Review VF – Batman Tome 4 : L’An Zéro, 1ère Partie

Les points positifs : Dessin et colorisation parfaits Un méchant convaincant et mystérieux Un clin d’œil aux Robins Les points négatifs : Beaucoup de tension entre Bruce et Alfred Un Bruce très ‘en colère’ et pas forcément très attachant Des choix éditoriaux un peu mystiques

« Mes parents sont peut-être morts pour rien, mais ils n’ont pas vécu pour rien » – Bruce Wayne

• Scénario : Scott Snyder, James Tynion IV – Dessins : Greg Capullo, Rafael Albuquerque, Andy Clarke –Encrage : Danny Miki – Colorisation : FCO Plascencia, Dave McCaig
  

• Urban Comics  – DC Renaissance – Batman Tome 4 – 03 octobre 2014 – 192 pages –  17,5€

Batman tome 4, «L’an Zéro», première partie revient sur les origines de notre Chevalier Noir préféré. Ce gros volume de 200 pages détaille les premiers pas de Bruce Wayne, d’abord en tant que justicier anonyme (et pas encore masqué), puis en tant que Batman. Un mot de Scott Snyder au début du tome dit tout ce qu’il y a à dire sur cette nouvelle version des origines de Batou : Year One de Frank Miller est intimiste, sombre et c’est un polar. Cette ‘Année Un’ doit s’en distinguer. Snyder veut que son «histoire (…) louche plutôt du côté des films d’action à grand spectacle ! Cela ne signifie pas pour autant que l’intrigue et la psychologie des personnages sont simplistes.» Et ça marche : dessin soigné, cadrage dynamique et rythme de narration soutenu en font une BD-blockbuster qui ne laisse pas le lecteur s’ennuyer.

Je calme mon enthousiasme et je vous fais un topo…. Batman t. 4 ‘L’an zéro’ rassemble un épisode #0 par l’équipe Snyder–Capullo. Ensuite, il y a l’entièreté de l’arc «Secret City», et le début de «Dark City» dont la fin nous sera révélée dans Batman t.5. L’épisode qui ouvre le tome est un peu différent des autres. Comme Urban le fait remarquer, l’épisode #0 ne s’inscrit pas dans la continuité du récit qui suit et peut paraître contradictoire, mais il est cependant essentiel pour comprendre la suite. Je ne vais pas trop en dire sur ce chapitre… simplement qu’il est pêchu, annonce bien l’esprit ‘film d’action’ des chapitres qui suivent et que le duo Capullo–Glapion (crayons-colorisation) fait un boulot juste parfait à mon avis (promis, après j’arrête de fangirler… mais c’est à mes yeux un des meilleurs duos que j’ai vu jusqu’à présent). En deux mots : c’est les premières actions de Bruce en tant que ‘justicier anonyme’, avant même que le concept de Batman ne lui traverse l’esprit.

Cet épisode est suivi d’une deuxième parenthèse, le Batman #0 avec James Tynion IV au scénario et Clarke–FCO au dessin-coloration. On assiste à la traditionnelle discussion entre James et Barbara Gordon sur Batman… et pour une fois, c’est le Commissaire qui prend la défense du héros. Ensuite, le lecteur fait un petit tour dans la vie de trois garçons qui, les fans avertis le savent, deviendront chacun un Robin : Tim Drake, Dick Grayson et Jason Todd. La fin du chapitre se conclut sur Gordon allumant le Bat-signal pour la première fois, et les trois futurs Robin levant les yeux vers lui. Personnellement, j’ai trouvé cette parenthèse très rafraîchissante, d’autant plus que j’aime beaucoup les Robin en général (enfin, surtout Dick… et Grayson aussi) même si ça fait beaucoup de parenthèses avant d’entrer dans le vif du sujet.

Ensuite, on part sur les chapitres de «Secret City», où Bruce fait ses débuts en tant que justicier, puis en tant que Batman… mais aussi en tant que Bruce Wayne, que tous les Gothamites croyaient mort. Philip Kane, l’oncle maternel de Bruce, le pousse sur le devant de la scène publique, malgré la réticence de Bruce. L’arc commence par un chapitre où on voit une Gotham sauvage et abandonnée, et où tout le monde pense que Batman est mort (ce qui, bien sûr, n’est pas vrai). Personnellement, je n’ai pas du tout compris au départ mais, en faisant un peu de recherche, je me suis rendue compte que tout sera expliqué à la fin de l’arc suivant. Donc, patience lecteur, patience.

Bref, dans cet arc, ainsi que dans «Dark City», Batman/Bruce Wayne fait face à un gang de crime organisé, le gang de Red Hood. Ce personnage est présent dans de nombreux titres (pas toujours sous la même ‘forme’) que je ne vais pas m’amuser à citer ici. Par contre, je fais remarquer au lecteur confus que ce Red Hood-là n’a rien à voir avec le Jason Todd/Red Hood des New 52. Snyder nous livre une version tordue et malfaisante à souhait de Red Hood n°1, le chef du gang (toutefois, on reste loin du glauquissime Joker du t.3, heureusement). Je vous épargne tous les détails du scénario, qui est fort bien construit et qui ne manque pas de tenir le lecteur en haleine… et qui satisfera les fans du Riddler/Edward Nygma (parfois traduit le Sphynx en français) qui prend aussi part à l’histoire et dont on assiste à la genèse également. À la fin de l’arc, après s’être pris une bonne raclée de la part du gang, Bruce réalise qu’il ne peut pas continuer à combattre le crime en tant que ‘justicier anonyme’ et décide de devenir le Batman.

Ensuite, dans l’arc «Dark City», Batman met fin aux agissements du gang Red Hood, dont le chef tombe dans une cuve de produits chimiques. Batman pense qu’il est mort mais découvre ensuite que ce n’est pas le cas et n’arrive toujours pas à mettre un nom sur Red Hood n°1, qui s’est apparemment volatilisé dans la nature. Le style déjanté, les blagues moisies et le goût pour les explosions du malfaiteur laissent penser qu’il s’agit de la personne qui va devenir le Joker… c’est ma propre supposition (et j’imagine que c’est ce que Snyder veut nous faire supposer). L’arc se termine avec le Riddler qui coupe le courant de Gotham City et défie Batman de le rallumer.

Pour terminer ce volume, Urban nous livre trois chapitres de l’arc ‘La Jeunesse de Bruce Wayne’, avec le duo Snyder–Tynion II au scénario, Rafael Albuquerque au dessin et Dave McCaig à la couleur. Chaque chapitre montre un moment de la jeunesse de Bruce, des choses qu’il a apprises chez trois personnes différentes qui lui seront utiles dans sa lutte contre le crime.

Je suis très enthousiaste pour les deux arcs «Dark» et «Secret City». Le dessin et la colorisation, je l’ai dit, sont impeccables à mes yeux. Sans vouloir déprécier leur travail (qui est aussi bon), j’aime un peu moins le style d’Albuquerque et celui de Clarke donc j’étais à chaque fois un peu déçue quand je voyais que ce n’était pas Capullo aux crayons. Et, en principe, je n’aime pas du tout quand les dessins changent d’un numéro à l’autre, même si c’est habituel aux comics. Une autre chose impeccable dans ce volume, c’est les cadrages, le découpage des pages qui est extrêmement dynamique et qui me fait clairement penser à un film d’action avec un montage ‘cut’, comme Snyder le voulait. Selon moi, c’est très réussi.

Ce qui l’est moins, c’est l’arrangement des arcs par Urban. Je ne trouve pas forcément pertinent de publier un arc et demi, et puis ces trois chapitres sur la jeunesse de Bruce Wayne. Peut-être que leur choix nous apparaîtra plus clair par la suite mais, j’ai été assez perturbée par ce moment où on voit Gotham ‘à l’état sauvage’, qui n’est pas du tout expliqué par la suite et qui aurait peut-être été expliqué si l’arc «Dark City» avait été publié dans son entier. Toutefois, ce choix éditorial paraîtra peut-être justifié une fois que tous les tomes seront disponibles (comme je n’ai pas lu ce run en VO, je ne suis pas au courant de comment cela va se passer par la suite). L’arrangement des chapitres, avec l’épisode #0 et le Batman #0 au début, et les trois chapitres de la fin donnent un peu une impression de confusion à la première lecture et le récit paraît décousu… alors que les arcs ‘City’ en soi ne le sont pas forcément. Toutefois, ce n’est pas ça qui empêche au lecteur de passer un très bon moment sur ce tome.

Pour conclure, je réitère mon enthousiasme vis-à-vis de ce volume. Je suis ‘déçue en bien’ par rapport au tome 3 qui m’avait paru confus (trop de ties-in) et trop glauque (mais c’est une autre histoire). Je trouve que Batman, «l’An Zéro» est une parfaite entrée en matière dans le monde du justicier. Cela aurait pu être une énième ‘année un’, redondante, moins bien que le run de Miller… mais l’originalité du traitement et l’excellent travail des artistes en font une œuvre d’exception dont le style se détache complètement de ce que Miller a fait. Et qui m’a réconcilié avec le duo Snyder-Capullo qui, après leur excellente «Cour des Hiboux» m’avaient déçue avec «Le Deuil de la Famille».