Review TV : Constantine, saison 01, épisode 06Les points positifs :
Les points négatifs :
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« I only know that the darkness is rising. And unless I can stop it, the world will change. Foreva’. » – John Constantine
- Constantine Saison 01 – Épisode : 6 – Titre : Rage of Caliban
- Réalisé par Neil Marshall – Écrit par Daniel Cerone – 28 novembre 2014
Cette semaine, ni introduction ni tournures élaborées, on saute par dessus les formules de base pour aller directement à l’essentiel. Est ce que j’ai aimé cet épisode ? Oui. Est ce qu’il est exempt de défauts pour autant ? Non. Vous pouvez dès lors sauter le reste de la review ou vous reporter au rapport note/points positifs et négatifs pour orienter votre avis, qui sera j’en suis sur, plus pertinent que le mien. Pour ceux qui restent, la question qui se pose est de savoir : quel avenir aura la série Constantine, sous sa forme actuelle ?
L’épisode de cette semaine ne brille pas par son intrigue, une vague histoire d’enfants possédés, ni par la volonté affichée de rythmer par le spectacle d’un foyer américain typique – autrement dit, complètement publicitaire et stéréotypé. L’intérêt clé qui le distingue du reste de cette première saison réside dans son ambiance. On ramène Neil Marshall, qui avait, comparativement à ce qui a suivi, offert un pilote de qualité (relative, mais estimable). Son problème principal était sa dynamique rétro, l’absence de transitions élaborées et des effets discutables, notamment par l’apport d’un second rôle féminin mal casté. Et, oh, surprise, cet épisode a exactement les mêmes défauts – mais il a surtout les mêmes qualités.
Si Neil Marshall est la définition même du réalisateur imparfait, il a au moins le mérite d’être issu du monde du cinéma. Quelle différence me direz vous ? Notoirement connu pour être un repaire de paresseux, celui de la série TV ne s’est ouvert que depuis quelques années à des projets vraiment ambitieux généralisés. C’était le sujet d’un édito pas très ancien : pourquoi est on si critique des séries TV lambdas d’aujourd’hui, qui étaient finalement la norme, il y a de cela quelques années. Parce qu’aujourd’hui, on peut trouver de part et d’autres des productions de dimension cinématographique sur le petit écran. Constantine n’en fait pas partie, même au sortir de cet épisode. Mais il fait ce qu’il peut, et c’est déjà mieux. Le réalisateur ramène les efforts d’une production plus aboutie, ce que les épisodes précédents n’avaient pas fait, et se contentaient de décors vides, mal éclairés, avec une pauvreté de mise en scène assez palpable. Pour prendre le point de vue du relatif (ce qu’on ne peut pas ne pas faire quand on a suivi la série jusque là), tout ici va vers quelque chose de plus solide que la zone de confort série TV habituelle.
On gomme le personnage de Zed (en vacances. Loin. Pas assez loin, mais loin), et on la remplace par une petite galerie de portraits. John n’est jamais seul, dans aucune scène, à se parler à lui même ou à son trenchcoat. On exploite le maigre casting secondaire, on le densifie au passage, pour donner des dialogues, des interactions. Pourquoi l’absence de Zed est elle une bonne chose ? Parce qu’elle permet d’éviter le running gag du Constantine traumatisé, dont on essaye de percer la carapace pour révéler les cicatrices. Pire : cet épisode va chercher dans le passé de l’exorciste, pour trouver de vraies douleurs enfouies, mais il le fait mieux, sans s’appesantir, et on peut même se sentir plus proche du personnage que dans sa culpabilité habituelle mal servie.
Esthétiquement, la série fait aussi mieux que d’habitude (j’aime beaucoup cette idée de la maison hantée, un décor où Matt Ryan a l’air de s’éclater). Certains moments portent à sourire, d’autres mettent en haleine. En face de cela, on trouve toute une batterie de problèmes liés au pan « american family » de cet épisode. On va se regarder dans les yeux et se dire les choses franchement. C’était nul. Nul, nul, nul, tout est à jeter. Le cliché est indéfendable, desservi par un modèle de famille ridicule, un acteur – certes, c’est un enfant. Et alors ? – déplorable, une antithèse de réussite, un portrait robot des ratés de la TV, bref : c’est pas bien. Et c’est à contre coeur que je dresse ce constat, de l’épisode que j’ai peut être préféré depuis le pilote, et à la fois celui qui me déçoit le plus pour ce travers, trop gros pour être éludé.
« Mais Corentin, je vois ta note en haut de l’article. Pourquoi accordes tu un quasi-sans fautes à un épisode dont tu admets toi même que la moitié est plombée par un autiste de onze ans et une famille de pub Nutella ? » Très bonne question, ami lecteur, et je te remercie de me l’avoir posée (parfois, je me demande ce que je ferais sans vous). Le véritable angle de cette review, qui passionnera les foules, j’en suis certain, est le suivant : qu’est ce qu’une bonne série Constantine ? L’adaptation proposée par David Goyer et NBC n’a jusqu’ici proposé qu’un embryon de réponse à cette question. Je vais donc vous donner ma version des faits : cet épisode est une idée passable, inachevée de ce qu’aurait pu donner une bonne adaptation (américanisée) du comics Hellblazer.
On s’intéresse à John Constantine – pas à John ET Zed, ou John ET « random female character » – son passé est évoqué, mais pas développé. Il a des connaissances, partout, mais la relation qu’il entretient avec elles reste superficielle ou implicite, car c’est un homme solitaire. Un personnage maudit, mais sa culpabilité s’abrite derrière la façade d’un Matt Ryan cynique, qui trouve des distractions dans l’alcool, le sexe et la cigarette (mention spéciale aux dernières secondes de l’épisode). Trouver une richesse esthétique face caméra de la mythologie du comics, qui a mieux à offrir qu’une version aseptisée de l’Exorcitse, ou un film d’horreur found-footage en direct-to-dvd. La promesse de Constantine était de faire avec Hellblazer ce que la série Elementary a fait de Sherlock Holmes. Et, pour la première fois, dans cet épisode, le contrat est rempli. Dès lors, c’est une note d’encouragement plus qu’un contrôle qualité. Parce que NBC lit DCPlanet, bien entendu (comme tout le monde sur Terre d’ailleurs. Et Mars.)
La question qui se pose alors est : n’était-ce pas trop tard ? Neuf épisodes annulés, des audiences comparables à celles de The Flash – sur un network deux fois plus gros – et des critiques mitigées, Constantine n’est pas la cash machine promise par les noms DC Comics/David Goyer. Ce sixième épisode n’est pas en soi un excellent cru, c’est une norme qui aurait du être appliquée dès le pilote – or, nous en sommes déjà à la moitié de saison. Quand le vent frais de la nouveauté aura fini de souffler, qu’une saison de freaks of the week aura achevé tristement de figer la série dans un perpétuel statu quo, que restera-t-il chez NBC pour donner suite à ce demi-succès ? Pire – car des séries plus mauvaises ont été renouvelées – en a-t-on seulement envie ? La série Constantine n’est pas, à mes yeux, un rendez-vous, ni en tant que fan de série TV, ni en tant que lecteur de comics. Et j’aurais tendance à ne pas voir mon cas comme une exception (je tiens au passage à remercier les trois personnes qui ont lu jusqu’ici).
Bref, ce Rage of Caliban amène un souffle d’espoir aux désespérés de la formule. Perpétuellement coincée entre le pas trop mal et le bof bof, la série Constantine gagnerait à se repenser dans l’avenir, pour revenir à ses premières promesses. A quand Swamp Thing, Zatanna et la cigarette, à quand une saison 2 où ce genre d’épisodes seront devenus une norme, et où on envisagera même de se passer des clichés du type famille Américaine typique ? En l’attente, contentons nous de cette semi-réussite, un épisode convaincant, avec un excellent Matt Ryan. Si l’avenir du show en lui même paraît compromis, ce-dernier aura au moins eu le mérite de porter à bout de bras chacun des épisodes, et personnifier à la perfection l’exorciste British. Thanks mate. That was lovely.
Reste plus qu’à avoir des meilleures audiences et c’est bon pour cette série :)
Si j’étais américain, pas certain que cette série serait un rendez vous chaque vendredi soir comme tu le dis (je ne m’y connais pas en programme tv US, mais j’ai vraiment pas l’impression que c’est un horaire et jour qui aide à la popularité de la série), mais comme épisode de réveil/petit déj’ du samedi matin, c’est un vrai rendez vous pour moi.
Je ne suis pas friand des saisons à 22 épisodes (s’ils durent 40 minutes), alors une saison à 13 épisodes sonne bien dans ma tête, si seulement il y avait un bon niveau constant, une direction claire et une fin qui donne envie de voir une saison supplémentaire.
Sinon j’ai beaucoup aimé la scène d’ouverture de l’épisode (jusqu’au générique), un épisode standard avec de vrais bons passages (quel jeu d’acteur de cet enfant, c’était émouvant…), merci pour ton avis Corentin
Avec plaisir Pipadou, merci de m’avoir lu en entier.
La série est de mieux en mieux. J’espère qu’elle restera au niveau de cette épisode qui était vraiment sympa. Même si c’est vrai que ce gamin sait pas jouer.
Vous en êtes réduits à critiquer la présence d’une famille stéréotypée pour critiquer Constantine ? Que je sache, elles sont toujours majoritaire, rien d’étonnant à en voir.
Arrêter donc de râler ; Constantine est une bonne série TV en tant que telle, n’est pas et n’a jamais prétendu a être une version live de Hellblazer, et y’a bien, bien, bien pire.
(Question sérieuse ; je n’ai lu que les New 52 en français, mais comparer ça aux parents de Batman… Pourquoi y’a-t-il une telle fixation sur la cigarette de Constantine ? Un network grand public ne devrait pas montrer un personnage qui fume, voir n’a peut être pas légalement le droit)
Je ne suis pas certain que tu ais saisi le concept de la review. L’idée n’est pas de critiquer pour critiquer, mais de rendre un avis – de préférence objectif. Ce qui signifie, vu que la perfection n’existe pas, évoquer à la fois les qualités et les défauts. Je parle des deux ici, même si tu as surement sauté la partie sur les points positifs, ce qui, je te l’avoue, me fatigue un peu. Si tu cherches, c’est en haut, en dessous de l’image de présentation.
Ce n’est pas parce qu’un défaut est très répandu que ça cesse d’être un défaut. J’évoque justement cette paresse des séries TV habituelle, de se complaire dans le cliché sans chercher à dépasser les codes ridicules établis par des productions de piètre qualité (mais tu as peut être aussi sauté cette partie là). Quand c’est raté, c’est raté, peu importe que ce soit répandu. J’aurais la même chose à reprocher à toutes les séries qui font preuve de la même paresse. Voire mieux : je ne les regarde pas.
De plus, résumer à ça à « critiquer pour critiquer », je trouve ça presque insultant pour nous qui nous levons à 6h du matin tous les samedis pour regarder l’épisode, et essayer de garder l’esprit ouvert ou ne pas être trop gentil ou trop méchant. Si tu trouves cet avis trop négatif, dis toi que si j’avais été trop positif, ceux qui n’aiment pas me l’auraient aussi reproché. D’où l’idée de la review, objective et argumentée. Une formule qui fonctionne, sauf pour ceux qui ont envie de lire de travers. Si ce que tu recherches est un avis qui va uniquement dans ton sens, il y a peu de chance que tu trouves ton bonheur sur DCP.
Je le rappelle d’ailleurs, ce site est un site de lecteurs de COMICS. Evidemment, quand une série TV adapte un comics, surtout de la qualité et de la richesse d’Hellblazer, on peut en attendre plus que ça. Si c’est pour faire quelque chose de cliché, de lambda, qu’on peut trouver ailleurs sous un autre nom, pourquoi vouloir adapter un comics ? Il y a des dizaines de séries TV du type Constantine, à quoi bon en faire une autre si ce n’est pas pour faire un peu mieux ? Les adaptations sont une chance, une occasion rare de voir la richesse des BD portés à l’écran pour un large public – ici, c’est l’inverse, le format dénature l’oeuvre d’origine. Je pourrais parfaitement me contenter d’une version aseptisée à la Elementary (que j’ai appréciée même si elle repense fondamentalement Sherlock Holmes) si la qualité suivait, mais je suis désolé, ce n’est pas le cas. Constantine n’est pas « une bonne série TV », elle plafonne à 6/10 sur RottenTomatoes, 53% sur Metacritic, et n’a pas été jugée suffisamment bonne par les producteurs pour commander une saison de 22 épisodes. En terme d’audiences, elle n’a pas non plus l’air de remuer les foules.
Avec un 4/5, j’ai presque l’impression d’être un grand optimiste – parce qu’au delà de ce procès d’intention, je précise que j’ai apprécié cet épisode. C’est écrit en haut. A mes yeux, cet épisode est quasi réussi, mais pas exempt de défauts pour autant. Je liste autant de points positifs que négatifs, et le constat que j’en tire est qu’en suivant les enseignement de ce Rage of Caliban, la série peut s’améliorer (et je le souhaite).
Bref, merci pour ton commentaire, TidiusFF, mais j’aurais moi aussi deux questions sérieuses à te poser : 1) est ce que tu sais lire ? 2) est ce que tu comprends ce que tu lis ? Car, à l’avenir, j’aimerais qu’on arrête pour de bon la présence de ce type de commentaires dans les reviews. Personne n’a dit que les reviews étaient là pour faire plaisir à ceux qui aiment ou ceux qui détestent. Une review se concentre sur le fond, l’épisode, le single, etc, et n’est absolument pas dictée par une envie de critiquer ou d’applaudir. Je te conseille aussi, si ce n’est pas déjà fait (je ne présume de rien) de lire ou relire les BD Hellblazer, qui témoignent d’une richesse plus vaste que la série Constantine – et dont on n’a pas besoin de dire « y a pire » pour vanter les mérites. Bonne lecture.
Je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’ensemble de ta critique, sauf sur le fait que personnellement, Constantine est un de mes rendez-vous de la semaine. Après bien entendu, c’est mon avis. Alors bon c’est vrai qu’on voit pas trop où ça va nous mener, si c’est du côté d’Astra ou alors du côté de cette montée des ténèbres qui n’est là que pour l’instant que pour donner une excuse au réveil de tous les esprits d’Amérique et qui donnent du travail à Constantine. Mais il n’empêche que dans toute la semaine, Constantine est une des séries que j’attends avec le plus d’impatience. Et en ce qui concerne le format de 13 épisodes, je pense que ça peut vraiment être un mal pour un bien, parce que quand on voit Arrow par exemple qui se traîne pour remplir les 23 épisodes, on se dit que quelques épisodes de moins ça peut faire du bien
Ca, je suis bien d’accord Julien, je préfère moi aussi les séries en 13 épisodes (voire en 12), ce n’est pas un jugement de valeur ou quoi que ce soit. Mais si NBC avait prévu d’en faire une série à 22 épisodes, pour ensuite la réduire aux 13 initialement commandés, ça veut peut être dire qu’ils sont déçus des résultats, c’est uniquement pour ça que j’en parle.
En soit, on est bien d’accord, Arrow aurait gagné à se raccourcir. 15 ou 16 ç’aurait été très bien (surtout au vu des derniers en date ^^)
Moi j’aime bien cette série, je suis un peu aveuglé, je pense, parce que je surkiff le personnage en lui meme, et ses comics. C’est tout ce qui fait un bon comics pour moi, une ambiance, un héro antipathique, un râleur, bref constantine.
Je préfère également ( meme si c’est annonciateur de mauvaise augure ) une saison plus courte.
On peut également constater que Constantine, s’est quand meme tapé Halloween et Thanksgiving, ce qui ne l’aide surement pas a taper de gros score, en plus sa programmation le vendredi, en 2eme partie de soirée. Bref rien n’a ete fait pour faire de Constantine un RDV incontournable, et c’est bien dommage.
Petit mot en passant, je suis relativement nouveau sur le Site, et je tiens a saluer vos travaux sur les nombreuses review, que ce soit TV ou Comics. Vous faites du très bon Boulot :).
Cya.
Très sympas comme review, j’aime bien ton style.
Merci. Je l’aime bien moi aussi en fait.
Alors tout vas bien, dans le meilleur des mondes.
Bonne review, et je pense que c’est le meilleur épisode depuis le début de la série. Personnellement je ne suis pas du tout déçu par le rendu de cette série, à part le deuxième épisode que je trouvais ennuyeux. Cela est peut-êre du au fait que je connaisse pas du tout le personnage de Constantine en dehors du film avec Keenu Reeves et quelques épisodes de Justice League Dark.
Vivement vendredi.