La Suicide Squad a la cote ! Entre son relaunch en juillet sous le titre New Suicide Squad, son importance dans le dernier animé Assault on Arkham, ses apparitions furtives dans Arrow, c’est le moment où jamais de se tourner vers la série qui a popularisé à large échelle cette équipe aux méthodes radicales, à savoir celle lancée en 1987 par John Ostrander. Beaucoup s’accordent pour considérer cette série comme un des meilleurs travaux de l’auteur, qu’il écrivait à quatre mains avec feu sa femme Kim Yale, aussi, si vous êtes curieux, n’hésitez pas à vous procurer le tpb Suicide Squad – Trial By Fire, sorti en 2011, qui regroupe les premiers numéros de cette série, ça constituera une porte d’entrée idéale ! Hélas, si vous accrochez, vous serez contraints de vous rabattre sur les singles puisque la suite n’a jamais été collectée.
Puisqu’on est le 28 du mois, Messire Freytaw a eu la brillante idée de sélectionner le numéro #28 ! Autant vous dire que ça, en revanche, ça ne ne sera pas une porte d’entrée, car vous débarqueriez en plein cross-over The Janus Directive, qui implique surtout la série Checkmate, avec des tie-ins du côté de Captain Atom, Manhunter et Firestorm.
On débarque en plein cross-over. Et quand je dis en plein, c’est vraiment en plein. Sans compter que les personnages principaux de Janus Directive ne tiennent plus vraiment le premier rang aujourd’hui et ont un peu pris la poussière, de sorte que si suite à ce Showcase, vous aimeriez lire ce numéro, vous seriez complètement perdus à moins de reprendre l’ordre de lecture suivant : Checkmate #15, Suicide Squad #27, Checkmate #16, Suicide Squad #28, Checkmate #17, Manhunter #14, Firestorm #86, Suicide Squad #29, Checkmate #18, Suicide Squad #30, Captain Atom #30.
Au cas où, je vous fait un petit topo. Checkmate tout d’abord, que certains connaissent peut-être grâce à la version scénarisée par Greg Rucka qui s’est ouverte suite à Infinite Crisis, est une organisation gouvernementale d’espionnage très secrète, dont la hiérarchie est désignée par les noms des pièces du jeu d’échec. Ainsi, dans cette version de la fin des années ’80, les agents sont des Knights, les petits soutiens comme les chauffeurs forment les pions, Harvey Bullock y est un fou, le roi est un certain Harry Stein, et la reine, Amanda Waller en personne. En effet, Checkmate, au début de ce cross-over, est affilié à la Task Force X, et donc répond à l’autorité de Amanda Waller.
Cette dernière a vent d’un complot, la fameuse Janus Directive, qui viserait à démanteler la Task Force X, ce qui mettrait à la fois en péril Checkmate et la Suicide Squad de Waller. Elle sait également que la frappe viendra soit de Force of July (une team d’allumés ultra-patriotiques qui prennent souvent le rôle de méchants, que ce soit contre la Suicide Squad ou les Outsiders), soit de l’Atom Project, constitué du Général Eiling (vous savez la grosse brute avec des grosses dents depuis qu’il est passé dans les mains de Grant Morrison), du Docteur Megala et de ses deux créations : le Major Force et Captain Atom.
Sans trop leur en dire, Amanda Waller contraint sa Squad à attaquer Force of July (ainsi qu’à, au passage, sans que ses raisons soient expliquées, dérober le Medusa Mask du Psycho-Pirate), et oblige les gars de Checkmate à mener une action contre Eiling, avec la consigne, entre autres, de tuer le Docteur Megala. Tout en consentant à suivre ces injonctions, Harry Stein, la tête pensante de Checkmate, se garde en réalité de tuer Megala, sait-on jamais, et méfiant devant tant de secret, il vérifie de son côté s’il y a des rumeurs sur une quelconque Janus Directive. Ne trouvant rien, il aboutit à une conclusion qui ne lui sera guère favorable : Amanda Waller perd la boule et voit des complots partout.
Dans le numéro précédent, Checkmate avait donc encadré une mission commando au siège de l’Atom Project avec le soutien du Peacemaker. Ce dernier est un allumé – encore un – qui chérit tellement la paix qu’il est près à tuer pour l’obtenir (et il le répète souvent pour que le lecteur ne l’oublie pas, cf l’image plus bas). C’est justement lui qu’on voit sur la couverture du Suicide Squad #28 qui fait l’objet de ce Showcase. Ils tuent Babylon, un collègue du Général Wade Eiling, laisse ce dernier pour mort, et kidnappe le Docteur Megala. Dans ce numéro #28, le Général Eiling prend sa revanche et déchaîne Major Force sur Koning Industries, une entreprise spécialisée dans les instruments électriques, en réalité une couverture du siège de Checkmate. Le gros balaise détruit évidemment tout, ce qui déchaîne à son tour le Peacemaker, qui voit dans l’attaque du Major Force une atteinte à la paix mondiale (il est sacrément perspicace, le Peacemaker). C’est un énorme fiasco qui détruit la couverture de Checkmate, et sentant le roussi derrière toute cette histoire de Janus Directive, puisque visiblement l’Atom Project n’avait aucune attention de démanteler la Task Force X, Harry Stein essaie de recoller les morceaux au téléphone avec Eiling, tandis que Major Force et Peacemaker détruisent tout au-dehors, bientôt rejoints dans leur propagation de désolation par la Squad de Waller, dépêchée sur les lieux en guise de représailles pour Harry Stein qui a eu le culot de douter de la fiabilité des sources d’Amanda Waller, dit The Wall.
Et pour que ce joyeux merdier ne se déroule pas discrètement, une source anonyme a mis Lois Lane sur le coup donc peu de chances que ce fiasco entre les différentes agences gouvernementales passe inaperçu. C’est à ce stade du cross-over que le lecteur acquiert la certitude que toute cette Janus Directive est un gros coup monté pour… fragiliser l’équilibre des États-Unis ? S’accaparer les rênes de la Task Force X ? Récupérer le Medusa Mask ou la science du Docteur Megala ? Ou bien juste… conquérir le monde ? Il y a de tout évidence un sale type tapit derrière toute cette machination, et on le dévoile au lecteur (si c’est vraiment lui ! héhé) à la dernière page de ce numéro.
Au programme donc, une superbe histoire de complot et d’espionnage, avec une Amanda Waller grosse, vieille, implacable et de mauvais poil, comme on l’aime. Un calvaire à prendre en cours de route, mais un thriller haletant, plein d’action et de retournements de situation si on fait l’effort de remonter à ses racines !