Showcase #53 – Atlantis Chronicles #1

Sans le savoir et probablement sans le vouloir, la nouvelle grande cheffe des Showcases m’a fait un beau cadeau. En effet Harley, que l’on surnomme « La Batte » en référence à ses techniques de management musclées, en tout cas quand elle n’est pas dans les parages, a sélectionné parmi les titres du mois de Février Atlantis Chronicles. Un beau cadeau, donc, parce que cette histoire est pour moi un récit découvert par hasard il y a quelques années, qui m’a assez marqué et dans lequel j’aime me replonger. Alors même si un membre du staff peu scrupuleux a tenté de me voler le privilège d’écrire ce showcase, je lui pardonne. Je tairai d’ailleurs son nom mais sachez qu’il a des étoiles dans les yeux, cinq pour être précis, quand on lui parle de Grant Morrison. Enfin je m’égare, alors Atlantis Chronicles, qu’est-ce que c’est ?

La mini série de Peter David, illustrée par Esteban Maroto, est une oeuvre finalement un peu oubliée aujourd’hui qui se propose de nous faire vivre les origines d’Atlantis, bien avant qu’un certain Arthur Curry ne vienne visiter les profondeurs de l’océan. Sur le papier, il s’agit bien de ça mais dans les faits, Peter David va se montrer bien plus ambitieux et proposera une réflexion sur la création des mythes et sur leur importance dans la fondation des communautés ainsi que sur l’opposition entre science et religion ou encore entre histoire et légende. Tout ça dans un récit qui s’étalera sur plusieurs générations de personnages. L’auteur trouve en plus le moyen de garder la fraîcheur de son histoire puisque chaque numéro est raconté par un narrateur différent, de façon assez subjective, nous permettant de voir les personnages différemment à chaque fois et nous forçant à chercher la vérité au milieu de tout ça.

Assez parlé de l’oeuvre de son ensemble cependant, puisque c’est bien le premier épisode qui nous intéresse ici, tout simplement parce qu’il est paru le 6 Février 1990, il y a donc quasiment 25 ans jour pour jour. Ce premier numéro s’intitule ‘Le Déluge’ et je vous laisse donc deviner comment les choses finiront alors que nous sommes plusieurs siècle avant notre ère dans la cité de Poseidonis, le joyau d’Atlantis qui se trouve encore bien sur Terre. Les dissensions entre deux frères, les personnages principaux, se font vite sentir. D’un côté, Orin le monarque qui est attaché à la science et à la raison et de l’autre Shalako le religieux qui pense que le salut de son peuple est entre les mains des dieux. Une attaque de la ville par une bande de sauvage jettera définitivement de l’huile sur le feu alors qu’Orin choisit d’utiliser un laser, bien en avance sur son temps, pour se défaire des envahisseurs alors que son frère priera les dieux pour la victoire. Malgré, leurs différents points de vue, les deux frères sont d’accord sur une chose, la ville doit être mieux protégée. La solution est simple pour Orin, qui veut installer un dôme indestructible tout autour de la cité. Pour son frère, c’en est de trop, c’est l’affront ultime à Suula, la déesse du Ciel. Peu importe finalement puisque le chef a parlé et le dôme sera bel et bien construit. A partir de là, Shalako passe son temps à prier sa déesse, persuadé que son peuple sera durement puni à cause de ça.

Alors que la construction avance vite, très vite, un des plus fidèles conseillers d’Orin remarque quelque chose d’étrange en observant le ciel avec son télescope, une météorite. Convaincu qu’elle ne touchera même pas la Terre, ce dernier ne s’inquiète absolument pas et la conversation avec son monarque sera de toute façon balayée quand la femme de ce dernier intervient pour signaler à son mari qu’elle est enfin enceinte. L’héritier tant attendu va enfin arriver et c’est bien le plus important pour le royaume. Le temps passe, les affaires reprennent alors que le dôme est finalement terminé. Nous assistons alors à une réunion entre Orin et le chef des tribus sauvages qui ont attaqué au début et ces derniers concluent un pacte de paix. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes surtout avec la naissance de l’héritier qui est, en fait, une héritière. C’est, hélas, sans compter sur Shalako dont la foi vacille alors que sa déesse a laissé le dôme se construire sans punir son peuple. Frustré et en colère, il commet l’irréparable en faisant cette fois appel aux dieux Sombres. Les conséquences seront terribles puisque le chef des tribus sauvages périra, foudroyé sur place tandis que la présence de la météorite se fera de plus en plus menaçante dans le ciel. L’objet est énorme et il n’y a plus de doute, elle touchera bien Atlantis et ses environs. Pour Shalako, c’est enfin la réponse tant attendue des dieux et la preuve du laxisme des dirigeants. Le peuple de Poseidonis est finalement complètement isolé et abandonné dans son dôme alors que les tribus voisines refusent d’accorder leur aide suite à la mort brutale de leur chef. Les coups de feu avec le fameux laser d’Atlantis, preuve de la supériorité de cette civilisation, n’y changeront rien. La météorite s’écrase avec force, des tremblements de Terre viennent détruire les fondations de la ville alors que des vagues gigantesques ensevelissent le dôme qui coule dans les profondeurs de l’océan.

Alors simple coup du sort ou véritable punition des dieux ? Vous aurez beau lire la suite de cette mini-série, Peter David ne le révélera jamais. C’est un peu le thème qui parcourra l’ensemble d’Atlantis Chronicles alors que l’auteur opposera, sans arrêt, une vision mythologique à une autre plus rationnelle au sein de son récit. Tout ça, sans jamais apporter de réponse définitive sur ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas et en laissant donc au lecteur le soin de se laisser porter par le mythe ou finalement de questionner ce qu’il lit. Sous ses airs de grande saga aux dimensions mystiques, Atlantis Chronicles se révèle donc être un titre plus profond qu’il n’y paraît. En somme, un récit mythologique qui nous permet de revoir notre approche des mythes. En plus de ça, c’est aussi le point de départ du travail de l’auteur sur le monde d’Atlantis alors qu’il débarquera quelques années plus tard sur la série Aquaman pour terminer ce qu’il avait commencé ici.