Review VF – Batman Saga Hors Série #7

Les points positifs :  Permet d’avoir un avant goût de Futures End. Un œil sur un futur possible des New 52. Pas des masses de points positifs, en fait… Les points négatifs : Des récits anecdotiques sur le fond qui ne resteront pas dans les annales… Futures End : Grayson divise jusque dans les rangs de la rédaction ! Est-ce réellement la meilleure pub à faire pour un livre à paraître que de publier des récits aussi moyens ? Gail Simone nous livre son récit le plus abouti… Dans un style qui lui est propre….

Un Batman Hors Série totalement dédié aux ties-in de Futures End. L’event débarquant bientôt en librairie, est-ce que ce gigantesque teaser en forme de magazine donne envie de s’y jeter ? Découvrez-le dans notre critique qui revient sur ce kiosque paru le 7 mai (armistice 1945 oblige, je précise pour nos lecteurs Suisses) pour la modique somme de 5 euros 60.

Futures End : Batman/Superman #1

• Scénario : Greg Pak, Scott Snyder – Dessins : Diogenes Neves, Jack Herbert, Vicente Cifuentes – Colorisation: Hi-Fi

Plus de questions que de réponses, c’est ce que propose cette plongée au sein des pensées d’un Bruce Wayne brisé. Ce numéro est un tie-in qui prend place au sein de l’intrigue globale de la série hebdomadaire Futures End. Ainsi, le lecteur VF ne comprendra pas bien les tenants et les aboutissants d’un tel numéro ; alors que le premier recueil de la série hebdomadaire tant controversée arrive chez nous en juin.

Greg Pak choisi donc de nous montrer un Bruce Wayne qui se sent bien seul en l’absence de son meilleur ami, porté disparu pour une raison qui ne sera pas révélée. Il y a eu une guerre lors de l’arrivée des migrants d’Earth 2 et Batman et Superman ont donc eu un profond désaccord sur des méthodes à employer. Ainsi un Batman manipulateur aura été puni par un Superman fort énervé. Batman est brisé dans son corps suite à une explosion dévastatrice, meurtri dans son esprit et se retrouve seul pour contrer des menaces de taille.

Un numéro touchant avec un Bruce Wayne rongé par la culpabilité, qui regrette son ami parti on ne sait où. C’est intimiste et servi par trois dessinateurs de talent qui tentent vraiment d’harmoniser leur style.
Le numéro pourra éventuellement décevoir par son manque de réponses et son ambiance déprimante. Mais c’est une belle exploration de la psyché de Bruce Wayne et on se sent vraiment mal pour lui d’autant qu’il souffre tout autant physiquement.

Probablement le moins anecdotique de tous les numéros de ce magazine, même s’il ne va probablement pas assez loin. Visiblement, Clark et Bruce ont encore eu un différent irréconciliable et la Terre en subit les conséquences, sans que l’on sache en quoi ni comment, probablement dans le but de teaser Futures End.

Si le récit est plutôt intéressant, lire une intrigue sans en connaître les tenants et aboutissants est un exercice plutôt frustrant. Bref, Batman et Superman ne sont plus potes et ce dernier semble avoir déserté la surface de la Terre. Bruce, gravement touché au dos, décide donc d’affronter Metallo doté d’une armure développée par le Maître Des Jouets. S’ensuit une conclusion peu réjouissante.

Côté dessins, c’est assez hétéroclite. D’un côté les dessins de Neves qui, s’ils sont magnifiques en extérieur, ne sont pas terribles appliqués aux visages, leur donnant un aspect lisse et sans émotion. Ceux de Hebert et Cifuentes sont plus classiques et plus passe-partout mais font le job. Il est d’ailleurs surprenant de voir que malgré le fait que la colorisation soit l’oeuvre d’un seul homme, deux ambiances se dégagent très clairement en fonction de l’équipe au dessin.

Bref, un épisode frustrant mais qui donne clairement envie de découvrir la série principal tout en posant les enjeux, et à mon avis c’est l’effet désiré. Est-ce que c’est avec cet objectif que l’on fait un grand comics, là je suis partagé… Bref, un teaser que nos amis lecteur de VO ont payé trois dollars sans la cover qui bouge….

Futures End : Batman #1

• Scénario : Ray Fawkes, Scott Snyder – Dessins : Aco – Colorisation : Fco Plasciencia

Soyons clairs, les tie-ins à Futures End sont à peu près de la même qualité que la série mère. Et c’est peu glorieux. Ce Batman ne fait pas exception à la règle, bien que le sombre futur qui y est décrit reste cohérent avec l’univers New 52 (mais franchement, si on devait s’extasier à chaque fois que l’on respecte un minimum de logique, on serait mal).

L’histoire est simple : on voit un Batman, qui semble être un mix entre celui de The Dark Knight Returns et celui de Kingdom Come, tenter de trouver une solution pour assurer son héritage et protéger Gotham. C’est en fait un numéro totalement anecdotique, scénarisé par Ray Fawkes (et Scott Snyder, qui ne sert ici probablement que de prête-nom) qui nous livre un script un poil plus intéressant qu’à son habitude. Seuls les dessins d’ACO, au style particulièrement prononcé, qui collent bien à l’ambiance sombre et futuriste du numéro, se démarquent et permettent au lecteur de ne pas trop se lasser au cours de cette lecture. C’est donc un numéro loin d’être excellent, plombé par son statut de tie-in, mais qui se laisse relativement lire, si vous aimez le cliché du futur post-apocalyptique cher aux comics.

Bien dessiné, le récit de ce Batman : Futures End #1 perd en impact sur sa dernière page, sorte de point d’ancrage d’un immense univers cohérent qui rejoint le Detective Comics #27 de Scott Snyder (où avait déjà été, à l’époque, planté en sous-texte les graines d’un arc antérieur Endgame). Pénible habitude de l’auteur de cette histoire, trop désinvolte dans son approche et qui a tendance à accaparer un personnage dont il n’est que le compagnon temporaire. Mis à part ça, le récit est cohérent vis-à-vis de Forever Evil, un twist, que l’on doit très certainement à Ray Fawkes plus qu’à son collègue à l’écriture.

Reste un numéro anecdotique, qui a tout de même pour lui d’être très beau.

Futures End : Detective Comics #1

• Scénario : Brian Buccellato – Dessins : Scott Hepburn, Cliff Richards, Fabrizio Fiorentino – Colorisation: Brian Buccellato, Lee Loughridge

Une histoire qui fait le choix d’être totalement déconnectée des autres pour offrir un one-shot finalement assez distrayant. L’Almanach (ouais ce nom est pourri et me fait penser à ce truc de vieux, l’Amanach Vermot, un truc bizarre rempli de blagues pourries, si vous tombez dessus, fuyez !) menace de s’en prendre à ses otages à Arkham si l’homme qui a détruit sa famille ne se rend pas à lui. Batman va donc faire appel au Sphinx, qui a conçu la sécurité du célèbre asile dans une histoire qui ressemble fort au round 2 de Zero Year.

L’histoire est distrayante, comme je vous l’ai dit en préambule, et guère plus car il est difficile de faire un morceau d’anthologie en si peu de pages. La fin est réussie, bien qu’un peu attendue. À vous de juger.

Pour les dessins, c’est trois DJ, trois ambiances, comme on dit dans les boîtes. Et c’est assez agaçant, surtout quand l’un d’entre eux intervient sur une pages et que les deux autres ont des styles aussi différents. Ceux D’Hepburn sont beaux sans plus, mais ceux de Richards sont sublimes, bien aidés par la colorisation de Loughridge.

Voilà, une histoire sympathique, dans un futur qui n’aura probablement jamais lieu… Donc assez creux…

Ce numéro, qui semble se dérouler avant celui de la série Batman, ne repose que sur son twist. Je trouve que Buccelato est loin d’être au top de sa forme, tant son scénario reste anecdotique.

Cela dit, l’idée de faire reposer ce petit one-shot sur une sorte de team-up improbable entre Batman et le Riddler est plutôt bonne. En effet, Bruce Wayne n’a pas d’autre choix que de collaborer avec son ennemi pour pénétrer à Arkham, puisque c’est le fameux poseur d’énigme qui a installé le système de sécurité de l’établissement. Je ne peux cependant pas affirmer que c’est une réussite totale, tant c’est anecdotique.

On pourrait même trouver que la fin est carrément out of character et que la caractérisation de Batman est à chier. Rien que ça. Mais bon, ça a le mérite d’être un minimum divertissant…

Futures End : Batman & Robin #1

• Scénario : Ray Fawkes – Dessins : Dustin N’Guyen – Colorisation: John Kalisz

Robin vs l’Hérétique round 2 : fight. Batman s’étant doté d’un nouveau Robin, avec l’option couleur et vitres teintées en jaune, pour remplacer l’ancien, économiquement irréparable, va croiser la route d’un nouvel Hérétique, ce qui va immanquablement faire remonter des souvenirs désagréables. Il va alors tout tenter pour préserver Duke, Robin cinquième du nom, d’une confrontation avec le clone monstrueux de son fils.

Aucune surprise, attendu, voilà les adjectifs qui caractérise ce comics qui se met dans des rails dès la première page pour ne pas en dévier d’un pouce, s’ensuit alors une histoire qui paraît maintes fois revue, en parfait miroir de la mort de Damian sans en atteindre le climax émotionnel.

Côté dessin Dustin N’Guyen fait le minimum avec des arrières-plans vides et des dessins parfois un peu bâclés, même si j’aime bien la tête qu’il font à Alfred dans Futures End avec sa grande barbiche…

Encore un numéro qui ne fera pas date dans l’histoire des comics, et celui là encore un peu plus que les autres de ce numéro de Batman Saga.

Encore un comic book signé Ray Fawkes qui reste lisible ! Mais c’est incroyable ! Je vais finir par croire qu’il est compétent, le bonhomme. Plus sérieusement, le pitch est simple mais efficace et reste cohérent avec le continuité de Batman. On se situe quelques années après la mort de Damian et Bruce est confronté à une nouvelle version de l’hérétique, clone de son fils, qu’il estime responsable de la mort de ce dernier.

Il peine à le vaincre et refuse l’aide de son nouveau Robin, Duke (qui est en fait le petit gamin qui avait soigné Batman lors de Zero Year, souvenez-vous). Si on était chez Marvel, tout le monde aurait évidemment crié au génie puisque ce Robin est black, que c’est une incroyable idée pour la lutte contre le racisme et tout, mais ici, on s’en fout parce que c’est tout simplement logique, scénaristiquement parlant (oui, c’est un troll gratuit).

Le numéro n’est pas spécialement original et reste tout à fait dispensable, mais il reste sympathique et a le mérite d’être dessiné par le talentueux Dustin Nguyen, qui fait des miracles dès qu’il touche au batverse. Alors, j’ose affirmer que ce numéro est le meilleur du magazine (mais ce n’est pas bien difficile).

Futures End : Batgirl #1

• Scénario : Gail Simone – Dessins : Javier Garron – Colorisation: Romulo Fajardo Jr

Un départ en apothéose pour Gail Simone qui décidément fait très fort pour son tout dernier numéro sur Batgirl. Commençons par le seul point positif, c’est plutôt bien dessiné. Pour le reste on se demande bien ce qui a pu lui passer par la tête pour pondre un récit aussi mauvais. Combien de lexomil, de verres de vin et de rediffusions d’Amour, Gloire et Beauté, Fantômette et de Charmed, nous ne le saurons jamais. Mais c’est une belle synthèse de la médiocrité quasi constante de son run avec le côté apologie du culturisme et des prises de protéines en plus.

Le tout se prend une fois de plus beaucoup trop au sérieux alors que les situations sont toutes plus ridicules les unes que les autres avec comme toujours des états d’âmes déprimants et des dialogues au rabais. Le début m’a fait pouffer en présentant le suicide forcé du chéri de Babs. Quelle dévotion de la part de cet homme qui aura illuminé notre vie de lecteur. Quel beau sacrifice face au terrible James Gordon Jr qui manifestement aime beaucoup Masterchef. Babs, elle, a perdu son mari alors elle est triste et elle part faire le djihad. Mais sur son chemin elle tombe sur Bane et veut tout apprendre de lui et devenir super trop forte et musclée. Dick lui avait pourtant dit d’arrêter de jouer Zangief à Street Fighter. Elle quitte son maître et devient Beast aka Bane avec des seins en fait. Elle recrute trois jeunes filles en fleur dont deux bien connues des fans pour un quatuor girl power qui donne envie de réécouter Wannabe des Spice Girls. Elle réglera alors ses comptes avec son mentor dans un final éblouissant pour devenir une vraie femme Barbara Gould.
En bref, ce numéro c’est n’importe quoi du début à la fin et c’est juste une abomination. Gail n’en avait manifestement plus rien à foutre et ça se voit. Des dessins pas trop moches ne peuvent pas permettre de pardonner un tel foutage de gueule.

Dernier numéro de Batgirl sous l’ère Gail Simone. Longtemps accablée par les tracas du quotidien, Barbara Gordon finit enfin par trouver la paix dans ce futur fictif, où elle a troqué son habituelle féminité contre une musculature de catcheur, devenue l’héritière de Bane au féminin.

Batgirl : Futures End #1, c’est un peu un script de la WWE, une version bodybuildée de Plus Belle La Vie, le croisement des années ‘90 et de Totally Spies, en somme, c’est vraiment mauvais, en plus d’être la définition hyper précise du out-of-character, au point qu’on se demande si la situation de Batgirl durant le run de Simone ne rejoint pas une mise en abyme de l’auteur elle-même, qui hésite à avouer sa dépression nerveuse et se réfugie dans les comics pour exorciser un ou deux démons.

Pour le lecteur, en tout cas, la période sombre prend fin, puisque le retour à une Batgirl plus légère et attachante se fera dès le mois prochain, avec la nouvelle équipe créative.

Futures End: Grayson #1

• Scénario : Tim Seeley, Tom King – Dessins : Stephen Mooney – Colorisation: Jeromy Cox

Le raccourci serait de dire “Grayson : Futures End #1 a beaucoup divisé”. Les faits sont là : la majorité des gens ne l’ont pas aimé, et pour la plupart, pour de très bonnes raisons. Avec son récit monté à l’envers, Grayson Futures End #1 fait, mieux que Batman, Batgirl ou bien d’autres séries, le choix de survoler les cinq années vécues par Richard, depuis son intégration dans les rangs de Spyral en tant qu’espion-super-héros. Manquent quelques parties, puisque cinq années, c’est long, et d’aucun pourraient ne pas retrouver dans les morceaux choisis le moment définitif qui mènera vers l’amère conclusion de Richard Grayson, dès la première page du numéro.

Tout est là : un héros ne tue pas, et un héros ne meurt pas, en tout cas, pas dans le même numéro. Et si cette règle est à ce point ancrée dans l’esprit des gens, elle échappe néanmoins à deux cas essentiels : les futurs alternatifs et les elseworlds. Que Futures End soit un futur alternatif est désormais établi, surtout dans cette période faste de Convergence où l’on découvre mieux que jamais la portée du mot “alternatif”. En clair : le choix des scénaristes est cohérent, dans la mesure où le mois Five Years Later est une occasion donnée aux auteurs de s’amuser avec le temps, un mois thématique en forme de grand bac à sable où l’on peut – pour une fois – abuser massivement de l’argument “t’inquiète, c’est pas canonique”.

Une fois ceci admis, que reste-t-il ? Un numéro où un héros assassine un dictateur d’Europe de l’Est, à une époque où, dans l’actualité, ça gronde en Ukraine et où les Nations Unies condamnent fermement les actes d’un dirigeant bien réel, qui se défend en prétendant protéger les civils des rebelles belliqueux. Un message politique, est-ce que ça a sa place dans un comic book de super-héros ? Certains diront que non. D’autres salueront l’idée. Et si celle-ci ne trouve pas sa place à votre avis dans les cahiers de commande de DC Comics, on peut aussi retenir de Grayson : Futures End la formidable déclaration d’amour faite au personnage, en un récit elliptique de sa vie aussi bien fictive qu’éditoriale : depuis le Golden Age jusqu’aux moments clownesques des années ‘60 avec Burt Ward, sa relation avec Batgirl et son destin dans les New 52. Grayson : Futures End fait donc, à la pesée, un poids plus lourd en qualités et idées originales qu’en défauts – le seul vrai reproche qu’on peut lui faire étant de franchir une ligne infranchissable, selon des codes et des règles figées dans le marbre depuis 70 ans.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce numéro a divisé, et comme l’évoquait mon collègue plus haut, une majorité de lecteurs ne l’a pas aimé. Et j’en fais partie. C’est un numéro à la narration prétentieuse, fondé sur une série de flashbacks bourrés de clichés. Dick Grayson est exécuté pour le meurtre d’un dictateur dans un sombre pays de l’Est et l’on revoit toutes les étapes de sa vie.

Oh que c’est fin ! On se croirait à l’époque de la guerre froide, où l’on vient accuser les soviétiques d’être la cause des maux de la planète. Mais bon, on peut toujours prétendre que c’est un message de paix, et une condamnation des actes de Poutine, tout ça. Mais ça manque tellement de finesse… A côté de ça, on revoit donc le passé de Grayson, étape par étape, sa relation avec Helena Bertinelli, son passé avec Barbara Gordon, la grande époque du dynamic duo et l’on finit sur la mort de ses parents. Bref, on enfile les perles clichesques. Mais après tout, ce n’est pas plus mauvais que la série Grayson classique, quand elle n’est pas liée à un event…