Review VO – Doomed #1

Les points positifs : Un concept avec du potentiel Pas trop mal raconté Léger et humoristique Les points négatifs : Trop introductif Vers quels enjeux ?

« Urng ? » – Doomed

• Scénario : Scott Lobdell – Dessins : Javier Fernandez – Couleurs : Ulises Arreola – Couverture : Javier Fernandez

• DC Comics – Doomed #1 – 17 juin 2015 – 32 pages – $2.99

Vous vous souvenez du crossover Superman : Doomed publié l’été dernier ? Avec Superman qui était infecté par le virus Doomsday ? Et avec Scott Lobdell (dit « le bien aimé ») à l’écriture, enfin au moins sur le premier numéro ? Hé bien il y a un petit peu de cela dans ce nouveau titre qui vient chercher un lectorat différent au sein du DC You.

Reiser est un jeune étudiant de Metropolis, qui se réveille près d’une rame de métro complètement dévastée. Autour de lui, que des décombres, et à l’endroit où il a vraisemblablement atterri après une longue chute, une profonde marque au sol. C’est lorsqu’il se voit dans une vitre qu’il comprend ce qu’il est devenu. Le lecteur, lui, a une apparence visuelle, mais nous ne savons pas encore de quoi il en retourne vraiment. Et tout le reste du numéro se composera d’un long flashback pour présenter le protagoniste ainsi que son environnement. Je l’avais déjà annoncé dans la review du Sneak Peek, mais on retrouve du Peter Parker dans ce héros. Un étudiant qui a ses problèmes et occupations du quotidien : aller rendre visite à sa tante (Isabelle Sorentino qu’il la appelée..), trouver un nouveau colocataire (et oh ! mais qui diable est donc ce mystérieux voisin ?), aller draguer de la demoiselle… Des occupations habituelles qui vont être marquées par le premier jour de Reiser en tant que stagiaire à S.T.A.R. Labs – où évidemment il va se passer quelque chose. C’est le pitch du bouquin : la contamination par le virus Doomsday, mais quand on voit comment ça arrive, on se dit une seule chose : ce n’est pas sérieux. Nan, vraiment. Pourtant le personnage principal, si on le voit très enjoué et peut être un peu naïf, là, il est juste très con. Mais ça apporte une touche comique bienvenue compte tenu de la gravité de la situation, et on espère que Scott Lobdell continuera dans cette direction, car le potentiel est là, et on imagine tonne de scènes farfelues, à l’instar de celle qui vient conclure le numéro.

Parce que le ton est volontairement comique du début à la fin, avec cette situation un brin classique du quotidien d’un jeune homme sans histoires perturbé de façon drastique. Je l’ai dit avant, tout ce numéro permet de le présenter, et d’avoir une idée de sa personnalité – ce qui devrait aider à comprendre quels seront ses choix au cours des prochains numéros. L’occasion également de présenter un entourage décalé (la tante et son terrible chien Oui oui) et de façon générale, tout a l’air un peu « à côté », avec quelque chose qui cloche un peu dans chaque scène ; ce qui amène petites surprises les unes après les autres, et surtout nous demande dans quelle voie Lobdell va s’engouffrer. C’est un avantage et un inconvénient pour ce numéro #1, car si la curiosité reste présente, on a reste quand même sur sa faim, car toute l’introduction n’est que ça en fait : une introduction, et en vérité, il n’y a pas vraiment d’accroche à lire la suite, puisque le numéro se conclut exactement là où il s’est terminé, n’apportant à peine plus d’éléments narratifs pour donner envie de poursuivre la lecture. On en reste donc juste à la présentation du héros et du concept du titre. Mais sans véritables enjeux, difficile de trouver une accroche pour revenir le mois prochain. Et c’est un peu dommage, car dans l’ensemble j’ai trouvé l’écriture correcte, malgré les traits inhérents au style de Lobdell, qui rajoute toujours énormément de cases de pensées sans grande portée narrative (heureusement, c’est moins pire que dans Red Hood/Arsenal) et des transitions un peu abruptes entre certaines scènes. Pour le reste, on ne peut pas lui faire trop de reproches puisqu’il s’attaque un peu à « son » univers ici, et peut donc mettre en application ses idées, assez nombreuses, sans que ça fasse trop fouillis ; mais forcément en 20 pages il manque de la place pour tout raconter, et ce sera donc à suivre le mois prochain, en espérant que ça décolle vraiment.

Concernant la partie graphique, Doomed ne s’inscrit pas vraiment dans les titres qui auront une véritable patte graphique, à l’instar de Black Canary ou de Bat-Mite qui ont des styles très tranchés. Sans pour autant être dans du mainstream classique, les dessins de Javier Fernandez collent assez bien à l’ambiance (pour l’instant) légère du titre, avec parfois quelques esquisses qui lorgnent du côté cartoon et qui sont bienvenues. On voit que l’artiste s’applique et de façon  générale, malgré un découpage très classique, les évènements s’enchaînent bien et la lisibilité est là. J’émettrai toutefois une certaine réserve sur l’apparence de Doomed pour le moment (même si la couverture variante de Ken Lashley m’a convaincu qu’il pouvait avoir de la gueule), et j’ai surtout hâte de voir ce que l’artiste donnera dans les scènes d’action, qu’on espère un brin grandiloquentes compte tenu de la situation.

Si Scott Lobdell a déçu de nombreux lecteurs depuis pas mal de temps, sa reprise sur le titre Red Hood n’ayant pas même réussi à redorer son blason, Doomed sera peut-être le titre qui le réconciliera avec son public. Maître de ses personnages et de son concept, l’auteur peut en effet exprimer ses idées sans retenue, et si pour le moment, on en est resté à une grosse introduction (qui aurait pu être raccourcie, c’est sûr), on a déjà là les ficelles de cette série : un d’jeune un peu teubé dans un environnement un peu loufoque, à qui il arrive une situation qui devrait amener à de bonnes grosses scènes d’action – et de franche rigolade. C’est tout ce qu’on souhaite en tout cas, car pour le moment, on reste sur notre faim.