Review VO – Convergence #0

Les points positifs : C’est totalement dispensable de toute façon La date de sortie du numéro ! Les points négatifs : Superman et Brainiac mal écrits $5 pour ça ? Pour de vrai ? Tellement de blabla pour ne rien dire Un introduction à l’introduction mal écrite et qui dessert l’évènement à venir

« No more tricks or games ! Stand your ground ! » – Superman

• Scénarisé par : Dan Jurgens & Jeff King – Dessiné par : Ethan Van Sciver

• DC Comics – Convergence #0 – 01 avril 2015 – 32 pages – $4.99

Cela fait maintenant des mois que DC Comics fait monter la pression autour de ce MEGA-ENORME-SUPER-GIGA-TENTACULAIRE évènement et il commence aujourd’hui même. C’est avec une grande fébrilité que je m’attaque à ce numéro #0. Numérotation avec laquelle j’ai d’ailleurs toujours autant de mal. Sujet qui pourrait tout à fait faire l’objet d’un débat houleux mais qui n’est pas l’intérêt ici. Toutefois, pour moi, Convergence #0 se devait d’être un vrai numéro d’introduction, annoncer la couleur, nous donner une idée de l’envergure et de l’échelle du récit, faire de la menace quelque chose dont on doit avoir peur, parce qu’après tout, Convergence est le projet éditorial le plus important de toute l’histoire de DC Comics.

Dans mes rêves les plus fous, Convergence me ferait redécouvrir ce sentiment que j’ai éprouvé lorsque j’ai lu mon tout premier comicbook qui était rien de moins que Crisis On Infinite Earths en version originale. Cette bouffée d’héroïsme qui habite chaque page, vous poussant à toujours tourner une page de plus sans même vous rendre compte que ça fait presque 1 heure que la lecture a débuté. Ces yeux qui piquent parce qu’ils n’ont pas cligné depuis trop longtemps de peur de rater un détail important à gauche ou à droite et tous ces concepts fous qui sont la marque de fabrique de DC Comics depuis lors. Tout ça entre les mains d’un puceau des comics, ça fait un sacré effet. Pourtant il m’a fallu me rendre très vite à l’évidence. Convegence #0 faillit à sa mission de la plus honteuse des manières.

D’abord parce que pour une introduction à tel évènement, le récit est incroyablement étriqué. En fait, du début à la fin, nous suivons Superman qui va (ou est transporté) d’un endroit à l’autre, sans véritable logique d’ensemble, sans savoir ce qu’il fait. La caractérisation du personnage en prend un coup puisque celui-ci n’est pas plus malin que de frapper sur tout ce qui passe devant ses yeux pour trouver la sortie avant même d’essayer de comprendre réellement ce qu’il se passe. La personnalité antipathique du Superman des débuts de New 52 sous l’ère Lobdell n’est vraiment pas loin et empêche vraiment de prendre part émotionnellement à ce que pourrait ressentir le personnage. Pour ceux qui ont un bon petit niveau en anglais il y a encore manière à pester sur la façon même dont Superman s’exprime avec un « that explains your parlor trick »… C’est dur ! Brainiac n’est pas non plus le mieux loti puisque à part se taper un super monologue de sa part, nous n’avons pas droit à grand-chose. Je ne parlerai même pas de ces deux dernières pages qui sont d’une foutaise tellement absolue que même chez Toriyama les transformations ont plus de sens.

Dans ce monologue, j’ai presque envie d’y trouver un sens méta. Vous l’avez lu normalement, cette bonne grosse blague en mode poisson d’avril qui passe soit pour un troll assumé ou du sarcasme bien gras d’un auteur désabusé (je vous laisserai seul juge de la réalité) concernant l’aveu d’échec des New 52. Hé bien chez ce bon vieux Brainiac, qui est donc pour l’instant le grand méchant de l’histoire et par conséquent la menace « ultime », le « big boss » du DCU, la motivation principale de faire tout ce tintamarre que sera Convergence c’est tout simplement pour « réparer les erreurs du maitre ». De là à dire que les « erreurs du maître » n’est qu’une image pour désigner les têtes pensantes de DC Comics et par extension avouer que les New 52 n’étaient pas forcément la meilleure idée qu’ils aient eu. Mais l’on pourrait dire que je spécule… vraiment ?

L’autre problème de faire de ce premier  zéro numéro une histoire centrée uniquement sur Superman et Brainiac et qu’elle échoue à nous donner l’envergure de l’aventure à venir. Elle échoue aussi à nous donner envie de lire la suite en ne nous donnant pas assez d’éléments clés afin de nous laisser imaginer ce qu’il pourrait se passer. Le contexte parait tellement fermé qu’il en devient même difficile d’imaginer qu’il s’agit d’une potentielle crise. Les bases qui nous sont données sont bien trop friables, trop vagues pour donner au lecteur une réelle référence à laquelle se raccrocher et c’est bien dommage. Le pire c’est qu’avec ce que l’on nous donne on peut presque prédire que Convergence ne sera qu’une sorte de Battle Royale ou Hunger Games (sans le coté famine) où les héros des différents mondes vont devoir s’affronter pour prouver qu’eux-mêmes et leur monde méritent d’exister. On peut même pousser un peu plus loin en se disant que ces personnages vont trouver une solution pour ne pas s’entretuer et renverser la menace afin de sauver tout le monde (ou presque, il faut un peu de drama tout de même). À cela s’ajoute le fait que le numéro coute la bagatelle d’un énorme 5$ alors que ça aurait très bien pu être un simple prologue de cinq pages. Maintenant c’est la peur de n’avoir qu’un simple « fightfest » jouant uniquement sur la corde de la nostalgie et des clins d’œil pour faire son sel. Ne tirons pas de plans sur la comète pour l’instant. Pourtant il n’aurait pas fallu réinventer la poudre pour faire quelque chose d’au moins correct. Quelques pages avec les héros des différentes Terres/ères qui regardent, s’interrogent eux aussi sur leur devenir avec en voix off un Brainiac un peu mieux écrit aurait LARGEMENT suffit pour faire monter les enchères d’un cran…

Ethan Van Sciver semble lui aussi un peu paumé. Si la première partie du numéro est plutôt une réussite visuelle, la suite n’est pas du même acabit puisque certaines cases semblent vraiment faites à la va vite. Ou alors, est-ce qu’il n’aurait tout simplement pas vraiment compris ce que le script essayait de faire et que par conséquent  les dessins s’en ressentent ? Bon on peut lui pardonner ce moment d’égarement lorsque l’on voit cette fameuse double page des différents Superman !

Convergence #0 est une sacrée désillusion. Ou plutôt cela va dépendre de ce que l’on attend d’un numéro #0. D’une part, normalement, en tant que numéro #0, sa lecture ne devrait pas être obligatoire puisque la vraie histoire est censée commencer dans le #1. Le problème c’est que s’il ne s’agit pas d’une obligation, à quoi cela sert-il de mettre 5$ dans une histoire aussi limitée et réductrice que celle-ci ? DC comics avait très bien fait pour Futures End #0. Pour le coup, il ne me reste qu’une question : Convergence #0 ça sert à quoi en fait ?

Un deuxième avis c’est bien aussi !

On replonge quelques mois en arrière, à la fin du crossover Superman : Doomed pour cette pré-introduction à lire comme un one-shot même si tout ce qui nous est montré devrait avoir une incidence certaine sur le véritable début de l’évènement, à venir la semaine prochaine. Le numéro, effectivement, n’arrive pas à passionner, mais à clairement de quoi intriguer, en posant ça et là les éléments qui devraient faire le sel de Convergence, et qui se manifestent surtout dans les dessins (la plupart du temps magnifiques) d’Ethan Van Sciver. Ici, DC Comics explique au lecteur arrivant que oui, toutes les continuités et tous les univers de son histoire existent toujours, et que leurs représentants (en fait des villes) sont regroupées sur la planète vivante Telos (son nom n’est pas encore dit, mais il avait été spoilé lors de l’annonce de l’event), qui est au service de Brainiac. Les différentes déclinaisons de Brainiac qui nous sont montrées exposent cette diversité de timelines, tout comme cette double-page énorme qui retrace les différentes morts de l’Homme d’Acier. Et si l’on peut reprocher clairement une certaine vacuité dans les dialogues (qui prennent beaucoup de place, et avec beaucoup trop de répétitions), les points d’ombre qui soulèvent des questions sont bien là. Et si tout n’est pas clair, on peut déjà voir le lien direct entre l’absence de Brainiac dont se lamente Telos et les évènements de Futures End ; il ne reste qu’à se demander comment l’autre série hebdomadaire se raccordera à la chose. Enfin, clairement, le gros défaut ici reste la caractérisation de Superman, qui passe tout son temps à s’agiter, hurler, taper du poing un peu partout, et qui en devient très vite agaçant. Ce numéro est-il indispensable ? Sûrement que non. Néanmoins, il reste suffisamment consistant pour poser les concepts qui seront abordés par la suite ; et surtout : quand même, qu’est-ce que c’est beau. 

 – ArnoKikoo