[Review VO] The Multiversity : Pax Americana

The Multiversity : Pax Americana
The Multiversity : Pax Americana
Les points positifs :
  • Un récit maitrisé
  • Des personnages bien utilisés
  • Des dessins magnifiques
Les points négatifs :
  • Peu abordable par les novices (mais ce n’est pas le public visé)

« Complete yet always beginning and ending. Always different. » – Captain Atom


  • Scénario : Grant MorrisonDessins : Frank QuitelyCouleurs : Nathan Fairbairn


The Multiversity a bien commencé, avec trois numéros plus que solides, et Grant Morrison a su prouver qu’il n’a rien perdu de son talent, et qu’il était même capable d’écrire un récit abordable par n’importe quel nouveau lecteur, bien que des tas de références destinées aux connaisseurs soient placées dans les comics précédents. Cette semaine, l’épisode est prometteur puisqu’il réunit le fameux dessinateur écossais et son acolyte Frank Quitely, avec qui il a notamment travaillé sur Flex MentalloJLA : Earth-2Batman & Robin, ainsi que sur la maxi-série We3. Avec une telle équipe créative aux commandes, on est en droit d’attendre un comic-book de qualité, et la prémisse de ce one-shot (qui ne l’est pas tant que ça) est des plus intéressantes : le duo nous dévoile un univers peuplé par les héros rachetés par DC à Charlton Comics, oui, ceux qu’Alan Moore comptait utiliser pour sa série Watchmen, avant que DC Comics n’en décide autrement.

Ai-je vraiment envie de vous raconter l’histoire de cet épisode ? Je ne veux absolument pas vous gâcher le plaisir de la lecture, et je me contenterai d’évoquer vaguement ce qui lance l’intrigue : le numéro s’ouvre sur l’assassinat du président des Etats-Unis (ce qui n’est pas sans rappeler un certain événement historique) par l’un des super-héros les plus connus de cet univers ; s’ensuit le récit de la montée au pouvoir  de son successeur. L’intrigue est bien ficelée, et l’histoire est alambiquée, mais parfaitement claire et cohérente, ceux qui veulent lire un récit original et bien rythmé seront aux anges. Le ton de Morrison pastiche efficacement celui qui dominait les comics de la fin des années 80, suite à l’avènement de la British Invasion, dont il faisait lui-même partie.

N’en déplaisent aux amateurs des versions Charlton Comics, ou même de celles de DC au début des années 80, l’on ne retrouve pas vraiment les personnages classiques dans les pages de Pax Americana, mais Blue Beetle, The Question et Captain Atom, ainsi que leurs collègues, sont en fait ici pour servir d’ersatz aux Watchmen qu’ils ont inspirés, la boucle est donc bouclée. Voir ces héros évoluer dans un monde déchiré par la guerre froide est véritablement plaisant, et l’hommage rendu à Alan Moore par Grant Morrison est clairement réussi. Cependant, il ne tombe pas dans le travers qui consisterait à copier la personnalité qu’a écrite Moore pour chacun de ses héros, et l’écossais parvient à utiliser les versions classiques de tout son casting, tout en insistant sur leur ressemblance avec les héros de la fameuse maxi-série. Le character design y est pour beaucoup, et l’on sent que Frank Quitely a beaucoup travaillé sur la question (et sur les autres aussi, rassurez-vous *Badum tss*).

Attention, bien que le récit soit maitrisé, il est loin d’être aussi accessible que ses prédécesseurs. Il suppose une vague connaissance des personnages que l’auteur met en scène, et la lecture de Watchmen est indispensable (enfin, j’imagine que tout le monde a lu Watchmen, mais je suis peut-être naïf). De plus, l’histoire est racontée de façon non-linéaire, et il faudra comprendre dans quel ordre se situent les événements que l’on nous dévoile. Ce n’est pas spécialement confus, mais il est clair que cette façon d’écrire peut être déconcertante, bien qu’elle fasse sens dans ce récit, et que le style d’écriture fait honneur à la période que le numéro représente symboliquement. Fait-il avancer l’intrigue principale ? Eh bien sans surprise, nous retrouvons le fameux thème du comic-book lu par l’un des super-héros, en la personne du Dr Manh… euh de Captain Atom. Rien de plus, mais c’est déjà pas mal, et il est plaisant de pouvoir lire cette histoire comme un récit indépendant.

Graphiquement, c’est tout bonnement magnifique. On sait que Frank Quitely a pris son temps pour finaliser ce numéro, et quite frankly, je vous affirme qu’il a bien eu raison. Les pages sont extrêmement détaillées et chaque case semble avoir été mûrement réfléchie, tout s’articule et contribue fortement au story-telling du comic-book. On sent que le « Dynamic Duo » que forment Morrison et Quitely est diablement efficace, et l’on est en présence du numéro le plus abouti de la franchise Multiversity. Il est certain que cet épisode marquera l’histoire, tant la collaboration entre les deux hommes est efficace. On en redemande.

The Multiversity : Pax Americana est vraiment la tuerie que l’on annonçait. Voir Grant Morrison et Frank Quitely revenir aux sources de Watchmen, en s’intéressant aux personnages qui ont influencé Alan Moore dans son écriture, est une expérience intéressante, et le duo nous livre une bien belle prestation. Le récit surpasse même nos attentes, et vient aisément se hisser en tête des one-shots de l’événement (et pourtant, il y a du niveau). The Multiversity continue de nous surprendre, la machine est en marche et rien ne l’arrête. Vivement le mois prochain, et l’apparition de Captain Marv… Euh Shazam ? Billy Batson ? Une chose est certaine, la qualité sera au rendez-vous (et Morrison risque bien d’envoyer quelques piques à la version New 52 de Geoff Johns…).

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Ares
Invité
Ares
9 années il y a

Grant Morrison, ce génie.

Billy Batson
9 années il y a

Alors bizarrement je trouve que c’est le numéro le plus faible pour le moment. Peut-être parce que j’en attendais trop puisque c’était celui que je voulais le plus lire, mais j’ai pas accroché. Après le scénario est bien construit et les dessins sont beaux, n’en déplaise à certains (je vise quelqu’un ;) ) mais j’ai pas accroché. J’attends désormais le numéro sur Shazam.

Corentin
9 années il y a

Je serais bien incapable de dire si j’ai aimé ou pas la lecture, vu que – pour la première fois – je n’ai juste pas compris ce numéro. A un moment je me suis même perdu à lire les bulles dans l’ordre inverse et à trouver ça tout aussi cohérent. C’est bien, c’est une vraie narration, un vrai découpage, y a une réflexion sur le super-héros, sa place dans la culture américaine, l’idéal américain, l’iconographie américaine, on voit l’hommage à Watchmen, les références éditoriales ça et là, mais alors… J’en ressors avec la tête à l’envers, c’est soit trop profond pour être compréhensible au premier abord, soit trop perché pour être accessible par qui que ce soit. Pour le coup, 40 pages, c’était sans doute trop peu vu l’exercice pratiqué.

Sinestro
Sinestro
9 années il y a

C’est tout simplement une des plus grosses claques que j’ai prises depuis que je lis des comics, et aussi mon numéro préféré de Multiversity. Déjà l’hommage à Watchmen, très bien analysé dans la review,et en tant que premier niveau de lecture, envoie du lourd tant graphiquement que du point de vu scénaristique. On reconnait évidemment les personnages du classique de Moore mais en effet on sent un léger décalage que Morrison prend et pour des débats et des analyse peut être bien différentes (ne serait-ce que le lien entre Atom et le comics book) que celle qui étaient développées dans le Watchmen original.
Mais une chose que j’ai vraiment adoré et que Corentin signale: on peut lire à l’envers et pourtant le tout est cohérent.Et je pense que c’est dû au fait que ce numéro me semble être très inspiré de la nouvelle de Borges « le jardin aux sentiers qui bifurquent » (que je vous invite à lire, c’est très court!). On trouve en effet plusieurs citations qui le laisse penser et l’idée directrice est la même: une histoire qui part dans tous les sens entre présent et avenir avec une situation initiale et un dénouement mais ce dénouement devient un nouvelle situation initiale qui permet de relire le tout. Comme le dit Atom: une porte mais deux entées (« the door has one side but open both ways ») et quand il parle des multiples niveaux de lecture…
Bref c’est exceptionnel et Morrison gère son sujet et va définitivement marquer l’histoire du comic book avec cette série.

Sinestro
Sinestro
9 années il y a
Répondre à  Sinestro

et quand à la taille et au fait que ce soit trop profond pour être lu d’une traite je pense aussi que ça peut tout simplement être vu comme une critique directe de la manière que nous avons de lire/consommer le comic book…D’ailleurs depuis le début de Multiversity, Morrison nous appelle à prendre notre temps et le travail artistique incroyable sur chacun des one-shot ne fait que conforter cette idée (j’ai pris plus de temps pour lire ce numéro que pour GL NG/ Batman eternal/ N52FE et N52WE , mais j’ai tout autant aimé, les attentes et la réception étant très différent) !

Corentin
9 années il y a
Répondre à  Sinestro

Le problème, c’est que ce qui sert généralement de porte d’entrée au lecteur, le « terrain connu » du premier niveau de lecture, est ici voilé du fait que ce soit une réécriture de Watchmen, avec des sautes dans la narration qui enlèvent le récit. C’est une histoire sans récit, un déroulé d’épisodes à des moments T, T1, T2, etc, avec chaque fois un message propre et une analyse particulière. Le super-héros américain / l’instrumentalisation des symboles héroïques par les politiciens / la recherche absolutiste au détriment des questions éthiques / un crime d’état et ses répercutions / l’héritage d’une génération de héros à l’autre / les années 80 vs maintenant, avec en sous couche toute la réflexion sur Watchmen et le super-héros (en sachant que Watchmen est aussi une réflexion sur le super-héros), ajouté au travail de Quitely sur la narration, la symétrie, le découpage, et la conclusion qui pose plus de questions que de réponses. Je sais pas. Peut être qu’il me manque des clés pour tout comprendre, mais à mon avis c’est trop dense pour être abordable de but en blanc. Et encore ! Je n’ai pas la culture comics de Zep, les 3/4 des références doivent me manquer (surtout pour le Charlton-verse).
Il manque la porte d’entrée que serait le premier niveau de lecture, basique et froid, qui sert de première marche vers une analyse plus approfondie, comme dans les numéros précédents. Ou comme dans Before Watchmen : Dr Manhattan, qui part du même principe de récit à plusieurs portes, et à plusieurs degrés de narration.
Après, on peut aussi voir ça comme un hommage global à l’écriture de Moore et son envie de densifier parfois au détriment du récit (avec MiracleMan), même si ça ressemble davantage à du Warren Ellis pour moi ^^

Sinestro
Sinestro
9 années il y a

Je sais pas…je vais pas dire que c’était simple à aborder! clairement pas..mais je pense que le public général qui lit Morrison et surtout là Multiversity, au vu des premiers one-shot déjà complexes, n’ont pas été trop perdu..puis j’ai trouvé l’intrigue de base compréhensible et agréable aussi! Mais on peut s’accorder: c’est pas du tout grand public et les aller-retour temporels n’aident pas à suivre l’intrigue…le ressenti dépend ensuite beaucoup de la personne et des expériences de lecture je pense:)

Ganglios
Ganglios
9 années il y a

Frank Quitely > Quite Frankly = Enorme! ^^

J’ai surkiffé ce numéro, je le place d’emblée dans la pile imaginaire de ce que j’ai lu de meilleur depuis la refonte (Nu52). Ambitieux, élégant, disposant d’une ambiance éthérée, surréaliste, proche du songe… Une lecture singulière assurément! Je l’ai lu sur l’OST d’Interstellar (S.T.A.Y.) ce qui a largement contribué à une approche plus « suspendue » du titre. Les dessins ne sont pas en reste et même les dessins de Quitely, les personnages notamment, habituellement plus massifs et ancrés (oui, oui, ancrés!) sont ici légers et plus délicats! Une très bonne lecture! Chapeau Mr Morrison, chapeau Mr Quitely!

DarkChap
DarkChap
9 années il y a

Absolument formidable, aisément l’un des meilleurs comics de l’année. Ce qui est horrible avec Multiversity, c’est qu’on en veut toujours plus…

darthfry
9 années il y a

C’est vraiment génial et je l’ai trouvé vachement accessible !

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