Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Fa fa faire mal. » – Batman
- Scénario : Paul Pope – Dessin : Paul Pope – Colorisation : José Villarrubia, Ted McKeever & James Jean
- DC Deluxe – Batman Année 100 – 3 juin 2016 – 272 pages – 22.50 € / 33.70 CHF
Le concept d’un Batman du futur n’est pas nouveau. Vous connaissez bien sûr The Dark Knight Returns de Frank Miller. Alors certes, Paul Pope ne joue pas la carte de l’originalité, mais vous verrez que le monsieur, qui est loin d’être un partisan du « On prend la même chose et on recommence », a plus d’un tour dans son sac. L’album contient la mini-série Batman Year 100 #1-4, ainsi The Batman Chronicles #11, Solo #3 et Batman : Gotham Knights #3.
Batman fait son apparition, alors que tout le monde le croyait réduit à l’état de légende urbaine, lorsqu’il est accusé du meurtre d’un agent fédéral en plein Gotham, meurtre qu’il n’a évidemment pas commis (c’est Paul Pope, pas Zack Snyder). On charge un télépathe de l’enquête, on musèle le GCPD, … Ce meurtre doit bien cacher quelque chose.
Un univers qu’on aimerait mieux connaître
L’action se déroule en 2039, dans un monde futuriste. Et il faut dire que ce nouveau monde est plutôt… décevant. Alors bon, oui, 2039 c’est dans pas si longtemps, donc on ne s’attend pas à des voitures volantes ou des overboards, mais quand même, l’univers dépeint dans cet album est tellement similaire au nôtre, l’action aurait très bien pu se dérouler en 2006 (année durant laquelle l’œuvre a été écrite). On peut reprocher à Pope un léger manque de créativité en ce qui concerne l’univers de l’action. Même si une certaine sobriété est toujours la bienvenue, on regrettera tout le potentiel créatif inexploité.
Les seuls éléments nous indiquant que nous ne sommes pas en 2006 sont minimes, comme des sortes de mini-hélicos ou des mini-caméras greffées à l’œil des chiens. Le seul intérêt finalement de faire cette histoire qui se passe dans le futur est la mise en place d’un élément déjà vu dans The Dark Knights : Batman est perçu comme une légende urbaine, inconnu même de Jim Gordon.
Une histoire et des thématiques pas flagrantes d’originalité
L’histoire est assez simple : ça parle d’une nouvelle arme bactériologique ultra-secrète avec un gouvernement qui nous cache des choses, etc. Alors oui, beaucoup d’histoires de comics se ressemble, mais ici on a droit à un elseworld. Enfin non, c’est pas officiellement un elseworld, mais vous voyez ce que je veux dire : combiné à l’univers trop peu développé, l’histoire plutôt classique nous donne l’impression d’avoir devant nous une aventure de Batman comme une autre, alors que ce n’est pas censé être le cas.
Cependant, il faut reconnaître que cet album a plein de qualités. Le suspens est très bien soutenu du début à la fin. L’album s’ouvre sur Batman qui fuit des chiens, ce qui permet dès le début d’entamer l’album avec cette envie si caractéristique de savoir ce qui se passe à la fin et connaître l’explication derrière tout ça. Aussi, le rythme est très bien géré. L’histoire passe très bien de Batman à Gordon sans perdre le lecteur ou lui donner l’impression que l’histoire va n’importe où.
Mais bien sûr, le point fort de cet album, c’est la partie graphique. Paul Pope a effectivement un style assez étrange au premier abord (on dirait que les personnages ont les lèvres gercés), mais un peu de nouveauté fait du bien au milieu de tous ces Ivan Reis et Jim Lee, tous si similaires les uns aux autres. C’est notamment dans les expressions de visages que notre monsieur s’exécute particulièrement bien, avec des expressions uniques et très crédibles. Enfin, petit point que je tient à mentionner : j’aime beaucoup comme il dessine le costume de Batman. Exit l’armure ultra-technologique, ici le costume fait plus penser à une toile et des bottes en caoutchouc à la Batman’66, et ce tout en restant crédible (pas de violet ou de sourcils sur le masque, je vous rassure).
D’ailleurs : vous trouvez pas que les agents fédéraux ressemblent à des hockeyeurs ?
Des petits suppléments qui sont les bienvenus
Plusieurs seront surpris, après avoir tourné la page qui conclut l’intrigue principale, de trouver trois petites histoires bonus, aussi écrites et dessinées par Paul Pope. La première raconte une histoire d’un Batman allemand durant la fantastique époque du troisième Reich, la deuxième est le troisième numéro de Solo, une série créée pour mettre en avant certains dessinateurs, et enfin la troisième est une histoire en noir et blanc, qui raconte une petite histoire de Batman très anecdotique, mais plutôt sympathique malgré sa courte durée.
La première fait énormément penser au Imaginary Stories du Silver Age. Ici, l’idée c’est « et si on faisait un Batman allemand qui lutterait contre le nazisme ? » Et bam : Baruch Wane est un riche peintre qui, la nuit, se déguise en Batman pour lutter contre le nazisme et mettre des bâtons dans les roues du Komissar Garten (Garten qui signifie jardin. Cette traduction n’apporte rien à l’histoire, mais je tenais à ce que vous le sachiez.). Même si c’est court, c’est très distrayant et assez rigolo de voir ce Batman allemand. Quant au Solo, c’est probablement le moins intéressant des trois histoires bonus. Il raconte une petite scène où Batman sort Robin des griffes du Joker. C’est pas vraiment mauvais, mais c’est clairement moins bien que les deux autres, et c’est très vite oublié une fois qu’on l’a lu.
C’est donc un très bon album que nous livre Paul Pope avec son style inimitable. Si l’histoire est un peu classique, le rythme est très bien géré, les personnages bien développés et le suspens est bien maintenu du début à la fin, ce qui fait qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde à la lecture de ce tome, qui arrive quand même à décevoir un peu lorsque l’on considère tout le potentiel créatif qu’occasionne un tel pitch de base, ce qui fait que cet album est plus une curiosité très divertissante qu’un must-have absolu.
Bonne review , et l’album est canon , grosse claque graphique ! Un peu déçu aussi qu’il n’y ait pas plus une sensation « futuriste » , notamment chez les flicz . C’aurait creusé un peu plus le contraste , d’avoir un Batman très « artisanal » dans un univers supertechnologique =)
Et ouais , j’me suis fait la même réflexion, pour les caves du FPC, d’ailleurs les noms de division (Wolf, Panther) font penser à des noms d’équipes de hokey
« (…) meurtre qu’il n’a évidemment pas commis (c’est Paul Pope, pas Zack Snyder). » Je ne sais pas s’il s’agit d’une nouvelle pique sur cet excellent film qu’est « BvS » (vivement le blu-ray avec la version intégrale!) ou sur son réalisateur, le pourtant très doué Zack Snyder… Rappelons que dans « BvS » à aucun moment il ne tue directement. Bref… dans cette phrase on peut aisément remplacer « Zack Snyder » par « Tim Burton » ou « Christopher Nolan », si si… https://www.youtube.com/watch?v=psVIG7YvdjM (shocking !)
Sinon ouais « Batman année 100 » c’est très bon. Et graphiquement quelle claque (mais ça ne plaira sans doute guère à tous… comme l’ouvrage de Miller, TDKR, ou le film de Zackou).
Hé béh.. ils sont au taquet les défenseurs de BvS ^^
Mais non lol. Mais justement j’en ai discuté aujourd’hui avec le copain de ma collègue. Il n’a pas trop aimé BvS et il me sortait des trucs complètement bidons « ouais Batman il a jamais tué, même dans les films! » Ah bon? ^^ « Superman non plus! » Toi t’as jamais lu MOS de Byrne, si? ^^ Donc voilà ça m’a amusé de lire ça dans la critique ;)
Ce qui m’amuse perso, c’est quand en voulant montrer sa culture et rire de « faux fans », on se loupe.
Et toi, tu l’as lu le Man of Steel de Byrne? Non, parce que moi oui et Superman n’y tue personne non plus!
Il tue les trois Kryptoniens du Pocket Universe dans The Supergirl Saga, un crossover entre Superman (vol. 2) et Adventures of Superman (vol. 1) sorti des années plus tard, et plus précisément dans le tout dernier numéro du tout dernier arc du run de Byrne, comme une manière pour l’auteur de ne pas avoir à traiter de la suite…Quant à l’histoire qui y fait justement suite, Exile, écrite par notamment, Stern, Perez, Wolfman et Jurgens, elle montre un Superman déprimé s’exilant à l’autre bout de l’univers.
Je n’ai jamais compris pourquoi dans le débat BvS (qui n’a pas à exister sur cet article d’ailleurs…), on remet toujours en cause les connaissances et la culture de l’autre. Ca peut pas être un simple échange amical ? Non on doit toujours attaquer « oui tu connais rien », « oui mais j’ai lu plus que toi », « oui mais tu connais pas le vrai cinéma »…
C’est fatiguant à force.
Je pense que dans un travail d’adaptation, travail qui lui-même multiplie les références, il n’y a pas de raison de se priver de renvois. Cela dit, on n’est pas du tout obligé de le faire, effectivement.
Maintenant, ce que je critique ici, c’est justement le fait de moquer l’ignorance d’autrui en lui balançant des références fausses…des références de trucs qu’on a de toute évidence pas lu soi-même!
Bien sûr les renvois aux oeuvres sont justifiés mais combien de fois j’ai lu des « c’est une destruction des personnages et si t’aimes ce film c’est que t’aimes pas ces personnages » ou des « si t’arrives pas à voir ce que le film apporte c’est que tu préfères le formaté débile du MCU ». Ce sont des attaques qui nuisent au débat et qui vont rebuter les nouveaux arrivants. Fan se rapproche de plus en plus de fanatique et c’est triste. Enfin bref je ne vise personne, c’est une simple constatation.
Pensez-vous que les histoire bonus méritent un achat si on a la version panini? Surtout batman of berlin.
Humm . . perso , j’ai bien aimé , après c’est vraiment-vraiment de l’histoire courte , c’pas révolutionnaire , non plus , c’est sympa, j’trouve que ça complète bien l’album , pour moi en tout cas , qui ne connaissait pas l’artiste =)
Ok, merci, je pense faire l’impasse dessus si c’est vraiment court.
Assez d’accord avec cette review, c’est un bon comic book, remarquable pour son choix de ton, la qualité de la mise en scène et le style inimitable de Paul Pope mais assez peu original pour le reste, en particulier son histoire et son message.
Hmmm ta review et vos commentaires m’ont donnée envie de lire ce comic (ouais je sais, j’ai du retard)…
*mode linguiste on* par contre je me permet de corriger une petite coquille, si en écrivant « overboard » tu parles des « hoverboards » de Retour vers le futur, il faut mettre un -H au début du mot car c’est un mot-valise formé du verbe « hover » qui signifie voler au dessus de, planer et de « board » qui veut dire la planche… *mode linguiste off*