Dossier – Robin sur les écrans

(Note : le dossier ci-présent n’a pas volonté de se montrer le plus exhaustif possible)

Au début de la semaine, on vous a concocté un dossier sur les différents personnages à avoir endossé le costume de Robin. Aujourd’hui, Watchful, Corentin, Zeppeli et moi-même vous proposons un petit tour d’horizon du traitement que Robin a eu à la télévision, dans les jeux vidéos, ou dans les films. En effet, le sidekick de Batman est souvent apparu en tant que tel ou a eu le beau rôle en tant que leader des Teen Titans ou de la Jeune Ligue des Justiciers… bonne lecture !

Young Justice

Young Justice ou en français La Ligue des Justiciers: Nouvelle Génération (pour la seconde saison Young Justice : Invasion) est une série télévisée d’animation américaine créée par Brandon Vietti et Greg Weisman pour Cartoon Network. Sa première diffusion a eu lieu le 26 novembre 2010 avec un épisode spécial d’une heure, introduisant l’intrigue de base et les personnages. Après cela, les deux premiers épisodes “réguliers” ont été diffusé le 9 septembre 2011. La deuxième saison a commencé sa diffusion en avril 2012. Dans la série, il y a cinq ans entre les deux saisons. Elle s’est terminée abruptement en mars 2013 avec l’annulation de la série. L’histoire se poursuit dans une série de jeux vidéo éponyme, au succès mitigé.

Même si elle a le même nom qu’une série de comics éponyme créée par Peter David, Todd Dezago et Todd Nauck, Young Justice n’en est pas une adaptation. Elle est une mise à l’écran du DCU, avec une attention spéciale portée sur les jeunes super-héros (les “sidekicks”). En effet, la série suit les aventures et la vie quotidienne des sidekicks des héros de la Ligue de Justice, à savoir: Aqualad/Kaldur’ahm leader de l’équipe dans la première saison, Kid Flash/Wally West, Speedy/Red Arrow/Roy Harper (qui devient Arsenal à la deuxième saison), Robin/Nightwing/Dick Grayson (Tim Drake est Robin dans la deuxième saison), Superboy/Conner Kent, Artemis / Tigress / Artemis Crock et, last but not least, Miss Martian / M’gann M’orzz / Megan Morse. Ils font face à des méchants comme Cheshire, Sportsmaster, Deadshot, Black Manta ou une race alien hostile. D’autres jeunes héros se joignent parfois à l’équipe, notamment: Batgirl, Beast Boy, Blue Beetle, Bumblebee, Impulse, Lagoon Boy et Wonder Girl.

Les évènements ont lieu dans un univers fictionnel hors de la continuité du DCU : Terre-16, ce qui a permis aux scénaristes une plus grande liberté d’action, n’ayant pas à se conformer aux événements établis par la continuité DC. Dans la série, les justiciers sont un phénomène nouveau et ils peinent à se faire accepter dans la société. On pourra remarquer la mise-en-abîme de la télévision qui sert, dans la série, en tant que porte-parole de ceux qui se méfient et critiquent les héros.

Les Robin de Young Justice

Dick Grayson

Dans cette série, Richard “Dick” Grayson est Robin dans la première saison, puis Nightwing dans la seconde. Récemment dans la continuité DC, c’était plutôt Tim Drake qui offiçiait dans ce rôle. Il apparaît cependant lors de la saison 2 sous le costume de Robin.

Dans la première saison, Dick Grayson est un garçon de 13 ans adopté par Bruce Wayne/Batman et l’aide dans sa lutte contre le crime en tant que Robin. C’est un des fondateurs de la “Jeune Ligue”. Ses coéquipiers ne découvrent pas son identité secrète car, sur les instructions de son mentor, Dick est bien décidé à ne pas la révéler. Lorsqu’ils sont en civils, il porte des lunettes noires qui cachent ses yeux. Le coéquipier de Batman, comme dans les comics, est né dans un cirque et, même s’il n’a pas de pouvoirs, fait preuve d’une agilité hors du commun et a été entraîné à de nombreuses techniques de combat. Au début de la saison, il souhaite devenir le leader de l’équipe des jeunes justiciers mais cède sa place à Aqualad, qui est considéré comme plus mature. Il le remplace lorsqu’il est sur d’autres missions mais a de la peine à se faire respecter par ses coéquipiers.

Au début de la série, même s’il est plus jeune que la plupart des autres sidekicks, Robin/Dick est plus expérimenté car cela fait déjà quatre ans qu’il est entraîné par et se bat aux côtés de Batman. Conformément au personnage d’origine, Robin est beaucoup plus jovial que son mentor. Il a toujours un bon mot ou une blague à faire et prends toutes les situations au jeu, même s’il sait garder son sérieux et faire preuve de professionnalisme dans les situations critiques. Même s’il est encore immature comparé à ses coéquipiers, il s’entend bien avec tout le monde. Lorsqu’il interréagit avec ses amis en dehors des missions, Robin a souvent le rôle de petit rigolo (disputé par Kid Flash/Wally) et endosse facilement le rôle du petit frère sympa. Il les aide à déculpabiliser de leurs erreurs en tournant tout à la dérision et à rire d’eux-mêmes eux aussi. Il s’entend particulièrement bien avec Wally car ils partagent le même sens de l’humour. Malgré son comportement plaisantin, Robin est un bon tacticien (les avantages de bosser avec Batou) et il a plus d’une fois sorti l’équipe d’un mauvais pas en trouvant un plan de secours sur le moment. Il est aussi pragmatique et préfère prévoir les choses le plus à l’avance possible.

Son costume ressemble à celui de Red Robin des comics, avec une cape jaune et noire découpée en pointes en bas, un haut à manches courtes jaune et noir. Il porte aussi des pantalons noirs, des bottes et des gants, ainsi que son masque noir qui lui cache les yeux. Conformément au personnage d’origine, Dick a une coiffure en désordre, ce qui ne s’améliore pas lorsqu’il devient Nightwing et se laisse pousser les cheveux.

Nightwing

Dans l’intervalle de cinq ans entre les deux saisons, Dick a gagné en maturité. Comme son mentor Batman, il est devenu plus concentré et déterminé. Il fait aussi figure de modèle pour Tim qui le considère comme son grand frère. Il tente d’être le meilleur modèle possible pour Tim et essaie de ne pas devenir aussi “noir” que Batman. Comme à son habitude, Dick est un tombeur, ce qui lui vaut le surnom de “dragueur” par Wally, à qui il répond que c’est son super-pouvoir à lui. Parmis ses conquêtes: Zatanna et Rocket. Son costume est une combinaison intégralement noire, avec un aigle stylisé bleu sur la poitrine, comme le costume pré-New 52 de Nightwing.

Tim Drake

La personnalité de Tim est relativement similaire à celle de son prédécesseur: il est déterminé à mener à bien les missions coûte-que-coûte et à prendre les risques nécessaires. Toutefois, il prends les choses un peu moins à la rigolade et n’a pas la confidence et la nique de Dick, même s’il partage son talent naturel à mener une équipe. Il porte aussi les cheveux plus courts mais garde lui aussi une paire de lunettes noires sur le nez lorsqu’il est habillé en civil. Contrairement à celui de Dick, son costume est à manches longues et possède un mode “invisible”. Il se bat à l’aide d’un bâton électrifié et est un petit génie de l’informatique, ce qui lui permet de pirater n’importe quel réseau à l’aide du mini-ordinateur holographique logé dans son costume. Après l’invasion des Reach, il se met en couple avec Wonder Girl.

Note : il existe également un dossier très complet sur toute la série tv Young Justice pour les intéressés !

Autres séries TV

Batman : The Animated Series

La série animée de Bruce Timm aura été la plus marquante et celle à développer au mieux ce que représente Robin. Souvent vu comme un soutient, on se souviendra qu’il apparait dans une grande partie de la série. Sa présence est nécessaire. Il apprend, et sert de regard critique à l’égart de son mentor, de sa façon d’être et d’agir envers lui. La surprotection, l’absence d’expression de sentiments, tout comme l’obéissance absolue et la rigueur sont des éléments que Dick Grayson semble subir le long de cette première série. Comme une référence continue à son détachement du rôle de Robin. Ce ne serait certainement pas la première, ni la dernière référence au monde des comics présent dans ce chef d’oeuvre d’animation. L’identité du sidekick est revue par le Joker et par la présence de Harley Quinn, mais aussi par l’apparition de Batgirl. Certains éléments laissent penser que Robin n’est rien de plus qu’un coéquipier parmi d’autres. Certains épisodes lui sont consacrés (Robin Se Rebiffe 1 & 2 – à retrouver en review), et en dehors de ses apparitions régulières et ses interventions dans la cave, la relation Dick/Barbara est mise en avant dans le film animé Subzero.

La série suivante, considérée comme la quatrième saison pour certains, The New Batman Adventures, a une approche plus large de la famille qui s’est formée autour de Batman. En particulier par son épisode Blessures Anciennes, qui raconte comment Dick a jeté le masque et a quitté Gotham City par la suite avant de revenir sous le nom de Nightwing. Les relations entre les personnages sont très travaillées et montre que Dick, durant toutes les années passées auprès de Bruce, aura appris mais ne pouvait en aucun cas lui ressembler. Et montre que Dick a appris à comprendre le personnage qu’est Batman, mais Bruce, lui, n’a rien appris de ce qu’était son jeune prodige. En dehors de Dick, la série s’ouvre sur l’arrivée d’un nouveau Robin. Comme quoi, “Pas de Batman sans Robin” s’applique très bien à la / aux série(s). Ses origines sont un certain mélange entre les premières origines de Jason Todd et les origines “officielles” de Tim Drake. Ses parents sont disparus, et il se retrouve prisonnier de Double-Face, ce dernier recherchant activement le père du futur Robin. Batman le sauve et l’emmène à la Batcave, et se faufile de la sorte à ce qu’il comprenne où il se trouve et apprenne l’identité du propriétaire. Une origin-story plus intéressante et plausible que celle écrite par Marv Wolfman. Comme quoi, prendre certaines libertés par rapport au matériel d’origine n’est pas toujours un mal en soi.

Note : un énorme dossier complet sur Batman : TAS existe également sur notre site !

Teen Titans (original)

Teen Titans est une série animée créée par Glen Murakami basée sur les personnages du DCU du même nom. La série est basée en partie sur le run de Marv Wolfman et George Pérez publié au début des années 1980 dans New Teen Titans. Au début, seulement quatre saisons devaient être diffusées mais la série a rencontré un tel succès que Cartoon Network a en commandé une cinquième. Elle a été diffusée pour la première fois le 19 juillet 2003 et le final de la série “Things Change” a été diffusé le 16 janvier 2006 et a été suivi d’un film diffusé en septembre 2006 qui concluait l’histoire une bonne fois pour toute. La série spin-off Teen Titans Go! (2013-encore en cours) a repris la plupart des personnages mais en version “chibi”. Teen Titans est un des plus gros succès commerciaux de Cartoon Network.

Contrairement à la plupart des séries et comic books, Teen Titans ne dévoile pas réellement l’identité civile de ses protagonistes. Dans les comics, Raven, Cyborg, Starfire et Terra n’ont pas vraiment d’identité secrète. Starfire est une alien et son nom est la traduction de son nom original, l’identité de Victor/Cyborg est connue de tous. Beast boy, étant vert et un changelin peut difficilement se cacher (ou très facilement, c’est selon). Raven et Terra n’ont tout simplement pas d’autre identité. Le débat se centre donc sur celle de Robin. Plusieurs indices vont dans le sens qu’il est Dick Grayson, le premier Robin. Le plus flagrant est dans l’épisode “How Long is Forever?” dans lequel les Titans se rendent dans le futur, pour retrouver le Robin de l’avenir qui s’avère être devenu Nightwing. Un autre est lorsque Raven accède à l’inconscient de Robin dans l’épisode “Haunted” et observe un souvenir de deux acrobates qui tombent d’un trapèze (ie. comment les parents de Dick sont morts).

De plus, la psychologie du personnage correspond à celle de Dick: même s’il est toujours là pour faire un gag, il est concentré et déterminé en mission. La série insiste sur l’aspect obstiné de sa personnalité, notamment dans la première saison lorsqu’il pourchasse Slade où le justicier est complètement obssédé par son enquête. Slade est d’ailleurs le vilain le plus intéressant dans la série. En dépit de cela, Robin tient énormément à ses coéquipiers, qui sont apparemment aussi ses seuls amis. Il est particulièrement intéressé par Starfire et les deux vivent une sorte de romance durant toute la durée de la série et SPOILER se mettent ensemble dans l’épisode final. Dans Teen Titans, Robin est plutôt solidaire. Contrairement à Beast Boy et Cyborg qui sont des “bros” et toujours fourrés ensemble, il a plutôt tendance à passer du temps tout seul à s’entraîner où à planifier des missions. Ceci est tourné en dérision dans Teen Titans Go!

Pour Glen Murakami, le créateur de la série s’est exprimé sur la controverse autour de l’identité de son Robin dans un interview, où il insistait sur le fait que le plus important est que les enfants s’identifient avec ses personnages et non leur identité. “Mon souci principal est de rendre Robin le plus cool possible et de le distancier autant que possible de Batman (…) je ne pense pas que [son identité] soit vraiment important[e]. Ce qui importe, c’est d’en faire un personnage fort qui peut mener une équipe, sans tout le reste autour. Et c’est comme ça pour tous les autres personnages. Je veux qu’ils restent très iconiques ». Pour aller dans ce sens, les personnages ne sont quasiment jamais montrés dans un autre appareil que leur costume de super-héros.

Teen Titans GO!

Après le succès de la première version animée des Titans sur le petit écran, la DC Nation lance plusieurs courts inspirés de la série de Cartoon Network. Repensée en version “chibbi”, cette réinterprétation parodique héritera de sa propre série en 2012, à l’initiative de Michael Jelenic et Aaron Horvath. Reprennent les aventures de Robin, Starfire, Raven, Cyborg et Beast-Boy, sous une orientation différente, inspirée par le succès de dessins animés absurdes à plusieurs niveaux de type Adventure Time ou My Little Poney (référencée à plusieurs reprises). On retrouve le trait caractéristique de Cartoon Network, contours épais et personnages anguleux, avec la folie épisodique d’un Powerpuff Girls en version DC Comics. La série joue à fond la carte de la caricature, depuis la relation de Starfire et Robin jusqu’au côté “jeune torturée” de Raven (meilleur personnage de la série, qui s’amuse avec des poneys colorés quand personne ne regarde et est secrètement amoureuse de Beast Boy sans oser l’avouer). On y voit défiler pas mal de personnages du DCU, à commencer par Batman, qui n’a jamais de réplique dans la série et n’apparaît qu’en arrière-plan, souvent assis ou à la pêche avec son vieux pote Gordon, en train de se marrer comme une baleine (une bière à la main). Le Robin de cette série est une des deux versions les plus drôles du personnage (à égalité avec Batman ‘66 selon certains). Caractériel, autoritaire, complètement fou un épisode sur deux, ce Robin est l’antithèse du héros de la série originale : un égo surdimensionné derrière une réelle envie de bien faire, des accès de schyzophrénie et un don pour les punchlines foirées.

Beaucoup de clins d’oeils sont faits aux comics, notamment un épisode faisant apparaître les différentes incarnations du personnage, ou un autre dans lequel Cyborg et Beast Boy voyagent dans le futur pour découvrir la version “Nightwing-mullet” de Dick, marié à Batgirl et père de famille. Responsable de certains des meilleurs épisodes de la série, cette version est un coup de coeur d’absurde et d’auto-parodie, qu’on apprécie d’autant plus dans les épisodes référentiels. A trouver sur youtube, le “Batman’s Monologue” du héros quand celui-ci découvre la Bat-Cave dévastée par ses co-équipiers, et s’imagine la réaction de Bruce (un dénouement qui nous amène à reconsidérer la canonicité d’All-Star Batman dans cet univers. Mais ceci est une autre histoire).

Batman ’66

Version fort connue du grand public américain, ce Robin de la série Batman de 1966 est incarné par Burt Ward, qui revêt un costume fort proche de celui des comics du Golden et du Silver Age. L’homme sous le masque est ici Dick Grayson, jeune orphelin (on ne nous dit rien sur le destin de ses parents, mais il est fort possible qu’il soit le même que dans les comics) sous la garde de Bruce Wayne, qui combat le crime avec son mentor. Dans la vie civile, il est un jeune homme studieux, qui prend des leçons de musique et d’autres disciplines plus scientifiques, ce qui fait de lui une caricature des jeunes bourgeois. Lorsqu’il se cache sous l’identité du Boy Wonder, il se lance dans la bataille aux côtés de Batman et n’hésite pas à envoyer moult coups à grands renforts de “BAM !” et autres “POW”. On retient aussi le personnage pour sa légendaire naïveté, son mentor lui apprennant de nombreuses choses dont l’utilité des parcmètres, information essentielle pour tout citadin qui se respecte. C’est aussi la fameuse catchphrase “Holy (quelque chose), Batman !” qui a contribué au succès de cette version du personnage, tant son absurdité pousse à sourire. Il n’y a qu’à voir Burt Ward s’écrier avec surprise “Holy Venezuela, Batman !” pour comprendre qu’il est impossible de rester insensible au potentiel comique de cette itération du personnage. Ce rôle a fortement marqué son interprète, qui a publié en 1995 son autobiographie intitulée sobrement “Boy Wonder : My life in Tights”, qui revient notamment sur de nombreuses anecdotes de tournage, et autres histoires plus ou moins liée à la Batmania (à réserver à un lectorat averti, c’est parfois un peu putassier).

La version 1966 du personnage de Robin a aussi influencé sa représentation dans la série animée The Adventures of Batman, diffusée en 1968, dans laquelle il est doublé par Casey Kasem, connu pour être la voix américaine du Sammy de Scooby-Doo. Burt Ward prêtera sa voix à la version animée de son personnage dans la suite de cette série, intitulée The New Adventures of Batman, parue quant à elle en 1977. On retrouve aussi le Boy Wonder dans de nombreux épisodes de la série Super-Friends, entre 1973 et 1986, où il est doublé par différents acteurs dont les deux susmentionnés. Toutes ces versions possèdent les mêmes caractéristiques que le personnage de la série “live action” et reprennent notamment cette manie d’imaginer des punchlines à base de “Holy”. Un conseil : cherchez des vidéos du doublage VF de ces séries, vous ne serez pas déçus.

Note : nous avons également un dossier sur la série Batman ’66 sur le site (et une review pour le film qui en a décliné !)

Films

Batman Forever/Batman & Robin

1992. Batman Returns sort, réalisé par Tim Burton, suite de son premier film sur le justicier et succès critique retentissant. Après le départ de l’artiste, le studio confie un suite officielle aux deux longs-métrages à un nouveau venu, Joel Schumacher. Inspiré de la série TV des années ‘60, le réalisateur prend les rênes d’un projet loin de l’ambiance sombre et torturée de Burton, pour un premier film versé dans l’humour et le cartoon déjanté. Interprété par plusieurs acteurs de renom, les personnages de cette version disco de Gotham City comptent sur la performance de Chris O’Donnell, mémorable Richard Grayson de toute une génération. Pour l’anecdote, l’acteur avait précédemment tourné dans le film “Mad Love” avec Drew Barrymore, un parcours qui n’a pas nécessairement mis l’acteur sur de bons rails dans son approche du personnage.

Capricieux, idiot, le Robin de Schumacher est une caricature de l’ado rebelle, finalement plus proche de Jason que de Dick, et qui passe à côté de la symbolique père fils propre au personnage. Si le premier des deux essais du réalisateur reste très premier degré sur les origines du trapéziste, son interprétation sans vie fait de ce Grayson de cinéma un ratage complet, qui ne partage avec la version BD qu’un basique aspect cosmétique. Après ce changement de cap, Batman & Robin, le pourfendeur de franchise, mettra l’aspect comique au coeur de son propos. Si l’hommage à 66 est plus que jamais assumé (O’Donnell emprunte quelques répliques à Burt Ward pour l’occasion), son personnage tourne au running gag, enchaînant jeux de mots foireux et situations gênantes. Censé opérer sur un équivalent fraternel, son rapport à Bruce ne transparaît jamais autrement que dans un surjeu de crise d’adolescence. Quelques instants feront sourire ou pleurer les fans les plus assidus (une relation avec Batgirl faite de motos et de sous-entendus, ou un désir manifeste de se lancer « en solo », sans oublier l’ouverture mémorable : « c’est pour ça que Superman bosse seul »), qui ne seront pas les seuls déçus. Dans ce joyeux foutoir, O’Donnell se maintient dans un premier degré constant, loin du charme d’un Freeze euphorique en roue libre ou d’un Bruce complètement absent. Après l’échec critique et commercial du métrage, la franchise est sabordée avant un troisième épisode qui ne verra jamais le jour. Dernier fait en date : lors de la dernière SDCC, George Clooney présente ses excuses aux fans de Batman pour son rôle dans le film, et demande à ce qu’on lui en colle une en guise de pénitence. Oh, au fait, je vous ai parlé des tétons sur l’armure ?

Note : retrouvez notre review du film Batman & Robin ainsi que notre chronique C’était à Chier qui lui est consacrée !

The Dark Knight Rises

Après avoir ramené ramené Batman d’outre tombe, et obtenu l’admiration des fans et de la critique pour ses deux premiers films, Christopher Nolan achève sa trilogie du Chevalier Noir sur un dernier épisode en forme de bouquet final. Pari osé, et terrain de nombreux débats, The Dark Knight Rises aura surtout été la dernière tentative en date de porter un Robin sur grand écran. Un essai timide, voire hésitant, interprété par Joseph Gordon-Levitt, dans le rôle de John Robin Blake, un flic du Gotham Central qui n’a pour tout costume qu’un uniforme policier. A l’écran, le personnage n’est appelé Robin que dans les dernières minutes; son alias « John Blake » contribuant à préserver la surprise pour les fans. Reconnu et adoubé par Jim Gordon comme “un bon flic”, Blake devine l’identité de Bruce – à l’instar de Tim Drake – et est aussi un orphelin. Il recevra au fil de l’intrigue un enseignement accéléré du métier de justicier par le biais de quelques conseils, et de la transmission des valeurs de Batman : le masque, le symbole, la protection de son identité. Avant de prendre sa retraite, le Chevalier Noir laisse à l’oiseau de nuit les clés du château, avec assez d’équipement et de matériel pour prendre sa suite. S’en suivra un autre Batman, à l’image de Dick sous Morrison, ou bien un Nightwing – la questions est laissée en suspens. Après la relance des films DC Comics dans une continuité différente, ce Robin que le réalisateur assume de très loin reste l’incarnation la plus honorable du héros à l’écran.

Et demain ?

Cela ne vous aura pas échappé, le studio Warner Bros. travaille en ce moment même sur l’élaboration d’un ensemble de films adaptés des héros de DC. Vraisemblablement plus inspirés des comics que la trilogie réaliste de Christopher Nolan, le Bruce Wayne de cette nouvelle saga s’éloignera du principe habituellement utilisé de l’origin story. Vieillissant, accablé par le poids des années et un passé douloureux, ce justicier tout de noir vêtu affrontera dans quelques mois le Superman d’Henry Cavill sur les écrans. La promotion du film en amont semble avoir déjà réglé de la question de Robin – tombé sous les coups du Joker comme Jason Todd – sans dire s’il s’agit du premier ou du second. Inspiré par le Dark Knight Returns de Miller, ce Chevalier pourrait cependant préparer un ou une sidekick à l’avenir, dans le film Batman prévu pour 2018 et réalisé par Ben Affleck. Plusieurs rumeurs ont supposé que l’actrice Jena Malone serait, par exemple, Carrie Kelley au cinéma, d’autres pensent à un Grayson inspiré par celui de Dark Knight Strikes Again. La réponse à ces différentes théories devront encore attendre quelques mois. En l’attente, dans une ère où le studio semble prêt à adapter des héros tels que Shazam ou Aquaman, il n’est pas impensable d’imaginer que les studios Warner Bros. aient été guéris de la peur du ridicule souvent associée aux sidekicks colorés. 

Jeux vidéo

La série Batman : Arkham de Rocksteady

Teasé dès le premier jeu, le personnage de Robin fait partie intégrante du scénario de d’Arkham City,sorti en 2011 et d’Arkham Knight, paru en 2015, jeux dans lesquels il est d’ailleurs totalement jouable. Dans cet univers, c’est Tim Drake qui revêt le costume du célèbre sidekick de Batman, et manie pour l’occasion son fameux bo. On apprend, à travers le mode multijoueurs d’Arkham Origins, que c’est Dick Grayson qui avait été le premier à enfiler la tenue du Boy Wonder, avant de devenir Nightwing. Réduit à un simple personnage secondaire dans la trame de City, notre ami Tim connaît toutefois son heure de gloire dans le DLC Harley Quinn’s revenge, dans lequel le joueur a l’occasion de l’incarner afin de sauver Batman et de vaincre la “veuve éplorée”. Il est aussi disponible, tout comme Nightwing et Catwoman, dans le mode défi.

Robin fait son retour dans le jeu vidéo Arkham Knight, où il a droit un rôle bien plus important. Il est en effet l’un des compagnons de Batman dans la quête principale, et l’on découvre qu’il vit une romance avec Barbara Gordon, aussi connue sous l’alias d’Oracle. Il est d’ailleurs jouable dans le DLC consacré à Batgirl, et possède lui aussi sa mini-aventure. C’est cependant dans l’histoire principale qu’il brille le plus, puisque l’on met en avant sa relation quelque peu conflictuelle avec son mentor, tout en proposant aussi de bien belles phases de combat où il coopère efficacement avec ce dernier. Tim n’est toutefois pas le seul Robin mentionné dans le jeu, puisqu’il est aussi question dans ce jeu de la mort de Jason Todd, qui hante le chevalier noir… Ce dernier refera d’ailleurs surface, mais je ne vous en dit pas plus, n’ayant pas l’intention de vous gâcher la surprise.

Notons que les jeux Arkham proposent de nombreux skins faisant références aux versions les plus emblématiques de Robin, qui vous permettent par exemple de jouer la version de Batman TAS ou Red Robin.

Injustice : Gods Among Us

Paru en 2013, le jeu de combat Injustice : Gods among us ne nous propose étrangement pas de jouer Robin. Ce n’est pas pour autant qu’il n’est jamais mentionné, puisque l’on comprend que, tout comme dans la continuité principale, Batman a eu plusieurs sidekicks qui s’étaient cachés sous l’identité du Boy Wonder. Il faut s’attaquer aux comics tirés du jeu pour voir des Robin en action, mais l’on comprend déjà dans le mode scénario que le Damian de l’univers “dystopique” a plus ou moins tué Dick Grayson, et a fini par devenir un Nightwing mal intentionné. Tim Drake semble exister dans l’univers “héroïque” du jeu, puisqu’il est mentionné, à travers une carte bonus qui booste vos personnages, dans la version mobile du jeu. Si Injustice connaît une suite, il ne fait aucun doute qu’un Robin devrait être jouable, tant il est emblématique de l’univers DC.