Review VO – Justice League : Gods and Monsters – Superman #1

Les points positifs : Un personnage attachant. Un commentaire social bienvenu. Une relecture efficace du mythe de Superman. Les points négatifs : Un récit un peu caricatural. Une fin un peu rapide.

« Hero ? I slaughtered those men, Valentina, and I enjoyed it. » – Superman

• Scénarisé par  J.M. Dematteis et Bruce Timm – Dessiné et colorisé par Moritat. – Couverture de Gabriel Hardman.

• DC Comics -Justice League : Gods and Monsters – Superman #1 – 40 pages- 29 juillet 2015 – 3,99$

Le film Justice League : Gods and Monsters est à présent disponible, et nous avons pu y découvrir une version bien différente de la trinité. Le Superman qui y était présenté, et que l’on connaît depuis son apparition dans un court métrage, est assez loin de son image traditionnelle de Boyscout. Il est en effet le fils du général Zod, et il est évident que cet homme d’acier a hérité de certains traits de caractère de son père. L’on a pu reprocher à Zack Snyder de rendre son Superman trop sombre et trop radical, mais sachez que ce n’est rien si on doit le comparer à celui-ci (qui n’a pas la prétention d’être le « vrai » , je vous le concède). Dans les deux œuvres animées précédemment citées, c’est à un héros mature que nous avions affaire, mais l’idée de ce petit one-shot (initialement paru en trois parties digitales) est de nous raconter l’évolution du personnage, depuis son enfance.

Dès le début du comic-book, on nous annonce la couleur. Le désespoir sera au rendez-vous, et l’on sera très loin des lumières de la luxueuse ville de Metropolis ou de la sympathique ambiance rurale de Smallville. Ici, notre kryptonien a été recueilli par un couple d’immigrés mexicains qui sont exploités par des propriétaires terriens, et qui rêvent d’une vie meilleure aux Etats-unis. On a effectivement droit à un petit commentaire social assez classique, mais qui a le mérite d’être un minimum engagé, ce qui colle parfaitement aux débuts du Superman des origines dans les premiers numéros d’Action Comics. Evidemment, le jeune Hernan Guerra (puisque c’est son nom terrien) tiendra à se révolter contre les conditions de vie qui lui sont imposées et souhaitera avoir recours à ses extraordinaires pouvoirs pour changer les choses, ce qui lui sera fortement déconseillé par ses parents adoptifs, totalement résignés, qui préfèrent attendre un miracle divin en priant la sainte vierge. Il faut avouer que tout cela fonctionne plutôt bien, même si l’on a droit à toute une série de clichés usés jusqu’à la trame, qui risque fort de froisser ceux qui attendent un chef d’œuvre absolu.

Cependant, la psychologie du personnage est plutôt bien travaillée, et les rapports, parfois conflictuels, qu’il entretien avec sa famille terrienne, sont franchement réalistes. On est bien loin de la cellule familiale idéalisée que constituait la famille Kent, et l’ajout d’une sœur, Valentina, dans cette structure est bienvenu. C’est d’ailleurs à travers ce personnage que l’on nous présente notre protagoniste dans les deux premiers numéros, et la narration est à la fois originale et efficace. Ce petit récit empreint de drame constitue une agréable lecture, et le choix de cette approche intimiste bénéficie grandement au titre, qui aurait pu sombrer dans la caricature dark que pouvait constituer le one-shot sur Kirk Langstrom. Ce Superman n’est pas un enfant de chœur, mais ce n’est pas non plus une machine dénuée de sentiment, et c’est toute sa complexité qui nous est expliquée dans ces quelques pages. On pourra toutefois regretter le fait que l’intrigue est assez prévisible, et que le moment de gloire du héros, qui survient à la fin du comic-book, soit un peu téléphoné, mais ça fonctionne plutôt bien, si l’on accepte toutefois de le lire comme le script d’un court métrage qui aurait pu être produit. Bruce Timm et J.M. DeMatteis ne livrent pas ici leur meilleur travail, mais les deux auteurs sont assez inspirés par ce Superman, et l’on sent qu’ils y ont mis du cœur à l’ouvrage.

En ce qui concerne la partie graphique, le travail de Moritat est assez inégal. L’artiste, qui encre lui-même ses planches et se charge aussi de la colorisation , peut nous livrer de très belles pages, mais aussi certaines qui peuvent sembler totalement bâclées, surtout lorsqu’il s’agit des scènes les plus anecdotiques. Il faut cependant saluer sa mise en scène très efficace, grâce à un découpage qui dynamise le récit.

Justice League : Gods and Monsters Superman nous présente une version plutôt intéressante de l’homme d’acier, confrontée à de nombreux dilemmes qui ne sont pas tous étrangers à son pendant classique. Le travail des scénariste est efficace, et l’on se prend rapidement d’affection pour ce héros aux abords antipathiques, qui est loin d’être aussi froid et cruel qu’il n’y paraît. Si vous n’êtes pas totalement allergique au concept de héros sombres et torturés, je ne saurais que vous conseiller cette lecture, qui, a défaut d’être indispensable, reste plaisante et bien écrite.