Showcase #86 – Faker #1

En septembre 2007, Mike Carey, grand scénariste de l’imprint Vertigo, lance avec le dessinateur Jock une mini en six numéros baptisée Faker. Assisté par les couleurs de Lee Loughridge, la série sera éditée par Shelly Bond et sera publiée jusqu’en février 2008, avant d’être collectée en paperback deux mois plus tard. Faker, comme d’autres séries Vertigo de ces dernières années, est un de ces récits qui ne se mesurent pas à la hauteur des poids lourds de l’imprint, mais reste une lecture intéressante si vous êtes complétistes de l’un ou l’autre des auteurs. Comme c’est une mini en six, ce showcase ne se concentrera pas sur que le premier numéro, et résumera l’intrigue dans l’ensemble, sans trop en dévoiler.

Le numéro s’ouvre sur une jeune étudiante, qui tente de séduire un de ses professeurs. Habituée à l’exercice, celle-ci compte abuser de la naïveté de son enseignant, marié, pour lui extorquer des fonds après coup. Elle s’appelle Jesse Kidby, et c’est l’héroïne (vous voyez, ça commence bien, déjà). Jesse habite dans une maison de location avec trois autres étudiants : Sack, Y-Front et Marky. Tous trois ont rendez vous à une soirée étudiante le soir même, où Marky, obsédé sexuel auto-diagnostiqué, brise le coeur d’une de ses ex petites-amies encore attachée à lui. Le groupe se retrouve dans le laboratoire des cours de chimie, et commence à boire plus que de raison. Après une salve de remontées gastriques, Jesse s’éveille à côté de son quatrième colocataire, Nick, arrivé en retard à la fête. Le groupe rentre dormir, pour reprendre les cours le lendemain matin.

Les personnages de Faker sont à l’écho de selon comment le titre peut être interprété. L’un des axes de l’histoire porte sur l’hypocrisie des groupes d’amis en faculté, tous paumés, tous superficiels, vaguement liés par une amitié faite de mensonges et de désirs personnels. On comprend rapidement que Jesse se faisait tripoter par un tonton dégueulasse étant petite, que Sack est suicidaire et que Marky enfouit sous le désir de rapports sexuels constants un mal-être irrépressible. Seul dans ce lot de jeunes à la dérive à tenir debout, Nick est le plus sincère et le plus droit des cinq. Son seul problème, une formalité administrative : l’université n’a pas enregistré sa demande d’inscription, il doit la refaire avec un justificatif quelconque d’identité. Après avoir saucé son pote Sack d’un appel au secours au sommet d’un toit, Nick part chercher à son travail une fiche de paye, ou un numéro de sécurité sociale, pour faciliter les démarches. Étrangement, son supérieur ne le reconnaît pas et ne semble pas l’avoir déjà vu. Comme s’il n’avait jamais travaillé ici. Ah. Je vous avais dit que ce serait bien.

Interloqué, Nick semble s’interroger sur la vérité de sa propre existence. Il décide de sauter par dessus les étapes, et se rend chez un ex coup d’un soir, à qui il rappelle l’endroit exact d’un tatouage « privé ». La nana ne le reconnaît pas, lui en colle une (qu’auriez vous fait ?), et éclate en sanglots. Nick repart d’ici, en comprenant que ce n’est pas lui mais Y-Front, sa colloc lesbienne, qui a passé la nuit ici il y a quelques semaines. « Mais qu’est ce qui se passe donc bien ? », se demande Nick, surpris par cette éloquence soudaine. Le jeune homme rentre au domicile, et monte dans la salle de bains. Un hurlement plus tard, Jesse monte les escaliers rapidement pour chercher l’origine du cri. Elle ouvre la porte où elle espère trouver Nick, et là : Oh ! Un cliffhanger sauvage apparaît.

Le reste du récit ne saurait s’apprécier sans dévoiler des pans majeurs de l’intrigue, et gâcher le suspens qui contribue pour beaucoup à l’appréciation de cette mini. Je vous invite donc à tenter cette lecture, qui ne trône pas au sommet des indispensables de Carrey et Jock, mais reste une petite série rapide à lire et qui présente de vraies qualités, si vous êtes nostalgiques de Dawson et d’Au Delà Du Réel (des deux en même temps si possible, où que ça puisse vous placer sur la grille des tranches d’âges du public visé), ou si vous êtes fans du travail de Jock, toujours excellent, en particulier sur les différentes couvertures.