Review VF – Catwoman Eternal Tome 1 : Reine du Crime

Critique de Catwoman Eternal Tome 1
Les points positifs :
  • Ce vent d’air frais après Ann Nocenti
  • Ce vent d’air frais pour DC Comics en général
  • Deux vilains qu’on est content de retrouver
Les points négatifs :
  • Parfois bavard
  • Casting secondaire faiblard
  • Une romance pour l’instant artificielle

« Ne t’imagine pas que le costume fait le chat. » – Selina Kyle


  • Scénario : Genevieve Valentine – Dessin : Garry Brown, Tom Nguyen, John McCrea

Début 2014 sortait le Batman #28. Dans cet interlude en plein arc Zero YearScott Snyder offrait aux lecteurs une vision de Gotham telle qu’elle apparaîtrait dans la série limitée Batman Eternal. C’était également pour les lecteurs de découvrir une nouvelle Catwoman, ayant troqué son costume en cuir contre celui, plus seyant, d’un costume chic plus à même de représenter ses activités de marraine de la pègre. Quelques mois plus tard, Ann Nocenti abandonne le titre Catwoman pour le céder à la romancière Genevieve Valentine. Le lectorat pleure le départ d’Ann Nocenti à chaudes larmes, mais bien vite il l’oubliera pour s’intéresser au travail de Genevieve Valentine, intrigué par la nouvelle direction qu’elle donne au titre. Ce changement de ton n’a pas échappé à Urban qui décida carrément de rebooter la série dans une nouvelle lancée de tomes rangée dans la collection DC Renaissance, sous le titre, inédit, de Catwoman Eternal. Vu la différence entre les deux runs, la décision d’Urban ne paraît pas tellement incohérente, mais suffira-t-elle à redonner confiance aux lecteurs dans les aventures de Catwoman ? Et celles-ci méritent-elles cette confiance ?

 Contenu : Catwoman (Vol. 4) #35-40 + Catwoman Annual #2

Selina Kyle est l’héritière de la puissante famille mafieuse des Calabrese (oui, comme la pizza, on y a pensé). Ses activités dans la pègre la contraignent à ranger, ne serait-ce que temporairement, le costume de Catwoman. Mais sa ruse et son ambiguïté morale seront également sollicitées à foison dans ce nouveau poste, où elle aura pour tâche à la fois de gagner la confiance des autres familles mafieuses et de donner à Gotham des lendemains meilleurs. Le problème, c’est que parmi les familles mafieuses qui lui font face, on trouve également une poignée de clans au service de personnes peu recommandables bien connues des lecteurs de Batman… Selina Kyle aura-t-elle les ‘palle’ pour s’imposer dans ce nouvel univers ?

On se sent comme un plongeur en apnée qui remonte à la surface

Alors, mais quel changement. Après Ann Nocenti, la série est vraiment méconnaissable, à tel point qu’on en vient à chercher la logique de DC Comics qui reboote le titre Suicide Squad en New Suicide Squad tandis que le même auteur reste aux commandes, et qui enchaîne avec un numéro #35 un titre comme Catwoman qui subit une redirection pareille. Mais ceci est un détail formel sans incidence sur le contenu, et autant dire que cette nouvelle direction offre une véritable bouffée d’air frais aux lecteurs déçus de voir leur féline favorite se faire malmener par les New 52.

Au-delà du fossé qui sépare le travail de Genevieve Valentine de celui d’Ann Nocenti, cette nouvelle approche du personnage, plutôt originale, a aussi le mérite de se détacher du reste de la production de DC Comics dans son ensemble. Là où de nombreux titres visent l’efficacité à tout prix, respectant consciencieusement les quotas d’action pour ne pas dégoûter les lecteurs décérébrés qui sembleraient, selon eux, constituer leur lectorat, Catwoman, sous la plume de Genevieve Valentine, s’apparente à un comics plus exigeant, moins pop-corn, fuyant les artifices et le grand spectacle, pour tenter de séduire le lecteur avec une intrigue à priori plus subtile, articulée davantage autour des dialogues plutôt que sur les scènes d’action.

Je t’aime bien mais tu parles trop

Si c’est un mérite en soit, cette tactique a toutefois ses faiblesses. On en obtient un comics qu’on pourrait qualifier de bavard, voire de verbeux. On y décèlerait peut-être les origines de la scénariste, habituée aux romans, et on pourrait lui reprocher de ne pas assez exploiter les possibilités visuelles qu’offre le format du comics, comme si elle ne considérait les dessins que comme de la simple décoration autour des bulles, où se déroule, ici, l’essentiel de l’intrigue.

Abordant peut-être son scénario comme celui d’un roman, elle propulse en effet immédiatement le lecteur dans un réseau de personnages plutôt obscur. Non contente de ne pas lui exposer les circonstances qui ont amené Selina Kyle sur ce nouveau trône, elle fait immédiatement graviter autour de celle-ci une myriade de nouveaux personnages dont l’exposition est réduite au minimum, donnant l’impression au lecteur d’atterrir au milieu d’un run et non au début d’une nouvelle intrigue, comme le signifierait pourtant la mention ‘Tome 1′ sur la couverture. Aucune préface d’Urban ne vient d’ailleurs aider la pilule à trouver son chemin jusqu’à l’estomac. D’ordinaire, un comics a tout intérêt à ne pas prendre son lecteur pour un demeuré et à solliciter son attention quitte à le sortir un peu de sa zone de confort. Par exemple, Grant Morrison n’hésite pas à le faire et on kiffe (surtout Zep) ; mais la manière dont Genevieve Valentine démarre son run s’apparente davantage à de la maladresse, à un manque d’expérience dans l’écriture de comics, qui fragilisent les séquences d’introduction  et rendent ses premiers chapitres abrupts à prendre en main.

Ces inconnus dont on se fiche

Par rapport à d’autres scénaristes plus rodés, on constatera également que Genevieve Valentine peine à susciter auprès du lecteur de l’affection pour ses personnages. Du côté de Selina, sa caractérisation n’est esquissée qu’à travers une poignée de dilemmes moraux primitifs et une ou deux rencontres avec Batman, le tout au demeurant plutôt maigre. Mais le bât  blesse plus douloureusement du côté du casting secondaire, foisonnant qui plus est, qui laisse franchement indifférent. Ça devient réellement problématique lorsque Genevieve Valentine décide de rajouter une romance entre Selina Kyle et un autre personnage, romance ne passant par aucun build-up et prenant le lecteur totalement au dépourvu. Autant l’amour entre Tommy Monaghan et Deborah Tiegel dans les pages de Hitman pouvait serrer le cœur par son long développement sur plusieurs dizaines de numéros, ici un baiser soudain agrémenté de quelques lignes de dialogue sans subtilité manque cruellement de crédibilité lorsqu’il concerne deux personnages qui ne se sont rencontrés que trois fois jusqu’alors, et en vitesse. Elle avait évité les quotas stériles de scènes d’action, c’est dommage que Genevieve Valentine n’évite pas similairement l’écueil des romances artificielles, bien qu’on sente, presque à regret, qu’elle s’apprête à s’échiner à lui donner un poids dans l’intrigue dont on se serait bien passé.

Quant à l’intrigue en tant que telle, il s’agit d’une lutte de pouvoir entre les différentes familles mafieuses. Celle-ci est plutôt classique, mais se détache, non sans saveur, par sa construction lente, largement appuyée sur les dialogues, comme expliqué précédemment. Hélas, si l’on met ça de côté, le fond n’est pas tellement original, et s’il n’y avait le contraste violent entre les déboires d’Ann Nocenti et ce qui nous est présenté ici, il y a peu de chances que ce titre ait autant fait parler de lui. La petite cerise sur le gâteau de cette guerre de clans silencieuse serait sans doute l’implication de deux vilains plutôt importants au sein du Bat-verse. Le premier bénéficie d’un lourd passif dans la carrière éditoriale de Catwoman, et l’avoir choisi n’était vraiment pas une mauvaise idée ; quant au second, apparaissant plus tard, il profite de la surprise que suscite sa révélation au lecteur, sans compter que la case qu’il occupe sur l’échiquier de Genevieve Valentine lui sied assez confortablement.

Visuellement très honnête

Les dessins, eux, sont plutôt réussis. Hormis l’Annual partagé entre Tom Nguyen et John McCrea (eh ouais, le même que sur Hitman, pas pour rien que la série était citée plus haut), les planches sont assurées par le jeune Garry Brown (Iron Patriot du côté de la concurrence). S’il a parfois la petite faiblesse de réutiliser les mêmes cases lorsque la situation permet à ce qu’elles soient recyclées, ses visages, secs et cassés, ne vont pas sans rappeler la patte si caractéristique de Sean Murphy, ce qui risque de plaire à pas mal de nos visiteurs sur DC Planet ; il ajoute par ailleurs à ses pages un petit côté minimaliste rappelant, de loin, des Jordi Bernet et autres Javier Pulido. La colorisation chaude de Lee Loughridge contribue encore davantage à adoucir les dessins et à les rapprocher de la frange épurée des dessinateurs de comics.

Même si on peut avoir l’impression à la lecture de cette review que cette relance est un semi-échec, elle apporte un tel courant d’air frais, non seulement après le traumatisme d’Ann Nocenti mais aussi au milieu de la production de DC Comics en général, qu’on ne saurait ne pas la conseiller à un lecteur en mal de renouvellement. Mieux qu’Ann Nocenti ? À n’en pas douter. Une future référence ? Ça reste à déterminer.

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aedemiel
Invité
aedemiel
8 années il y a

« Le lectorat pleure le départ d’Ann Nocenti à chaudes larmes »
Non non…

Bien content que Genevieve Valentine reprenne les choses en mains, c’est un vent d’air pur pour le personnage et pour DC en général.

Corentin
8 années il y a
Répondre à  aedemiel

Guys… Ever heard about this tricky thing called irony ?

aedemiel
Invité
aedemiel
8 années il y a
Répondre à  Corentin

Justement, j’ai fais de l’ironie dans l’ironie. Parce que du coup ça s’annule :{

Calliope
Calliope
8 années il y a

Le lectorat a célébré le départ d’Ann Nocenti en faisant une fête à tout casser.

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