[Review VO] All-Star Western #34 (dernier numéro)

Review All-Star Western #34
all star western #34 review
Les points positifs :
  • Un hommage brillant et des références saisissantes à l’histoire du personnage.
  • Implication des auteurs auprès de leur personnage.
  • Utilisation intelligente du reste du run pour concocter une fin digne de ce nom.
Les points négatifs :
  • L’idée que les choses puissent finir ainsi pourrait en rebuter certains.
  • Mais de toute façon, c’est fini, et ça c’est vraiment nul !

« People like us… Happy endings never happen. I know about the future. » – Jonah Hex


  • Scénario : Justin Gray et Jimmy Palmiotti – Dessins : Darwyn Cooke  – Couleurs : Dave Stewart Couverture : Darwyn Cooke


Jonah Hex et Tallulah Black, après une petit pause bien méritée suite à leurs dernières mésaventures, se décident enfin à mettre un terme à cette histoire d’imposteur. Un autre Jonah Hex aurait remplacé le notre suite à sa disparition dans le temps, et ça, le justicier ne peut pas l’accepter. Il compte bien affronter cet ennemi, quitte à réécrire l’histoire s’il le faut…

C’est la fin les amis

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Nous y sommes, et je vous préviens, je vais m’étendre un peu plus loin que sur ce seul numéro. Je vais évoquer tout un run, tout un héritage. Car ça y est. Vous ne m’avez pas écouté et maintenant la série s’achève sur ce numéro #34. Série qui aura su traverser bien des périples. Et plus encore, puisque l’on peut considérer qu’elle aura aussi survécu au relaunch d’une fort belle manière. De quoi je parle ? De la série Jonah Hex, pré-Flashpoint, qui juste avant cet « event qui tue tout » (dans un sens péjoratif, pesteront certains), avait atteint fièrement son numéro #70. Aujourd’hui, au numéro #34, en ajoutant un petit #0 de passage, et un Graphic Novel en 2010 sur le personnage (dont je parlerai bientôt), Jimmy Palmiotti et Justin Gray auront fait vivre le sudiste chasseur de primes pendant plus d’une centaine de numéros. Je vous laisse peser l’importance de leur run sur le personnage et la mythologie qui l’accompagne. On nous parle toujours de Geoff Johns sur Green Lantern, ou de Morrison sur son Batman mais, qu’en est-il de ceux là ? Ces deux auteurs qui, contre mauvaises ventes et marées (ok, ils ont réussi l’incroyable exploit de rallier Dan Didio à leur cause, mais quand même), ont su tenir la barre avec fierté en réécrivant le héros dans ce contexte western et dramatique, lui faisant vivre destin tragique sur destin tragique. Bien sûr, rien n’était oublié sur les origines du personnage, sur ses premiers pas dans le monde des comics. En vérité, si depuis All-Star Western, ils se sont un peu éloignés de ce schéma sans doute pour tenter de renouveler et faire survivre la franchise (ce qu’ils auront fait pendant trente cinq numéros tout de même, belle performance), ils ont pourtant bel et bien calqué leur façon d’écrire le personnage sur ce qu’ont délivré les premiers auteurs, à savoir John Albano et Tony DeZuniga. Et la question que l’on doit se poser finalement, c’est est-ce que les auteurs vont revenir aux sources pour ce dernier numéro, respecter l’essence même du personnage et ce qu’ils ont fait ces huits dernières années ? Et comment va se gérer cette séparation douloureuse ?

Un ton surprenant…

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Et je dois dire que le dernier arc, bien que relativement plus lent que d’habitude, est réellement respectueux sur le travail et l’évolution du personnage. Bien sûr, ce rythme lent est sans doute là parce les auteurs avaient envie de revenir un peu aux sources, sans pour autant partir dans tous les sens vu le peu de numéros restants. Ceux qui connaissent le personnage savent, qu’à très court ou moyen terme, les choses tournent toujours mal pour Jonah Hex. Coincé entre ce besoin naturel de survivre dans ce monde pourri, et le besoin, plus irrationnel, de se mêler d’histoires plus violentes les unes que les autres, pour délivrer une justice qui n’appartient qu’à lui. Malheureusement, ça vire souvent au cauchemar. La dernière à l’avoir payé, c’est Gina. On peut dire que récemment, en dehors du numéro avec la perte de Gina justement, la série All-Star Western était tout de même bien plus douce que ne l’a jamais été le titre Jonah Hex. Et ça, c’est relativement déroutant pour les habitués du genre. Ce numéro en soi, qui se passe donc bel et bien dans le western et propose un schéma très classique pour le personnage, se donne des airs surprenants de par sa conclusion et sa nature, qui suit en quelques sorte la « légèreté » des numéros de cette dernière année sur la série. Surprenant car, comme je l’expliquais plus haut, quand on connait généralement les fins d’histoire avec cet anti-héros, on s’attend à ce que le drame arrive à chaque nouvelle page qu’on tourne, et c’est un stress absolu pour le lecteur habitué qui sait que tout peu arriver dans un titre estampillé Jonah Hex. Surtout que nous parlons ici d’une fin d’un run de huit ans, donc on peut s’attendre au pire du pire, dans tous les sens du termes. Un stress absolu, donc, qui vient nous titiller l’échine à chaque prise de décision de Jonah ou à chaque remarque sarcastique de Tallulah sur la situation. Un rythme que le numéro prend plaisir à nous infliger, teinté de moments légèrement houleux à d’autres nettement plus calmes, teinté d’une aura de paradis à laquelle nous n’avions jamais été habitués, même dans All-Star Western. Ils ont voulu jouer avec nos nerfs, et ils ont réussi. Et la fin, que je ne peux décemment vous dévoiler, est la quintessence de cette idée. Jouer avec nous et avec nos émotions, et nous faire poser la question suivante : « comment, au fond de vous, voulez-vous que ça se termine ? ».

Un peu de « tough love »

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Et pour poser cette question, outre les quelques éléments concernant les prises de décision du personnage, les auteurs ont bien évidemment su utiliser les bonnes ficelles propre à leur run. Cela remonte aussi loin que cela rapporte des choses proches. On peut commencer avec la relation Tallulah/Jonah qui est mise en place depuis bien bien longtemps maintenant (elle est apparue en 2002 dans le numéro #16 de la série Jonah Hex). Une relation compliquée de maitre/élève qui s’est transformée en relation amoureuse difficilement assumée, mais qui explose en plein jour ici, comme une fleur qui s’ouvre au printemps. La relation entre les deux protagonistes est si naturelle, qu’il est facile de deviner si oui ou non, les affaires vont se gâter par la suite. Cet espèce de calme avant la tempête que s’offre les deux amants est un genre de rituel auquel nous avons appris à nous habituer. Et cette relation doit avoir une finalité qui nous parle à nous, lecteurs, au sein de ce run. Nous voulons avoir le fin mot de l’histoire, et nous sommes tiraillés car, si on suit le schéma logique des évènements : il faut que ça parte en vrille. Pour autant, bon sang de bois, on aime tellement Jonah Hex et Tallulah qu’on espère, quelque part, un dénouement tout autre. Et cette idée, déjà un peu présente dans les derniers numéros, est omniprésente ici. Il faut savoir que les femmes ont toujours tourné autour du personnage, cicatrice ou non, donc il n’y a rien de surprenant à voir celles-ci terminer le périple avec lui, et personne n’étant plus adapté que Tallulah pour tenir ce dernier rôle, tant les personnages se ressemblent dans le fond et dans la forme, si je puis dire ainsi. Mais ne vous inquiétez pas, All-Star Western ne s’est pas transformé en roman Arlequin, il y a aussi son lot de bagarre digne d’un bon western !

Un hommage saisissant, pour qui voudra bien l’accepter

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Et je boucle la boucle, car oui, comme le dit la couverture, c’est la fin de la course. Et bon dieu que c’est triste. Quoiqu’il arrive, c’est triste. Même si… Oui, c’est très difficile de vous parler de l’ingéniosité des auteurs pour détourner la fin habituellement dramatique d’un arc sur Jonah Hex. Très délicat dans le sens où je ne peux pas vous la dévoiler. Sachez juste que les auteurs ont fait un pari, et pris un risque quant à la fin de leur série, en prenant à contrepied tout ce qu’ils ont fait jusque là, mais pas seulement… On peut voir une double lecture dans cette fin, cette double lecture est d’ailleurs relativement accessible. D’un certain point de vue, elle marque la fin d’une vie, d’une époque, et d’un héros. C’est triste. Mais elle marque aussi un amour et un profond respect des auteurs envers leur personnage qu’ils ont pourtant maltraité pendant des années et des années durant. Et quand je posais la question un peu plus haut sur la façon dont nous souhaiterions que se termine le titre, je crois bien que la réponse est effectivement au choix du lecteur. Tout dépend de ce qu’il choisira de retenir. On a tellement souffert avec cet anti-héros au fil de ses aventures qu’il est relativement difficile d’en vouloir aux auteurs pour cette fin surprenante (en tout cas surprenant pour un titre Jonah Hex). Après tout, ils sont les seuls maitres à bord depuis suffisamment longtemps maintenant pour avoir le droit de faire ce qu’ils veulent. Et je dois dire qu’à titre personnel, j’ai ressenti à la fois cette tristesse inhérente à la fin d’une série que j’apprécie, mais aussi, un certain soulagement quant aux destins des personnages. Enfin un peu de paix. Peut-être… Car tout est dans la supposition, et l’histoire avec un grand H est réécrite pour le personnage (belle manipulation scénaristique qui fait référence aux épisodes précédents, lors de son voyage dans le futur, hélas, je ne peux rien vous dire de plus à ce sujet, bien que ceux qui sauront observer comme il se doit les images saisiront sans doute quelques subtilités).

Darwyn Cooke ou comment finir en apothéose

Alors clairement, question dessins, cette série aura été bien servie, de bout en bout, par des illustrateurs assez fabuleux, de Moritat à Staz Johnson, il n’y a eu que peu d’écart de conduite. Ramener Cooke sur ce dernier numéro est aussi un hommage certain, puisque le dessinateur a déjà oeuvré sur la série Jonah Hex, et a notamment dessiné le numéro #50. Et Cooke a bien su capter les traits de Jonah, qui ressemble plus que jamais à Clint Eastwood (version jeune). Le plus marquant reste la propreté du dessin, qui forcément, pose un contraste assez marquant par rapports aux précédents dessinateurs du titre. Toujours dans cette idée de proposer une fin surprenante et différente. On notera aussi que les cicatrices de Tallulah Black manquent sans doute un peu de relief et laissent finalement plus une femme magnifique qu’une femme marquée, mais en dehors de ça, le ton pour ce numéro est adéquat. Et que dire du « faux » Jonah Hex, que Cooke a bien évidemment réussi à rendre parfaitement crédible, il lui ressemble, mais en plus moche, c’est un peu l’idée, et avec, paradoxalement, une cicatrice moins marquée que celle, devenue absente, du visage originel de Jonah. On a envie nous même de lui coller des torgnoles à ce vil imposteur. Tout ça pour dire que Cooke était un choix parfait pour ce dernier numéro, qui encore une fois, même par le dessin, nous prend à contrepied mais offre un western relativement efficace et saisissant, ne serait-ce que pour l’accomplissement final de notre anti-héros favori.

Cette note globale est évidemment le reflet de mon sentiment quant à l’ensemble de l’oeuvre qu’ont su bâtir les auteurs autour de ce cowboy. Une note qui ne reflètera pas forcément la maitrise propre à ce numéro, mais bien à celle de tout leur run, qui fut pour moi l’une des lectures comics parmi les plus saisissantes et passionnantes que j’ai pu vivre, tout genre confondu. Pourtant, j’ai eu un moment de scepticisme quant à cette fin et ce numéro dans sa globalité. Puis j’ai embrassé les sentiments et le désir profond que j’avais de voir Hex dans une situation enfin moins austère que tout ce qu’il a pu vivre avant. Parce que bon sang, c’était vraiment une « vie de chien ». Ce numéro est un cadeau que les auteurs font. Pas forcément un cadeau pour nous lecteurs. Mais véritablement un cadeau à leur personnage. Un cadeau pour Jonah Hex, qui jusqu’alors, n’a jamais eu aucun répit. Et en ça, le numéro se trouve touchant et assez fabuleux. L’hommage est prenant et tout le monde peut ainsi partir avec le sourire, si c’est le choix qu’ils font. Enfin ! 

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13 Commentaires
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CaptainMasked
9 années il y a

Il faut absolument que je me procure ce comics. Absolument.

CaptainMasked
9 années il y a
Répondre à  Freytaw

Tu m’étonne. Même si j’ai trouvé qu’il y avait parfois quelques moments un peu WTF cette série est géniale.

nomalez
9 années il y a
Répondre à  Freytaw

Il faut ajputer Batman dans le titre pour qu’une série se vende bien. ^^

AAAAAq
Invité
9 années il y a

Ah, ça y est, Tawtaw ! Tu t’es décidé à reprendre les bonnes habitudes : une conclusion pas trop longue qui m’a permis de pas lire ta review en entier ! :P

Herbefol
9 années il y a

Je trouve la fin peut-être un peu trop « gentille », mais elle a le mérite, assez rare je trouve, de bien utiliser les éléments semé dans le « futur » et de boucler tout ça correctement, sans fausse note. :-)

ArnoKikoo
9 années il y a

Je comprends pas, la moyenne des notes ça fait pas 5 étoiles, pourquoi il y a 5 étoiles ?

crazy-el
crazy-el
9 années il y a

Tu as construis ta critique comme Gray/Palmiotti ont construis Jonah Hex, c-à-d on sent ce lien indéfectible entre eux et Jonah, c’est palpable. Cette fin me fait penser aussi à ce lien entre Morrison et Damian, que celui-ci avait exprimé sur Damian. La manière qu’il a été développé, Hex, pour sa finale n’est jamais terminé pour les auteurs, Jonah Hex continue à vivre, c’est ce qu’ils ont voulus laisser aux lecteurs. C’est comme si Hex appartient à la mémoire collective, exactement comme la culture Western s’est bâtie comme une identité propre.

Et le dessin. Cook lui donne une mâturité exactement comme doit être Hex. Magnifique dessin.

nomalez
9 années il y a

Toute les bonnes choses ont une fin (Batwing…snif..)J’attendais la fin pour me procurer cette série, il doit pas y avoir plus de 4 TPB je pense. En tout cas c’est la nullité du film « Jonah Hex » qui m’a donné envie de découvrir ce personnage. Oui, c’est paradoxal. lol
J’ai eu et lu beaucoup d’avis favorables sur All Star Western. Je vais y plonger dedans sans risques je pense.

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