Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Take me in chains before the Queen. » – Diana
- Scénario : Grant Morrison – Dessin : Yanick Paquette – Colorisation : Nathan Fairbairn.
- DC Comics – Wonder Woman Earth One volume 1 – 6 avril 2016 – 120 pages – $22.99
Annoncé depuis plusieurs années, d’abord prévu pour faire partie de la gamme « All Star », Wonder Woman earth one est enfin disponible. Ce graphic novel est il à la hauteur des attentes que nous nous sommes construites ? Grant Morrison parvient-il à nous livrer une version convaincante de l’histoire de l’amazone la plus célèbre de la pop culture ? Yanick Paquette a-t-il relevé le défi de nous proposer des planches d’anthologie comme le laissaient penser les différentes previews ? Ne vous posez pas toutes ces questions, et rendez-vous simplement à l’évidence, on tient là un véritable classique en devenir, même s’il est clair que cet album aura ses détracteurs, tant l’œuvre est provocante (bon, j’en rajoute une couche, ce n’est pas non plus incroyablement subversif).
Morrison revient, avec cet album, aux racines du mythe de Wonder Woman et nous livre une histoire qui renoue avec le ton du travail de William Moulton Marston, en se concentrant sur le thème de la soumission volontaire, présentée comme un acte qui peut prouver la force et non la faiblesse. De ce fait, il est évident que toute l’imagerie bondage, que l’on associe aux aventures de l’héroïne à l’époque du Golden Age, est ici à l’honneur. Mais de toute façon, j’imagine que c’est assez clair quand l’on voit la couverture, et il est inutile de jouer les prudes. D’autant plus qu’il ne s’agit absolument pas de fan-service gratuit, mais plutôt d’une composante essentielle du récit, ce qui confère au titre une ambiance singulière.
L’histoire est relativement simple : après une courte introduction qui nous montre la libération du peuple des amazones par Hippolyta il y a trois mille ans, on assiste au procès de la jeune Diana, qui reconnue coupable d’avoir quitté son île pour s’aventurer dans le monde des hommes afin d’y reconduire Steve Trevor, dont l’avion s’était malencontreusement écrasé (jusque là, rien ne devrait vous surprendre). La narration n’est pas linéaire, et l’on assiste donc à ce jugement tout en découvrant des flashbacks qui nous montrent les péripéties de l’amazone aux états-unis. Le tout est bien ficelé (quasi-littéralement, il n’y a qu’à avoir l’utilisation inventive que fait le dessinateur du lasso de la vérité, qui parcourt de nombreuses planches) et repose sur l’opposition entre l’île des amazones et le monde des hommes, qui diffèrent sur bien des points. L’équipe créative rend particulièrement bien la dichotomie de ces deux univers et l’on apprécie particulièrement le design de tout ce qui touche à Themyscira / Paradise Island, du jet invisible à l’allure vaginale aux costumes particulièrement travaillés des amazones, qui apparaissent davantage comme un peuple doté d’une véritable avance technologique plus que d’une nation antique qui n’aurait pas évolué en l’espace de plusieurs millénaires.
J’évite de trop vous en révéler, mais je vous assure que l’on nous présente en cent-vingt pages seulement un univers qui semble totalement cohérent et l’on s’immerge très vite dans cette version de l’île des amazones, qui paraît tout à fait crédible. Morrison y développe d’ailleurs le thème de la sexualité, fort bien abordé sans sombrer dans le racolage façon comics érotiques ou autres titres douteux des années 90. Ainsi, l’on comprend que Diana a une relation plus qu’amicale avec l’une de ses compatriotes et que c’est tout à fait dans les mœurs de son peuple. Les personnages de Steve Trevor et d’Etta Candy sont fort intéressants, le premier étant bien moins lisse que son modèle classique, et son changement d’origine ethnique étant habilement justifié par le récit, la seconde apportant une petite touche de légèreté bienvenue à cette histoire, tout en faisant avancer l’intrigue (on est loin de la simple figure de la sidekick idiote, qui ne servirait que de comic relief). Certes, on aurait pu souhaiter que ces derniers soient un peu plus développés, mais le format de l’histoire ne le permet pas vraiment.
Le récit est très cohérent et contient de très nombreuses métaphores, la symbolique est tout à fait efficace et l’on se plaît à découvrir les détails cachés dans l’album, qui mérite qu’on le lise plusieurs fois, la thématique du mensonge est aussi abordée de façon assez subtile et cela confère une dimension fort intéressante au graphic novel, qui couvre ainsi tous les sujets que l’on rattache au personnage de l’amazone, de la mythologie à l’utopie, en passant par la sexualité et le détecteur de mensonges. On échappe au schéma habituel des premiers tomes de la gamme earth one, qui s’achevaient tous sur un affrontement contre un grand vilain, puisqu’ici aucun méchant à proprement parler n’est présent. On tient là un scénario bien original, qui nous propose paradoxalement un retour aux sources ainsi qu’une modernisation du mythe qu’est Wonder Woman.
Pour ce qui est du graphisme, c’est franchement réussi et l’on ne peut qu’admirer le travail de Yanick Paquette qui vient sublimer le script de Grant Morrison avec de véritables trouvailles visuelles de fort bon goût. De même, la composition des pages est efficace et vient donner du rythme à l’album, qui ne repose pourtant presque que sur des dialogues, délaissant le plus souvent l’action au profit de la caractérisation de son héroïne. Les couleurs de Nathan Fairbairn collent parfaitement aux traits de l’artiste et l’on tient assurément là l’une des plus belles bande-dessinées de l’année.
Wonder Woman earth one est une véritable réussite. Il s’agit d’une interprétation assez inattendue du personnage, qui colle toutefois parfaitement au mythe qu’est l’amazone de l’écurie DC Comics. Explorant des thématiques aussi diverses que celle de la paix et de la guerre, des relations mère-fille et du féminisme, ce graphic novel a le mérite de ne jamais être confus et d’être abordable par ceux qui ne connaitraient pas grand chose au personnage. Loin des dernières itérations guerrières du personnage, cette version de Diana est fort réussie, et il me tarde de lire un jour la suite de ses aventures, et je suis prêt à attendre à nouveau quelques années, si le résultat est à la hauteur de ce premier volume.
Complètement d’accord avec cette review je dois dire! Un OGN absolument fantastique qui fait aisément partie de mes meilleures lectures sur le personnage.
C’est l’un des premier comics que je vois noté 5\5,il faut que Urban le publie,obligé. :o
Un OGN Earth One par Morrison et Paquette a environ 100% d’être édité en VF. Comme pour le (premier) run de Greg Rucka, il n’est pas impossible qu’Urban attende la sortie du film en 2017 par contre.
Les derniers jours de Superman ^^
Je pense qu’ils le sortiront en juin 2017 pour le film WW ^^ même si perso ça me fait chier d’attendre jusque là x)
Vivement une trad VF par Urban ! Et très bonne review par la même occasion, ça donne envie !
Je n’avais pas eu le courage d’attendre la traduction pour les autres Earth One, je pense que celui-ci ça fera pareil :) Pour ceux que ça rebute la VO des autres était très compréhensible.
Morrison m’a (encore une fois) bluffé. C’est un chef d’oeuvre à l’état pur. La sexualisation et « lesbiannisation » (je trouve pas un autre mot ^^) m’a surpris mais ça reste très subtil. Les dessins sont incroyablement beaux accompagnés d’une colo renversante.
J’ai beaucoup aimé le Trevor réfractaire et pas lisse comme on peut voir d’habitude.
C’est un vrai chef d’oeuvre je répète qui se classe pas très loin de Kingdom Come dans ma tête (c’est pour dire). Un classique à devenir.
Il mériterait plusieurs lectures pour bien apprécier chaque détail du récit.
I love you Morrison <3
Rien à redire, ni sur la review, ni sur l’OGN. C’est du très bon. Morrison aborde des thèmes qui peuvent être sensibles pour une partie des lecteurs mais il le fait avec une délicatesse et une intelligence remarquables. Mais avec l’écossais, je savais déjà qu’on aurait du lourd. La vraie surprise, c’est Paquette. C’est le comics avec le découpage le plus inventif que j’ai jamais lu/vu. Ça regorge d’idées, mention spéciale au rythme cardiaque ou encore aux Moires qui coupent le lasso. Qu’on aime le personnage de WW ou pas, qu’on adhère aux idées de Marston ou pas, c’est un comic book qu’il faut lire.
Vivement la version Urban ! J’ai hâte de pouvoir le lire !
Vu qu’en VO j’ai totalement fait pété mon budget et, qu’à l’inverse, j’achète bien peu en VF, je pense attendre la sortie chez nous. Mais ça donne bigrement envie !
Je n’avais pas prévu de le prendre maintenant mais vu la review et tous ces avis positifs, je pense bientôt le commander en fin de compte !
Urban a intérêt à se bouger le cul pour la version française ^^