Les points positifs :
Les points négatifs :
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« I don’t think I know this new Ivy. » – Harley Quinn
- Scénario : Amy Chu – Dessins et couverture : Clay Mann, Seth Mann – Couleurs : Ulises Arreola
- DC Comics – Poison Ivy : Cycle of Life and Death #1 – 20 janvier 2016 – 32 pages – 2.99 $
Dans la veine de ses publications récentes, DC Comics continue d’adapter en série solo’ les personnages de second plan de Gotham City. C’est cette fois au tour de Poison Ivy d’obtenir son propre titre, dans une mini en six scénarisée par Amy Chu et dessinée par Clay Mann, assez attendue par les enthousiastes de la direction contemporaine des bat-séries. Capable de faire tenir les seconds couteaux de la famille sur des titres indépendants, l’éditeur s’étend aux vilains, après le succès d’une Harley plébiscitée. Cette Poison Ivy, lancée en six plutôt qu’en ongoing (sans doute pour tester le retour du public), est une déception. Dans l’exercice de style calme et sans originalité, on échangerait volontiers le titre pour un Swamp Thing moins rétro que la dernière mini, mais le monde est ainsi fait.
Pamela Isley revient à son statut civil, et reprend une vie de laboratoire (végétative), raccrochant son bustier et ses envies de sauver arbres et arbustes, pour retrouver blouse, lunettes, et équilibre sain, parce que la planète, elle est grande, elle peut bien se débrouiller. Rattrapée par son passé et par Harley Quinn (qui vient aider le premier numéro à toper 2000 ventes de rab’), Ivy expose un besoin de quiétude après ses années de folie, lassée des comportements humains auto-destructeurs. Une philosophie du Green qui rappelle celle d’un certain Holland de l’époque Alan Moore : la hype gambade dans la prairie.
Cela étant, voir évoluer les héros de Gotham, pourquoi pas. Il y a de bonnes choses qui ressortent de cette tendance moderne à l’indépendance, et si d’aucun reprochent à la Harley post-relaunch un besoin régulier de montrer ses cuisses (j’vous jure, même en hiver), on y retrouve, comme chez le Grayson de King ou la Batgirl de Burnside un tronc commun de caractéristiques proches de l’état d’esprit « originel » de ces héros. Il n’en est rien de cette Pamela, plus Isley qu’Ivy, proposée ici en version allégée, sans reliefs, à qui ne reste que la couleur de cheveux pour évoquer encore la plante vénéneuse qui passionne les lecteurs d’hier et d’aujourdhui. Ce personnage est trop peu présent pour n’être autre chose qu’un archétype déjà lu. Sans trait de caractère particulier, sans intérêt, on ne retrouve pas chez ce personnage dépersonnalisé la puissance des fous de Gotham, pas plus que son histoire éditoriale. Ni plantes carnivore ni girl power sous-entendu ? Harley est partie bouder.
Derrière, en sort un récit hyper consensuel. La narration va du point A au B, par des dialogues « utiles » qui aiment à s’expliquer. Le rythme est plan plan, l’événement déclencheur arrive assez tard, un récit sans risques qui avance timidement. Au détour d’un coin de page, la question finit par se poser : cette série a-t-elle été lancée sur la proposition d’Amy Chu, ou bien n’est ce là qu’une énième zone sinistrée de l’ouragan Batgirl, et des essais lancés à la va vite dans le DC You, où on cherche le succès surprise sans vraiment essayer de le créer. Un genre de partie de ricochets où les séries rebondissent où floppent selon l’envie du destin – à croire que les lecteurs d’aujourd’hui seraient versatiles, qui aurait pu le croire ?
On peut cependant attribuer à la série plusieurs qualités au sein de ses défauts. Cette envie d’humaniser Pamela sera bien accueillie, par les mêmes lecteurs qui reprochent au DC moderne de se complaire dans le déjà vu, et la touche graphique, si elle reste assez commune à l’égard des parti pris artistiques de séries plus actuelles, est assez bien traitée.Il n’en demeure pas une série indispensable, ni pour les fans du personnage ni pour ceux qui ne s’intéressent à l’art séquentiel que pour la partie dessinée.
Poison Ivy, Cycle of Life & Death, qu’est ce que c’est ? Ce n’est pas du Poison Ivy, ça ressemble à du Swamp Thing, et en définitive, ce n’est juste pas grand chose de passionnant. Sans envie, le scénario est impersonnel et n’ose pas assez. Le dessin reste sage, et cherche une cohérence d’atmosphère dans cette enchaînement de platitudes goût chlorophylle. Une série sans gluten (donc fade), où la fidélité à l’héroïne s’arrête passé la couverture.
UN DEUXIEME AVIS C’EST BIEN AUSSI !!
Poison Ivy se retrouve donc le centre d’intérêt de cette nouvelle mini-série, et s’il y a bien une chose que l’on peut dire après la lecture de ce premier numéro : c’est que c’est très bon. Pour éviter de retomber dans ce que l’on connaît déjà, Amy Chu nous propose une orientation plus « réalise » pour le personnage, quelque chose de plus sage, avec une Pamela Isley qui n’est ici pas la fausse méchante que l’on connaît, mais qui n’a pas non plus une gentille. Le portrait établi est plein de nuances, et on suit surtout une femme qui cherche à s’affirmer dans la société et y trouver sa place, en combinant son affect de toujours avec les pouvoirs qu’elle a. Le lien avec les plantes du personnage est plus fort que jamais et le fond scientifique tient vraiment très bien. On n’oublie bien sûr pas de nous remettre quelques éléments classiques, comme la tonitruante Harley, mais ici elle ne s’efface pas derrière elle et justement, ça décontenance aussi cette dernière, qui aimerait peut-être plus la voir comme « avant ». Seulement, cette approche plus calme du personnage (en attendant de voir comment s’embarque la suite) apporte une fraîcheur certaine dans mes lectures du moment, servie par des dessins qui sont plein de charme, et qui participent à l’ambiance générale. En tout état de cause, je recommande chaudement cette lecture !
– ArnoKikoo
mmmm je vais peut être tenter ça…