Review VO – The Flash : Retour sur le run de Morrison et Millar

The Flash : Retour sur le run de Grant Morrison et Mark Millar
Critique de FBP : Federal Bureau of Physics Vol. 2 : Wish you were here
Les points positifs :
  • Le parfum de Silver Age
  • Des auteurs décomplexés
  • De nouvelles idées de tous les côtés
Les points négatifs :
  • Une compilation décousue
  • L’absence de Morrison se ressent à la fin

« Wally, you are definitely spending too much time around scottish people. » – Linda Park 


  • Scénario : Grant Morrison, Mark Millar – Dessins : Paul Ryan, Ron Wagner, Pop Mhan – Encrage : John Nyberg, Chris Ivy – Couleurs : Tom McCraw 

Fin 1997, bien occupé à peaufiner son JLA : Year One, Mark Waid fait un break d’un an sur la série The Flash après cinq ans de bons et loyaux services. Pour l’occasion, ce n’est pas n’importe qui qui se chargera de l’intérim puisque Grant Morrison et Mark Millar débarqueront sur le titre. Les deux écossais, alors meilleurs amis, avant que quelques brouilles ne les transforment en pires ennemis, signeront des épisodes qui seront finalement compilés dans deux TPB. Oui, ce sont bien ces deux livres qui nous intéressent ici et si la review qui suit vous paraît décousue, dites-vous au moins qu’elle est à l’image des œuvres présentées ici. La première, Emergency Stop collecte l’arc éponyme ainsi que quelques récits one-shot, avec un choix bien curieux pour le dernier d’ailleurs, mais nous y reviendrons plus tard. La seconde, parue sous le titre The Human Race, recensera deux arcs en trois parties, un du duo Morrison / Millar et le dernier uniquement signé par l’auteur de Kick-Ass. Nous retrouverons aussi une dernière histoire courte scriptée par Grant Morrison et publiée à l’origine dans Secret Origins #50, qui se veut une adaptation du classique Flash of Two Worlds. Maintenant que les présentations sont faites, entrons donc dans le vif du sujet avec le fameux Emergency Stop.


The Flash – Emergency Stop

D’entrée ce qui est saisissant à la lecture de l’arc Emergency Stop, c’est le parfum de Silver Age qui remplit les pages. Les personnages et les concepts, que l’on croisera ici, ont tous la saveur de cette époque où les choses semblaient plus légères dans les comics. Pourtant, les auteurs nous présentent une situation de base plutôt grave avec la découverte du cadavre du Flash mais d’une version d’une heure dans le futur. Wally West, accompagné de ses acolytes, aura donc une heure pour résoudre le mystère de sa propre mort. Rien que cette situation a le don de nous rappeler cette époque. Quand on sait, en plus, que le Flash sera opposé à The Suit, le super costume ultime, qui a la faculté de siphonner les pouvoirs de ceux qui le porte et qu’on croisera la route de vilains improbables comme le Fashioneer, le ton est clairement donné. Néanmoins, et malgré la folie douce qui règne ici, l’histoire des deux compères écossais est très bien ficelée. Ne se laissant pas avoir à leur propre jeu, ils façonnent un récit rythmé sans en perdre le fil. Ils s’appuient en plus sur quelques gimmicks qui maintiennent la pression autour des personnages. Wally, par exemple, ne peut combattre que grâce à son tout nouveau costume, entièrement créé à partir d’énergie de la Speed Force matérialisée autour de lui, alors qu’il a les jambes cassées. Ce qui frappe finalement dans ce premier arc, c’est le nombre impressionnant de nouvelles idées en tout genre qui viennent parcourir les pages du récit et qui maintiennent une sensation de fraîcheur et de nouveauté autour des personnages. C’est donc une histoire de Flash comme on les aime qu’on nous offre ici, pleine de rebondissements et avec une générosité qui fait plaisir à voir. Pour un début, c’est un quasi sans faute.

Le reste du TPB est composé de trois one-shots, toujours réalisés par Morrison et Millar, et nous offre trois histoires assez différentes. La première, bien dans l’esprit du récit Emergency Stop, continue son exploration hallucinée de l’univers du Flash avec, cette fois, l’opposé au Mirror Master, Evan McCulloh. Créé par Morrison lui-même dans les pages d’Animal Man, il était finalement évident que les deux écossais ne pouvaient pas se priver de ce personnage. Puisque je vous parlais d’idées et de concepts fous avant, les auteurs vont définitivement se lâcher ici. On retrouvera, entre autres, un Flash passant à travers un prisme en atteignant la vitesse de la lumière et ressortant de l’autre côté en étant divisé en sept entités de couleurs ou encore le personnage atteignant des proportions digne de Godzilla dans une illusion miniature de Keystone City. Ce ne sont que quelques exemples assez représentatifs de la passion qui a, semble-t-il, animé Morrison et Millar à l’écriture de cet épisode. C’est aussi ici que les auteurs se permettront quelques réflexions méta sur l’état des comics de super-héros des années 90 en les confrontant, encore une fois, à la folie du Silver Age. Tout ça, sans sombrer pour autant dans le « c’était mieux avant ». L’humour est aussi présent, s’accordant bien avec le ton employé ici. Le récit se concluant d’ailleurs par Linda Park disant à Wally qu’il passe beaucoup trop de temps en compagnie d’écossais dernièrement et faisant donc à la fois référence à l’adversaire qu’il vient d’affronter et aux auteurs qui sont en charge de la série.

Les deux derniers épisodes présents dans le TPB viennent ensuite apporter un changement de ton assez significatif. Nous avons d’abord une histoire centrée sur Jay Garrick. Bien plus classique que ce qui a précédé, l’histoire est tout de même largement digne d’intérêt grâce à une qualité d’écriture exemplaire. Chaque mot, chaque phrase semble à la bonne place pour instiller une étrange mélancolie à l’ensemble. Au final, même si les deux auteurs abordent le récit comme une rêverie sur le temps qui passe et sur la condition des héros et vilains vieillissants, ce chapitre apparaît, sur la fin, comme une vraie célébration de la vie. Mais c’est bien la présence du dernier récit qui pose problème. Toujours écrit par Grant Morrison et Mark Millar, ce numéro a donc toute sa place ici. Cependant il s’agit de la troisième et dernière partie d’un crossover de l’époque entre les titres Flash, Green Lantern et Green Arrow. Même s’il est plutôt simple de remplir les blancs soi-même grâce à une narration ultra explicative qui vient résumer l’ensemble du crossover, ce numéro apparaît tout de même comme le maillon faible de ce premier TPB. Bien plus terre-à-terre et sage que le reste, on sent vraiment que les deux écossais n’étaient pas les instigateurs de ce projet entre les trois séries. Cet ultime chapitre respire donc bien plus le travail de commande et peine à retrouver l’éclat qui caractérise le reste et même s’il n’est pas bâclé pour autant, on aurait très bien pu s’en passer ici.

C’est donc bien la présence de ce chapitre qui vient m’empêcher de mettre la note maximale à ce premier livre tant le reste est exemplaire. En effet, même d’un point de vu artistique, c’est très réussi. Paul Ryan officie sur l’intégralité de l’oeuvre et son style fonctionne à merveille avec le genre d’histoire racontées par le duo. Loin, très loin du style dominant des années 90, le coup de crayon de l’artiste est rétro et inspiré. Appuyant les touches d’humour et venant souligner l’efficacité des séquences d’actions avec un découpage classique mais extrêmement clair, Paul Ryan participe lui aussi à faire vivre ce côté Silver Age présent dans l’oeuvre, et tout ça dans un comics vraiment jouissif.


The Flash – The Human Race

Alors que le premier TPB apparaissait comme une pure compilation d’histoires de Flash, ce deuxième débute avec un arc qui se rapproche plus du ton du run de Morrison sur la JLA. Nous voilà, en effet, plongé dans du cosmique alors que deux êtres cosmiques justement quasi-invincibles apparaissent en révélant parier sur des courses entre les héros les plus rapides de l’univers. Petit problème, le perdant de chaque course voit son monde être détruit. Rien que le pitch nous prouve que le duo ne s’est pas calmé au niveau de la folie des histoires entre les deux TPB. Si je vous dis qu’en plus Flash aura pour adversaire l’ami imaginaire de son enfance qui est, en fait, bien réel et qui est un être de pur énergie venu de la planète Kwyzz, vous commencez à comprendre qu’on est dans un délire Morrisonien pur et dur. Malgré leur histoire sous acide, les deux écossais tiennent encore fermement la barre ici en livrant un récit maîtrisé de bout en bout. Faisant passer Wally par toutes les étapes du parcours du héros et par toutes les émotions de façon accélérée, les auteurs se permettent tout avec une audace rafraîchissante. Ils iront d’ailleurs jusqu’à faire courir la Terre entière derrière Flash pour le soutenir dans un final, certes un brin trop optimiste, mais que l’on parcourt le sourire aux lèvres. Du côté des dessins, c’est aussi la classe avec la présence encore une fois de Paul Ryan et de Ron Wagner. Les styles des deux artistes vont assez bien ensemble pour faire passer la pilule du changement en plein milieu de l’arc. Les planches de l’un ou de l’autre sont, en plus, fournies, pleines de détails et parfois inventives. Il faut voir, par exemple, le Flash se faire aspirer dans un trou noir ou le design parfait de Krakkl, l’ami imaginaire de Wally, ou encore ce dernier faisant une pause sur une planète miniature, pour se convaincre des trouvailles visuelles géniales du duo d’artistes. De jolis dessins donc, renforcés par des couleurs toujours dans le bon ton de Tom McCraw qui finissent de placer cet arc largement au niveau des histoires du premier TPB.

C’est à partir de là que les choses se gâtent, avec la présence du dernier arc sur la série avant le retour de Mark Waid. Intitulé The Black Flash, le récit mettra donc en scène l’équivalent de la faucheuse mais pour les Speedsters. Pour l’occasion, exit Grant Morrison et voilà Mark Millar seul au commande du scénario. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça se ressent très vite. Le ton résolument optimiste des histoires précédentes est abandonné et nous sommes plongé dans du ‘grim and gritty’ pur et dur avec tous les clichés que ça implique. On n’échappe donc pas à l’enterrement sous un ciel gris avec pluie torrentielle, ni au héros qui perd la foi et donc ses pouvoirs par la même occasion. Ce n’est peut-être pas le genre qui convient le mieux à un personnage comme Flash mais ce n’est pas le vrai problème. Ce qui gêne le plus, c’est que Millar traite son sujet à la fois, frontalement avec tout le sérieux que ça implique mais aussi parfois avec un cynisme à peine déguisé qui finit par déteindre sur son personnage principal. Le tout est sauvé par le dernier chapitre de cet arc en trois parties qui nous fait retrouver le héros sous un meilleur jour, avec en plus, quelques pointes d’humour bien senties qui apportent une légèreté franchement bienvenue après tout ça. Cet arc, le plus faible de tous, l’est aussi graphiquement. C’est l’artiste Pop Mhan, aidé par Joshua Hood pour les quelques dernières pages, qui s’invite cette fois à la fête. Même si son style basé sur l’exagération des mouvements convient assez bien au Black Flash qui prend des airs de créature inarrêtable, ce sont ses personnages humains qui laissent à désirer. Certains sont squelettiques alors que d’autres apparaissent avec des cuisses ou des têtes disproportionnées, et mon Dieu que cette barbichette est laide sur Wally West… Bref, même si tout n’est pas à jeter, loin de là d’ailleurs, dans ce Black Flash on est quand même loin de retrouver la même folie, la même générosité et la même audace que dans ce qui a précédé. Il est alors difficile de ne pas se dire que l’absence de Grant Morrison y est pour beaucoup.

Pour ne pas se quitter sur une mauvaise note, le livre The Human Race propose une dernière histoire. Écrit à l’origine en 1990 par Grant Morrison dans Secret Origins #50, le récit est une adaptation du classique Flash of Two Worlds. Cette fois, Central City et Keystone City sont bel et bien sur la même Terre mais les vilains The Shade, The Thinker et Fiddler ont coupé Keystone City du reste du monde. Je ne vais pas entrer dans les détails de l’histoire et même si c’est clairement un hommage à l’oeuvre originale, Morrison s’offre quelques libertés en ne citant que quelques passages obligés de l’épisode écrit, à l’époque, par Gardner Fox. Au final, il s’agit d’une histoire qui a largement sa place ici tant elle apparaît comme une petite sucrerie avant de refermer le livre. L’ensemble nous est narré par un enfant et Morrison est accompagné par le regretté Mike Parobeck aux dessins. Ce dernier s’inspire à merveille du style de l’époque tout en insérant dans le récit des dessins enfantins, se mettant à la place du garçon qui nous raconte l’histoire. Même s’il ne révolutionne pas le genre, ce dernier chapitre est néanmoins un joli hommage rendu au personnage et à son histoire et permet de finir ce second TPB sur une touche plus enjouée. En effet, avec encore une fois une qualité d’écriture exemplaire, l’auteur écossais se laisse prendre au jeu en conservant le style de narration de l’époque, mais tout ça avec une certaine candeur, comme s’il s’agissait d’une lettre d’admiration d’un enfant pour le héros.

Sans être le travail le plus connu de Grant Morrison ou de Mark Millar et sans être non plus le run le plus plébiscité par les fans du Bolide Ecarlate, ces deux TPB nous présentent, malgré tout, quelques-unes des histoires les plus jouissives que l’on peut trouver sur le Flash post-crisis. Rappelant le Silver Age sans tomber dans une forme de passéisme et en amenant le héros dans des aventures de plus en plus folles, les histoires présentes ici sont toutes dignes d’intérêts. Certaines figurent même parmi les meilleures que j’ai pu lire, depuis longtemps, sur le personnage. Alors certes, la compilation de récit ici peut paraître décousue mais qu’importe, The Flash par Grant Morrison et Mark Millar, c’est le genre de comics qui nous rappelle pourquoi on aime les comics.

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Vittorini
9 années il y a

Faut dire ce qui est, Krakkl, il est génial ! ^^
Concernant la saga du Black Flash, je suis d’accord, c’est bordélique, rien que pour le cas Linda, c’est à se demander comment il a fait et si son délire, à elle, c’est pas de se perdre dans la Speed Force/Continuum espace temps. C’est probablement un des personnages qui s’y est rendu le plus de fois sans avoir de pouvoirs ^^
Il n’empêche, le côté flippant du BF et la façon dont Wally s’en débarrasse, c’était plutôt impressionnant, pour ne pas dire perturbant. Bref, excellente review ! :)

lucas cage
lucas cage
9 années il y a

J aimerais voir Morrisson sur flash surtout que dernièrement il en a émis le souhait.. Savez vous si urban va sortir ce run?

DarkChap
DarkChap
9 années il y a

Du très bon effectivement. J’ai tendance à trouver Morrison moins bon avec Millar que seul et je ne pense pas que ce run y fasse exception mais ça n’en demeure pas moins un travail très solide qui mérite amplement le détour.

The Trickster
The Trickster
9 années il y a

C’est un excellent run (pas le meilleur) mais très agréable à lire. Pour moi, il n’y a que le dessins qui vieilli malheureusement, car l’histoire elle demeure toujours aussi intéressante. Parlant d’intéressant, je trouve que le Flash de new 52 actuel colle beaucoup à ce run on y retrouve des codes semblables et même le Barry Allen bleu me fait beaucoup pensé à John Fox (et pas juste à cause du costume)

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