Review VO – The Dark & Bloody #1

Les points positifs : Une bonne ambiance On est proche des personnages Les points négatifs : Rien qu’un récit d’horreur en plus ?

« What in the fuck ?! What the hell was that ? »

• Scénario : Shaw Aldrige – Dessins : Scott Godlewski – Couleurs : Patricia Mulvihill – Couverture : Tyler Crook

• Vertigo – The Dark & Bloody #1 – 10 février 2016 – 32 pages – 3.99 $

 Après le lancement tonitruant d’une douzaine de titres en fin d’année 2015, qui nous a permis de voir où se trouvaient les nouvelles pépites de l’éditeur (The Twilight Children, Art Ops, Jacked ou encore The Sheriff of Babylon) et les récits plus qu’anecdotiques (Slash & Burn, Red Thorn ou Lucifer), Vertigo continue de vouloir proposer de nouvelles séries avec The Dark & Bloody. Comme pour avec Clean Room ou Survivor’s Club, l’éditeur ouvre les portes d’une nouvelle histoire d’horreur, inscrite et inspirée dans le folklore de l’amérique profonde, dans le Kentucky, avec pour personnage principal un ancien soldat américain, qui a fait l’Irak, l’occasion d’apporter un propos politique dans le fantastique. Mais The Dark & Bloody arrive-t-il à apporter quelque chose de neuf dans le paysage de Vertigo moderne ? Réponse de suite.

S’il sera toujours difficile d’avoir un avis définitif après un simple numéro, d’autant plus que celui-ci fait office à 100% d’introduction, l’élément perturbateur de la situation initiale présentée étant à peine développé, force est de constater que ce premier numéro ne met pas vraiment toutes les cartes de sont côté. De façon scolaire, commençons par parler un peu de l’histoire, et des points positifs. Iris est un ancien soldat parti combattre en Irak, revenu dans son Kentucky natal vivre une vie simple avec sa femme (enceinte) et son gamin qu’il avait dû laisser en partant en guerre. La notion de survie est plus adéquate, car sa famille semble bien modeste, et à côté de son travail (s’il en a un ? Ce n’est pas montré) il distille de la gnôle en douce, qu’il fait profiter à ses amis, très typés rednecks. En vérité, l’immersion dans cette amérique rurale et pauvre est réussie. Concrètement je n’irai pas jusqu’à dire que ces personnages sont attachants, parce que dans leur comportement et leur façon de vivre, l’auteur induit pour moi une certaine distance, mais on se sent proche d’eux, en ce sens qu’on a vraiment l’impression d’avoir à une vraie famille, qui essaie de s’en sortir comme elle peut.

Graphiquement aussi, le titre ne décroche pas la mâchoire (c’est rarement ce qu’on attend chez Vertigo de toute façon) mais participe de l’ambiance présente dans le titre. Les expressions des personnages sont bien dépeintes, il y a une légère envie de réalisme dans le tout, et les décors sont assez travaillés. J’ai surtout apprécié le cadrage de Scott Godlewski qui mélange les plans rapprochés et d’ensemble, et fait une bonne utilisation du hors-champ pour donner un rendu cinématographique à l’histoire. Par exemple, lorsqu’une mystérieuse créature attaque les amis d’Iris, les plans sont cadrés pour apercevoir quelques détails d’elle, sans la révéler en entier, et dans la composition des planches, on a typiquement le genre de rendu qu’on attendrait dans un film d’horreur classique.

Classique. J’en profite du coup pour rebondir sur ce mot car il définit pour l’instant le ressenti que j’ai après ce premier numéro. Certes, l’introduction est bien introductive. La présentation des personnages, l’exposition de la situation initiale est carrée et bien fichue. Le flashback sur le passé d’Iris pendant la guerre (assez rude dans les dialogues plus que dans l’image) laisse à penser que ce qui va suivre aura un rapport avec. En bref, le tout est bien raconté, mais voilà. Il n’y a pas réellement de surprise, le tout a un air de déjà-lu et même les dernières planches n’étonnent pas tant on s’y attendait assez rapidement, pour qui a lu des récits d’horreur, notamment du Jack Ketchum ou du Stephen King. Alors que vient nous apporter ce récit d’horreur chez Vertigo ? Où se trouve l’originalité ? La folie ? Les envolées scénaristiques ou graphiques ? Bref, ce petit grain de sel qui permettrait au récit de s’approprier une réelle identité. Il est hélas encore trop tôt pour le dire.

Difficile donc de réellement se prononcer sur ce premier numéro de The Dark & Bloody. Pas foncièrement mauvais, ni excellent, le récit est une introduction carrée et scolaire, pour le moment, au récit d’horreur rural et folklorique – mais il manque cruellement de personnalité et d’originalité pour que la séduction soit au rendez-vous. Il faudra regarder dans la suite pour voir si Vertigo a trouvé une nouvelle pépite, ou un simple récit qui viendra au moins remplir le quota de publications chez l’éditeur.