Review TV – Justice League : Gods and Monsters

Les points positifs : Un univers sombre et intriguant. Des héros bien différents de leurs modèles. Un design très réussi. Le retour de Bruce Timm ! Les points négatifs : Un univers auquel il faut adhérer. Un film à ne pas montrer à vos enfants (mais ça, c’est pardonnable). Une fin un peu abrupte.

« What about our terrorist organization ? What about the Justice League ? » – Lois Lane

• Justice League : Gods and Monsters – 28 juillet en version digitale, DVD et Blu-Ray (le 23 septembre en France).
• Blu Ray/ DVD et Téléchargement numérique – 72 minutes – 14,99€

Ces derniers temps, on a beaucoup accusé la qualité des films animés estampillés DC Entertainement de baisser en qualité. Il est vrai que les plus récents de ces longs métrages ne figurent pas parmi les meilleurs (bien que certains soient tout de même très regardables) et c’est à juste titre que l’on s’en inquiétait. Cependant, l’espoir est très vite revenu lorsque Justice League : Gods and Monsters a été annoncé, pas seulement en raison de son pitch très original, mais surtout grâce au nom d’un homme rattaché à ce projet. Bruce Timm. Il est évident que cette simple déclaration avait de quoi mettre en confiance un grand nombre des fans de DC, qui se rappellent tous l’âge d’or du DC Animated Universe. C’est d’ailleurs cet auteur légendaire qui se charge du scénario, avec Alan Burnett, qui a lui aussi contribué au succès de Batman The Animated Series. Le film est réalisé par Sam Liu, un habitué des longs métrages animés de chez Warner Bros. Toutes les conditions sont donc réunies pour produire une œuvre de qualité, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la déception n’est pas au rendez-vous.

L’univers qui nous est présenté dans Justice League : Gods and Monsters est très différent de celui auquel nous sommes habitués. En effet, la ligue de Justice n’est composée que de trois héros, Batman, Superman et Wonder Woman. Cependant, il ne s’agit pas de la trinité telle que nous la connaissons tous. Le premier est en réalité Kirk Langstrom, devenu une sorte de vampire, le second est le fils du général Zod, qui a été élevé par une famille d’immigrés mexicains et la dernière est la fille du High Father, dirigeant de la planète New Genesis. De ce fait, nos nouveaux héros n’ont pas la même aura que leurs versions traditionnelles, et souffrent de critiques acerbes de la part des médias, en raison de leurs méthodes plus que radicales. Evidemment, cette controverse s’accentuera suite à une série de meurtres, commises par de bien mystérieux personnages aux pouvoirs bien proches de ceux des membres de l’équipe de super-héros. Les autorités auront tôt fait d’accuser les protagonistes, qui devront mener l’enquête afin de prouver leur innocence.

Le scénario est très original, et nous plonge dans un univers sombre et passionnant, d’une maturité surprenante. Chacun des trois membres de la ligue est développé, et possède une personnalité propre, bien différente de leurs modèles respectifs. L’on a droit à l’exposition de leurs tragédies personnelles, et il faut avouer que l’écriture du film est particulièrement habile. Chaque sous-intrigue est finement construite et permet d’explorer un pan entier de ce nouvel univers. J’ai particulièrement apprécié l’histoire de Wonder Woman, qui constitue une relecture intéressante du Fourth World de Jack Kirby, œuvre chère à Bruce Timm, qui l’avait évoquée à plusieurs reprises dans ses séries animées. L’intrigue principale n’est pas en reste, et nous dévoile de nouvelles versions de personnages clés comme un Lex Luthor très Stephen Hawking-esque, une Lois Lane bien déterminée à  prouver que les super-héros sont dangereux telle une J.Jonah Jameson au féminin, un Will Magnus intriguant et une nouvelle version des Metal Men (particulièrement bien trouvée, il s’agit là d’une des meilleures idées du film) et une Amanda Waller… Ah non, en fait elle reste complètement fidèle à elle-même.

Si le script est une réussite, l’animation n’est pas en reste et l’on a droit à du grand spectacle. Les graphismes rendent justice au character design bien inspiré de Bruce Timm, dont le style anguleux et minimaliste a fait la renommée, et les décors ne sont pas en reste. Les environnements sont parfaits et chacun a sa propre ambiance, l’on sent que le film a été mûrement réfléchi, et le moindre détail semble avoir été pris en compte. C’est un véritable plaisir de retrouver ce style graphique qui a fait les grandes heures des années 90 et il est appréciable de voir les personnages en action, dans ce film a l’esthétique très travaillée, marqué par une violence bien assumée.

Le travail de doublage bénéficie lui aussi d’un soin tout particulier, et le travail des comédiens principaux est remarquable. Michael C. Hall, que l’on a pu voir dans la (décevante, eh oui je me permets) série Dexter, campe un Kirk Langstrom totalement creepy qui marquera à coup sûr les spectateurs, Benjamin Bratt trouve le ton juste pour jouer son Superman strict et stoïque, bien que profondément humain et Tamara Taylor (que l’on connaît surtout pour son rôle dans la série Bones, il m’arrive en effet de regarder de la mauvaise télévision, ne me jugez pas) assure totalement en Wonder Woman à la fois forte et fragile, ce qui en fait peut-être le personnage le plus intéressant du trio. La musique de Frederik Wiedmann, qui a oeuvré sur les séries Green Lantern : The Animated Series et Beware The Batman, est elle aussi tout à fait correcte, et correspond parfaitement au ton du long métrage, en étant à la fois sombre et inspirante. Mais il ne s’agit malheureusement pas d’un score musical à la hauteur des meilleurs de la collection de films animés produits par la même boîte.

Justice League : Gods and Monsters est clairement le chef d’œuvre que l’on nous avait promis et j’ai été surpris de la qualité du long métrage, alors que je m’attendais déjà à un film plus que correct, c’est dire à quel point Bruce Timm et Alan Burnett ont réussi leur pari, en nous proposant bien plus qu’une version « dark » de la Justice League. Les nouvelles versions des héros iconiques de l’écurie DC Comics sont très intéressantes, et c’est avec plaisir que l’on découvre leurs origines, tout en suivant une intrigue bien ficelée. Warner Bros animation tient ici une œuvre qui vient relever le niveau de ses productions et l’on peut dire que Timm et Burnett nous proposent en quelque sorte une histoire qui est au DCAU ce que Watchmen est à l’univers DC, c’est dire s’il faut impérativement se jeter sur le DVD/ Blu-Ray / la copie numérique (rayez la mention inutile) de la chose.

Un deuxième avis c’est bien aussi !

Justice League : Gods & Monsters c’est surtout le retour en fanfare de Bruce Timm sur de l’animation chez Warner Bros… et c’est aussi une grosse déception personnelle. J’en vois venir qui vont bondir de leur fauteuil et commencer à rouspéter qu’il n’est pas possible de ne pas aimer Bruce Timm. Et moi je dis que quand on livre un Justice League : Gods & Monsters c’est tout à fait possible. Attention, ne vous méprenez pas, je n’ai pas dit que le film était nul, mais qu’il s’agit d’une grosse déception. Je m’explique. Les paris réussis sur le film sont simples : des personnages très différents de leurs homologues « classiques » et un univers qui offre un tout nouvel éventail de possibilités. Mais ça s’arrête là en fait pour moi. En fait, je ressens beaucoup trop Justice League : Gods & Monsters comme un gigantesque pot-pourri. On pourra arguer que c’est un peu le cas de tout ce qui se fait ces derniers temps, certes. Mais là c’est tellement fort et évident que ça m’a gêné. Je crois que le pire c’est le flashback sur Wonder Woman qui est un truc entre « ce rêve bleu » et la love story d’Avatar qui est déjà elle-même une resucée maladroite de Roméo et Juliette. Le Superman n’est rien d’autre qu’une variante de ce qu’était Superman Red Son en poussant le vice de changer le papa et la famille d’adoption, quant à Batman, Gaslight n’est finalement pas si loin. Heureusement finalement que ces derniers n’ont rien en commun avec les héros que l’on connait. Et l’histoire ? C’est simple, la Justice League est une bande de petits cons qui se croit tout permis, donc quelqu’un veut les tuer. Simple, précis et efficace. Techniquement ça n’a rien d’une tuerie puisque même Young Justice me paraissait mieux animé et la 3D est franchement bien trop mal exploitée et intégrée pour être considérée comme une valeur ajouté. On nous avait également promis un animé, et un univers, plus sombre, plus violent. Alors oui, on ne va pas se mentir c’est bien le cas (et j’ai vraiment hâte de voir ce que peuvent donner The Flash ou encore Green Lantern dans cet univers), mais rien de plus fou que ce que l’on avait déjà pu voir dans Flashpoint… Mais le pire, c’est la fin, qui vient finalement défaire tout ce que l’on peut voir précédent. C’est surtout la manière extrêmement abrupte des choses qui fait qu’on n’y croit pas une seconde. Pour conclure, dans sa globalité, j’ai plus l’impression que Justice League : Gods & Monsters était une introduction à quelque chose d’un peu plus grand, plus travaillé, plus profond et que ce que l’on a servi n’était qu’une mise en bouche faite pour aider les benêts que nous sommes à appréhender ce nouvel univers. Ni la technique, ni les personnages, ni leurs dynamique, ni les dialogues ne sont flamboyants et le génie des précédentes œuvres de Timm me semble bien loin.

– Nathko