Review VO – Flash & Green Lantern : The Brave and the Bold

Critique de Flash & Green Lantern - The Brave And The Bold
Les points positifs :
  • Des renvois au Silver Age…
  • …par une écriture efficacement moderne
  • Un sens aigu de la caractérisation
Les points négatifs :
  • Anecdotique peut-être par son hors-continuitéïsme
  • Survient dans un contexte qui n’est plus d’actualité
  • S’apprécie davantage si on est sensible à la nostalgie

« You and I will always be a team. » – Hal Jordan


  • Scénario : Mark Waid & Tom Peyer – Dessin : Barry Kitson & Tom Grindberg

Au crépuscule du deuxième millénaire, avant Barry Allen et Hal Jordan, il y avait Wally West et Kyle Rayner dans les rôles de Flash et Green Lantern. Et plus loin encore, il y avait de nouveau Barry Allen et Hal Jordan, avant que le premier ne se sacrifie pour sauver l’existence lors des événements de Crisis On Infinite Earths, et que le second ne se sacrifie dans le soleil pour sauver la Terre durant les événements de Final Night. Et plus loin encore, il y avait Jay Garrick et Alan Scott mais on s’écarte du sujet. La mini-série de six numéros récoltée dans ce TPB met donc en scène Barry Allen et Hal Jordan lors d’une période où tous deux étaient considérés comme morts (notons qu’à l’époque, dans les comics, les morts avaient tendance à le rester). Par leur absence, les deux justiciers laissaient le soin à leurs héritiers – Wally West et Kyle Rayner – d’endosser leurs costumes respectifs. Mais on en trouvait toujours des nostalgiques de l’époque des grands, des vrais, des meilleurs Flash et Green Lantern, et Mark Waid en faisait partie. D’où son idée de les ramener le temps de six courtes histoires inédites qui se seraient déroulées du temps où les deux amis arpentaient encore la planète de leur pas confiant.

Before Wally West, before Kyle Rayner…

Tout sépare Barry Allen et Hal Jordan. Le premier est marié, stable, discret – le second est une tête brûlée, un peu coureur de jupons, proprement incapable de conserver le même poste pendant plus de quelques semaines. Mais, en dépit de leurs différences, une amitié les lie dans leur combat pour la justice. Voici six de leurs aventures qui les mettront en prise avec leurs vieux ennemis ; six aventures où ils croiseront le chemin de leurs aînés, de leurs successeurs et des êtres qui leur sont chers.

Rien qu’à travers le choix de ses protagonistes, décédés au moment des faits, Mark Waid révèle un penchant nostalgique qui va envelopper ces six petites histoires déconnectées les unes des autres. Mais la nostalgie va encore plus loin puisque l’auteur renvoie une multitude de clins d’œil au Silver Age et, dans une moindre mesure, au Bronze Age, au cours du récit. Ces clins d’œil sont tout d’abord formels : certaines couvertures par exemple s’appuient sur un gimmick intrigant, comme celle où l’on voit Barry, un anneau à la main, faire le serment des Green Lantern entouré des Gardiens. Une situation plutôt improbable, vous en conviendrez, qui rappelle le fonctionnement des auteurs du Silver qui décidaient de la couverture d’un numéro avant d’en écrire la trame, comptant avant tout sur une image accrocheuse qui aurait donné envie au lecteur de découvrir comment ses héros favoris en sont arrivés là. La nostalgie ‘formelle’ va au-delà, on a ainsi au début de chaque numéro un petit texte explicatif sur les personnages qui les replacent au cas où le lecteur les découvrirait pour la première fois. La première page de l’histoire en tant que telle fonctionne ensuite souvent de la même manière que la couverture, en prenant place dans le feu de l’action, avec par exemple les deux héros mis en difficulté par un méchant, pour exciter les attentes du lecteur et le pousser à repartir du magasin avec le comic sous le bras. Enfin, chaque histoire est découpée en trois mini-chapitres, une division indissociable du Silver qu’on ne retrouve plus du tout dans les comics actuels.

Ça drague le Silver Age

Le scénario apporte également son lot de clins d’œil, comme le Flash & Green Lantern – The Brave and the Bold #4, dont la pochette elle-même est une référence éloquente, qui associe Green Arrow au duo traditionnel le temps d’une histoire où Oliver Queen reprend le même rôle de perturbateur qu’il tenait dans le légendaire run de Dennis O’Neil et Neal Adams (paru chez Urban l’été dernier). La référence est tellement appuyée qu’on soupçonnerait presque Mark Waid d’avoir repris des répliques telles quelles du travail de Dennis O’Neil. On voit également des personnages oubliés du Silver montrer leur nez, Pieface par exemple mais aussi la Star Sapphire originelle, qui avait combattu Jay Garrick dans seulement deux numéros poussiéreux. Le scénariste, comme embêté par l’homonymie de ces deux vilaines fondamentalement distinctes, extirpe le personnage de l’oubli pour faire le lien avec la Star Sapphire moderne d’une manière amusante. On assiste également à un bref retour de Itty, une sorte de familier alien en forme d’étoile qui égayait les journées du Hal Jordan de l’Âge d’Argent.

Une mine de clins d’œils emprunte de nostalgie, mais pas seulement ! Puisque Mark Waid applique également les canons modernes d’écriture, choisissant ainsi de ne pas embrasser la caractérisation quasiment inexistante des histoires du Silver Age. Au contraire, alors qu’à priori on aurait tendant à considérer Barry Allen et Hal Jordan comme des héros similairement lisses, il s’escrime ici à mettre en tension leurs différences, distinguant Barry Allen, occupé par son travail à la police scientifique, marié à Iris depuis belle lurette, etc, à Hal Jordan, célibataire endurci qui entretient une relation chaotique avec Carol Ferris, et qui change de travail comme de chemise. La caractérisation, comme souvent avec Mark Waid, est soignée à merveille, très douce sans pour autant écarter les sources de tension, comme dans ce numéro particulièrement fun où Hal Jordan et Barry Allen vont faire du camping avec leurs prédécesseurs Jay Garrick et Alan Scott sur une autre planète. Ce numéro sert également à rappeler la tradition d’héritage associée aux deux super-héros, particulièrement éloquente puisque le récit survient dans une époque où, dans la continuité régulière, leurs costumes sont portés par d’autres.

Des invités à la fête

Chaque histoire a enfin la qualité d’apporter systématiquement des invités. Ce sont parfois des membres de l’entourage des héros, comme leurs prédécesseurs précédemment cités ou le jeune Wally West, encore dans le costume de Kid Flash. Mais on verra également les ennemis traditionnels du duo, comme la précédemment citée Star SapphireSinestroMirror Master, ou encore un Black Hand à l’ancienne qui surprendra peut-être ceux qui ne connaissent que le personnage via Geoff Johns. Puisque c’est le mois Flash, on peut se permettre de déplorer cette prédominance du Green Lantern-verse, mais elle offre l’avantage d’ouvrir la voie à des histoires tirant sur le cosmique, dans une veine Silver que Mark Waid cherche justement à exploiter.

Le seul vrai inconvénient de cette mini-série est de se situer hors-continuité et, par conséquent, de se condamner dans une certaine mesure à demeurer dans l’anecdotique. On appréciera d’ailleurs davantage ces histoires en gardant à l’esprit qu’elles débarquent dans un contexte où Wally West et Kyle Rayner étaient associés aux noms resplendissants de Flash et Green Lantern. D’ailleurs, pour Flash, toute une partie du lectorat n’avait même jamais connu Barry Allen, si ce n’est à travers les mentions glissées dans les aventures de son successeur. Difficile peut-être de prendre la mesure de ce cadre maintenant que les costumes sont à nouveau sur les épaules de leurs porteurs originaux.

Dennis O’Neil et Neal Adams ne sont pas oubliés

Les dessins de leur côté ne se plongent pas à corps perdu dans cette nostalgie Silver, et gardent une approche moderne, d’un classicisme qui leur aura probablement évité de mal vieillir comme d’autres histoires de 1999 l’ont fait (songeons au Howard Porter de l’époque, qui ‘divise les avis’). Cinq des six numéros sont assurés par Barry Kitson, un familier des années 90 qui avait suivi le même Mark Waid dans la relance de la Légion des Super-Héros quelques années plus tard. Barry Kitson prend ici un soin particulier aux visages et à leurs expression de surprise, de joie, etc, s’alignant sur l’atmosphère des intrigues de Mark Waid. Tom Grindberg reprend le pinceau le temps d’un unique numéro, celui en hommage au Green Arrow – Green Lantern de Dennis O’Neil et Neal Adams et on reconnaîtrait presque dans son style un hommage au trait caractéristique du grand Neal Adams, notamment dans sa manière de mettre en valeur la musculature de ses héros et dans quelques gros plans sur les visages qu’affectionnait également le vieux compagnon de Dennis O’NeilBarry Kitson comme Tom Grindenberg s’en sortent avec honneur, mais reconnaissons qu’on retiendra cette mini-série davantage pour le scénario de Mark Waid que pour ses dessins.

Grosse bouffée de nostalgie boostée par de nombreux guests et une caractérisation appuyée, Flash & Green Lantern – The Brave and the Bold contient six histoires à la fois mélancoliques et rafraîchissantes, parvenant à rendre un hommage conjoint à deux des plus grands héros du DC Universe à une époque où ceux-ci étaient laissés pour morts. Maintenant, Barry Allen est de retour et on est contents, mais à l’époque c’était une légende disparue, ressuscitée brièvement par Mark Waid avec une maîtrise qui force le respect.

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stingrayfell
stingrayfell
9 années il y a

ça avait été publié en VF ?

DarkChap
DarkChap
9 années il y a

Effectivement, une minisérie très sympathique.

The Trickster
The Trickster
9 années il y a

Se que je préfère dans cette BD c’est les tensions lors de l’histoire avec Green Arrow. J’aime beaucoup que ces deux héros ne soit pas amis et que malgré un fond de respect, il n’y ait aucun intérêt l’un pour l’autre et qu’ils se considèrent soit comme faible, soit comme cinglé. C’est vraiment génial, surtout quand on pense que Arrow et Flash sont autant lié dans l’imaginaire collectif maintenant.

The Trickster
The Trickster
9 années il y a
Répondre à  The Trickster

je voulais rajouter que j’aime aussi beaucoup la relation, Jay Garrick – Barry Allen et celle Alan Scott – Hal Jordan, qui est démontré lors d’une aventure dans cette BD. La différence entre les deux types de mentors et leurs protégés est frappante et très intéressante.

BenJ BT
BenJ BT
9 années il y a

J’ai bien hâte de découvrir cette série en mars grâce à Urban.

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