« See that handsome guy right there ? The one with those blue eyes that look right into your soul. That’s me. That’s Basil Karlo. » – Clayface
- Scénario : James Tynion IV – Dessins : Eddy Barrows Encrage : Eber Ferreira – Couleurs : Adriano Lucas
- DC Comics – Detective Comics #934 – 08 juin 2016 – 32 pages – 2,99$
Dans le ciel pluvieux (neigeux ? D’accord) de Gotham City, une menace se dresse sur les séries en continuité. Parce que l’ubiquité légendaire du Chevalier Noir n’excuse pas tout, que Jim Gordon se laisse repousser les cheveux et la moustache et que le board éditorial s’est souvenu des personnages secondaires qui peuplent la cité, Detective Comics se pare de nouvelles couleurs en cette période de relaunch. Si pendant les dernières années, le titre aura été un complément (parfois bon) à la série principale, un Batman secondaire moins conséquent en annexe du titre phare, il devient ici la soupape de fanservice attendue par beaucoup. Un titre avec Batwoman, Spoiler, Tim Drake, Orphan et Clayface (on va y revenir) ? Le pitch a de l’intérêt. L’équipe créative, un peu moins.
La série s’ouvre et se ferme sur une menace de fond « à la Eternal« , un vilain énigmatique qui fera le jeu de ce premier arc à Gotham City. Batman apparaît, et devant sa propre incapacité à se cloner (ceci n’est pas une réflexion innocente), décide de former une alliance avec les autres justiciers inspirés de son héritage. Il retrouve Batwoman, avec un angle sur la relation de cousin/cousine qui les lie dans le canon, et recrute tour à tour les noms que pas mal de lecteurs voulaient voir apparaître plus souvent. L’ensemble n’est pas mal écrit, assez simplement mais convient à la situation. Les dialogues s’enchaînent sans effort, font ce qu’on leur demande, la série est crédible, voire intéressante à long terme, sur cette dynamique d’équipe à former.
En terme de dessin, j’admets être peu convaincu par l’équilibre formé entre Barrows, Lucas et Ferreira (pas ce Ferreyra là). Des planches souvent trop encrées ou étriquées et posées sur une colorisation parfois industrielle offrent en milieu de numéro un rendu peu harmonieux, là où le graphisme s’en sort favorablement sur les illustrations de ville ou les passages dynamiques qui ouvrent l’intrigue. La plus grande réussite est évidemment la composition d’un Clayface pauvre en contours dans un aspect peint, bien rendu sur la créature et son homologue de chair et de sang à l’écran.
L’usage de ce personnage surprendra les lecteurs chevronnés. Pourquoi Clayface, qui est d’abord un vilain ? D’abord, parce que le personnage a, en tant que tel, une palette de possibilités limitées pour un scénariste (en gros, faire le twist de « tel personnage était en fait Clayface depuis le début » ou « gros monstre gluant pas gentil qui attaque la banque » ne marche pas à chaque fois). Or, déjà adouci sur un précédent run des New 52 – celui de John Layman et Jason Fabok – Basil Karlo a en lui les germes d’un entre-deux, à l’image de personnages comme Catwoman, Mr Freeze ou Poison Ivy. Il partage avec l’homme de glace cette condition de reclus dans sa difformité, incapable de ne pas regretter ce qu’il était avant de recevoir ce « don ». D’autres figures ont été traitées ainsi par le passé, comme Killer Croc, et cet essai qui reste à confirmer est intéressant – surtout pour les fans de cette bonne vieille Gueule d’Argile, personnage passionnant à travailler.
Maintenant, difficile de dire que les attentes sont élevées concernant la suite de la série, et c’est un peu le problème. Rarement brillant, Tynion IV pose ici un début satisfaisant (ce sera le sous-titre twitter de cette review), mais qui porte les germes de tout début d’arc besogneux qui ne cherche pas à réinventer la roue. À sa manière, le titre occupe un espace à occuper, un terrain à conquérir : celui des fans qui, par exemple, voulaient revoir Batwoman ou Tim Drake (vous ne l’imaginez pas, mais vous êtes nombreux). Derrière, la promesse de faire grand chose de passionnant ou de révolutionnaire ne semble pas d’actualité. L’idée semble plutôt de suivre la ligne Eternal, une série de gestion d’équipe contre une menace de fond dans la ville, la qualité sera à rechercher du côté de l’écriture et des relations internes plus que des idées ou d’un quelconque super twist éventuel.
Le problème du Rebirth qui va se poser pour les lecteurs habitués est que : c’est beaucoup d’événement fait autour d’un simple retour aux bases essentielles. Ça marche aussi dans cette série, qui ne promet rien d’autre qu’un titre team-up, et peut-être que le retour à la numérotation classique ou l’encart « numéro rebirth » met une pression inutile à une série qui n’est jamais qu’une de plus parmi d’autres. Dans l’ensemble, à juger telle quelle, elle fonctionne et devrait faire plaisir aux nostalgiques (de deux trois trucs), et pourquoi pas poser des idées pour d’autres titres postérieurs. Sa réelle fulgurance tient dans une courte scène avec Clayface, qui rapporte à l’ensemble une note de sympathie méritée. En somme, une série qui fait le job, pas moins, mais pas beaucoup plus non plus.
Le dessin de Clayface est effectivement très inspiré!
D’accord avec tout ça. En espérant que Tynion ne livre pas juste du fan servuce débile
J’ai vraiment aimé cette lecture. Déjà parce que Cassandra Cain et Cassandra Cain c’est l’amour (bah oui je suis un fan du travail de Puckett et Scott ^^) bien qu’elle soit en retrait ici. D’ailleurs j’ai appris qu’elle était apparue dans le titre Batman & Robin Eternal, que je n’ai pas lu donc je peux pas encore juger ce qu’ils ont fait avec. Bref c’est pas le sujet. Ensuite parce que j’ai aimé les dessins et la colorisation, sur les plans de Gotham surtout. Et ce qui m’a plu c’est la caractérisation des personnages Ce Karlo est parfait et j’ai hâte de voir ce qu’il va donner, Batwoman est parfaite, Spoiler est bien, Cass bah c’est Cass et Red Robin est pas mal. D’ailleurs j’ai eu l’impression que Tynion demande pardon aux fans d’avoir négligé Tim durant les New 52. Bref ce commentaire est mal construit mais j’ai écrit comme ça venait ^^.