Review VO – New Suicide Squad #17 – Nouvelle équipe créative

Les points positifs : Juan Ferreyra Rythme et densité maîtrisés Classicisme de l’introduction Les points négatifs : Les défauts d’une entrée en matière Encore pas mal de Harley Quelques maladresses à l’écriture

« Hm. Time to pluck some new weeds, eh ? » – Ashemore

• Scénario : Tim Seeley – Dessins, Encrage, Couleurs, Couverture : Juan Ferreyra 

• DC Comics – New Suicide Squad #17 – 10 février 2016 – 24 pages – 2.99 $

Sursaut éditorial dans les locaux de Burbank : comment ? La Suicide Squad arrive au cinéma ? Immédiatement rattrapés par l’intérêt économique, s’organise un concile éditorial entre les Didio, Johns, Cunningham, Richards et consorts entre deux cadavres de bières et trois cartons de pizzas. Tim Seeley co-écrit Grayson. Plus ou moins typée militaire et service secrets, avec une popularité certaine : ce sera le scénariste. Au dessin, Romita Jr est booké, on parcourt donc la catégorie « artiste violent / doué » et on tire à pile ou face. Ce sera Juan Ferreyra ou Aco. Aco est en vacances : va pour Juan Ferreyra. Immédiatement annoncé et lancé en petite pompe (pas de relaunch au numéro #1 avant Rebirth), la New Suicide Squad version « enjeu éditorial de poids » est lancée. À croire qu’il ne faudrait qu’une adaptation ciné’ pour que DC prenne ses titres au sérieux. Vivement le film Teen Titans.

Sans effacer les événements antérieurs (on fait référence à l’épisode Moscou), le premier numéro de l’équipe nouvellement instituée a tout d’une introduction. Présentation des personnages, rappel du concept initial, un jumping point amorcé pour les lecteurs qui auraient, par hasard, découvert la bande-annonce du film le mois dernier (ah, ces coïncidences de planning). Tout y est, y compris le cliffhanger qu’on a un peu de mal à prendre au sérieux. À l’écriture, Seeley respecte le cahier des charges d’une bonne introduction, en ne s’imposant pas encore tout à fait sur les personnages. Il arrive cependant à instiller un vent nouveau, en déplaçant l’équipe en Angleterre et en ramenant l’aspect transnational de l’équipe (il est fait référence aux Victory V de Morrison, les complétistes apprécieront).

Le scénario utilise intelligemment l’équipe, et quoi qu’il ne soit pas le plus doué des scénaristes, Seeley s’applique dans son storytelling pour livrer une introduction réussie. En prenant un peu de distance, le scénariste évite les fausses notes, quoi que l’utilisation d’Harley fera soupirer (comme d’hab) les réfractaires du personnage qui reste cependant assez bien traité. Ce premier numéro semble vouloir bien faire les choses, et composer avec les runs précédents en allant vers un classicisme bien emballé – tout ce que l’on peut espérer d’un bon numéro de Suicide Squad est là : action, violence, opération black-ops bien exécutée et dynamique d’équipe. The Wall retrouve un peu de sa superbe despotique, et le personnage d’Ashemore est un bon complément extérieur à l’ambiance habituelle. Il faudra encore attendre les numéros à venir pour voir la storyline de long terme se dessiner.

C’est surtout au dessin que le titre force le respect. Homme orchestre aux crayonnés, à l’encrage et aux couleurs, Juan Ferreyra applique toute sa science de l’ambiance et des rendus esthétiques très travaillés pour un résultat irréprochable. Autant y aller honnêtement : c’est proprement magnifique, l’ambiance de cette Chinatown est de toute beauté et la double-page est un résultat parfait de narration et de mise en scène, à l’image des poursuites en voiture de Gotham by Midnight. Le dessinateur, cantonné à l’horreur habituellement, réussit ici une bonne synthèse de glauque et de sexy sur Harley, qui reste « iconique » dans sa posture de femme-objet voulue par DC, tout en réussissant à traduire la folie hystérique du personnage sur certaines cases et en ne sacrifiant pas un aspect effrayant au physique de mannequin. Les costumes sont tous réussis, le jeu d’ombre et les expressions faciales sont magnifiques, le rendu est génial : Juan Ferreyra s’impose encore une fois comme un artiste unique, qui ne se dépeint pas de son amour de l’horreur. Il fait de cette série un immanquable des mois à venir, ne serait ce que par amour du dessin.

Au sortir de ce New Suicide Squad #1(7), le bilan est assez positif. Après des années de misère hésitant entre l’hommage à Ostrander et la série B assumée, l’équipe semble enfin rassemblée autour d’une véritable direction éditoriale (il reste de la pizza, si jamais), et une équipe artistique motivée qui part sur de très bonnes directions. Sans pousser l’aspect cinématographique outre mesure, cette série est peut-être un premier élément de réponse sur le DC Rebirth, et les intentions artistiques à attendre du DC de demain, plus proche de ses aspirations de studios. Si Aquaman et Wonder Woman prennent une voie équivalente en terme de remaniement, il y a encore de l’espoir à l’ouest de Burbank.