Showcase #82 – Green Lantern #1

En 1959, John Broome et Gil Kane créent Hal Jordan, dans le Showcase #22. Après l’apparition de Barry Allen en 1956, le Silver Age est lancé, et DC Comics entame la réécriture de ses personnages. Julius Schwartz, (très) grand éditeur de l’époque, met en place un relaunch de Green Lantern, tourné vers l’aventure et la science-fiction. L’équipe se met au travail et désosse pièce par pièce le héros de Martin Nodell et Bill Finger, ne subsistent que l’anneau, la lanterne et le nom. Green Lantern apparaît dans un premier numéro, avant de revenir un an plus tard dans sa propre série, en juillet 1960.

Héros inédit et premier numéro, confèrent origines et explication de ses pouvoirs. Voici le pilote Hal Jordan, convoqué sur Oa par les Gardiens sous une forme astrale. Ceux-ci l’interrogent sur l’obtention de son anneau – Jordan leur raconte comment, il y a un an, il a découvert le vaisseau écrasé d’Abin Sur et la bague de volonté. Dans cette nouvelle ère, les porteurs de bagues n’ont pas de nom spécifique, c’est Hal Jordan lui même qui choisit de se faire appeler Green Lantern. Les Gardiens effacent l’entrevue de sa mémoire, et le voici qui reprend sa vie de super-héros à mi-temps. On peut déjà questionner le choix de Jordan comme successeur d’Abin Sur : rien ne dit que son histoire est vraie. Si ça se trouve, la bague avait repéré Kyle Rayner. Hal Jordan a juste eu la chance de passer là au bon moment. Il a ensuite tabassé Abin Sur, avant de lui piquer sa bague et ses fringues, et s’est contenté de baratiner. Jusqu’ici, le héros est peut-être un dangereux psychopathe. Ou un violeur.

Convaincus de l’innocence du meurtrier (mais si, ça se tient), les Gardiens confient au héros une mission. Dans le secteur de Jordan, une planète abritant une forme de vie primaire est menacée. Le Green Lantern traverse l’espace, sans se demander qui lui a confié cette mission ou la raison de ces voix qui lui parlent dans sa tête – parce que : la schizophrénie est un détail du quotidien. Sur place, Hal Jordan découvrira une planète volcanique au ciel rouge, qui évoque la science-fiction des années ’50. La créature qu’il affronte, un genre de punk à crête géant (animé par Ray Harryhausen) semble invincible. Jordan, plutôt que de laisser l’évolution faire son oeuvre, choisit d’interrompre la chaîne alimentaire et de supprimer cet être supérieur (qui aurait éliminé les humains, sauvegardant l’équilibre moral et naturel de ce monde), en l’enfermant dans un bloc de glace. Il le laisse sur la banquise de la planète, en attendant que l’espèce ait suffisamment évolué pour amorcer le réchauffement climatique. Qui libérera le monstre de sa prison. Et les tuera. Tous. Un jour. Ainsi s’achève la première des deux histoires de ce numéro. Jordan rentre sur Terre en contemplant le projet d’inviter Carol à manger un bout, et à ne surtout pas utiliser ses pouvoirs pour combattre les vrais problèmes. Dictatures ? Famine ? Sérieusement, laissez moi inviter Carol à manger un bout.

On retrouve d’ailleurs Carol Ferris dans la seconde histoire. Comme toutes les femmes d’affaires des années ’60, celle-ci se maquille et pense à son copain. Elle songe mariage et projets d’avenir, se souvenant quand Green Lantern a interrompu un moment romantique pour sauver quelqu’un de la noyade. « Il aurait pas pu se noyer un autre jour ? » se demande Carol, en ajustant son push-up provocant (ok, la fin de cette phrase est totalement inventée). Le héros patrouille de son côté, et met fin au braquage d’une banque. Capturé et interrogé, le malfrat prétend avoir été sous l’emprise d’hypnose, ce qui semble tout à fait crédible auprès de la police (« mh… It makes sense »). On découvre l’origine de l’hypnose : un scientifique machiavélique, qui pense à voix haute, et expose le besoin de faire le mal comme une décision logique – faire le bien ne ramène pas une tune, et en plus, ça fait gonzesse. Armé d’un rayon de la mort capable de prendre le contrôle de n’importe qui à distance (il aurait pu le vendre pour des milliards à l’URSS, et prendre sa retraite au Vénézuela. Ou… N’importe quel endroit cool pour les vacances), le vilain s’en prend à Hal Jordan. Celui-ci, en bon justicier dans une guerre contre le crime, danse avec Carol à un gala quelconque. Sentant la menace, le héros traque l’origine du rayon pour découvrir l’antre secrète du vilain.

S’en suit un combat au sommet de l’epicness (avec des cordes et tout), qui conclut le numéro, lorsque le Green Lantern retrouve sa dulcinée. Il explique qu’il souhaite conquérir Carol en tant qu’Hal Jordan honnêtement, et pas sous son habit de héros (pendant ce temps, à Cuba…). Ce premier numéro pose une origin story solide pour le personnage. La première aventure est aux couleurs des années ’60. On retrouve le storytelling, la représentation de l’adversité, et la science-fiction de l’époque. Il marque les premiers pas d’Hal Jordan, héros amené à offrir de grands moments de l’histoire DC Comics. Tiens, cette série avec Green Arrow par exemple, qui était pas mal. Green Arrow était bon dedans. Ah, ce Green Arrow.