Review VO – Demon Knights Vol. 3 : The Gathering Storm

Les points positifs : Toujours très riche Les liens avec le reste du DCU Un titre vraiment à part dans les New 52 Les points négatifs : Qualité graphique en baisse Robert Venditti moins inspiré Une conclusion trop ouverte

« Fear not, men of Al-Wadi, the demon fights with us. Just, you know, don’t get in his way. » – Sir Ystin

• Scénario : Paul Cornell, Robert Venditti – Dessins : Bernard Chang, Chad Hardin, Phil Winslade – Couverture : Bernard Chang

• DC Comics – Demon Knights Vol. 3 : The Gathering Storm – 8 janvier 2014 – 256 pages – 19,99$

La série Demon Knights des New 52, brève (mais pas tant que ça) incursion dans le récit héroic-fantasy dans le DC Universe, n’aura pas survécu plus de deux ans au grand relaunch de DC Comics. Ce troisième tome nous conte donc la suite et fin des aventures de cette équipe de héros vraiment pas comme les autres, avec en prime le changement du scénariste pour proposer un nouveau statu quo. Un changement qui apporte un souffle nouveau, ou une tentative vaine de renouer avec l’intérêt du lecteur ? Réponse ici même !

Contient Demon Knights #12-23.

Nous avions laissé Jason Blood et toute sa troupe de personnages hauts en couleurs dans une bien mauvaise posture. Alors qu’ils venaient de battre la fée Morgane, adversaire sur leur route pour aller récupérer l’âme de Merlin en Avalon, voilà qu’Etrigan laisse sa nature de démon ressortir et envoie tout ce beau monde en Enfer, en cadeau à son maître Lucifer, qui a bien besoin d’amusement. Les rapports entre les deux, une relation maître-servant très fragile, amène son lot d’humour également au travers des répliques qui fusent, et de la caractérisation du Maître des Enfers, qui ne demande qu’à se divertir. Parce que passer les siècles à torturer les gens, ça finit quand même par lasser, il faut croire. C’est dans ce premier chapitre que Paul Cornell, qui en profite pour conclure son run d’ailleurs, fait encore preuve d’une belle inventivité en mettant ses protagonistes face à leurs tourments.

Je ne les listerai pas non plus, mais ils sont évidemment tous en rapport avec la personnalité de chacun, preuve étant, s’il fallait encore la faire, que Cornell maîtrise ses différents protagonistes, mention spéciale pour Vandal Savage qui reste assez drôle dans sa tourmente. Mais les petits délires ont une fin et les manigances de chacun vont amener à une grosse bataille en Avalon, sorte de point culminant, grandiloquent et un peu WTF de la même façon que la bataille contre la Horde du premier arc c’était déjà n’importe quoi. On pourra regretter une résolution un peu trop courte alors, qu’au vu du second TPB, je m’attendais à une épopée bien plus longue, mais l’auteur a préféré laisser la place à un autre.

Parlons donc un peu de cette reprise par Robert Venditti, qui à l’époque fait ses débuts dans les New 52. L’auteur a la bonne idée d’imposer un saut dans le temps d’une bonne dizaine d’années, ce qui permet d’apporter un changement de situation à tous les personnages, qui ne sont pas restés ensemble évidemment : les Demon Knights sont une équipe formée par nécessité, pas par choix. Et si un certain nombre de ses membres ont la particularité d’être des immortels, d’autres non comme Al-Jabr, ce qui amène de chouettes changements de statu quo. La donne est changée, et vous l’aurez deviné, l’équipe va devoir se reformer pour vivre de nouvelles aventures. Le problème c’est que Robert Venditti se contente de répéter un schéma – avec toujours en ligne de mire la quête du Saint Graal. Grosso modo, on se retrouve avec un affrontement des Knights contre d’autres factions, qui ont leur motivation propre (bien que ça reste : la domination du monde pour faire simple). Ca ne vole donc pas super haut, je préférais l’aspect de quête de longue haleine et de rencontres en tous genres que proposait Paul Cornell aux débuts de la série.

Après, ce que fait remarquablement bien Venditti c’est de lier ses histoires à l’univers DC tout autant qu’il puisse le faire avec ce titre atypique. Le personnage d’Exoristos, amazone exilée de Themyscira, permet d’introduire ce pan de la mythologie DC, tout comme l’auteur fait intervenir Cain, le premier Vampire que l’on retrouvera ensuite dans le titre I, Vampire. Et sans vouloir spoiler, on retrouve même des liens certains avec la série (annulée depuis) Stormwatch. Comme quoi même dans l’héroic fantasy on peut trouver son compte. Enfin, les interactions entre les personnages, même sous Venditti, restent d’un bon ton et piquantes même si le rôle de Vandal Savage pourra sembler assez redondant.

La part belle est faite à l’action dans une grande majorité des histoires, et c’est là que le bât blesse également parce qu’au niveau des dessins, la qualité s’amenuise au fur et à mesure de la lecture. Du style détaillé de Bernard Chang, aux couleurs vives, on passe à Chad Hardin (hé oui, le futur artiste du titre Harley Quinn) qui avec son encreur Wayne Faucher restent dans un style propre mais beaucoup plus lisse – et qui pour ma part me laisse vraiment de marbre – et qui souffre de la comparaison avec Chang, surtout au niveau des détails. Et on termine sur un numéro avec Phil Winslade aux traits brouillons et qui fait vraiment tâche, un peu bâclé : c’est dommage de finir la lecture là-dessus. Et aussi pour la toute fin, qui nous propose une conclusion très ouverte, très facile en vérité et qui quelque part, donne l’impression que toute la série aurait été une grosse origin story de l’équipe…

En définitive, la lecture de Demon Knights Vol. 3 est loin d’être déplaisante mais on sent que la série perd en qualité à tout point de vue, malgré la reprise par Venditti et un nouveau statu quo intéressant au début, qui s’essouffle après dans des histoires redondantes. On comprendra alors pourquoi le titre a ensuite été annulé, faute de ventes aussi, mais je conseille néanmoins la lecture de cette fin de run car Demon Knights avait cet avantage de proposer quelque chose de véritablement différent au sein des New 52, ce qui manquera par la suite avant que la tendance DC You ne se fasse sentir chez l’éditeur.