Review VF – Ex Machina Tome 3

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Les points positifs :
  • Politique, social, intelligent
  • Les dialogues toujours réussis
  • L’après 11 septembre, encore et toujours
  • Perpétuellement actuel
Les points négatifs :
  • A vous de me dire

« Je suis libre. » Mitchell Hundred


  • Scénario : Brian K. Vaughan – Dessins : Tony Harris, John Paul Leon – – Encrage : Tom Feister, Jim Clark Couleurs : JD Mettler – Couverture : Tony Harris
  • Vertigo Essentiels – Ex Machina Tome 3 – 27 février 2015 – 296pages – 22,50€

Si Brian K. Vaughan trône avec Remender au sommet des séries d’auteurs à l’avant-front d’Image et autres initiatives indés, ses quelques prestations pour les majors apparaissent aujourd’hui comme d’indispensables découvertes à appréhender aujourd’hui. Ex Machina, une série de l’imprint WildStorm réalisée avec Tony Harris, raconte comment un justicier maladroit se fait élire à la mairie de New-York après avoir sauvé une des deux tours du World Trade Center – voilà. C’est tout, et pourtant ce pitch parfaitement en adéquation avec la déconstruction de l’héroïsme souvent associée à l’imprint recèle d’une série formidable, intelligente et engagée où l’auteur déverse sa réflexion sur le monde, la société, et la cité de New-York après les attentats.

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Avatar du nouvel ordre mondial et de l’urbanisme apeuré, dans une ère où les politiciens doivent colmater à coup de discours et de mesures d’urgence la folie de quelques fanatiques toutes les deux ou trois semaines, la situation de New-York préfigure de débats encore d’actualité dans l’Occident d’aujourd’hui. A la différence de bien d’autres, la ville peut cependant compter sur un maire décidé à améliorer les choses, transi de son héroïsme passé et de l’envie de faire une différence. Aussi a-t-il volontiers pris part à différents conflits sociaux et idéologiques dans les volumes précédents – la place de l’art, les limites de la liberté d’expression, le mariage gay et, au début de ce nouveau volume, la dépénalisation potentielle de drogues type marijuana.

Autant de sujets qui sonnent comme des renvois au quotidien de notre monde, avec une parfaite compréhension de ce qu’un politicien peut ou ne pas dire, sur quels sujet s’avancer et qui milite pour tel ou tel parti. A mi-chemin entre la caricature politique glaçante (comme on en voit dans certaines séries TV) et un humour piquant où l’auteur laisse la parole à toutes ses opinions, K. Vaughan réalise un superbe pastiche de politique, qui va au-delà de la satire mais en deçà du documentaire. Si Transmetropolitan porte la furie d’une génération punk où le monde doit brûler – politiciens en priorité – et si Prez a pour elle un dégoût générationnel mais touchant dans sa grande farce électorale, Ex Machina est le compromis d’un monde où l’auteur prend parti en acceptant certaines réalités. Les sujets sont incroyablement actuels, depuis la peur du terrorisme jusqu’aux difficiles transitions de mentalités sur les archaïsmes sociaux, tout est superbement retranscrit.

Ex Machina - Book Three-120

Evidemment, dit comme ça, vous pouvez vous dire que tout ce discours a l’air très ennuyeux. C’est l’inverse, et tous les personnages du scénariste sont là pour le rappeler. Chacun est drôle, perspicace, maître des références qui ont toujours fait partie de son écriture. Pas mal d’humour intervient çà et là, chaque membre de l’entourage du maire Hundred a du corps et reste vrai à son niveau. Si le scénariste a pu faire l’erreur d’être trop terre à terre sur certaines séries à l’imaginaire super-héros, son écriture rend New-York organique, vivante, comme si chaque citoyen était le rouage d’un esprit citadin particulier et que le maire, autrefois baptisé « La Grande Machine » n’était que celui à qui on demande d’en huiler la mécanique automatisée. Les héros du quotidien, les vieux puritains malveillants, la presse à scandale, les habitants à grande gueule, tout un ensemble de visages importants et équitablement soignés par l’auteur qui considère une cité en allant du plus bas au plus haut. Bref, j’arrête de vous bassiner avec l’écriture, c’est génial et probablement la meilleure BD à lire dans le climat actuel, célébrations sportives mises de côté.

En ce qui concerne le dessin, Harris fait le même effort pour isoler chaque personnage dans un carcan de représentativité précis. On isole facilement la vieille Amérique de la génération Y, souvent plus bariolée et au style détaché. Les personnages sont expressifs, les situations joliment mises en scène, et le travail des couleurs impeccable. New-York vit sur ces planches, et les quelques renvois à l’imaginaire super-héroïque (et aux Terres parallèles, en l’occurrence) cherchent à se démarquer du style usuel des Big Two. Le bouquin s’achève sur un numéro de John Paul Leon, qui emmène Hundred sur un autre style plus proche d’une BD au style clair et anguleux, amenant à l’ensemble un autre regard bien accueilli.

Ex Machina, c’est génial, et vous pouvez me citer. Tant dans une écriture de polar que dans la satire sociale incroyablement juste que l’auteur déverse sur ce relié de trois-cent pages, une écriture qui sonne vraie, drôle, pertinente et jamais gratuite, absurde ou prétentieuse. Avec respect pour les convictions de ses habitants et le sort d’une cité à moitié castrée entre les mains d’un héros authentique, K. Vaughan prouve avec cette série et d’autres plus récentes que les grands noms de la BD ne se sont pas arrêtées à Moore ou Ellis. Un souvenir de son époque DC à redécouvrir d’urgence (à l’inverse de cette review qui arrive après la bataille, mais vous confortera au moins dans l’idée que vous avez eu, à sa sortie, raison de l’acheter).

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Corentin

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Sasahara
Sasahara
7 années il y a

ça fait bizarre de voir cette review tomber plus d’un an après la sortie de l’album… que j’avais acheté aussitôt car je suis très fan de cette série! ‘Et justement le tome 4 sort cette semaine, je ne vais pas le louper)
Bon, j’ai l’impression que cette oeuvre a du mal à trouver son public, comme on dit, alors qu’on y retrouve toutes les qualités de conteur de B.K. Vaughan qui font le succès de Saga et Y le dernier homme! Je la préfère même à Saga qui part un peu trop souvent dans le n’importe quoi.. Mais l’histoire du maire Hundred reste à peu près plausible (pouvoirs exceptés) tout en restant toujours surprenante. Et les dessins de Tony Harris sont fabuleux. Essayez !

Kani
Kani
7 années il y a
Répondre à  Sasahara

ça fait longtemps surtout, je l’ai lu en Vo à sa sortie, on est plus dans la nouveauté, mais c’est bien Urban le fasse découvrir…

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