Review VF – Superman Saga #18

Les points positifs : Le run de l’équipe Johns/Romita Jr sur Superman redécolle ! Action Comics devient une bonne série de complément Les points négatifs : La déception Superman Unchained, qui ne restera pas dans les annales. Ni même Batman/Superman… Ni Supergirl, d’ailleurs !

Que devient donc la Superman Familly, chahutée le plus souvent par des choix parfois hasardeux de leurs équipes créatives ? Qu’en est-il ce mois-ci ? Vous allez le voir, ce numéro c’est un peu les montagnes Russes, côté qualité. Alors qui se plante, qui progresse, qui s’enfonce, dans ce magazine qui est dispo depuis le 12 juin en kiosques pour 5 euros 60 ?

Superman Unchained #9

• Scénario : Scott Snyder – Dessins : Jim Lee, Dustin N’Guyen – Colorisation: Alex Sinclair, John Kalisz

Superman Unchained avait été annoncé en grande pompe, on s’attendait à une série blockbusteresque qui devait faire date, signée par le grand Scott Snyder, alors au sommet de sa hype. Mais il n’en est rien, et cette conclusion est à l’image du titre : lisible, mais pas spécialement remarquable.

En effet, le scénariste nous livre un dénouement tout à fait classique, digne du troisième acte de toute grosse production hollywoodienne lambda, tout va mal et lors du climax, le héros se lance dans une tentative désespérée pour sauver la mise, tout ça. Évidemment, ça fonctionne puisqu’il s’agit de Superman, et l’on a quelques dialogues plutôt efficaces, notamment quand on s’attarde sur les personnages de Lois Lane ou de Lex Luthor. Si l’on relit tout Superman Unchained d’une traite, on aura l’impression de sortir de la projection d’une adaptation plutôt décente de Superman, mais puisque l’on est ici en présence d’une bande-dessinée, il faut bien avouer que le contenu est un peu mince, bien que l’enrobage soit à la hauteur de nos attentes. En effet, Jim Lee s’est appliqué à sa tâche, ses planches sont très jolies et nous proposent de bien belles scènes d’action, peu originales mais efficaces.

En somme, ce numéro vient clore un chapitre assez décevant du héros qui portait jadis un slip au-dessus de son pantalon, et l’on ne saura conseiller cette lecture qu’à ceux qui cherchent un divertissement qui ne porte pas à réfléchir, tant cette histoire n’a pas l’aura des grandes sagas qui ont marqué l’histoire de Superman, comme All-Star ou Secret Identity…

Superman Unchained s’achève, avec de dernier numéro qui a tout de la conclusion épique promise par la série. Pour beaucoup de lecteurs, Unchained aura été le premier point de rupture avec l’écriture de Scott Snyder, moins à l’aise sur la partie Kryptonienne du World’s Finest, et pas nécessairement à la hauteur des attentes posées par son duo avec le grand et très icônique Jim Lee.

Cela étant dit, pour revoir cette ambition à la baisse, l’événement sonne comme une petite antichambre à Superman Doomed, en beaucoup plus anecdotique. Conclusion facile, final hollywoodien attendu, ce dernier numéro ne pose pas grand chose que la plupart des arcs habituels du héros en bleu, perpétuellement posé face aux mêmes menaces aliens et à l’effort ultime du sacrifice pour sauver les Terriens (un peu comme dans le Géant de Fer, sauf que c’était bien). Au regard des noms proposés sur la série, on est en droit d’être déçu, quoi que l’un comme l’autre échappent de peu à leurs gros défauts – Lee livre quelques jolies planches sans trop d’exagération, et Snyder essaye une conclusion “fermée” en évitant l’habituel gâchis des dernières pages dont il a le secret.

Et pourtant, viennent se glisser ici et là les monologues idiots propres au scénariste, une somme de répliques forcées, le non-respect du travail proposé par les autres scénaristes avec une remise en avant de la relation Loïs et Clark (mais : pondérée), et en définitive, une série qui n’aura marqué personne au delà de la déception du premier numéro. Superman Unchained, un gros évent neuneu et déjà vu, mais qui fait le taff – peut être pas à conseiller aux fans de Kryptonite, Secret Identity ou For All Seasons, et du Superman un peu plus profond, mais pour les amoureux du style à la Jim Lee, c’est du blockbuster dans la forme et le fond, donc ça devrait aller.

Superman #35

• Scénario : Geoff Johns– Dessins: John Romita Jr – Colorisation : Laura Martin

Ce qui devait arriver arrive, Ulysse retourne enfin sa veste et, plutôt que de rester le double un peu guimauve de Superman, devient son opposé. Et c’est plutôt salutaire car il commençait à devenir un peu gonflant Ulysse avec ses bons sentiments issus de son éducation hippie…

Johns fait redémarrer son run avec ce « heel turn », certes attendu, mais bienvenu car il commençait un peu à s’enfoncer dans un train-train un peu culcul. Bref ça va démarrer et c’est une bonne nouvelle, sinon le retournement de veste est amené de façon plutôt classique (les humains sont vilains…), sans être totalement caricatural. Étant plutôt fan des dessins de Romita Jr, mon avis n’est pas objectif et c’est donc des dessins réussis qui illustrent l’histoire.

Un nouveau départ pour ce run et qui, je l’espère, va rebooster la série qui commençait à sombrer dans les bras de Morphée, et le lecteur avec. Prometteur, donc !

Un numéro agréable ce mois ci pour Superman sous la nouvelle (et temporaire) équipe Johns/Romita, où l’intrigue de fond se permet quelques sous-entendus sur la relation de Superman au reste de l’humanité.

Ou bien : pourquoi celui qui pourrait rendre le monde meilleur en forçant les choses choisit de laisser aux humains le poids, le prix, et l’apprentissage de leurs erreurs, en se contentant de les accompagner au fil de leurs avancées. Plutôt bien écrit, le numéro est en plus assez léger dans son approche, toujours servi par le dessin “basique” de Romita, qui évite à la série de prendre l’ampleur d’un blockbuster comme pourrait l’être un team-up avec Jim Lee ou Rocafort. Ici, le dessin est à la mesure de l’ambition (ne me jugez pas) : un bon arc, anecdotique mais sympatoche, qui fait plaisir et propose quelques bonnes idées dans le panthéon Superman.

Le numéro est bien rythmé et bien dialogué, comme on peut s’y attendre avec Johns, habitué de l’exercice, et offre en plus du héros en bleu un aperçu toujours aussi complet sur le Daily Planet et la vie civile de Clark. En somme, jusqu’ici cet arc n’a pas encore commis d’erreur majeur, et fait du bien, dans l’offre de titres Superman pas toujours au beau fixe.

Action Comics #36

• Scénario : Greg Pak– Dessins : Aaron Kuder – Colorisation: Will Quintana

Une rouquine, des zombies, l’Amérique profonde, ce qui aurait tout d’un bon film de genre ou d’un numéro d’Afterlife with Archie est en fait le nouveau numéro d’Action Comics.

Répartition intelligente des différentes séries Superman dans l’après Doomed, certaines choisissant l’angle Metropolis, d’autres l’angle Wonder Woman, et Greg Pak choisissant pour sa part de continuer à suivre Lana Lang et Steel, avec un vrai numéro d’aftermath assez bien réalisé et qui assume, étonnamment, ce que les previews vendaient comme un numéro de série B sans idées. En définitive, même si le récit emprunte pas mal aux clichés du genre, Superman opposé à une menace zombie, ça se tient, et Smallville sert un joli décor aux beaux dessins d’Aaron Kuder, qui opère avec son coloriste pour donner de bonnes idées graphiques aux pouvoirs de Superman dans les quelques scènes d’action.

Une série complémentaire des autres, pas extraordinaire mais qui fait bien les choses, et renoue aussi avec le terreau de Superman, dans un Kansas de carte postale qui sent bon l’épi de maïs et les tartes de grand-mère. Ça se lit.

Action Comics revient avec un nouveau numéro centré sur le personnage de Lana Lang, qui tente de surmonter la douleur causée par la perte de ses parents, suite aux événements qui ont bouleversé l’univers de Superman ces derniers mois.

Greg Pak parvient habilement à développer le casting secondaire de la série, à savoir Lana et son petit-ami John-Henry Irons, plus connu sous le nom de Steel, sans oublier de nous parler de son Superman barbu, qui devra lutter contre une nouvelle menace qui s’abat sur Smallville, la ville où il a grandi. En effet, il semble que les morts se lèvent, comme dans un film de Romero. On en apprend peu sur cette intrigue pour le moment, mais il faut avouer que tout cela est plutôt intéressant, et l’on a vite hâte de voir où le scénariste veut en venir. Graphiquement, le travail d’Aaron Kuder est irréprochable, si toutefois on adhère à son style particulier. Son dessin colle parfaitement au ton zombiesque de l’histoire, et le tout fait de ce numéro un divertissement de qualité, comme c’est souvent le cas depuis le début du run de Greg Pak.

Batman/Superman #15

• Scénario : Greg Pak – Dessins : Pascal Alixe, Diogenes Miguel Das Neves,Marc Deering, Cliff Richards – Colorisation: June Chung

Greg Pak continue son portnawak (comme disais les jeunes d’il y a 20 ans, dont je suis), une sorte de Paknawak quoi, tout en enfonçant la série, qui semblait pourtant déjà avoir atteinte la Fosse des Mariannes.

Batman et Superman ont donc perdu la mémoire et fricotent chacun avec la « nana » de l’autre. Pak pousse même le ridicule jusqu’à affubler Lois Lane d’un costume de Batgirl. La conclusion caricaturale au possible et pleine de bons sentiments dégoulinants ! Et c’est vraiment dommage vu que les dessins collectifs sont vraiment réussis et sont même pleins de cachet, avec un gros coup de cœur pour le design de Satanus.

Maintenant même les meilleurs dessins du monde ne pouvaient rattraper cette horreur scénaristique. La série Batman/Superman est une spécialiste des ratages en série et cet arc là ne fait pas exception. En gros, passez votre chemin, bonnes gens.

Ce numéro risque de diviser. On y retrouve Batman et Superman qui ont perdu la mémoire, et doivent lutter contre ce piège tendu par la fameuse Kaiyo, qui compte bien venir à bout des World’s Finest.

Chaque héros se retrouve confronté à ce problème, et doit l’affronter en team-up avec une figure féminine, habituellement associée à l’autre personnage : Batman fait de Lois Lane sa nouvelle Batgirl temporaire, car il n’a pas confiance en lui pour y aller seul, alors que Superman est aidé par Catwoman. L’idée avait déjà été présentée dans le numéro précédent, mais elle ici davantage développée, sans que l’on ne connaisse réellement les motivations de la chose, en dehors du facteur coolitude. Toujours est-il que c’est plutôt fun, bien que ce soit très cheap. Mais si l’on prend ça comme un petit scénario façon dessin animé du dimanche matin, c’est tout à fait sympathique, il suffit de ne pas attendre grand chose de ce titre, et il constituera une bonne surprise. Cependant, si on espère une grande histoire ambitieuse, on sera forcément déçu.

Reste un numéro tout a fait divertissant, assez bien illustré par une poignée d’artistes qui nous proposent des planches qui résultent d’un mélange entre un graphisme cartoony et le style de Jae Lee, et construit autour d’une histoire sympathique, bien qu’elle ne casse pas des briques.

Supergirl #35

• Scénario : Tony Bedard – Dessins : Jonboy Meyers – Colorisation: Hi-Fi

Le personnage le plus cynique du DCVerse, où presque, j’ai nommé Red Hood, vient faire un tour dans la vie de Supergirl, pourquoi ? Simplement pour insister un peu lourdement sur le fait que Supergirl est super amoureuse. Vous le savez, moi les bons sentiments, j’ador… Ah ben non en fait ça me gonfle ! Y a quand même une enquête matinée de grosse baston au milieu pour amener tout cela et peut-être aussi le fait que Red Hood soit un peu « augmenté », une piste que, j’espère, la série va explorer, même si la direction bluette qu’a pris le titre m’en fait franchement douter.

Pour couronner le tout les dessins ne sont pas une franche réussite ! Jonboy Meyers (magnifique pseudo, d’ailleurs j’espère que c’est un pseudo) rate les visages, et Red Hood masqué est parfois absolument pas reconnaissable sur une ou deux cases. Ajoutez à cela des arrières plans complètement vides et la coupe est pleine.

En conclusion, un ratage complet, circulez, y’a rien à voir !

Ce mois-ci, dans le numéro de Supergirl, une intrigue en forme de parenthèse où la cousine de Superman s’allie au Red Hood (Jason Todd) le temps d’une petite mission inconséquente.

Le tout a de fortes allures d’épisode filler, apparemment placé là pour faire une petite publicité à la série Red Hood and the Outlaws, en rappelant à ceux qui se seraient arrêtés avec Kenneth Rocafort que oui, oui oui, je te promets, ça continue de sortir tous les mois ! Beh ouais ! Bref, au-delà de ça, l’intrigue ne cherche pas très loin, les dialogues non plus et les dessins pourront peut-être diviser. Pas forcément mauvais, ils manquent toutefois d’unicité et de style pour dégager autre chose qu’un numéro de routine.

L’inconvénient de devoir donner un avis sur les numéros de ce genre, c’est qu’ils sont hélas sans assez de relief ou d’inventivité pour susciter quoi que ce soit – Supergirl 35, c’est la déclinaison du modèle train-train du super-héros, qui combat des vilains, fait des team-ups et sauve les chatons dans les arbres. Vous me direz, ici, pas de Red Lantern ou de crise identitaire d’ado, donc ça mérite quand même un bon point.