Review TV – DC’s Legends of Tomorrow S01E08 « Night of the Hawk »

« Hey, Jax. Why don’t you just go do that » – Titanic Man

• DC’s Legends of Tomorrow Saison 1 – Épisode 8 – Titre : Night of The Hawk – 10 mars 2016

• Réalisation : Joe Dante – Scénario : Sarah Nicole Jones & Cortney Norris

Cette semaine au générique de Legends of Tomorrow, un grand nom du cinéma de genre, puisque c’est le réalisateur Joe Dante qui s’assied derrière le pied de caméra d’une production CW. Ce genre de cas n’est pas rare à Hollywood, où on voit occasionnellement un grand réalisateur diriger un épisode pour telle ou telle série, ce qui n’est pas forcément l’occasion d’une perspective artistique inédite. Conditionné par l’emballage CW (à savoir acteur, costume, chef op’, directeur photo et budget décors), l’immense Dante livre ici un épisode dans les clous de cette première saison. L’influence horrifique qui court le long de ces quarante-six minutes évoque un peu du travail de l’artiste, quoi qu’on hésite à lui en confier la paternité.

Car c’est bien d’horreur qu’il est ici question. Après avoir visité une parodie d’années ’70 cools et enfumées, une parodie de Russie communiste sous le rideau de fer et une parodie de futur apocalyptique qui sent bon le cuir et le direct-to-dvd, voilà l’équipe arrivée dans le flot des années ’50. Une époque bénie, sauf pour les noirs, les femmes et les homos, comme aime à le rappeler la série, qui tire pas mal d’influence de séries « d’époque » façon Mad Men ou Masters of Sex dans le rapport des personnages aux moeurs de leur temps, et une certaine utilisation de l’ambiance visuelle. En 1958, dans une petite bourgade de l’Oregon, Savage semble avoir été lié à une étrange série de disparitions d’adolescents.

Sans essayer d’être subtile, la série disperse quelques valeurs modernes sur l’acceptation de sa sexualité et une critique du racisme latent à l’époque. De bonnes valeurs à véhiculer au grand public Américain, pas mal fichues dans le cas de l’amourette lesbienne posée là, surtout grâce à l’actrice qui incarne l’infirmière séduite par Sarah (« ah, mais c’est vrai, Sarah sortait avec la fille de Ra’s Al Ghul, ‘me souviens ! »). Le message sur le racisme semble quant à lui parachuté et prend moins de place dans l’épisode. Cette façon de traiter les différences de mentalités d’une époque à l’autre est plutôt louable, quoi que la CW ne soit pas forcément la meilleure chaîne pour parler d’acceptation et de tolérance, entre ses acteurs jeunes, beaux et hétéros pour la plupart (j’attends avec intérêt le jour où la chaîne se mettra à critiquer l’obésité) et ses personnages féminins en terme général.

Cela étant dit, l’ambiance d’équipe n’est pas mal rendue, quelques moments de réalisation ont un effet « vieux film d’horreur » sympa, mais l’ensemble manque affreusement de style et de cohérence d’ensemble. Kendra (je ne dénoncerais pas les commentaires d’un membre du staff sur les robes de l’actrice, mais sachez que c’est honteux) et Savage héritent des pires scènes, l’acteur scandinave incapable de se défaire de ses tics de méchant Gargamel au rictus figé. Le segment d’Hawkgirl et d’Atom ne tient qu’assez moyennement la route, peu complices à l’écran et dans les canons de ce que la CW fait habituellement de ses histoires amoureuses (joie, puis conflit, puis retrouvailles, puis joie). De son côté, Titanic Man et Sarah font parfois sourire, Cold n’a pas son laisser aller naturel et le cliff’ de fin a un arrière-goût de « ah bon ? ». Je n’oublie pas Jax, qui n’arrive définitivement pas à serrer (il aura quand même pu tremper sa frite. Oui, dans un milk-shake, vous pensiez à quoi, bande de malades ?). A noter que si la série s’accroche à son idée de résolution épisodique comme un bébé à son biberon, l’époque n’est pas entièrement traitée en un seul épisode, ce qui est bien, un peu. Ne m’en voulez pas, j’essaye de sauver les meubles.

Pour ne pas répéter ce qui devrait être une évidence aujourd’hui, les acteurs sont rarement excellents, la réalisation est molle et sans identité (mais Joe a encaissé son chèque, donc, tout va bien) et chaque époque visitée par l’équipe a toujours ce même relan carton pâte d’attraction Disney où tout fait faux, des bâtiments aux humains. Une fois passé et accepté ce mur de défauts insurmontables, la série arrive à distraire, quelques bons moments s’échappent par ci par là, sans être autre chose qu’un divertissement à licence qu’on regarde par habitude ou naïveté consensuelle. D’ailleurs cet épisode contient assez peu de références au DCU (là où l’occasion était donnée), et reste en dessous des attentes. Joe Dante dans un épisode d’horreur situé dans les années ’50, sans être d’un naturel optimiste, on aurait pu espérer mieux.