent moins bien que dans Green Arrow et où on en vient à se demander si Dan Abnett est capable de mieux sans Lanning, vu ses derniers travaux en date chez DC.