Review TV – Batman vs Robin

Les points positifs : Damian Wayne Voir la Cour des Hiboux s’animer Melting pot des run de Morrison et Snyder Animation solide Les points négatifs : Scénario binaire Sous-exploitation globale Manque de punch Certaines voix Pas pour les plus jeunes

« Justice and not Vengeance » – Damian Wayne

• Batman vs Robin – 14 avril 2015 en digital, Blu-Ray/DVD – France : 22 avril 2015
• Blu-Ray/DVD et Téléchargement Digital –  72 minutes – 14,99€

Après un Son of Batman (dont la review est présente ici, rien que pour vos yeux) qui avait su plaire à mon collègue Zeppeli, voilà que Batman et Robin nous reviennent, un an plus tard, dans un nouveau film d’animation qui sent bon la confrontation. Mais ce long-métrage proposera-t-il autre chose qu’une simple bastonnade entre Bruce Wayne et son fils Damian sous leurs costumes respectifs ?

On pourra résumer très facilement le propos du film. Même si depuis les évènements de Son of Batman, Damian Wayne a obtenu une certaine confiance de la part de son père, celle-ci n’est pas encore totale, et cela se ressent dans le quotidien du jeune Robin qui se sent enfermé (au sens propre comme au sens figuré), avec toujours une question qui le tiraille, celle de la ligne à ne pas franchir lorsqu’on s’attaque aux super-vilains. Entraîné pour être le meilleur assassin sur terre, les pulsions meurtrières de Damian sont au centre d’un conflit intérieur qui va amener le jeune super-héros à devoir choisir entre l’héritage de Batman, ou aller vers une voie plus radicale, qui se manifeste par la présence d’un Talon de la Cour des Hiboux.

En effet, la mystérieuse organisation de Gotham City, créée par Scott Snyder et Greg Capullo, fait ses débuts dans l’animation, et si on a apprécié le dit arc pré-cité, on ne pourra retenir un petit cri de fanboy en voyant les assassins implacables de la Cour s’animer sous nos yeux, tout comme de voir leurs membres faire régner leur ordre derrière leurs masques glaçants. D’autant plus que le film a la bonne idée de reprendre quelques passages du comicbook de Snyder et Capullo, comme celui du labyrinthe, bien que ce soit bien moins psychédélique, et surtout l’occasion de nous remettre ENCORE un flashback avec la mort des parents de Bruce. Petite parenthèse pour dire que cette scène, on en peut plus de devoir se la ramasser à chaque film animé sur Batman. Sérieusement. Fin de parenthèse, et retour à cette Cour des Hiboux, donc, avec ce Talon qui s’improvise mentor de Damian Wayne l’espace d’un instant, avec au final un choix à faire qui sera définitif, et provoquera l’affrontement qui donne son titre au film.

Reste qu’en dehors de l’aspect visuel, la Cour n’est qu’un prétexte pour une histoire en somme très, très simpliste (le choix est complètement binaire, manichéen), et aucun aspect de la mythologie de Gotham liée à cette Cour ne sera abordé : pas de Lincoln March, pas de réel historique sur la Cour, pas de lien avec le Cirque Haly, les liens avec la famille de Dick Grayson… Je suis d’accord qu’on est pas dans une adaptation stricte de l’arc de Snyder, mais ce sont des éléments qui auraient pu être amenés et enrichir une histoire assez pauvre. Bien que, ne soyons pas méchants, il y a aussi quelques éléments repris du run de Morrison qui font plaisir à voir : la rivalité entre Damian et Nightwing, l’affrontement avec le Dollmaker par exemples. C’est bienvenu même si ça n’aidera pas à élever le niveau global de l’histoire.

Damian Wayne est à nouveau, et de loin, le héros principal de l’histoire, son caractère et sa lutte intérieure étant mis en avant tout du long. Le souci c’est que cette idée était déjà exploitée en long et en large dans Son of Batman. Être un justicier ou un assassins ? Ici le choix est transposé entre Batman et la Cour (et le Talon qui fait office de « guide »), cette dernière venant remplacer la Ligue. Dans le dernier tiers, la Cour va vouloir se servir de Damian pour atteindre Batman, mais le procédé ne transpire rien d’original. On pourra également avoir à redire sur la caractérisation générale des personnages, le plus sympathique et le plus juste étant, pour moi, Alfred, qui campe bien son rôle. C’est amusant de voir la rivalité entre Nightwing et Damian mais le premier semble un peu benêt, et l’intérêt de cette relation (dans les comics, du moins), c’était de voir son évolution, chose qui ne sera absolument pas abordé ici. Encore, une fois, tout le potentiel était là, mais l’exploitation n’a pas suivi (peut-être pour faire quelque chose de plus « simple » ou accessible ?) – et si l’idée de mélanger des éléments de Morrison et Snyder est honorable, dans l’application, ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire.

Une dernière partie sur la forme du film. Comme depuis les débuts de ce nouvel univers animé de DC Comics, le film emprunte une certaine touche « japonisée » qui pourra déplaire à certains – c’est une question de goût. Néanmoins, l’animation est en général de bonne facture, même si certains personnages souffrent d’un chara-design un peu moche (je pense au Dollmaker ou à un Talon qui perd son masque) ; certains pourront également pester contre l’apparence toujours très sexy de tous les personnages féminins (même Martha Wayne dans le flashback devient vraiment sexy) alors que d’autres trouveront que le film est très, voire trop violent. Comme dans Son of Batman, les effusions de sang sont nombreuses, mais il faut maintenant accepter que cette nouvelle génération de films ne se destine plus à un très jeune public, mais bien à des pré-adolescents et plus âgés. Ce n’est du coup pas quelque chose qui me dérange, et si j’ai été déçu par l’histoire contée, au moins j’ai pu prendre un certain plaisir au niveau des yeux (surtout que je ne rechigne jamais vis-à-vis de la violence).

Batman vs Robin emprunte aux récents runs de Grant Morrison et Scott Snyder pour faire une histoire hélas trop simpliste dont les enjeux avaient déjà été traités dans Son of Batman. On sera content de voir la Cour des Hiboux s’animer sous nos yeux, surtout que le long métrage ne souffre pas de problèmes d’animation (si vous n’êtes pas allergique au chara-design, cela dit), mais j’aurais aimé avoir plus qu’un simple « divertissement ». C’est donc sans surprise qu’on retournera vers nos précieux comics pour apprécier les bonnes histoires de Batman. Pour ce film, une simple après-midi et un bon rafraichissement dans son canapé suffiront pour passer une heure et demie sans se prendre la tête. Ni s’extasier. 

UN DEUXIÈME AVIS C’EST BIEN AUSSI !!

Cet animé est en général un peu long, et un peu mou. On a une belle dose d’action, mais j’ai trouvé que ça restait plutôt mou dans l’ensemble. Maintenant, il est vrai qu’on a droit à presque 1h20 donc forcément, il y a des longueurs. Sauf qu’à partir d’un moment, vers les dernières 30 minutes tout semble s’accéléré d’un coup.

Par contre, on retrouve clairement des aspects fidèles au milieux de ce méli-mélo à l’histoire de la Cour des Hiboux écrite par Scott Snyder, d’ailleurs on retrouve des lieux et des plans qui m’avaient marqué dans le support papier. J’ai beaucoup aimé les retrouvé de la sorte. Et puis d’un coup, au milieu, on retrouve une autre influence, et j’ai cru perdre la tête, j’ai trouvé ça de trop. Alors ça reste assez intéressant car j’aime aussi cette partie (Damian  un jour, Damian toujours), mais j’ai trouvé que c’était de trop. J’aurai préféré voir la partie sur l’histoire de la Cour plus développée à la place et surtout revenir sur l’ancêtre de la famille Grayson tout ça, l’étude du talon, tout ça. Je trouve que ça manque cruellement. Mais bon avec un titre Batman vs Robin, il était certain qu’on développerait bien plus cette partie au malheur de la profondeur de la Cour des Hiboux, c’est dommage.

Côté graphisme, je suis toujours sceptique. C’est fluide et agréable, mais je n’aime pas le design de Batman (oui je fais une fixette dessus en fait), surtout quand il court comme une fille. Par contre, côté design, c’est très agréable de voir les ergots en action, bon en costume hein parce que dessous à part un bien particulier, ils sont pas jolis jolis.

– Harley