Review VF – American Vampire Tome 6

Les points positifs : The Long Road To Hell prône l’excellence Canadian Vampire par Jeff Lemire et Ray Fawkes Essence de vie par Gail Simone et Tula Lotay La galerie de couverture Les points négatifs : Les dessins d’Ivo Milazzo

« Tu as raison, chérie. On mérite une meilleure fin que ça. » – Billy bob

• Scénario : Scott Snyder, Collectif– Dessins : Rafael Albuquerque, Collectif – Colorisation : Dave McCaig, Jordie Bellaire
  

• VERTIGO CLASSIQUES – American Vampire Tome 6– 12 Septembre 2014 – 144 pages – 15€

American Vampire est de retour avec ce sixième tome un peu particulier puisqu’il possède deux chapitres ayant comme point commun d’être des one–shot avec des personnages déjà vus précédemment ainsi que des nouveaux. Ce tome va donc servir de transition entre le premier cycle qui s’est achevé avec le cinquième tome de American Vampire et le second cycle que nous retrouverons très prochainement.

Vous n’aurez donc pas la suite maintenant, mais je peux vous assurer que les histoires proposées valent le coup et l’attente de ce prochain cycle, surtout que l’on retrouve le personnage de Travis Kidd déjà vu dans course contre la mort dans le premier chapitre itinérant et survolté. Dans le second chapitre, il s’agit de l’anthologie d’American Vampire (avec l’avis de Harley ici) ayant réuni un collectif d’artiste et proposant pas moins de neuf histoires dans l’univers de nos amis sangsues.

The Long Road To Hell

Nous voici au Nebraska en 1959 dans les folles années Rockabilly, on y retrouve un jeune couple à la Bonnie and Clyde en plus soft puisque ces derniers vont s’amuser en soirée et dépouiller furtivement leur victime. Ce soir-là ce n’était pas le bon soir pour notre couple qui va découvrir l’existence d’un clan de vampires et se faire mordre. Sacré retour de karma sauf qu’un groupe dissident au clan va interrompre le rite et mentionner un remède permettant de rendre leur humanité aux vampires. Profitant de l’instant d’inattention notre couple vampirique va faire route direction Las Vegas à la découverte de ce Saint-Graal, refusant l’hypothèse d’assouvir leur soif de sang en tuant des humains de sang-froid, à moins qu’il soit malfaisant.

Ce one-shot prouve la capacité scénaristique de Scott Snyder à nous proposer une cinquantaine de pages et nous faire vivre un périple très convaincant, surtout que pendant ce scénario itinérant nous allons avoir en parallèle l’histoire d’un petit garçon du nom de Jasper qui va croiser la route de notre couple de vampires. Beaucoup de moments inattendus, un rythme soutenu forcément en si peu de pages un périple pareil on peut ne pas combler les cases, mais pour mon bonheur personnel suivre l’histoire dans un one-shot de 144 pages avec le même rythme, une intrigue plus grande et pour le coup explorer encore plus les personnages, ça serait le nirvana. Arrêtons de baver, car ce que nous propose Scott Snyder est déjà très jouissif, avec une apparition de Travis Kidd réussie, nous rappelant que l’on à hâte de le voir prochainement (il n’est pas là par hasard ce bougre d’amour).

Rafael Albuquerque nous livre des planches d’une qualité incroyable, je suis très friand de l’ambiance qui survole les pages de The Long Road To Hell. On passe de l’amour au désespoir, on se met en quête d’un nouveau but pour parer le coup du sort et on réalise finalement un rêve. Grâce aux dessins, ces émotions sont vraiment ressenties, notamment avec la caractérisation des personnages, il ne faut pas moins de quelques pages pour s’attacher à ce pauvre couple et le petit Jasper. Les scènes de combat sont toujours aussi sanglantes, le background bénéficie du merveilleux talent du coloriste Dave McGaig, notamment les décors, d’ailleurs la variation de la couleur est appréciable on passe des couleurs chaudes du Nebraska à celle du froid à Las Vegas. Petite note sur la dernière page, où l’on voit l’affiche d’un illusionniste prenant la pause pour son spectacle en ville, Tianak de son nom possède de fortes ressemblances à Zatara (oui il en faut peu pour me faire penser à cette famille) et la posture me rappelle celle de sa fille, Zatanna.

American Vampire Anthologie

Après avoir quitté Billy bob, Jolene et Jasper dans « The Long Road to Hell », nous allons retrouver différentes histoires avec autant de personnages, mais ces dernières ne sont pas là par hasard, c’est notre American Vampire, Skinner Sweet, qui va nous mettre sur la voie de ces courts one-shots à travers la sienne en 1967 sur la route 77 (Lucky) dans « The Man Comes Around » première partie écrite par Scott Snyder et dessinée par Rafael Albuquerque. Nous allons donc voyager d’époque en époque avec, pour commencer, un peuple amérindien se demandant si la colonie voisine est encore habitée sachant que l’activité est nulle depuis quelque temps. Les curieux vont s’y rendre et découvrir le fléau touchant ces colons. « La colonie perdue » est écrite par Jason Aaron et dessinée par Declan Shalvey et nous offre une histoire simple, sans grande prétention, nous montrant comment un peuple a trouvé le point faible des vampires. Deuxième histoire avec une jeune femme au Kansas n’ayant pu protéger sa famille d’ignobles vampires. « Bon sang de Kansas » est écrit par Rafael Albuquerque et dessiné par Ivo Milazzo, une histoire un peu moins bien que les autres, on découvre un autre point faible des vampires, le soleil, dans un champ de tournesol. Les dessins ne sont pas forcément les plus appréciables.

On continue notre périple d’histoire et cette fois-ci changement de terrain puisque ça se passe au Canada, avec Jack Warnhammer, chasseur de prime qui va embrasser son destin pour une dernière mission. « Canadian Vampire » est écrit par Jeff Lemire et dessiné par Ray Fawkes. Je trouve que cette histoire est vraiment top, on nous décrit un homme peu conventionnel qui accepte une prime comme un challenge et finalement va rencontrer un “gamin” sur sa route et d’autres créatures. Une fin très appréciable, un détail ma frappé sur l’enfant se rebaptisant Kid et le léguant à sa descendance, on peut spéculer un lien de parenté pour Travis Kidd (ou pas) ce qui est possible chronologiquement parlant et sur certains détails. Graphiquement, j’étais rebuté par les dessins au début, mais à la deuxième relecture, j’ai apprécié le style et couleurs employés, finalement ça ne me rebute pas. Direction La Vallée de la mort ou l’on retrouve Skinner Sweet, en proie à devenir (presque) la vedette d’un film. « En vie » est écrit et dessiné par Becky Cloonan et nous propose un scénario original, loin de la violence actuelle de chaque histoire, mais le Skinner Sweet présent est très sage jusqu’à la dernière page ou l’on reconnaît le fameux sourire sournois de l’American Vampire. Autre scénario sur les dessous du cinéma et de la gloire à Hollywood, on apprend comment un acteur est devenu une star et attire les jolies filles, pour le conte d’entités supérieures. « Les producteurs » écrit et dessiné par Francesco Francavilla nous dévoilent les coulisses de Hollywood quand les dirigeants sont des êtres assoiffés de sang. Nouvelle histoire intéressante nous rappelant les débuts de Pearl Jones et que beaucoup finissent plus mal qu’elle.

Nous arrivons à mon coup de cœur avec une superbe histoire sur un personnage connu de l’univers American Vampire puisqu’elle fût la meilleure amie de Pearl Jones au début de l’aventure, il s’agit de Hattie Hargrove avant que son destin ne change, bien que cette histoire va y  contribuer. « Essence de vie », écrit par Gail Simone et dessiné par Tula Lotay, très passionnant et magnifique sur le plan artistique, un scénario qui tient la route et nous montre encore une fois l’envers du décor, c’est le style d’histoire que j’aime lire dans les comics avec de l’émotion et une vengeance. Nouvelle histoire à New York cette fois-ci où une chanteuse afro-américaine va raconter une nuit d’épouvante. « La nuit dernière » est écrite et dessinée par les frères Gabriel Ba et Fabio Moon à qui l’on doit l’œuvre Daytripper. Une bonne histoire, mais prévisible, elle se détache par sa qualité graphique. Dernière histoire, on retrouve un homme mal en point, qui va être lynché et par la suite aidé. Il faudra attendre la fin du numéro pour découvrir que cet homme est en fait Skinner Sweet. « Portland 1940″ est écrit par Greg Rucka et dessiné par Jp Leon, on nous présente la principale faiblesse de l’American Vampire. On termine le chapitre comme il a commencé avec la deuxième partie « The Man Comes Around » pour finir en apothéose ce sixième tome.

Globalement, ce nouveau tome d’American Vampire est une surprise, on assiste à des histoires hors continuité et on nous plonge un peu plus dans cet univers. On n’a pas envie d’attendre pour la suite tellement les différents scénarios présents sont prenants. Ce nouveau récit se veut rassurant pour le second cycle et nous montre que Scott Snyder a largement matière à travailler. Je conseille vivement ce nouveau tome aux lecteurs de la série, il est incontournable. Bien que l’on puisse le lire sans avoir lu les autres, il est préférable de connaître les bases ne serait-ce que pour comprendre certains passages et personnages.