Showcase #74 – Ambush Bug : Year None #1

A l’heure où les comics faisant la part belle à l’humour font leur retour chez DC Comics sous l’impulsion de séries comme Bat-Mite ou encore Bizarro, le moment semblait venu pour s’intéresser à l’humour grinçant de Keith Giffen. Pour cela, un retour en 2008 s’impose, pour la sortie de Ambush Bug : Year None, mini-série en six parties mais qui se terminera avec son numéro #7, comme ça juste pour la blague. Vous vous demandez peut-être, pourquoi choisir ce titre plutôt qu’un autre au sein de l’imposante bibliographie de Giffen ? Et bien tout simplement parce que c’est le choix de la grande patronne des Showcases et on ne discute pas ses ordres, croyez-moi !

Malgré tout, au moment d’écrire ces lignes, je me rends compte qu’il est finalement assez difficile de résumer ce premier numéro de façon linéaire, tant Giffen se laisse aller à de nombreuses digressions, rien que pour le plaisir de la blague ou du bon mot. De toute façon, puisque retranscrire des blagues, comme ça, n’a pas grand intérêt, je ne vais même pas essayer. Il y a malgré tout quelques petites choses à dire sur cette série, alors c’est parti.

Ambush Bug : Year None #1 donc, écrit et illustré par Keith Giffen et dialogué Robert Loren Fleming met en scène Ambush Bug (mais ça vous l’aviez deviné) en pleine enquête pour résoudre le meurtre de Jonni DC, une version féminine de Johnny DC. Johnny DC, pour ceux qui l’ignorent, était à l’origine un personnage mascotte utilisé par DC durant le Silver Age pour promouvoir des comics et que l’on pouvait croiser, occasionnellement, en tant que personnage métafictionnel. Ca tombe donc bien, parce que les discours « méta » sont légions dans Year None. Mais alors pourquoi faire de ce personnage une femme juste pour, ensuite, la faire assassiner ? Disons que Giffen va largement profiter de ce comics pour se moquer du traitement réservé à certains personnages féminins dans les comics des années 90 et 2000.

Fidèle à lui-même, Keith Giffen va de toute façon utiliser cette série comme un vrai défouloir et tout le monde en prendra pour son grade de façon plus ou moins virulente. A la recherche d’aide pour son enquête, l’histoire emmène Ambush Bug entre errances mentales et rencontres surréalistes avec des personnages de DC faisant appel à l’imposante histoire de cet univers. Ainsi au détour d’un coup de téléphone, avec Jean Loring à propos de Sue Dibny, Giffen rend Ambush Bug responsable, en partie, de la mort de cette dernière. Une conversation au sujet d’une fête va prendre une tournure étrange et rendre Loring folle de rage alors que le Bug conclura par la phrase suivante : « Tu penses que je devrai lui mettre la puce à l’oreille ? » en parlant de la femme de Ralph Dibny. Ce à quoi Jean Loring répondra qu’elle le fera elle-même… Ce dialogue, lourd de sens, pour les connaisseurs de DC donne finalement le ton du numéro dans sa globalité.

Ambush Bug va, par exemple, croiser des personnages de la Green Team des années 70 ou encore le Sandman de Jack Kirby devenu complètement dingue à cause des reboots et des changements dans la continuité. Tout comme une Yankee Poodble du Zoo Crew en mode starlette complètement égocentrique. Ce n’est pas tout puisque la série va mettre sur le tapis les enfants illégitimes du Phantom Stranger, totalement gratuitement et va basculer définitivement dans le n’importe quoi le plus total à la découverte de la menace qui pèse sur Ambush Bug. Il s’agit, en fait, de Argh!yle!, une chaussette rendue vivante après un contact avec des produits radioactifs, et portant le masque du Doctor Doom de Marvel. Ce dernier a été trahie par le personnage principal dans le passé et s’est promis de se venger. Après une tentative d’assassinat ratée, Argh!yle! s’adjugera les services de Go-Go Chex, autre personnage surréaliste avec un visage en damier et ne s’exprimant qu’avec des expressions des années 60, pour finir le boulot. Pour découvrir tout ça, il faudra néanmoins se procurer l’intégralité de la série et si les délires présents ici ne vous suffisent pas, sachez, au moins, que la suite est certainement encore plus dingue.

A l’image du numéro qu’il traite, je dois bien avouer que ce showcase est assez décousu et ne fait que frôler la surface de ce récit totalement barré. Les amateurs de comics méta, dans lesquels le quatrième mur est régulièrement détruit à coup de punchlines et de blagues bien senties devraient, en tout cas, être aux anges avec cet Ambush Bug : Year None. Tout ça, bien sûr, à condition d’avoir une petite connaissance du DC Universe pour apprécier toutes les références et l’humour grinçant de Giffen.