Review VF – Catwoman Tome 3 : Indomptable

Les points positifs : Le travail de Rafa Sandoval Les points négatifs : Un scénario à chier ©. Des tie-ins inutiles. Rivalise presque de connerie avec le film live.

« Il a voulu que j’admette avoir des sentiments pour toi. Mais non. Enfin, je ne lui ai rien dit. » – Catwoman

• Scénario : Ann Nocenti – Dessins : Rafa Sandoval–Encrage : Jordi Tarragona – Colorisation : Sonia Oback.
  

• Urban Comics – DC Renaissance – Catwoman Tome 3 – 17 octobre 2014 – 152 pages –  15€

La version New 52 de la série Catwoman a connu des débuts laborieux, après une ouverture mémorable sur une scène torride et des numéros remplis de clichés sur l’anti-héroïne sexy qu’est Selina Kyle, Judd Winick passe les rênes de la série à Ann Nocenti, et la question qui se pose est la suivante : le titre y gagne-t-il en qualité ? Sachez malheureusement que la réponse est loin d’être positive…

Avant de lire ce tome, soyez bien conscients de ce quoi il est composé : la plupart des épisodes présents sont liés aux événements de séries Batman plus importantes en termes de ventes que ce Catwoman. Ainsi nous y trouvons des tie-ins à l’événement « Death of the Family » et un numéro lié au « Requiem » qui suit l’événement tragique survenu à la fin de la série Batman Inc. Ces contraintes ont probablement eu des effets néfastes sur le travail de la scénariste (oui, je lui cherche des excuses). Le tome s’ouvre donc sur les épisodes qui confrontent Selina au Joker, et le ton est rapidement donné, les dialogues sont inconsistants, rempli de clichés et frôlent parfois le « out-of-character » tant redouté des lecteurs. Ajoutez à cela une tendance de notre héroïne à perdre de très grands morceaux de son costume à la façon de l’Empowered d’Adam Warren, sauf qu’ici, le ton du comic-book se veut être grim & gritty…

Tout au long du tome, Catwoman lutte contre elle-même, et ce conflit intérieur digne des plus grandes storylines des séries de la CW (d’accord, c’était gratuit) est absolument navrant. Nocenti se contente de mettre en scène une Selina qui passe son temps à se plaindre de ses activités criminelles et de sa nature de cambrioleuse, sans rien développer de nouveau et sans proposer d’alternative à tout cela. Dans les numéros qui sont ici proposés, la série manque de personnages secondaires. Seul Trip Winter, associé à Catwoman lors de ses méfaits, est plus ou moins développé, et le personnage est totalement dispensable, puisqu’il ne sert qu’à être plus-ou-moins amoureux de l’héroïne. Et que vaut l’histoire en elle-même ? Et bien le seul arc contenu dans ce livre (si l’on oublie tous les tie-ins) est l’une des pire choses que j’ai lues depuis le lancement des New 52. Il y est question du vol d’un artefact appartenant à l’A.R.G.U.S. dont les pouvoirs sont extrêmement dangereux. Tout cela n’est en fait qu’un prétexte pour nous livrer des scènes d’actions improbables, monstres à l’appui, qui jurent totalement avec l’ambiance que devrait avoir un titre consacré à Selina Kyle… Très franchement, c’est totalement oubliable…

Et que dire de la relation entre Catwoman et Batman ? Hé bien on a droit au minimum syndical, aux clichés habituels et à cette fameuse tension sexuelle, toutefois bien moins réussie que sous la plume de Winick… Okay, il est évident qu’il fallait parler des conséquences de la mort de Damian sur le comportement de Batman vis-à-vis de son entourage, mais il ne faut tout de même pas dénaturer le personnage… Et qu’est-ce que c’est que cette scène improbable où le Dark Knight se défonce le poing en frappant sur le casque de moto de Selina ? Ann Nocenti nous livre ici les pires épisodes de toute sa carrière, et, en toute franchise, j’ai été ravi de refermer le bouquin pour passer à autre chose, bien que quelques larmes nostalgiques m’aient échappées lorsque que j’ai jeté un regard furtif au run de Brubaker qui trône fièrement sur mon étagère…

Y a-t-il donc des choses à sauver au milieu de ce naufrage ? Au niveau du scénario, il est clair que tout est absolument oubliable, mais il ne faut pas négliger le travail de Rafa Sandoval, dont le trait cartoony est absolument fantastique. C’est assez proche du niveau d’une Amanda Conner, et ça aurait totalement pu coller au titre si le ton choisi était un peu plus léger. Malheureusement, l’ambiance sombre jure avec le graphisme. Toutefois, il est clair que c’est le dessin qui m’a permis de survivre à cette lecture, et rien que pour cette raison, le travail du dessinateur mérite d’être salué.

Ce troisième tome de Catwoman est donc une purge à fuir comme la peste. Non, je n’en rajoute absolument pas. Ann Nocenti (qui par ailleurs est capable d’écrire de bonnes choses, lisez donc son premier numéro de Klarion) n’a pas été inspirée par le personnage, et le fait qu’elle ait dû lier sa série aux événements de plus gros titres ne l’a pas aidée. Seuls les dessins de Rafa Sandoval sont à sauver, mais franchement, vous avez mieux à faire avec 15 euros, et le catalogue d’Urban Comics est assez fourni pour que vous trouviez une alternative à cet achat. Ne dites pas qu’on ne vous aura pas prévenus.