Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Je ne m’entends pas avec ma famille… » – Eve Coffin
- Scénario : Caitlin Kittredge – Dessin : Inaki Miranda – Couleur : Eva De La Cruz.
- Vertigo Deluxe – Coffin Hill tome 2 – 26/06/2015 – 168 pages – 15 €
Après un premier tome assez correct, bien que versé dans de gros clichés qui tachent (on se croirait parfois dans une série télévisée diffusée sur the CW, notamment quand on nous montrait les flashbacks des « soirées satanistes » qui sont loin d’être aussi glauques que l’on peut l’imaginer), Coffin Hill revient dans un nouveau tome, qui vient nous en apprendre davantage sur les mystères qui entourent la lignée maudite des sorcières Coffin, et sur les divers maux qui touchent les environs du manoir familial. Alors, le titre est-il à la hauteur du prestige passé du label Vertigo ? Est-ce un indispensable, ou n’est-ce qu’un simple coup d’épée dans l’eau ?
Alors que l’histoire reprend, nous retrouvons Eve en bien mauvaise posture , puisqu’elle est coupable de meurtre, suite à de sombres événements liés à l’affaire du tueur de Boston, surnommé Ice Fisher, et se retrouve emprisonnée, alors que Nate retrouve son frère, un bien mystérieux personnage qui semble en connaître un rayon sur les sorcières, et se montre bien déterminé à en finir avec ces femmes maléfiques. Le récit repose sur différentes histoires, qui vont se rejoindre à un moment donné, et l’on a droit à l’intégralité de l’enquête de Boston, ainsi qu’à une visite de Coffin Hill, qui semble effectivement être un endroit bien peu accueillant. La caractérisation des personnages de Nate et d’Eve est davantage approfondie que dans le premier tome, et l’on sent que Caitlin Kittredge cherche à bien développer son univers.
Cependant, bien que cette volonté soit louable, on sent que l’auteur est avant tout une romancière (en carton, mais soit, des gens lisent ses livres pour « jeunes adultes », vous savez, cet euphémisme pour dire « livre de merde pour adolescents attardés façon Hunger Games« ) car elle cherche à faire traîner en longueur certaines scènes, et multiplie les sous-intrigues, ce qui ne fonctionne pas du tout en comics, d’autant plus que l’exécution est totalement maladroite. N’est pas Neil Gaiman qui veut. De même, bien que l’histoire policière soit relativement bien ficelée, elle reste remplie de clichés et d’incohérences, et pourrait sortir du script d’un épisode de Supernatural (ce qui n’est pas un compliment, croyez-moi). La partie horrifique ne s’en sort pas beaucoup mieux. Honnêtement, voir que la scénariste se déclare inspirée par le grand H.P Lovecraft a tendance à me faire rire plus qu’autre chose. Je ne sais pas à qui ça peut faire peur, et j’estime lire un titre bien plus fantastique (bon, dans une certaine mesure, je sais que Todorov ne serait pas d’accord avec moi, mais passons) qu’horrifique.
Pour autant, je n’irai pas dire que la série n’a aucun potentiel, car sa vision des sorcières est relativement intéressante et le développement de sa protagoniste est intriguant. Il est simplement dommage que la tonalité choisie soit si proche des produits destinés aux adolescents, ce qui ne ressemble clairement pas au Vertigo de la grande époque. Shelly Bond n’est pas Karen Berger, et l’on voit que le label n’a plus du tout la même saveur, ce qui est regrettable. J’imagine que la série saura trouver son public, chez les amateurs de récits « d’horreur-mais-pas-trop-quand-même-il-ne-faut-pas-déconner-non-plus ». Alors que par le passé, on était habitué à trouver de la qualité à coup sûr, ce titre n’est pas une grande réussite, mais un simple produit sympa mais pas top, destiné à un public jeune et non aux cinglés dingues de Gaiman et consorts comme on essaie de nous le vendre.
Pour ce qui est de la partie graphique, Inaki Miranda s’en tire plutôt bien et nous propose de jolies planches, bien que son style très aseptisé n’aide pas vraiment à construire une ambiance glauque et oppressante, mais tout au mieux une atmosphère vaguement intrigante. Les personnages sont plutôt bien designés et j’ai personnellement bien accroché au look d’Eve, qui gagne en charisme grâce aux dessins. En ce qui concerne la colorisation d’Eva De La Cruz, je suis beaucoup moins fan. On se retrouve soit avec des pages à dominante bleue, soit à dominante rouge et… c’est tout. Cet aspect binaire et caricatural reflète ces mêmes défauts que l’on retrouve dans le script, et il aurait été judicieux d’éviter de tirer sur l’ambulance. D’autant que le travail de la coloriste a tendance à nuire un peu à celui du dessinateur, qui s’en sortirait bien mieux en noir et blanc.
Pour moi, ce deuxième tome de Coffin Hill est à l’image du premier, il repose essentiellement sur un mélange brouillon de petites intrigues pas toutes bien construites, et s’embourbe dans des clichés tout droit sortis des pires productions pour adolescents. Dommage que tout cela vienne gâcher un certain potentiel, car la redéfinition du mythe de la sorcière entreprise par Caitlin Kittredge n’est pas totalement idiote, mais je ne pourrais malheureusement pas recommander cette lecture sérieusement, à réserver aux curieux qui souhaitent s’épancher sur le cruel sort du label Vertigo.
J’ai essayé d’y retourner malgré le fait que le premier volume ne m’a pas vraiment convaincu.
Ben, comme énoncé dans la review, c’est vraiment pas très bon même si je veux bien reconnaître qu’il y a du mieux dans lestorytelling et la narration éclatée un tout petit peu moins brouillonne; c’est tout de même loin d’être maîtrisée.
La partie sur l’enquête du Ice Fisher a ses bons points, ça se laisse lire sans trop de soucis. L’autre partie en revanche, celle qui se passe dans le présent à Coffin Hill, c’est vraiment la cata… Une caractérisation des personnages toujours aussi peu convaincantes, la difficulté de l’auteure à installer une atmosphère pesante et une lourdeur dans les dialogues assez insupportable.
Je vais m’arrêter là sur ce titre, c’est pas pour moi, et m’en retourner aux histoires de sorcières de Terry Moore. Dans Rachel Rising, y a tout ce que cherche à transmettre Caitlin Kittredge, personnages féminins forts, histoire alambiquée, sentiment de malaise face à des atrocités du quotidien ou surréalistes, mais c’est incomparablement mieux réalisé.
On est bien d’accord, Rachel Rising c’est bien plus maîtrisé, et bien moins « teen ».
Ma copine adore les Coffin Hill, j’avais trouvé le premier sympathique, rien de transcendant, je suis entrain de lire le second. Je pense que t’es tout simplement pas la cible zepp ;) Comme tu le dis, c’est plus un style ‘teen’.
Yeap, je peux paraître très méchant dans ma review, mais je pense que c’est produit correct pour du comic book pour teenagers. Mais ce n’est pas ce que j’attendais du label Vertigo…