Review TV – iZombie S01E01 « Pilot »

« I was a dead, alabaster badass !  » – Liv

• iZombie Saison 01 – Épisode : 01 – Titre : Pilot

• Réalisé par Rob Thomas – Écrit par Rob Thomas, Diane Ruggiero-Wright – 17 mars 2015

« What’s in your heaaaad, in your heaaaad Zombie Zombie he he he ho »

Tout le monde a déjà entendu cette chanson de The Cranberries au moins une fois, et si je l’ai dans tête dès que je lis le mot zombie, ici elle s’applique très bien, puisque nous plongeons dans l’univers d’iZombie et de sa protagoniste Olivia Liv Moore. Aimant beaucoup, mais vraiment beaucoup le comics d’origine par Chris Roberson et Michael Allred chez Vertigo, c’était avec appréhension que j’attendais ce premier épisode. Tout d’abord car Rob Thomas et Diane Ruggiero-Wright qui s’occupent du show se cachent derrière Veronica Mars et que je n’aimais pas énormément cette série, mais surtout car on savaient qu’il n’y aurait rien d’autre en commun avec le comics que la partie « jeune femme devenue zombie qui doit manger des cerveaux ». Mais le ton paraissant léger, j’ai voulu donner une chance au moins au pilote. Et je suis ravie de l’avoir fait.

Pour commencer, oubliez le comics, franchement, c’est une adaptation très très libre, et bien que l’on retrouve en Liv beaucoup de Gwen (personnage principal du comics), il n’y a en commun quasiment rien. Et puis on est dans l’univers d’une morgue et d’enquêtes policières contre des mythes de Frankenstein, des loup-garous et autres sur le support d’origine. Une fois ce constat fait, vous pouvez vous lancer dans l’épisode. Rose McIver est une excellente Liv, que l’on préfère bien entendu zombifiée qu’en début d’épisode, du moins pour ma part. Physiquement c’est simple, c’est exactement l’image du personnage des comics (oui je sais qu’il faut dissocier, mais pas pour elle car on l’a juste extirpée des pages pour la mettre dans la télé), et c’est même très perturbant d’entendre qu’on l’appelle Liv et pas Gwen. Ses attitudes que ce soit les gestes ou les regards, sa bouille, ses réflexions, tout est très bien travaillé, et ce personnage a de suite attiré mon empathie. Pour ne pas la laisser toute seule, on lui colle un boss qui est un peu dingue mais totalement adorable le Docteur Ravi Chakrabarti. Il réserve quelques surprises, mais surtout est un allié de poids pour Liv, et la relation entre les deux collègues est franchement très sympathique. Ils aident l’enquêteur Babineaux, sur l’identité d’une Jane Doe qui a fini à la morgue.

Le trio formé par ses trois personnages donnent souvent lieux à des dialogues plutôt drôles, et j’ai rigolé à plusieurs reprises pendant l’épisode. Du coup, l’ambiance légère, les stéréotypes du flics charrié par les collègues, la nouvelle zombie qui ne sait pas comment gérer sa nouvelle vie, quelques touches de tendresse par-ci par-là, ça colle bien. Ce qui aide à ce que tout fonctionne est la présence de la narration de Liv, on suit l’histoire à travers ce qu’elle nous raconte et cela nous permet d’être encore plus en phase avec elle, de mieux comprendre ce qu’elle vit. L’enquête en elle-même est sympa, elle n’est pas franchement hyper recherchée, mais on croise des personnages hauts en couleur comme Johnny Frost ou le trio de roumaines qui travaille pour les adultes par exemple. On a également droit à des transitions style comics qui rappellent le support d’origine chez Vertigo (coucou Michael Allred) qui permettent de passer d’une scène à l’autre sans passer par une coupure trop brute et douteuse (coucou Constantine -rip-). Les visions de Liv sont elles aussi travaillées de façon différente et quand elle dit qu’elle a l’impression de voir à travers quelqu’un qui a pris du LSD, on comprend pourquoi, mais j’ai trouvé ça plutôt fun. Du coup, l’ensemble semble fluide et c’est très appréciable.

Bien-sûr ce premier épisode n’est pas exempt de défauts, on a droit à la situation assez classique de la jeune femme qui a changé mais ne peut en parler à personne, donc tout le monde se pose des questions et la famille détestable chercher à mettre son grain de sel. C’est parfois un peu amourette fleur bleue avec Major (mais quand même bien travaillé hein, juste parce que c’est Liv). C’est parfois un peu facile. On nous parle de zombies dans l’épisode, avec les films emblématiques et l’hommage à Romero ou encore 20 jours plus tard (très symapthique du coup), du fait que Liv soit la seule dans cette condition (en insistant beaucoup), et du coup, la fin qui pourrait être un peu plus surprenante perd pas mal son charme. Oui, la série s’appelle iZombie mais quand même. Cela dit, j’ai hâte de voir le personnage en question débouler pour de bon, pas juste le voir de passage.

Pour un premier épisode, c’est un bon premier épisode. La série rassemble tout ce qu’il faut pour attirer les spectateurs dans une histoire qui nous porte et qui est portée par de très bons personnages. On ne se prend pas la tête à réfléchir à pourquoi lui ou elle dit ça, pourquoi ça se passe pas comme dans le comics, patati patata, ça fait du bien. Surtout quand on a affaire à The Flash en même temps, qui malgré son ton léger vous fait vous poser des milliers de questions après chaque trailer ou épisode. Mais izombie, c’est joli, c’est fun, frais, appétissant. 

Et je rajouterai même que ça se mange sans faim ! Enfin, ça se regarde avec délectation ! Enfin, oui, vous avez compris quoi.

UN DEUXIÈME AVIS C’EST BIEN AUSSI

Au sortir du visionnage de ce premier épisode, j’avoue hésiter à vous livrer une seconde opinion, en comprenant que celle-ci ne sera pas forcément pertinente et ne risque pas de parler à beaucoup de gens. Mais, si ça peut permettre d’apporter une preuve tangible à ceux qui accusent la rédaction d’avoir un avis trop souvent semblable, essayons tout de même, en partant du début : cette série ne devrait pas s’appeler iZombie. Pour avoir souvent défendu la liberté d’une adaptation à modifier des éléments d’une œuvre originale, je me trouve bien hypocrite de devoir le reprocher à une série TV dont on savait depuis l’année dernière qu’elle ne serait en rien fidèle à son matériau d’inspiration, une excellente BD signée Chris Roberson et Mike Allred publiée chez Vertigo. Mais le constat est dressé : iZombie, le comics, était un récit que l’on imaginait facilement pouvoir être adapté en série télé. Tout y était : un supporting cast attachant et haut en couleur, une intrigue d’à peu près long terme, quelques codes empruntés aux séries teenagers, et une héroïne adorable, parabole de la jeune femme perdue entre l’adolescence et l’âge adulte et à l’humour froid toujours bien placé. Et si pour ce personnage, la CW a fait quelques efforts, on ne peut qu’être déçu par la transformation opérée entre les deux travaux. Je vais vous livrer le fond de ma pensée : c’est plutôt horrible. J’avoue me demander dans l’esprit de quel producteur avide et sociopathe a pu naître l’idée d’adapter une œuvre construite et presque pré-fabriquée pour un format TV, et la détruire en amenant tel un aggloméré de clichés. Ces personnages, ce supporting cast. Pourquoi ai-je l’impression de les avoir vus partout, ailleurs, exactement semblables ? Une voix dans ma tête (parmi tant d’autres) me souffle ces paroles emplies de sagesse : « mets le comics de côté, apprécie la série pour ce qu’elle est et juge la en conséquence ». C’est vrai, tu as raison, voix hallucinatoire. Mais même en tant que tel, le pilote ne brille pas. Servi par une réalisation paresseuse, des enjeux basiques, des dialogues plans plans, et une promesse pas du tout originale (encore une série d’enquête, fucking youpi, merci bien), qui contribuent à rendre cette série peu intéressante, sans y lier le comics. J’ai conscience que peu d’entre vous ont lu iZombie en BD, et je ne doute même pas que vous serez nombreux à vous retrouver dans ce nouveau rendez-vous hebdomadaire.

Mais le simple fait que davantage de gens regarderont ce pilote au lieu de lire le comics iZombie me déprime complètement d’autant que les seules vraies qualités de ce premier épisode sont toutes empruntées à la version originale. Tout le reste n’est qu’ajout de la CW, qui massacre une excellente histoire pour produire une série au mieux pas trop mal, au pire pas franchement terrible. En ce qui me concerne, ce sera non.

– Corentin